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| Girl or Woman? (Libre) | |
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Black Hole Cauchemar de la NASA
Nombre de messages : 1650 Age : 28 Nom : Marion Clan : Shikaku | Glace | Crépuscule Date d'inscription : 27/10/2010
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| Sujet: Girl or Woman? (Libre) Sam 24 Mar - 14:54 | |
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La nuit laissait enfin place au jour, ses ténèbres mourant pour laisser éclore une lumière blafarde et grisâtre, couleur sale et triste qui inondait l'azur, répondant en écho à la mer couleur pétrole. Là-bas, la ligne d'horizon disparaissait, laissant les gris se mêler l'un à l'autre, pour ne former qu'un lavis poussiéreux et terne. La langue de sable était déserte, et respirait la solitude; mollement, comme un refrain usé, la mer venait lécher pitoyablement le sable humide, envoyant ses filles les vagues mourir dans un dernier élan de désespoir et de profonde lassitude. Pourtant, même gris, même sale, même seul, ce bout de territoire n'était pas hideux. Enfin si, mais hideusement beau. On ressentait, bloqué entre la roche froide et la mer glacée, comme un sentiment de puissance auquel on voulait bien se soumettre, et qui nous enmenait bientôt au loin, sur les ailes du temps, qui ne connaissaient qunt à elles pour limites que l'imagination.
Seule elle aussi, la jeune jument avançait, la tête haute, le regard brûlant. Cela ne faisait qu'un an qu'elle avait abandonné son corps de pouliche, mais elle avait déjà toutes les beautés du monde en elle. Son corps parfait était la copie-conforme de celui de sa mère, dans ces courbes affolantes qui tuent l'ennui et réveillent le désir. Fine et élancée, ses muscles élastiques se tendaient parfois, laissant alors deviner toute la puissance qu'une de ses frappes seraient aptes à délivrer. Pour ce qui était de la tête, le Créateur avait été inspiré par les traits de son Père, ou le Démon vêtu de Nuit. En effet, Bliss présentait le même visage furieusement sauvage, méchemment beau. Ses lignes étaient légères et fines, comme celles qui dessinent les Rois des autres mondes... Elle était en fait le parfait mélange de corps de ses parents, et avait dans sa démarche toute l'élégance féminine et la majesté des mâles.
Une fois devant les eaux, la jument baie s'arrêta, posant son regard noir sur les flots calmes, respirant l'odeur iodée de ses naseaux dilatés. N'y tenant plus, elle se cabra de tout son haut, puissante et impériale, fille d'une Reine et d'un Ambassadeur... Son cri déchira le silence, alors qu'elle retombait, frappant l'onde de ses antérieurs.
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| | | Black Hole Cauchemar de la NASA
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Mar 8 Mai - 9:42 | |
| [Finalement libre, à qui veut un topic avec la fille de BH et de Pépite ] | |
| | | Liberty Fondatrice sadique et fière de l'être Rédactrice du Journal
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Mar 8 Mai - 9:47 | |
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| | | Black Hole Cauchemar de la NASA
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Jeu 10 Mai - 13:16 | |
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| | | Liberty Fondatrice sadique et fière de l'être Rédactrice du Journal
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Sam 19 Mai - 14:07 | |
| Petit matin sur le sable, aube grise, grise comme la robe du cheval qui s’avançait. Grise comme les yeux de Shiki, comme les pommelures de Shiki, et l’eau encore noireâtre dans la lumière du jour nouveau, plus noire que la crinière et les membres de l’étalon. Gris fumée, gris anthracite, gris argent, noir corbeau, Shiki était peut-être monochrome, mais il était beau ! Et le jeune étalon, nez au vent, queue en panache, allait un trot rapide, pour le plaisir d’une balade solitaire, au petit matin. Il allait, insouciant, rêvant à sa belle et à ses combats, à ce somptueux affrontement de la Fête du Printemps et au plaisir qu’il y avait trouvé, rêvant à son avenir qu’il devinait grandiose. Le monde était lui ! Beau et jeune, fort et adroit, en progrès, il apprendrait à combattre. Sang des Thars, un jour il gouvernerait les terres de Glace dans la nuit polaire comme dans le jour d’été. Il avait suivi la chasse à l’orque des fauves, ses alliés de demain, il avait goûté la viande et détesté ça, mais il avait suivi l’ancien rituel qui, de tout temps depuis Hymlya et Cœur Astral, soudait les deux tribus. Il avait réussi. Il avait survécu, et le monde lui ouvrait les bras.
Robe baie, une touche de couleur dans le monde gris de l’aube. Shiki s’arrêta, et la regarda évoluer, la belle, corps de jument et allures encore enfantines, une robe soyeuse, des formes qui ne valaient pas celles de Moondance à ses yeux, mais en auraient fait souffler fort d’autres, mais un pas d’enfant. Elle n’était pas adulte. Elle n’était plus pouliche, et il le remarqua à sa simple cabrade. Ses muscles étaient puissants, son cri sauvage, la flamme qu’on y percevait ressemblait à celle des combats, et Shiki se campa, tendit le cou pour appeler. Un long hennissement, plus rauque que le sien qui ne serait jamais le cri trompetant d’un étalon, quand sa voix devenait plus virile de jour en jour. Puis il se porta à sa rencontre, au trot allongé, curieux de cette belle inconnue et curieux de son attitude, celle des combattants, une attitude dans laquelle il retrouvait la marque connue, celle que portaient Black ou Stelmaria, Equinox ou Odyssée, le sceau de ceux qui savent danser. Devant elle, il se cabra et s’inclina selon les vieilles coutumes, un genou en terre, une jambe antérieure étirée, tordant son cou pour découvrir sa gorge soyeuse, puis se releva et la fixa sous son toupet un peu long. Il tenait cette façon de regarder à travers ses crins de Black, et il sourit quand il s’adressa à elle :
« Bonjour. Je ne vous connais pas, n’est ce pas ? Je suis Shiki, l’héritier des Thars, fils d’Aglow Star, petit-fils d’Equinox lui-même fils de Devil, et vous ? »
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Jeu 31 Mai - 11:11 | |
| L'onde se déchira sous son corps, alors qu'elle la frappait de toute sa rage. Elle se creusa, laissant les membres puissants de la jument la pénéter, alors que mille goutellettes cristallines s'accrochaient à sa robe aux reflets fauves. Des milliers de petites vaguelettes se mirent à courir sur la surface de l'eau, s'échappant en toute hâte du contact de la belle. Tout voulait s'enfuir, mais rien n'y parvenait. Quel était le sort puissant qui lui autorisait, à elle, Fille du Diable, à tenir attacher les fabuleuses Créations? Comme du poison, la jeune femelle s'agrippait à tout ce qu'elle touchait, même si elle devait en souffrir par la suite. Bliss fixa alors son regard au loin, comme pour défier l'horizon, l'infini, le vide de venir casser sa Violence, de venir la briser, elle, enfant à peine adulte. Pourquoi tant de haine à cet âge? Bliss n'avait trouvé que ce moyen pour expliquer la tristesse qui la ravageait, alors qu'elle avait grandit privée de son Père. Suivre ses traces, le rendre fier de son sang, tel était son laborieux pari; mais comment se satisfaire du souvenir brouillon du bel étalon noir à la pelote blanche?
Alors seulement, un hennissement rauque déchira de nouveau le silence, frappant chaque chose avec puissance et beauté, invitant les morts à se réveiller, les sourds à écouter, les aveugles à regarder, les invalides à marcher. Ce n'était pas qu'un hennissement de jeune mâle hardi, c'était le cri des passions, des fougues, des emportements princiers. Pourtant, la belle Shikaku ne se retourna pas directement. Que cherchait-elle à faire, en se déplaçant avec telle lenteur? Chacun de ses gestes étaient contrôlés, alors que peu à peu, elle découvrait sa face à l'étalon d'acier qui lui s'était approché tout de suite. Bientôt, sa liste blanche s'offrait de face à l'animal, alors qu'elle le dévisageait. Encore jeune, il avait déjà des muscles développés, élastiques et saillants, regroupés dans un être délicat et fin, intelligent et curieux, à n'en pas douter. Etait-il beau? Elle ne savait pas, elle ne savait pas à quels critères chaque être voulait plier la beauté. Mais, de son point de vue, il était beau, puisque fort, puisque solide, puisque guerrier, puisque lui, son charme naturelle, sa fougue, sa jeunesse... Sa beauté. Car voilà ce qu'elle jugeait beauté. Alors, il se cabra, avant de s'incliner face à elle, coutume de guerrier, à n'en pas douter. Son salut, elle, elle l'avait déjà fait, même si elle l'avait dédié à l'horizon. Elle inclina cependant de nouveau la tête, son nez brûlant cherchant son poitrail profond, qui se soulevait avec régularité. Quand il eut fini de se présenter, un sourire amusé sembla couler sur ses lèvres satinées. Et elle?...
"Bonjour, Shiki. Non, je suis à peine revenue. Alors, j'ai en face de moi un Prince qui ne tend qu'à devenir roi? elle ploya un genoux, et arqua le col avant de se relever. Je me prénomme Bliss, je suis la fille de Black Hole, lui-même fils de personne, ou peut-être fils d'un Ambassadeur."
C'était-elle moquée, en le saluant ainsi? Non, oui, elle avait usé de son ironie, mais elle ne sous-estimé pourtant pas l'étalon. | |
| | | Liberty Fondatrice sadique et fière de l'être Rédactrice du Journal
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Sam 16 Juin - 11:59 | |
| Tu sais danser, et je sais danser. Nous ne sommes ni du même sang, ni de la même lignée, ni de la même foi, mais de la même danse, petite Nymphe. Mignonne, peut-être, encore jeune, et même pour moi, très jeune, prompte peut être à allumer une étincelle de convoitise dans les yeux des jeunes étalons, ou d’autres, plus vieux et admirateurs des formes des jeunes juments…pas mon genre. Mais une danseuse, et ça, tu ne peux le cacher. Ton regard le crie, ton corps le hurle et chacun de tes gestes grave au fer rouge, dans mon âme, la certitude que tu es aussi danseuse que moi.
Elle était belle et ironique, quand elle s’inclina, et quand elle se signala comme fille de Black Hole. L’œil de Shiki brilla, vif et alerte. Black Hole…il avait des projets quant à cet étalon, de grands projets, et si la formulation en était pompeuse, c’était cependant avant tout à lui que s’adressaient les projets en question, à lui qu’ils bénéficieraient ! L’étalon répondit avec humour et sourire, pas particulièrement heurté par l’ironie de la demoiselle :
« Un Prince qui sera Roi, dès que le pouvoir changera d’épaules…car notre royauté est héréditaire, scellée par les années, et le sang des Thars. Fille de Black Hole ? J’aurais dû le deviner, tu lui ressembles un peu…tu permets que je te tutoie ? »
Il s’ébroua, frappa du sabot pour le plaisir d’éclabousser autour de lui et, taquin, d’éclabousser un peu la jolie guerrière, la petite danseuse, avant de secouer la tête pour rabattre son toupet, et de considérer à nouveau Bliss. Comme il venait d’y penser, il confia :
« J’ai combattu ton père, voilà peu de temps. Un combat amical, sans enjeu, mais un combat et un beau combat tout de même, bien agréable ! »
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Jeu 5 Juil - 4:46 | |
| Rien ne peut mieux nous lier que le secret de la danse des guerriers. Mais comme tu l'a dis, nous ne sommes, pour l'un comme pour l'autre, rien; sauf peut-être des ennemis héréditaires, puisque le sang qui coule dans nos veines le veut et le réclame. Petit Roi, je sais que dans ton coeur solide, tu crois que, jamais, je n'allumerai de flamme, quel quelle soit. Pourtant Petit Roi, nos chemins sont appelés à se croiser, à se retrouver, à s'embrasser et à se mêler. On dit un peu partout que ce monde est le nôtre, que nous sommes libres d'en faire ce que nous voulons... Et nous, devrions-nous nous écarter et vous laissez dessiner vos frontières? Je crois devoir me lever, contre toi et contre eux. Mais danseur, dis-moi que je me tompe si je te juge mal, dis-moi que je confonds si je voix en toi les erreurs et les tarres du passé. Dis-moi que je me trompe si tel est le cas.
Bliss fixait l'étalon de ses grands yeux, flattée peut-être de voir qu'il ne se grippait pas de la voir user de formules ironiques. Droite sur ses appuis secs et noueux, elle n'observait pourtant pas une immobilité totale, faute de sa jeunesse et de ses emportements, faute du savoir qu'elle n'avait pas encore totalement acquis. Serait-elle à la hauteur de ce que les Aînés attendaient d'eux? Oui, elle devait l'avouer, maintes fois la peur de ne pas satisfaire son Père l'avait effleurée, ce Père tant aimé qu'elle ne connaissait pourtant plus. Et lui, cet étalon noir dont le nom courait dans quelques plaines éloignées, lui, cet étalon qui se battait avec cet art si sûr et beau; lui arrivait-il parfois de penser à ses enfants? A ses deux poulains si peux connus? Avait-il refait sa vie, avait-il pris un autre jeune sous son aile? S'était-il laissé mourir? La jeune jument baie n'en savait rien, mais quelque chose en elle s'éveilla alors que les yeux anthracites de Shiki s'allumèrent au nom de son Père.
"Et je le conçois bien Petit Roi. J'irai même jusqu'à dire que tu es le plus légitime d'entre tous. Justement, ce changement tant attendu, cette passassion de pouvoir, n'est-elle pas arrivée? Le glas ne sonne-t-il donc pas pour cela? Dresses-toi Shiki, lèves-toi aujourd'hui, demain est plus vite arrivé que ce soir! dans ses yeux noirs s'allumèrent toutes les malices du monde, alors qu'elle poursuivait de sa voix claire Tu connais bien mon Père, alors? Pourquoi telle question? Ne dansons-nous pas la même danse?"
Alors qu'elle avait mentionné son Père, sa voix, l'espace de quelques mots, s'était confondue en un simple murmure, presque inaudible et ému. Mais Shiki, lui, brûlait du feu de la connaissance et du savoir: il était avenant et charmant, un jeune étalon charismatique qui n'aurait aucun mal à prendre la relève, et qui serait écouté avec respect par ses armées de guerriers. Joueur, il l'éclaboussa, alors que son corps était allumé de reflets métalliques. Bliss, vive et fauve, esquissa un rapide piaffé, se décalant sur le côté du merveilleux fils, arquant son col encore fin, alors que sa crinière de jais semblait y danser.
"Petit Roi, tu as eu la saveur de ce que moi, sa propre fille, je cherche éperduement depuis mon retour... Comment cet amical combat vous a pris?" | |
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Mer 11 Juil - 5:46 | |
| Un jour, peut-être demain, peut-être plus tard, je me lèverai contre toi. Pour l'honneur de ma tribu et pour sa sauvegarde, pour mes terres ou pour mes proches, il se peut que nous soyons face à face, à nous jauger, à chercher chacun le meilleur moyen d'abattre l'autre. Pourtant, nous sommes de la même race, celle des danseurs...sommes nous condamnés à nous entre-tuer? Ne crois pas que je le regrette. C'est la loi du combat et sans la mort tapie, il ne serait plus si beau, si ennivrant. C'est la loi que nous avons tous accepté, le pacte que nous avons signé d'une même croix en donnant notre foi au combat, et qui nous lie inextricablement à la mort et aux perspectives qu'elle apporte avec elle, pour l'amour de la danse. Si je dois te tuer, je ne le regretterai pas, pas plus que je ne regretterais de tuer n'importe quel danseur, sous prétexte que nous dansons, tous, dans les duels et les batailles. CC'est ainsi et c'est inhérent à notre condition. Dans un combat, il ne peut y avoir que vainqueur et vaincu, car la bataille n'est achevée que lorsqu'on l'a emportée.
Dans le coeur de Shiki, un autre étalon noir tenait un grand rôle. Black, à peine entamé par les années, sa force et sa vigueur intactes. Il n'était pas sur le déclin, le roi noir, il vivait encore avec son temps, loin de Liberty qui, déjà, avait jeté l'éponge et de Sun Star qui s'entourait de jeunes. Black gouvernait encore seul et il en avait encore la capacité, la clairvoyance. Le monde n'avait pas trop changé pour lui. Shiki admirait ce grand cheval noir, cette figure et ce modèle pour tous les duellistes, et ce père ainsi que professeur pour lui. Black avait pris sa mère sous son aile, elle le lui avait conté, sa mère entraînée par Stelmaria, et Black toujours, avait traité Shiki ainsi qu'un petit-fils, avec affection, mais aussi rudesse. Ce n'était pas un étalon à devenir un grand père gâteux. Shiki avait appris de lui, comme de Stelmaria, les arcanes du rôle de chef et la dureté des combats, mais aussi leur sombre beauté. D'eux autant que de ses parents, il tenait l'amour du combat. D'eux autant que de ses parents, il avait appris le combat.
Mais Black Hole était son premier adversaire sérieux hors du cercle familial, le premier grand combattant à lui avoir donné une leçon de danse. Et Shiki, quoiqu'il fût un futur chef et son adversaire un Shikaku vacillant sur la frêle limite entre folie et amour de la guerre, le respectait et l'estimait ainsi qu'il estimait Equinox ou Black. Comme un des plus grands combattants de ce temps. Il sentait, il savait qu'un jour, il serait lui-même pour un jeune ce qu'avait été Black Hole pour lui, qu'un jour tous ces grands chevaux, tous ces modèles, déclineraient alors que lui serait à son zénith. C'était ainsi, un combattant en suivait un autre sans qu'il y eût de rupture, autre qu'un affrontement où le plus ancien reconnaissait la nouvelle suprématie de celui que, quelque temps auparavant, il aurait écrasé d'un seul coup. C'était ainsi, l'ombre engloutissait les plus vieux des danseurs de légende tandis qu'en sortaient les jeunes, les futurs rois de la scène.
Et Bliss reprenait, Shiki hocha la tête. Il comprenait. La même fièvre était dans son corps et le sien, rien à voir avec une quelconque séduction. Mais c'était l'ardeur des jeunes, qui savent que le monde leur appartient et se sentent capables de tout, qui sentent que le monde est là, et qu'ils n'ont qu'à étendre l'encolure pour le toucher, pour le faire leur. Ceux qui savent que leur avenir comme leur vie sont devant eux, et qu'ils ont tout pouvoir pour les construire. C'était la belle arrogance des jeunes qui se croient invincibles et que jamais le destin n'a mis à genoux. Le futur roi sourit:
"Quoi d'autre que le sang? Je suis le fils d'Aglow Star et d'Odyssée, héritiers de Black, Equinox, Stelmaria, et même de Sword qui, quoiqu'il fût du Clan des Etoiles, était un grand guerrier. Bien sûr, de grandir près d'eux m'a apporté la passion du combat et j'ai pu, là, apprendre à danser, et y prendre goût, mais même avant cela...c'est probablement une question d'héritage. Et comme la Danse, le trône doit se transmettre par le sang...sans quoi, nous ne somems plus que des animaux politiques, qui ne savent plus pourquoi, pour qui ils tiennent le commandement et d'où il leur vient."
Bliss l'avait esquivé tandis qu'il l'éclaboussait et il sourit, amusé de sa vivacité, amusé de cette vigueur qui était le reflet de la sienne. Danseurs, ils se reconnaissaient mais par dessus tout cela, ils se reconnaissaient comme les jeunes qui se croient invincibles. Même arrogance, même vigueur et même certitudes. Mêmes idéaux et mêmes espoirs, même fierté de leur sang. Elle le questionnait sur son combat avec Hole et il ferma les yeux, puis les rouvrit, le regard droit et franc, pour lui conter ce si important épisode:
"Nous étions à la Fête du Printemps et, peut-être le sais-tu, mais les combats sont là une sorte de tradition...et c'était pour moi l'occasion d'affronter un grand combattant, hors du cercle familial. Pourquoi lui et pas un autre? Peut-être parce que le respect que lui témoignent Black ou Stelmaria est un respect de combattant à combattant, bien différent de ce qu'ils laissent à Si Beau...peut-être tout simplement car je l'ai vu, tout jeune encore, affronter ma mère et que ce duel m'avait laissé sans voix, tant il fut beau. Je l'ai défié, il a accepté. La suite coule de source, j'ai bien senti qu'il retenait ses coups, car je n'ai pas encore la prétention d'en savoir autant que lui, mais pas assez pour que nous ne nous blessions point: le sang a coulé, et c'était malgré tout un vrai combat. Même s'il n'y avait pas de mort à la clé. Quant à te décrire le combat...quels mots, pour transcrire cela? Tu sais de quoi je parle, je pense..."
Il soupira, pensif, et reprit:
"Qu'y ai-je gagné? La certitude que j'aime danser et suis né pour, peut-être, une certitude qui court dans mes veines, aussi forte que celle qui me dit que je suis des Terres de Glace et que ce sont là mes terres. C'est plus une appartenance qu'autre chose...j'appartiens aux terres de Glace et j'appartiens à la Danse. Je suis de ce sang là et je le sais, maintenant. Je le sais pleinement." | |
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Mar 17 Juil - 7:19 | |
| Et je ne te demande rien de plus ni rien de moins. Quoique nous en disions aujourd'hui, notre passé nous appelle à nous soulever l'un contre l'autre, notre sang, fort chez chacun mais de façons différentes, s'embrase dans nos veines alors que, bientôt, nous serons de nouveau face à face. Je n'aurai pas peur, ni de tes coups ni de la mort, je ne tremblerai ni ne fuirai. J'ai besoin de me sentir vivre, de sentir mon coeur battre, de me faire ensorceler par l'adrénaline. Je veux perdre pied, je veux me noyer dans un abîme sans fond, juste pour sentir le frisson des passions courir sur mon corps. Je ne veux plus m'appartenir, j'aimerai n'être qu'une poupée qu'un dieu baladerait, je veux que l'on me brise sur des rochers, que l'on me fasse souffrir, souffrir d'amour, de passions et de douleurs. Le temps ne nous attend pas lui, il passe, coule et s'échappe. Serrer les doigts ne serre à rien: personne n'est apte à briser son élan. Mais j'ai l'impression, Danseur, que cela, tu le sais tout aussi bien que moi. Quand l'heure aura sonné, souviens-toi de moi, et accorde-moi une danse. Shiki, me ferais-tu ce présent? Danserais-tu avec et contre moi, au milieu des hurlements de la bataille, au milieu du chaos et des souffrances, me rejoindras-tu?
S'il n'était pas roi aujourd'hui, il le serait demain, puisqu'il était évident que le monde désormais lui appartenait. Il avait sous son joug le clan de la Glace, il avait comme allié l'Ombre, et surtout, dans ses veines coulait le sang et des Thars et celui de la famille régnante. Il était le pont, l'alliance qui scellait les deux familles. De plus, Equinox était son grand-père, le sang de Devil coulait en lui, et il avait un lien de parenté avec Murmure Noir. Si jeune et pourtant, il avait déjà tout pour lui! Les aînés plieraient sous ses volontés, puisqu'incontestablement, il était le roi de ces terres, il en était l'empereur et le chef. Il avait en lui toutes les parties de ce royaume. Si tu es roi, règne! En attendant, le monde grondait, murmurait et criait, de moins en moins stable alors que les heures avançaient, alors que le peuple demandait un roi. C'était une vague de jeunesse qui implorait ce changement, qui priait, qui priait fort pour avoir de nouvelles lois, un monde où les erreurs ne seraient plus permises, un monde où la menace imminente d'une guerre serait présente. Ou le contraire. Que voulaient(ils, au fond, ces jeunes plein de feu? Et qu'adviendraient-ils de Black et Sun Star? Les deux frères, allaient-ils se retrouver? Le monde tout entier tremblait.
"Alors, futur roi, tu marcheras dans les traces de tes aînés? Tu feras que leur volonté et leur croyance soient respectées? Tu as raison, tout n'est qu'une question de sang, qu'une question de famille et d'appartenance. Tu gouverneras un empire, mais s'il te plaît, souviens-toi toujours de cet échange, et parfois, quand tu dormiras, réveille-toi en sursaut en te disant que quelque part, sur tes frontières, de longues ombres se penchent. Souviens-toi alors de moi et de mes rêves d'enfant, de mes convictions. Tu seras encore jeune, et déjà, d'inquiétantes forces tourmenteront tes nuits. Tu nous tueras n'est-ce pas, Shiki? Tu lèveras contre nous, tes ombres, tes armées de fidèles, et tu nous feras tuer. Serais-tu d'accord pour me tuer toi? Voudras-tu bien m'accorder une danse, et me briser avec toute la violence et la rage de ton être? M'offriras-tu une somptueuse dernière danse, alors qu'en dansant le long de tes frontières, j'aurai hanté tes rêves?..."
Et face à lui, la misérable enfant, la fille de personne, la fille d'une ombre qui s'était confondue sous les traits d'un Ambassadeur au charme assassin, une miséreuse rêveuse qui était pourtant forte de la fierté qu'elle avait de son sang! Et quel orgueil que celui qui brillait dans ses grandes prunelles, quel aplomb que celui qui la faisait mâle. Il fallait l'avouer: malgré ses courbes et sa finesse, malgré ses allures sensuelles, une menace inquiétante et virile la suivait, où qu'elle aille. Et si son Père ne lui avait jamais pardonné le fait qu'elle naisse fille? Elle semblait presque sorcière dans ses propos. Mais alors qu'ils se mouvaient, tout fut balayé, tandis que ses membres fuyaient l'eau, alors que son visage souriait presque au jeune roi. Elle l'écouta alors parler, buvant ses paroles comme si elles les cherchait depuis longtemps.
"Tu as le génie de la danse en toi petit roi, et sans doute que l'étalon noir le sait, s'il a dansé avec toi. Sans doute en est-il bouleversé, en ce moment même? Regarde le ciel et fait le vide en toi. Dis-moi qui pense à toi en ce moment même Petit Roi?"
[pas vraiment beau, dsl] | |
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Mer 18 Juil - 7:07 | |
| Shiki connaissait, de la bouche même de son oncle, l'histoire de la trahison de Sun Star, l'histoire de cette double trahison, entre deux frères qui autrefois étaient plus que proches. Il avait entendu l'amertume dans les mots de Black, quand l'étalon noir évoquait le temps passé, leurs jeux, leurs galopades et la camaraderie que Shiki avait rêvé de connaître, jeune poulain. Il avait aussi, et surtout, lu dans les yeux de son grand-père de coeur la haine, la rage froide et implacable qui détruirait impitoyablement Sun Star si ce dernier avait l'imprudence de croire à une impossible réconciliation. Black, malgré sa force et sa grandeur, était de ceux qui s'attachent et souffrent pour deux, de la race des passionnés. Et de la race de ceux qui ne pardonnent pas quand, ayant abaissé leurs boucliers et leurs barrières, ils reçoivent en plein coeur le poignard d'une trahison. Sun Star avait été son plus grand allié et était à jamais le plus grand ennemi de l'étalon noir, et si Shiki n'avait pas la même hargne que le chef de l'Ombre, il savait bien que la guerre ne se règlerait pas par un contrat. C'était le sang de Sun Star, ou le sang de Black, peut-être les deux, qui couleraient, pour signer dans la poussière un pacte de mort. Le combat cesserait faute de combattants ou ne cesserait pas, et tant que l'un respirait, l'autre ne rêvait que de lui ôter ce souffle.
En attendant, il avait pour lui la gloire, le sang, et surtout l'ambition. Les Clans se disputaient, se déliaient et se séparaient, se haissaient ou s'alliaient; pourquoi ne jouerait-il pas des alliances et des trahisons? Il deviendrait un grand roi, un roi de légende, et son Clan derrière lui, une tribu digne des contes de nourrice, parce qu'il l'avait désiré, qu'il le voulait et l'avait décidé. Il ne serait pas "peut-être" grand roi. Il serait. Cela ne souffrait aucune contradiction, à peine quelques contretemps: ce qu'il avait à apprendre s'amenuisait de jour en jour et Shiki savait que, un jour, bientôt, il se présenterait devant sa grand-mère et demanderait, d'abord à partager le trône avec elle, puis à assumer le rôle auquel son sang le prédestinait.
Shiki hocha la tête:
"La menace des Shikaku s'éteindra-t-elle un jour? Peut-être agirai-je en ce sens, peut-être lancerai-je mes guerriers contre vous et moi-même, me lancerai contre vous. Peut-être seul, ou avec derrière moi d'autres Clans, peut-être même tous. Comment dire à l'avance, quand le futur ne s'est même pas écrit? Mais comme toi je crois, j'ai une conviction profonde et une vision du monde et comme toi, je veux suivre ma vision, non pour façonner le monde, ce serait bien présomptueux, mais pour rappeler à ceux qui ne pensent pas comme moi que je suis là. Que j'existe et que j'ai le pouvoir de les atteindre."
Puis il se tut, un instant, trempa ses naseaux dans l'eau et se redressa. Les gouttelettes, comme des perles translucides à force d'avoir été roulées par la mer, pendaient de son menton, quand le Petit Roi planta son regard anthracite dans celui, plus clair, de Bliss. Son poitrail se gonfla tandis qu'il engageait la première promesse solennelle de son existence, le premier engagement pris en tant que Roi:
"Si je lance mes guerriers contre vous, les ombres, et s'il advenait que vous soyez vaincus ou en train de l'être, si je te trouvais sur le champ de bataille, je danserai avec toi. Qu'importe qui serait mon partenaire du moment, je romprai le combat pour honorer cette promesse. J'en fais le serment, Bliss, fille de Black Hole. Comme j'ai dansé avec ton père, je danserai avec toi, et si la chance nous favorise, si la Mort détourne son regard de nous pour une danse ou plus, je danserai plus d'une fois avec toi. Je t'offrirai une danse à l'aune de celle que tu auras mené dans mes rêves, Petite Ombre."
Et puis il fit ce qu'elle lui avait demandé. Parce qu'il la comprenait, et parce qu'il comprenait ce qu'elle demandait, Shiki ferma les yeux, leva la tête et les rouvrit, vers le ciel infini. L'immensité de la voûte hésitant entre azur et ombre le submergea comme s'il y plongeait, lui coupa le souffle comme l'eau glacée. Mais il laissa ses yeux courir de nuages en étoiles, et murmura simplement:
"Ma mère et mon père pensent à moi. Ils ne sont pas ensembles, mais ils pensent de même. Même coeur, même esprit. Et Stelmaria, et son frère, le Maudit. Et ma compagne Moondance laisse une partie de ses pensées toujours tournée vers moi. C'est mon sang qui pense à moi, Petite Ombre. Mon sang, et ton père, le Danseur. Lui et le jeune roi, Zanzibar, le futur maître du Crépuscule. Il est de ma génération et de ma trempe, je devrai compter avec lui sous peu, je pense à lui comme il pense à moi. Qui est-il, quels sont ses buts?"
Il sourit pensivement et laissa retomber sa tête, pour river son regard, toujours aussi franc et direct, dans les yeux immenses de Bliss. Un sourire fit frémir ses naseaux:
"A toi, Petite Ombre. Dis-moi s'il en est, ici ou ailleurs, qui pensent à toi, et je te dirai à qui vont mes pensées." | |
| | | Black Hole Cauchemar de la NASA
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Mer 22 Aoû - 9:25 | |
| Si tu savais Petit Roi, le mal qui ronge chaque être. Certains brûlent d'amertume, d'autres de douleur... Et toi Petit Roi, quel combat mèneras-tu? Quel mal s'emparera de toi? Mon coeur se joue de moi, et chaque seconde je vacille entre la glace et le feu. Mon sang m'appel à tuer, et cette idée ne m'effraie pas. Mais je veux aussi me sentir vivre, je veux pouvoir aimer et danser sans me dire qu'il me faudra tuer ce partenaire infortuné. Que faire, sinon danser à la manière d'un funambule sur l'instable fil de la vie? Que faire Petit Roi? Me montrerais-tu la vérité, à moi, simple damnée qui te promait d'hanter tes nuits de Roi? Shiki, danse et aime avec passion, ne perd pas ton temps à haïr ceux qui ne méritent de toi pas même un regard. Fais les bons choix, tu en es capable!
La jeune Bliss était là, à portée de tout, s'avouant déjà tueuse et menace, elle était là, immobile et si semblable aux fragiles flammes des bougies. Pourtant, dans son sombre regard brillait le reflet de la passion. D'un moment à l'autre, la pouliche baie s'embraserait, devenant Phoenix le temps d'une danse, consumant son être entier dans des torrents de flammes. D'un moment à l'autre, l'Apocalypse pouvait s'échapper de son être charnel, et tout avaler, sauf peut-être ce roi de Glace. Il lui fallait une barrière pour se contenir, pour ne pas sombrer et ne devenir qu'un monstre. Shiki, pouvait-il être ce rempart pour l'heure insurmontable? Elle l'écoutait respectueusement, touchée sans doute par la sagesse de ses mots, par la volonté et l'ambition saines qui le tenaient, petit prince plein d'avenir. Le monde serait bientôt révolutionné, les codes chamboulés. Admirez votre nouveau terrain de jeu, mais sachez tout de même que si le monde ne gémit ni ne hurle, il se souvient de tout.
"Merci, Shiki. On dit de nous que nous n'éprouvons rien, que nous ne sommes que des êtres sanguinaires possédés par une force obscure. Pourtant, Roi de la Glace, je peux t'assurer que tes mots me touchent, qu'ils soulèvent en moi une lame de fond qui me laisse pensive et qui m'émeut à la fois. Shiki, roi de notre monde, je m'incline face à toi, avec tout le respect et le dévouement de mon nom et de mon sang. Shiki, que cette guerre arrive et que nous puissions danser. Je ne suis qu'une ombre fugace mais je peux au moins te promettre que, dès que la lumière me le permettra, je porterai avec moi ton sens de l'honneur, partout où j'irai, même si c'est en enfer."
Elle accompagna ses paroles d'un salut respectueux. Elle n'éleva pas sa masse dans les airs, préférant courber son encolure alors qu'un de ses membres s'allongeait sur le sol. La nuque et la colonne vértébrale offertes à Shiki, elle lui prouvait ainsi sa confiance, et se soumettait à son autorité, bien que son regard farouche laissait encore transparaître qu'elle ne recculerait pas, jamais, et ce qu'importait celui qui se dresserait un jour devant elle.
"Tu as été franc avec moi, alors je le serai avec toi. Mon Père pense à moi, peut-être est-ce une pensée triste et fragile, mais je sens que son coeur brûle encore en mon nom. Mon jeune Frère m'espère aussi, tout comme, je crois, Vif-Argent. En revanche, je ne saurai dire si ma mère ose encore se remémorer l'image de sa fille. Je dois donc te livrer un autre secret Petit Roi. Quelque part dans le vaste monde, un étalon pense à moi, un étalon laisse errer sa pensée vers mon être, et il espère que je servirai son nom, tout en me sauvant de celle à qui nous appartenons. L'Etalon blanc pense à moi Shiki."
A l'évocation du nom de l'étalon, la jument baie frissona, son corps soudain secoué de spasmes. Avait-elle raison d'avancer telle information? Oui, elle en était convaincue, et elle savait aussi qu'à Shiki, elle pouvait l'avouer sans avoir peur de trahïr son secret. Il l'emporterait dans sa tombe royale. Elle reporta son regard sur le jeune étalon, attendant avec impatience de savoir à qui allaient ses pensées. | |
| | | Liberty Fondatrice sadique et fière de l'être Rédactrice du Journal
Nombre de messages : 8130 Age : 30 Nom : Liberty, Black, Sun Star, Odyssée. Moi c'est Chamallow^^ Clan : Black chef de l'Ombre - Liberty fondatrice des Etoiles - Sun Star chef associé et fondateur du Soleil - Shiki et Odyssée solitaires Date d'inscription : 02/12/2006
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Lun 27 Aoû - 13:39 | |
| Pourquoi toujours tuer, pourquoi ne faire que tuer? C'est comme un fil tendu entre deux abîmes, et dois-tu réellement choisir l'un d'eux, ou ne peux tu te contenter de danser et osciller au long du fil, penchant tantôt d'un côté, tantôt de l'autre au gré des rencontres et de tes humeurs? Ne t'enferme pas dans une spirale de mort...car le jour où tu auras envie d'aimer, tu ne pourras plus te défaire de l'ombre de la Camarde. Et là, ne te resteront que les regrets. Pour rester libre, ne choisis pas, petite princesse.
Shiki savait, Shiki sentait qu'ils éprouvaient sentiments et émotions, comme tout un chacun, les Shikaku. Black Hole, même si il oscillait souvent entre les deux abîmes, si souvent sur le fil, parfois tombant d'un côté et toujours parvenant à remonter sur la corde, était Shikaku. On pouvait le considérer comme tel, et quoi de plus stupide que de prétendre que cet étalon ne ressentait rien? Shiki se souvenait de tout, de son exaltation sauvage lors de leur combat, de son orgueil et de sa fierté quand il lui avait fait sa demande, de sa surprise, du respect qu'il y avait eu entre eux. Comment prétendre que les Shikaku ne ressentaient rien? Le jeune cheval gris gratta le sol du sabot, geste dont il était coutumier quand il était pensif:
"Ne ressentent rien? Je pense parfois au contraire que vous êtes plus sensibles que le commun des êtres...l'amour de la bataille, son ivresse sauvage, ce goût du sang qui nous prend et ne nous lâche plus sitôt que nous sommes dans l'arène, vous le ressentez. Comme moi je le ressens, ou peut-être un peu différemment, mais vous ressentez. On ne peut réduire les Shikaku à de simples machines à tuer, comme ces golems des légendes, ces créatures sans âme ni coeur. On ne le peut, même si, je l'admet, cela rendrait les choses plus faciles. On ne le peut et on ne le doit, car si nous le faisions, ce serait ouvrir la porte à votre éradication."
Le prince s'interrompit pour poser un regard scrutateur sur la jeune jument:
"Or, je ne crois pas qu'il faille vous éradiquer, à moins que vous ne perdiez tous, absolument, le contrôle sur vous mêmes. Il faut qu'il y en ait qui aiment le combat puisqu'il y en a qui le détestent, et il faut qu'il y en ait pour honorer la mort puisque la tendance commune est à l'honneur de la vie. Il faut un équilibre. Je ne veux pas d'un monde monochrome, ni manichéen. Si c'est moi l'emporte, si c'est toi qui perds, si aucun de nous ne perd définitivement, je garderai ton souvenir et celui de ton honneur au fond de moi, comme un guide de plus. Et je laisserai d'autres les connaître."
Il sourit à Bliss et l'écouta lui raconter qui pensait à elle. Un étalon blanc...non, l'Etalon Blanc. Le nom, ou plutôt le titre, ouvrit dans l'esprit de Shiki une infinité de possibles et de questions, tandis qu'un frisson prémonitoire parcourait son échine. Il ne craignait pas le nom, mais il sentait la puissance de cet être à l'aune des grandes légendes, au niveau de Black, de Stelmaria, d'Equinox ou de Nathaniel, les grands invincibles de ses rêves de poulain. Il sentait la force d'une créature dont le simple nom fait déjà frémir, pas de peur, mais d'instinct. Dans les yeux de Bliss, il sentit que son frisson avait trouvé son écho en elle et de concert, ils laissèrent la vague de pouvoir passer sur eux avec lenteur, jusqu'à ce que ses derniers vestiges s'évanouissent, comme emportés au loin par les vagues. Alors seulement le jeune étalon répondit à la seconde question. Il ferma les yeux, quand une minute auparavant il avait scruté les étoiles, et un sourire chatouilla puis étira ses lèvres, tandis qu'il les rouvrait pour river son regard gris dans celui de son interlocutrice:
"J'ai bien des êtres qui peuplent mes pensées, aujourd'hui. En tout premier lieu, les miens, ceux qui sont mon sang, mon esprit ou mon coeur. Nathaniel, Equinox, Stelmaria, Aglow Star et Odyssée. Black, et celui qui est mon maître à danser, et qui est ton père. Une autre part de mes pensées va à mon peuple. Non pas tous les chevaux, mais un nombre restreint d'entre eux. Ceux qui, comme moi, ont connu la nuit polaire et les rigueurs de l'hiver des grands froids, ceux qui ont joué et grandi avec les petits des léopards comme s'ils étaient leurs frères. Ceux qui trouvent leur air même au sommet des grands plateaux montagneux, ceux qui trouvent leur route sur la glace et dans le blizzard, ceux qui se sentent dans la Forêt des Cascades comme dans les bras d'une mère. Ceux avec qui j'ai grandi, et avec qui je partage mon lieu de naissance, et ma terre. Mon coeur bat aussi au rythme du leur, mon sang, comme le leur, me rappelle toujours vers les glaces, et me dit que je suis appelé à être leur roi. Eux sont mon peuple. Et il y a une dernière personne - ses yeux se firent rêveurs, son sourire se fit tendre -. Elle est belle, plus belle que beaucoup, fine et douce, mais si forte pourtant. On ne la croirait pas si vive quand on la voit, et pourtant, elle est parmi les êtres les plus forts de ce monde. On la dit aussi belle que sa mère; mais moi je sais qu'elle a la fougue de son père. Elle adoucit les angles de mon passé, illumine le présent, repeint mon avenir de couleurs vives. Elle est toujours là, quelque part, dans l'ombre des arbres ou dans le souffle du vent, qui m'apporte son odeur, parfois, ou dans mes rêves...et, surtout, elle est celle que j'aime. Moondance."
Il n'avait pas hésité à lui donner une information qui, pourtant, pourrait jouer contre lui, ou contre Moondance. Mais Bliss lui avait prouvé sa confiance, son respect, son honneur et Shiki la croyait. Il lui faisait confiance pour ne pas mettre en danger son amour, et, comme elle l'avait fait en s'inclinant devant lui, il se mettait à son entière merci en lui révélant le nom de sa vie. | |
| | | Black Hole Cauchemar de la NASA
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Jeu 13 Sep - 6:47 | |
| Un soir, j'ai voulu croire aux étoiles. J'ai essayé de me dire qu'elles étaient bonnes, qu'elles nous veillaient, nous, pauvres pantins du diable. Mais je m'étais trompée. Le coup d'état d'état des Shikaku a précipité le couple de mes parents vers l'abîme, et cette chute m'a arrachée mon Père. Qu'est-il aujourd'hui? Aime-t-il toujours ma mère? Ma mère... Mais que dire d'elle? Sais-tu Petit Prince, sais-tu seulement qu'elle ne m'a pas reconnues, moi, son sang et son coeur? Je ne crois plus aux étoiles, mais je crois en l'amour, en la fraternité et au sang. Je vivrai Shiki, je vivrai avec tes conseils, avec cette rencontre encrés dans mon âme.
La vie lui était semblable à une terre d'argile, sol friable quand exposé à la pluie, à l'eau. Bliss avait grandi le coeur déchiré, privée de son Père dont elle sentait pourtant la présence en tout lieux. Combien de fois s'était-elle dit qu'elle le trouverait, juste après avoir dépassé ce buisson...? L'enfance est le ciment de l'être, mais Bliss avait changé, Bliss s'était exilée de ces terres pour connaître l'Aventure, le grand frisson. S'en était-elle allée de peur de trop souffrir? Quelque chose l'avait poussée à aller, à découvrir le monde et la vie de ses propres yeux, sans l'opressante présence de sa mère, sans la distance volontaire exprimée par son Père. Elle avait abandonné ses rêves de pouliche, laissant son jeune et faible frère derrière elle, laissant les quelques souvenirs ici. Elle s'était échappée, petite, frêle et joyeuse; elle était revenue grande, puissante, enjôleuse et grave. Elle avait bien changé, et elle ne savait que trop bien que sa vie prenait un tournent ici: il fallait bien choisir. Mais qui pactiserait avec les enfants du diable?
«Personne n'aime la différence. Ils ont peur, peur de nous voir nous agîter de spasmes violents, alors que la bataille fait rage. Ils ne veulent pas voir notre âme s'offrir toute entière au combat. Ils pensent que nous sommes pervertis, que nous sommes des ennemis. Ils voient en nous l'Apocalypse, mais, de l'autre côté, nous ne faisons rien pour leur montrer qu'ils se trompent. Nous rions de leurs craintes, en tentant de leur donner toujours plus de matière pour qu'ils nous détestent.»
La jeune jument baie marqua à son tour une pause. Elle était à fleur de peau, et sans hésitation, elle avouait au jeune étalon ce qu'elle renfermait tout au fond d'elle. De lui, elle ne craignait pas le jugement. Il était jeune, tout comme elle, et il avait une vision bien différente de celle des Anciens. Face à son être à l'aura noire, il ne s'était pas détourné, il était même venu s'échouer à ses côtés, s'arrêter, brisant son élan pour parler, échanger des mots qui, pour la jeune Shikaku, prenaient des sens plus profonds. Leur discussion n'était pas qu'un banal échange, promesses et respects naissaient, alors qu'hier encore, elle se pensait haïe de tous. Certes, Shiki ne l'aimait pas comme il aimait les siens, ses amis et sa famille, mais il n'exprimait pas non plus de dégoût quant à elle. Elle avait confiance en l'animal smocky, et décida de poursuivre, ne craignant plus les jugements.
«Quand mon Père est arrivé en ces lieux, je sais qu'il était empli de Haine envers vous, les "autres", comme il vous appelait. Il n'aimait plus ses semblables, il haïssait le bonheur et la joie, les couleurs et le jour. Il ne rêvait à cette époque que de ténèbres et de sang. Je crois que c'était plus fort que lui, mais surtout, je pense qu'il se complésait dans cette situation. Il était la honte de tous, et il transportait avec lui une odeur âcre, alors que sur sa robe se dessinaient souvent de vieux reflets rouges, sang séché. Il aimait les regards de dégoût qui le fuyaient, il aimait l'idée de déranger les autres, d'être une tarre et un vice. De plus, il était beau, il l'est encore. Il a cette étrange majesté. Pourtant, son sang n'est pas royal, mais il semble venir d'ailleurs, venir de loin. Est-il mortel? Au début, il n'avait rien à perdre, tout à gagner. Je ne sais pas, malgré tout, si cet état l'a attrappé durant sa formation. Je suis allée trouver ses terres, et je reviens aujourd'hui, mais sans toute cette horreur avec moi. Shiki, je sais que tu ne le diras jamais, alors je vais te faire une confidence. Quand je marche, si droite, si forte et si mâle -à ce que l'on dit-, je tremble de peur. Oui, j'ai peur. Je suis le mal pourtant, je suis la mort, l'ennemi, le fléau; et pourtant, je crains les autres et le monde. Tout ce qui ne s'apparente pas à une bataille m'effraie. Le calme de la paix m'est inconnu, et je ne pense qu'à le fuir. Je ne me bats pas par folie ou par orgueil. Je me bats parce que j'ai peur de la tranquilité, j'ai peur de trouver la paix et de me rendre compte que j'aime ça.»
Ses yeux s'étaient doucement fermés, alors que l'étincelle qui flamboyait en leur sein avait commencé à faiblir, sa puissance atténuée par la vague humide qui dansait dans ses deux abysses noires. Par moment, son corps tremblait, peut-être sous l'effet des nerfs mis à rude épreuve. Quoi qu'il en soit, Bliss avait réalisé qu'elle n'avait pas la même force que ses aînés, qu'elle ne désirait pas le combat pour les mêmes valeurs. Avait-elle encore le droit de se dire Shikaku? Et si son Père l'apprenait, la renirait-il? Un vague souvenir subsistait encore pourtant, un souvenir doux et charmant. L'Etalon Blanc. Elle avait vu en Shiki qu'il avait compris l'importance de ce nom, comme si l'aura du Grand Maître l'avait traversé. En croisant sur les mers de brumes autrefois arpentées par son Père, elle s'était santie plus proche que jamais de lui, de la bête furieuse qu'était l'étalon de Nuit. Elle avait vibré de toute sorte de sensations, et peut-être aussi était-ce là, la première fois que le sentiment d'amour l'avait portée dans ses doux bras. Elle ne pouvait pas nier les sentiments qui la dominaient, qui la submergeaient, alors qu'elle pensait à l'étalon. Quel âge avait-il? Personne ne le savait. Certains disaient qu'il avait aujourd'hui 20 ans, d'autres encore parlaient de lui comme un animal flamboyant, d'une grande agilité et d'une force prodigieuse, mais qui avait reçu un mauvais coup, ce qui l'empêchait désormais de se battre, d'où le fait qu'il est "batti" ce monde. Bliss savait aussi que rares étaient ceux qui avaient eu la chance de se mesurer à lui, et que ces combats s'étaient toujours déroulés à huit-clos. Le mystère restait entier, bien la proximité outrageante qui s'était créée entre eux. De nouveau, la fille de Hole écouta l'Enfant de Wild Horses parler, se promenant sur ses mots, allant à la rencontre de chacun des êtres évoqués. Elle n'en avait rencontré aucun, mais elle connaissait leurs noms, leurs légendes. Elle avait grandit avec leur mythe au-dessus d'elle, comme une puissance farouche qui surveillait le Monde. Mais la jeune jument dressa l'oreille au nom de Moondance. Ainsi, le coeur du jeune roi s'accordait déjà à celui d'une délicate jument, assurément d'une grande beauté. Un sourire s'installa sur le visage de Bliss, alors qu'elle essayait de se peindre la dulcinée du Roi. Elle avait entendu son nom à elle aussi, on lui avait parlé de l'étrange pérception qu'elle avait, et également des questions obscures qui l'entouraient. Certains, à l'époque du coup d'état, avaient parlé d'une jument Nomade. La jument baie ne chercha pas à approfondir: il lui avait confiance au point de lui révéler le nom de sa douce, et elle se faisait la promesse d'épargner la jument, souhaitant de toute son âme que le sang de cette dernière ne coule pas du fait qu'elle était une Nomade.
«Penses-tu toujours à eux? Ne t'égares-tu donc jamais? J'aimerai pouvoir penser à ma famille chaque seconde de ma vie, j'aimerai avoir une image qui ne quitte jamais mon cerveau, les voir à chaque fois que je fermerai les yeux. Mais il m'est arrivé de les oublier, dans de grands moments d'euphorie, dans les meilleurs moments, en fait. Leur présence me tient compagnie quand j'ai mal et que je souffre, elle est à mes côtés quand j'aimerai oublier ces moments. Je dois donc moi aussi penser à tes terres. Je vais me mettre bien vite à l'apprentissage de tes frontières, et j'essayerai d'apprendre l'antique chant de la glace. Aussi, le soir, quand la lune et le soleil partageront le ciel, quand l'heure sera incertaine et que de grands feux embraseront la Terre, je mènerai mon armée d'ombres sur tes frontières, et là, je danserai. Peut-être que mon ombre s'allongera jusqu'à tes rêves, dans un concerto de flammes et d'atroces ricannements. Mais tu n'auras pas peur, n'est-ce pas? Tu te souviendras juste de moi, et tu te demanderas combien de jours encore avant la guerre. Peut-être même que tes frontières, celles de ton peuple, je les protègerai, en m'agitant ainsi? Qui sait? Tu la décris comme une personne très belle, touchante sans doute. Elle a allumé un brasier dans ton coeur n'est-ce pas? Peut-être que tu as la chance d'être tombé sur la bonne personne, dès les premiers instants!» | |
| | | Liberty Fondatrice sadique et fière de l'être Rédactrice du Journal
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Dim 23 Sep - 6:50 | |
| Parce que c'était lui, parce que c'était moi. Montaigne Shiki sourit: "Qui aime la différence? Elle nous questionne, elle nous pousse dans nos retranchements et seuls ceux qui cherchent, sans cesse, seuls ceux qui vont de l'avant, quoique ce ne soit pas le même avant pour tout le monde, l'aiment pour ce qu'elle est. La différence est notre chance de confronter nos choix et nos convictions à celles d'autrui, nos croyances et nos valeurs. On ne doit pas pour autant l'accepter, l'assimiler...on doit juste la regarder, et voir ce qu'elle remet en question en nous. Et peut-être l'assimiler comme nouvelle vérité...peut-être la laisser aller, car elle ne nous va pas. Peut-être aussi la garder dans un coin de tête afin qu'elle ressurgisse un beau matin! Une jument comme Liberty prône l'acceptation de la différence, sans condition aucune. Je ne suis pas d'accord. On n'est pas obligé d'être d'accord avec tout ce qui croise notre route, sans quoi, nous ne serions que des girouettes, des oiseaux migrateurs sans lieu d'origine, et qui suivent le premier flux d'air! Mais nous nous devons d'observer ce qui est autre, de nous remettre en question, en danger de ce point de vue là, en perpétuel équilibre entre ce que l'on croit, et ce que l'on voit. Nous nous devons de ne pas simplement nous rassurer à la chaleur de ceux qui nous sont pareils. Sinon, nous arrêtons d'avancer et d'évoluer. Et s'arrêter, c'est un peu mourir...le monde ne s'arrête pas même si nous décidons de stopper. Il nous dépasse et nous laisse derrière, et nous devons après souffrir, et courir, pour le rattraper..."
Il avait confiance en elle; il se sentait égal à elle. Ils n'avaient choisi ni la même route, ni les mêmes buts, ils ne vivaient pas de la même façon ni pour les mêmes raisons. Mais comme lui, elle était à l'âge où on avance en écoutant le monde, et comme lui, elle avait grandi dans le monde où dominaient les Shikaku, les Fidèles et tous ces nouveaux êtres qui rompaient le vieil équilibre. Comme lui, elle respirait un air nouveau et courait dans un vent nouveau, là où les anciens, à de rares exceptions près, ne savaient plus sentir l'air du vent. Elle lui confiait sa peur et il l'entendit. Il l'entendit et il comprit: "J'ai eu peur de la paix, autrefois. Plus jeune, plus seul, aussi, j'ai cru que ma mère combattait parce qu'elle craignait la paix. Et puis j'ai découvert que c'était autre chose qui la poussait au champ de bataille, une sorte d'envie de vivre, de rage de vivre et le désir d'une communion qu'elle ne trouvait que dans le combat. Mais d'autres, comme celui qui est presque mon grand-père, Black, combattent parce qu'ils ont peur, et par une volonté farouche et intense. Oh, il aime le combat, mais il a aussi peur de l'ennui, et peur d'une vie calme et plate, une vie trop tranquille, qui ne lui correspondrait pas. Est-ce un tort? Je me demande...j'ai découvert les joies de la paix, de l'amour, de la stabilité, et je me prends à envisager avec joie l'existence d'un Thar, moi qui ne rêvais que de monts et de vaux, que de combats et de liberté, d'incessants renouveaux. Pourtant, le renouveau est là dans toute existence, même les plus tranquilles...est-ce un tort d'avoir peur de la paix? Peut-être certaines êtres sont ils trop entiers, et trop passionnés, pour se contenter du calme plat et sans questions de ceux qui semblent en paix. Je dis semblent car, confortables dans leur petite existence, existent-ils encore? Ils sont de ces arrêtés sur la route, dont je parlais au-dessus...finalement, ceux qui connaissent la tranquilité connaissent-ils le bonheur? L'absence de troubles est-elle bonheur? Moi aussi, j'ai peur de la tranquilité. Pas du bonheur car pour moi, il n'est pas dans la tranquilité. Dans la paix, dans la sérénité, pourquoi pas, mais pas dans ce calme qui semble celui de la mort, dans ce refus de réfléchir, pour ne pas risquer de changer...ce refus du changement."
Il souriait à la mention de la vision d'apocalypse ou la vision onirique d'une jument, et de sa troupe, dont les ombres danseraient aux ombres de ses frontières. Ombres bleues et rouge sang sur la glace azurée, le tonnerre de leurs sabots confronté au rugissement de la mer, le craquement de la glace sous leurs pieds comme celui de la banquise malmenée. Shiki ferma les yeux un instant: "Je ne pense pas toujours à eux, et pourtant, ils sont toujours là puisqu'il me suffit d'effleurer l'idée d'eux pour qu'ils surgissent à ma conscience. Je pense à eux. Mais pas consciemment, pas toujours et pourtant...dans mon opinions, dans mes pensées, leur empreinte est là, car ils m'ont forgé, aimé, élevé et continuent à me forger à l'instar du monde et des évènements, du hasard. Dans les moments d'euphorie, je n'étais pas à eux, comme dans ceux de la plus grande souffrance. Et pourtant, je souhaitais leur présence pour partager avec eux mon bonheur, ou ma peine. Parce qu'un bonheur partagé en ressort grandi, parce qu'une peine confiée diminue d'autant son fardeau. Quand tu danseras, je serai plus loin, je serai au coeur des glaces, au coeur de mes terres. Avec mon clan, ou seul, avec les miens ou seul, à arpenter les terres blanches, qui semblent désolées à tous, sauf à ses enfants. A écouter le craquement de la glace, qui change tous les soirs, à regarder les ombres bleues devenir rouges, et le soleil disparaître pour une heure, pour deux, ou pour six lunes, selon le moment de l'année. Chez moi, le crépuscule dure trois mois, princesse. Danseras-tu trois mois? La nuit est d'à peine moins, le jour de même et les trois mois restants, voilà l'aurore interminable. Danseras tu le jour, la nuit, le soir? En tous cas j'y serai. A perdre mon regard dans la mer, à entendre tes hennissements dans ses rugissements, tes sabots dans le martèlement du blizzard, sentir ton odeur dans les senteurs de la forêt boréale, sentir ta présence et ta force dans ce rythme du Nord, auquel bat mon coeur. Oui, je l'aime, cette jument, au moins autant que le chant des glaces et elle m'est aussi nécessaire. Est-ce un brasier ou une aurore boréale, dans mon coeur, je n'en sais rien, mais en tous cas, elle l'a allumé, c'est bien certain. Comme s'il n'attendait qu'une étincelle...à toi, je peux te parler d'absolu et de passion, tu ne ricaneras pas comme ceux qui n'y entendent rien. Je l'aime, c'est aussi simple que ça, je l'aime parce que c'est elle et nulle autre, et parce que c'est moi. Parce que depuis que je l'ai vue, c'est elle et nulle autre." | |
| | | Black Hole Cauchemar de la NASA
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Mer 7 Nov - 11:44 | |
| Ecoute ce refrain. Ecoute cette mélodie qui se tait. C'est un prémice, l'accalmie entre deux guerres. Et la certitude que je garderai toujours en moi, c'est que ces étranges minutes, je les aurai partagé avec toi. Hier, je ne te connaissais que de nom. Et voilà que maintenant, je t'avoue ma honte, la peur qui me tord le ventre, qui m'oblige à l'indifférence et la rudesse. Est-ce un mensonge? Sommes-nous des acteurs condamnés à jouer une pièce de théâtre sur une vaste scène? Sommes-nous vraiment libres de nos choix?
Bliss semblait pensive, alors qu'un monde étranger se dessinait devant elle, modelé par la voix caressante du jeune étalon. Et si son regard n'était pas tourné vers le bon bord? N'était-elle pas en train de regarder vers l'arrière, à ressasser les plaies d'autrefois; au lieu de se tourner vers le futur? Pourquoi cherchait-elle à renaître des cendres des Anciens? Pourquoi ne pas façonner un animal nouveau?
«Alors, nous sommes libres? Et si un jour le Monde nous dépasse, s'il nous égare et nous perd, nous en serons les seuls fautifs? Shiki, tes mots me font tourner la tête. Tu m'ouvres de nouveaux horizons, et je crois comprendre. Nos foies si différentes qui font notre force sont notre différence. Je me voyais marcher selon la volonté de mes pères, comme un soldat obéissant aux règles données il y aurait de cela cent ans. Et toi, tu viens de m'ouvrir les yeux. Pourquoi recommencer l'échec passé? Innover, inventer, reprendre en améliorant; c'est donc cela, ce à quoi nous, la nouvelle génération, nous devons nous atteler? Comment savoir si je comprends bien tes mots? Me voila perdue Shiki. Mais je pense aussi que tu viens de me sauver. Si nous n'avions parlé de cela, je crois bien que le Monde serait en train de m'égarer.»
Sa voix était étrange, comme si elle s'était mise à résonner en parallèle à leur discussion. Alors que la jeune jument courait sur les mots sérieux de son protagoniste, un schéma alambiqué s'était construit au sein de son esprit, et le chemin se séparait en deux voies. Une claire, accueillante qui repartait en arrière; l'autre obscure, encombrée, brumeuse et confuse, mais qui semblait avancer. L'inconnu, l'impensé, l'abscons. Leur monde était là, leur vérité et leur futur se rassemblaient en ce lieu singulier mais hostile. Elle le savait désormais: ils seraient les pionniers.
«Se poser, même deux minutes, est effrayant. Fermer les yeux pour rêver est impensable. Qu'est-ce qui nous assure que, en rouvrant les yeux, le temps n'aura pas filé? Peut-être qu'ils nous auront volé nos années, abandonnant un esprit jeune et fulgureux dans un corps vieux et incapable ou presque de se mouvoir encore...? Mon père m'a dit qu'un des secrets de la vie se trouvait ici. Il m'a dit qu'il fallait apprendre, car trouver le bon dosage n'est pas aisé: le temps, m'a-t-il dit, on ne peut le ratrapper ni le dépasser. Courir après ne sert à rien. Il faut le savourer, aimer chaque seconde, et danser avec les minutes et les heures, compter avec les années et les saisons. Si tu ne veux que le temps soit ton ennemi, fais en sorte qu'il soit ton second, plus fidèle même que ton ombre. Est-ce cela? Comment vois-tu le temps Shiki?»
Bliss n'était plus sûre de comprendre, elle ne savait même plus si elle le voulait. Il y avait là trop de nouveautés, trop de vérités et de profondeur. Et Shiki qui était si avenant et prévenant, Shiki qui parlait des grandes choses sans en avoir peur, comme si l'Universel pouvait être saisi, croqué et dessiné avec de simples mots.
«J'apprendrai ton pays. J'apprendrai de lui ce qu'il voudra me laisser, puisque je ne suis née de sa boue. Tout ce qu'il me laissera, je le prendrai, et je m'efforcerai de me plier aux trèves. Quand ta terre pleurera, je tenterai de la consoler. Quand mes pas sur sa peau se feront trop durs et brutaux, alors, je calmerai ma danse, et je baiserai la blessure de ton sol. Peut-être même qu'un jour, je me mettrai à aimer ta terre comme si elle était mienne. Peut-être aussi que ton Immensité Blanche tentera de me faire disparaître, amenuisant mes forces et ma volonté, pour faire de moi un pantin débile et désarticulé. Peut-être aussi qu'un jour, un Léopard royal et fort te portera mon corps encore chaud et dansant, dans une magie noire frénésique. Qui sait, qui sait où, quand et sur quelle période mon ombre courra tes frontières Petit Roi? Je suis heureuse pour toi, pour elle, pour vous. Prends soin de ce brasier ou de cette aurore boréale. Donne tout ce que tu possèdes pour alimenter ce feu, et ne laisse personne vous atteindre. Thar, prend soin de ta reine, et fait qu'elle soit, de toutes, la plus belle, la plus aimbale et la plus douce. Préserve la des guerres et des supplices, et vivez, toujours, côtes à côtes. Je serai heureuse de pouvoir crier un jour une longue vie au Thar et à sa dame!» | |
| | | Liberty Fondatrice sadique et fière de l'être Rédactrice du Journal
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Dim 18 Nov - 9:35 | |
| Tout homme qui à quarante n'est pas misanthrope n'a jamais aimé les hommes. Honoré de Balzac Mais alors, qui serait le metteur en scène, y en a-t-il seulement un? Si oui, comme il doit s'amuser, et comme les spectateurs, dans la salle, doivent retenir leur souffle, ou pleurer avec nous! Car nos existences me semblent si émouvantes, tourbillonnantes...si spectateurs il y a, à coup sûr nous les émouvons, tu sais, et peut-être nous regarderaient-ils avec un brin d'envie, un désir d'évasion qui les prend à la gorge. Peut-être s'évadent-ils en nous regardant jouer notre pièce. Peut-être que le metteur en scène prend plaisir à rédiger notre existence...et peut-être que, même pantins sous les doigts d'un marionettiste, nous resterions nous-mêmes. Qui saurait dire quelle latitude il nous donne?
Shiki hocha la tête, les mots de la jeune Bliss lui faisaient chaud au coeur: ainsi, il n'était pas seul à croire au renouveau, à croire en son peuple, en sa race, pas seul à penser que tout pouvait recommencer et qu'on n'était pas condamné à répéter sans cesse les mêmes erreurs! Car, même si les guerres fratricides étaient un cycle ininterrompu, même si la vengeance construisait un cercle vicieux dont il était si difficile de sortir, ils apprenaient. Chaque affrontement les laissait meurtris et défaitistes, persuadés que le monde tournait en rond et se tapait inlassablement la tête sur le même mur, mais pourtant, ils apprenaient. Une nouvelle génération naissait, une génération née dans la guerre et qui en voyait le bout, quand d'autres naissaient dans la paix et la voyait se recouvrir de l'ombre des combats. Une nouvelle génération qui, voyant l'espoir renaître de ses cendres, voyait que les évènements ne se répétaient pas sans cesse semblables, que malgré les apparences le monde avançait, que les êtres apprenaient. Que l'univers bougeait, allait de l'avant quoiqu'il le fît en décrivant des spires, entre retours en arrière et brèves avancées. Des jeunes êtres qui voulaient tirer leur univers vers l'avant, tirer les leurs vers leur propre idéal et qui savaient, quand les anciens l'avaient oublié, que le futur reste toujours à construire. Shiki hocha la tête, pensif: "Tout est-il à jeter? Nous apprenons en commettant des erreurs, et oublier les erreurs serait aussi oublier les leçons que nous en avons tiré...peut-être est-ce juste une affaire d'équilibre, savoir ce que nous garderons de ceux qui nous ont précédé, et ce que nous leur laisserons. Savoir ce que nous, nous donnerons à ceci, et transmettrons aux prochains pour qu'à leur tour ils répètent l'opération...si nous ne faisions que reproduire les schémas de nos aînés, avancerions-nous? Si nous ne cessions de jeter tout leur savoir par-dessus la falaise sans y jeter un oeil, ne repartirions-nous pas sans cesse de zéro? Je suppose que tout est dans l'équilibre..."
N'était-il pas présomptueux? Comme si le monde pouvait se laisser saisir par un seul esprit et ses mots! Mais l'arrogance et les certitudes étaient aussi la marque de la jeunesse, peut-être qu'on ne pouvait pas réellement rêver si on n'avait pas, d'abord, la certitude d'en avoir le droit...Shiki n'avait pas de certitude à ce sujet. Mais il ne s'estimait pas indigne de tenter de modeler le monde à son idée, il ne s'estimait pas indigne d'avoir des idées, à la différence de ceux qui se contentaient de regarder se faire les choses, en se disant "je n'en suis pas digne", mais pensant en réalité: "je ne m'en sens pas capable". Il fallait bien que quelqu'un bouge. Il fallait bien des pionniers, et comme tout pionnier ils commettraient des erreurs, mais d'autres apprendraient de ces faux pas, et d'autres pourraient conserver les savoir recueillis, les avancées permises par les bonnes décisions, ou se débarasser des stratégies erronnées. Shiki soupira: "Le temps...peut-être est-il notre pire ennemi et notre meilleur ami tout à la fois. Avec lui nous grandissons, nous apprenons, et sans le temps nous n'aurions pas de projets, nous n'aurions pas de rêves et nous ne progresserions pas. Mais le temps limite aussi notre existence, et le temps fixe notre passé, comme quelque chose d'immuable, nous poussant à nous retourner sur lui, à regretter, nous exposant à la peur de la mort et du "jamais plus". Je pense que je suis assez d'accord avec ton père, tu sais. Si nous vivons dans le temps, ni avant lui, car ce serait artificiel, ni après lui, car nous ne ferions alors que nous battre contre des moulins à vent, nous pouvons agir sur lui, et nous pouvons jouer, danser avec lui. Jouer avec le temps, avec le moment juste ou juste avec le présent pour façonner un avenir à notre guise...mais avant il faut apprendre à le connaître, le temps. A le percevoir. Peut-être à s'y immerger comme dans l'eau, sans nous tourmenter à propos du passé, sans l'oublier non plus, apprendre de nos erreurs passées et penser le futur, sans cesse, mais en n'oubliant pas que penser le futur c'est avant tout penser à la façon d'agir, dans le présent."
L'étalon gris avait le regard rêveur en achevant sa tirade, mais, de nouveau sérieux, il replongea ses yeux anthracite dans ceux de la jeune danseuse d'ombre, qui lui faisait face, et il reprit. Il s'était rarement aussi bien entendu avec quelqu'un, même si cela n'avait rien à voir avec l'amour qui le liait à Moondance: "Et si tu me rencontres un jour sur la toundra, ou ailleurs, je t'apprendrai ma terre. Elle est belle quand on sait la voir, elle est brutale, violente, mais elle est belle et puissante, elle nous marque au fer rouge, et nous sommes à elle. Ses créatures, ses jouets, mais elle aussi bonne pour ses jouets, quand ils ne tentent pas de se soustraire aux lois qu'elle édicte. On ne peut pas aller contre le désert blanc, il est tellement plus fort que nous...mais quand on va avec lui, on est comme porté par le blizzard, par les tempêtes, porté aux nues et au sommet. Nulle part ailleurs la neige n'est plus blanche, les nuits plus claires, le ciel plus changeant, la mer plus bleue et plus forte. Qui sait, effectivement? Pas moi! Mais si tu sais danser avec le temps, tu saura danser avec la glace aussi...elle ne te détruira pas. Il faut aller avec elle, si on la dépasse elle nous bloque, si on traîne la patte elle nous emprisonne. Moi aussi je suis heureux pour moi. Ca va te paraître présomptueux, bien sûr, mais oui, je suis heureux pour moi. Heureux de l'avoir rencontré et heureux qu'elle ait été séduite par moi comme j'ai été séduit par elle, car mon avenir a ses couleurs à elle.Et toi, y a-t-il quelqu'un à qui tu songes, quelqu'un qui jette une nouvelle lumière sur ton monde?"
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Sam 12 Jan - 13:54 | |
| « As flies to want on boys are we to the gods : They kill us for their sport. » (Lear, IV, 1.)
J'ai accepté de confier ma vie à une main plus puissante que toutes les autres. Je lui ai, sans me poser de question, remis mon âme, lui donnant sur moi un pouvoir de vie et de mort. Qui est-il donc, cet être mystérieux au regard charmeur et à la voix assassine ... ? Un dieu, un démon, un ange ou un pantin ? Je ne sais pas. Je ne sais pas s'il me regarde encore, si je suis pour lui ce qu'il est pour moi. De lui, je n'ai que son nom à invoquer, que son souvenir à aimer. Et s'il se moquait doucement de moi ? Si nous étions victimes d'une énorme machination visant à nous anéantir ? Qui sait comment demain se lèvera ?
Apprendre, encore et toujours. Etait-il possible de voir un abîme de sciences s'ouvrir devant l'Être doué de pensées, de réflexions et de conscience ? Bliss ne croyait qu'à moitié en leur espèce. Oui, elle avait confiance dans le progrès, mais elle doutait de ceux qui en tireraient les bénéfices. Si Wild Horses n'avait pas encore été frappé par l'apparition d'un cheval animé de mauvaises attentions, cela ne relevait que d'une chance inouïe. Le pouvoir est pour la conscience comme la lumière pour le papillon. L'on s'y enfonce jusqu'à s'y brûler les ailes. La douleur est affreuse, mais il est impossible de se détourner, de faire demi-tour. Une fois happé, il est impossible à l'être de revenir sur ses pas. Où était cet animal ? Dormait-il en l'enveloppe charnelle d'un poulain innocent de ces terres ? Sans doute cet animal serait doté d'un charisme fou, capable d'envoûter le plus méfiant de tous. Ses mots seraient toujours justes, alors que dans ses grands yeux intelligents brillerait l'étincelle du savoir. Un sage, élégant et charmant, fort et intelligent. Il deviendrait rapidement une légende, et même ses ennemis l'adoreraient en secret. Ils lui feraient la guerre le jour, le rêveraient la nuit. Où se cachait cet animal fabuleux et perfide ?
« L'équilibre, oui. Mais qui le définit ? Qui peut juger de sa justesse ? Si l'équilibre trouvé répond à l'idéal d'un de nous, satisfera-t-il l'idée de l'autre ? Devons-nous juste éviter de tomber, ou devons-nous chercher à nous élever, ensemble ? La guerre est dans l'ordre des choses. Elle permet aux idéologies de s'affronter, de se construire, de s'affiner. Les dire ne peut suffir. Il faut les appliquer, puis répondre à la loi du plus fort. Que le meilleur gagne. Le peuple qui vivra transmettra ses pensées, ses idéaux, son mode de vie. Différents, nous ne sommes appelés qu'à nous battre, et ce, pour la survie de notre sang futur. La paix n'est qu'un langoureux prémice. Plus le temps passe, et plus elle se corrompt de l'intérieur. Elle est bientôt gangrenée, et le masque tombe alors. S'offre à nous le beau et grand mensonge que nous avons bâti des années durant, dans l'insouscience, pendant que les têtes pensantes dormaient au coin du feu. J'ai confiance en ceux qui sont, pour l'heure, montrés du doigt. Pour ceux qui apprennent en nous regardant, mais qui n'ont pas encore les armes pour dire et dénoncer. J'attends avec hâte leur éveil. »
Shiki ou Bliss, ils s'appropriaient des notions complexes, jouant avec quelques paroles, avant de les élever ou de les détruire. Tout semblait simple, et ils semblaient avoir juste, comme s'ils venaient de saisir le monde et sa complexité, comme s'ils avaient trouvé la clef, la délivrance. Mais tout Thar qu'il soit comme toute folle qu'elle était ; de quel droit croquaient-ils ainsi les choses ? Oui, ils étaient arrogants, refaisant le monde en deux tirades, alors que leurs aïeux s'étaient éreintés à façonner le monde d'aujourd'hui avec lenteur. Mais ils étaient partis, les deux jeunes animaux. Ils s'étaient enfuis sur les chemins parallèles, courant l'espace d'un souffle à côté des sentiers, s'arrêtant souvent, et jouant, toujours. Jouant à des jeux dangereux, mais ne faisant que jouer, puisqu'au fond, eux non plus n'avaient pas les armes.
« Le temps ... Enfant, je m'opposais fermement à cette notion. Pour moi, nous étions libres de choisir, de modeler nos journées, sans avoir à penser à ces secondes qui ne cessaient en fait de courir. Certains rêvent de plier la mort, de l'asservir ; moi, j'ai pensé casser le grand Sablier. Je me sens, souvent, opressée par ces minutes qui passent, ce qui, quelque part, m'empêche de vivre. Je cours après le temps, et je me prive des bonheurs simples. Je fais fausse route, je le sens et le sais. Pourtant, j'ai ressenti avec certaines âmes comme une rencontre hors-du-temps. J'ai dansé, une fois, en compagnie d'un étalon. Là, le monde semblait s'être arrêté autour de nous. Il n'y avait pour moi plus que lui, son être, son odeur et son essence ; son coeur qui battait au rythme du mien et qui m'appelait, et le vent qui jouait dans nos crins. Je crois aussi avoir deviné l'ombre de la mort dans nos pas, mais je me sentais si bien ... Immortelle et intouchable, alors que je me consummais pour lui, acceptant de me briser juste pour atteindre ce vers quoi nous nous tendions ensemble. »
De cette histoire, de cette rencontre hors-du-temps et des âges, il ne fallait cependant en mentionner la fin. Oui, Bliss s'était brisée, mais pas contre le bon obstacle. Ce n'était pas la passion brûlante qui l'avait dévorée, mais le dégoût de la tromperie, de l'erreur. Son demi-frère, oui ... S'ils ne s'étaient écartés, qui sait jusqu'où ils auraient pu aller ? Si jeunes, forts et beaux ...
« J'écouterai ta voix, celle des tiens, le chant profond de la glace. Et peut-être qu'à mon tour, je t'apprendrai les miens. Je ne te parlerai pas de la mort ni des combats : le sang aura déjà coulé depuis longtemps. Je te parlerai des origines, du début, du " pourquoi " tant recherché. Je te les montrerai sous un autre jour, et qui sait, peut-être seras-tu touché au plus profond de ton être par leur détresse. Ils ne sont pas nés fous ; ils le sont devenus, à force de n'être pas compris. Seul, un Shikaku est, je crois, voué à mourir. S'il rejette les autres et l'amour, je crois qu'au fond, il en exprime le besoin, de façon plus acerbe encore que vous. Il lui faut, dans sa vie, croiser au moins une fois une âme qui puisse l'entendre, qui puisse chanter et s'épanouir à ses côtés. Paradoxe, non ? Un Shikaku a besoin de rendre heureux au moins une fois quelqu'un. Je ne te considère pas comme présomptueux, Shiki. Tu es amoureux. Tu as trouvé cette âme qui peut faire le jour comme la nuit sur ton existence. Tu as trouvé cet unique, cet idéal, ce rêve innaccessible, et tu as fait en sorte de pouvoir t'élever pour l'avoir. Moi, qui fait ma lumière ? Oh, il ne jette malheureusement sur mon chemin que de l'ombre et des ténèbres. Il me condamne à vivre en arrière, et m'empêche de m'élancer, tant je tremble de perdre son souvenir. Je ne sais même pas s'il a déjà éprouvé quoi que ce soit de semblable pour moi. Je ne sais même pas si cela peut s'assimiler à de l'amour, ou si ce sentiment n'est juste de l'adoration chaleureuse ... »
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Sam 26 Jan - 12:12 | |
| But if you wanna leave, take good care I hope you have a lot of nice things to wear But then a lot of nice things turn bad out there Oh, baby, baby, it's a wild world It's hard to get by just upon a smile Oh, baby, baby, it's a wild world I'll always remember you like a child, girl
Cat Stevens - Wild World Quel marionnettiste anéantirait ses pions? Car quand le pion brûle, il n'y a plus de spectacle à mener pour celui qui le tenait à bout de doigts, et quand il s'envole en fumée il brûle les mains du marionnettiste; pourquoi tuer la chose quand on veut rester le maître? Et même lui, peut-il dire quel jour se lèvera demain, quand moi-même je n'en sais rien, je ne peux même pas l'imaginer? C'est étrange...nous vivons et rêvons dans notre monde, nos amours, nous rêvons un avenir qui peut-être n'adviendra jamais. Et malgré tout nous rêvons éveillés comme deux enfants, malgré tout nous nous battons et malgré tout nous nous attelons à cette tâche ingrate mais pourtant si douce, quand nous en sommes enfin soulagés: vivre.
La Malédiction était de ceux-là, cruel sortilège qui touchait toujours une jument à la robe grise, une douce jument, la plus douce des femelles et la poussait aux confins de la folie, de la cruauté et de la violence pour peu à peu tuer l'être, et faire du corps la Chose d'une créature antique et malfaisante, l'esprit de la Malédiction. Stelmaria était de ceux-là et un jour elle ne serait plus qu'une pauvre chose, folle et dominée par l'Être, tout ce qui faisait d'elle l'amie de Black évaporé dans un ailleurs dont nul ne connaissait l'emplacement. Ce devait être terrible pour Equinox ou Black de voir ainsi leur amie leur échapper, chaque jour un peu plus, à chaque combat être un peu moins Stelmaria, un peu plus la Bête, et de ne rien pouvoir faire. Car si il était un endroit au monde d'où nul ne pût sauver la Maudite, c'était de cet ailleurs incertain. Shiki croyait et il avait confiance; il le savait même quand d'aventure il en doutait, car c'était dans les moments de déception qu'il doutait, et pour être déçu, il faut avoir espéré. Mais le jeune cheval pensait avoir besoin de cette croyance: comment mener, respecter aussi des êtres s'il n'avait pas eu foi en eux? Et comment avoir foi en eux si il n'avait pas foi en son espèce? Comment se renier en tant qu'être et pourtant...comment ne pas se voiler la face? Ceux qui se tiennent à l'écart et observent sont et seront toujours ceux qui naviguent et papillonnent entre le dégoût, la déception et un espoir fou qui refait surface au plus noir des océans. Philanthropes et misanthropes ne feraient-ils pas qu'un? "Nous élever...je ne pense pas que nous le puissions et notre démarche est plutôt titubante, nous évitons de tomber, nous allons de faux pas en faux pas, en trébuchant, et nous referons longtemps les mêmes faux pas avant d'apprendre à les éviter. Mais...oui, tu as raison. La paix n'est qu'un moment éphémère, quand personne n'a de vision assez forte du monde pour vouloir l'imposer aux autres, mais ce n'est qu'une question de temps, parce que des idéologies ne peuvent en rester à la parole, ou alors, à la parole violente, celle de la guerre. Il faudra nous battre, si nous voulons que nos pensées demeurent. Et je le veux...et s'il le faut je paierai le tribut au sang."
C'était l'âge où le monde semblait pouvoir être embrassé d'un coup d'oeil, cet âge où on naviguait entre émerveillement devant la complexité des choses et certitude de tout avoir englobé dans une même pensée, cet âge où impuissance et confiance se côtoient et se tutoient. C'était l'âge où le monde appelait à être changé, où ils croyaient qu'ils seraient ceux qui le feraient et que, si ils se savaient faillibles, ils ne pensaient pas encore à l'Erreur, celle qui ne pardonne pas et qui tue dans l'oeuf toute tentative de rattrapage. Shiki et Bliss croyaient au monde et croyaient en leur place dans le monde, même quand ils en doutaient. Les mots grisaient et la jeunesse enivrait les jeunes esprits, déjà réfléchis et matures, mais si jeunes. "Quand le temps s'arrête nous parlons de plénitude, et avec le recul nous parlons de bonheur. Ce sont nos émotions qui arrêtent le sablier...quand nous combattons et quand nous aimons, quand nous rions et quand nous jouons, qu'est le temps? Il n'est plus rien, car nous ne pensons pas...mais quand nous songeons à nous, quand nous nous prenons comme matière à réflexion, le temps devient soudain présent et pressant, il nous opprime, nous pousse, nous bouscule et nous le suivons, parce qu'avec le temps vient la peur. La peur d'en perdre."
Et comme Bliss parlait de danse, il ferma les yeux une seconde, repensant à certains jeux dans les dédales rocheux des glaces, après Moondance qui, mutine et lascive, lui jetait des oeillades brûlantes pour le laisser pantelant, la poursuivre jusqu'à l'acculer pour enfin, comme lui faisant une faveur, lui offrir sa récompense et y prendre elle-même sa propre pitance. Quoi de plus beau que ces jeux, ces si-je-t'attrape-je-te-mange, ces coups d'oeil provocateurs et ces cris bas de gorge, doux et rauques, doucement rauques, pour éveiller l'esprit et les sens? Le temps disparaissait quand Moondance le provoquait à une course dans les rochers, et le temps disparaissait plus encore quand, victorieux, il prenait son dû et lui offrait le sien. La journée passait comme un éclair... Et elle parlait des siens comme il avait parlé de son peuple, lui parlant de ceux que la folie avait saisi à force de souffrance. Shiki, pensif, hocha la tête: il pouvait comprendre, non comme ayant vécu cette douleur, mais comme ayant côtoyé des êtres qui l'avaient connu ou avaient failli la connaître, comme ayant vécu près de presque fous ou de fous. La voix de Shiki se faisait rêveuse quand il parlait d'amour: "Qui pourrait, qui pourra vivre sans aimer quiconque? Ils sont plus seuls que tout autre, par leur folie, par leur souffrance aussi, par ces deux effets conjugués qui les coupent des autres. Je sais ce que tu me dis, je ne l'ai pas vécu mais je le sais et si tu me parles d'eux je t'écouterai; comprendre son adversaire, c'est déjà le connaître, et même sans cela, tu connais la Malédiction peut-être et si c'est le cas, tu sais que tout ceci jette un écho en moi. Les Maudits sont de mon sang mais ils sont seuls à jamais, parce que la Malédiction est leur fardeau, que nul ne peut porter pour eux. Mais tu as raison; comment vivre sans avoir pu rendre quelqu'un heureux, comment vivre sans, un jour, faire l'expérience de la complicité? Ca ne me paraît pas un paradoxe, contrairement à ce qu'on pourrait croire: les Shikaku sont, je pense, au moins pour la plupart, parmi les êtres les plus sensibles au monde... Peut-être est-ce l'amour de celle qui ne se croit pas digne d'être aimée et tremble autant de se penser aimée que de penser ignorée...qu'il t'aime ou ne t'aime pas, promets moi, si tu le peux, de ne jamais douter de cela: tu peux et tu mérites d'être aimée. Que ce soit lui, ou un autre qui dissipe les autres, il y en aura un, cela je peux le prédire, si toi tu le laisses approcher..."Shiki sourit à Bliss, et pour un peu il aurait frotté ses naseaux sur son encolure, tant leur conversation les avait rapprochés. Il se sentait familier de la jeune jument, malgré tout ce qui pouvait les séparer, ne serait-ce que par leur jeunesse et par leur sentiment, parfois, de se perdre dans un monde trop grand. Ou peut-être trop petit? Il ne désespérait pas de s'y tailler une place à sa mesure. | |
| | | Black Hole Cauchemar de la NASA
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Mer 20 Mar - 9:56 | |
| « Telle qu’elle est, messire, avec les infirmités qu’elle possède, orpheline nouvellement adoptée par notre haine, dotée de notre malédiction et reniée par notre serment, voulez-vous la prendre ou la laisser ? » (Le Roi Lear)
Ils se brûlent, je crois. Ils se brûlent à chaque instant, alors qu'ils brisent le corps de nos parents. Qu'est-ce qui les empêcherai de nous détruire, alors qu'ils ont la certitude de pouvoir se fabriquer de nouveaux jouets, et ce, par le seul biais de leur volonté ? Le monde est ce qu'il est ; un vaste théâtre de fous où nous dansons quelques heures, avant de saluer, las, et de nous éteindre, Super Nova fatiguée ... Demain, Shiki, tu seras Roi. Demain, cet étrange temps encore si incertain, demain n'est déjà qu'à toi. Ton rang et ton sang te prédestinent à construire ce futur ; et nous, pour beaucoup, nous ne serons que des spectateurs impuissants. Mon Père meurt ce soir, alors que le matin qui s'annonce promet d'amener avec lui l'âge d'or de ton règne ... Paix aux âmes passées. Et moi, dans cette bataille, je suis le garde fou. Nous attendons, avec tout le vice de notre espèce, nous attendons tapis dans l'ombre des votres. Ne nous relèverons-nous donc jamais ? Je crains que nous ne soyons en fait déjà morts, pauvres Shikaku que nous sommes. Aucun de nous ne se lève encore, aucun ne fait régner la terreur, aucun de nous n'est encore étrange pour vous ... L'herbe et l'eau deviennent rouges, Shiki ...
Pouvait-on considérer qu'être Shikaku était une malédiction ? Non. Le sang fabuleux de ces êtres blessés dès la naissance se transmettait, en effet, selon l'hérédité ; mais le choix de céder aux avances langoureuses de la folie appartenait à chacun d'entre eux. Malédiction peut-être, mais malédiction choisie. Paradoxe en voyant leur souffrance, n'est-ce pas ? Pourquoi cherchaient-ils continuellement à avoir mal ? Pourquoi Black Hole, qui semblait un jour avoir trouvé son équilibre, avait tout détruit, tout balayé en un souffle seulement ? Qu'est-ce qui l'avait poussé à commettre l'irréparable ? Son instinct. Farouche et sombre, le bel étalon noir qui s'était, durant longtemps, prévalu de ne ressentir aucun sentiment, était en fait un des plus sensibles. Parfois, l'instinct prend le pas sur la raison, et le danseur se transforme alors en tueur. Mais Bliss, elle, n'était pas comme ça. Elle ne semblait pas suivre cette logique qui semblait pourtant implacable. Elle était différente, et elle ne réfléchissait pas de la même façon. Ce n'était pas une question d'intelligence, mais plutôt de perception de l'autre, de l'évènement. La fille de la Reine des Etoiles avait ses défauts, et elle doutait de ses qualités. Comment avancer, alors, quand l'on considère que l'on ne possède rien ? Tout simplement, nous n'avançons pas. Dans le passé la belle enfant s'était enfermée, posant des questions auxquelles elle ne trouverait jamais de réponse. Pourquoi ? Parce que.
Elle s'éreintait à revenir sur ces évènements qui, s'ils avaient brisé son enfance, ne la concernaient pas plus que ça. Par moment, elle en arrivait presque à se repprocher les fautes de ses parents, alors qu'elle naissait, à cette époque, à peine. Non, elle n'avait pas foi. Elle ne croyait pas en eux, parce qu'elle avait vu, parce qu'elle savait déjà ce qu'ils valaient vraiment. Présomptueux, n'est-ce pas ? Que croyait-elle ? Qu'elle était la seule à souffrir ? Que le monde n'était noir que pour ses yeux ? Non, bien sûr que non. Mais elle savait en revanche mieux que quiconque les coups qu'avait prit son coeur, et elle savait avec quelle force ils avaient ébranlé son âme. En somme, un jouet cassé ...
- Considérons, si tu le veux bien, que la guerre a été gagnée par un des deux camps. Maintenant que le Souverain a assis son idéologie, n'est-il pas dans l'ordre des choses qu'il tente d'élever les siens ? Ne va-t-il pas tenter de dépasser ce stade, d'asseoir un peu mieux encore son règne, son nom, son peuple ? Il le fera ; sinon, quel intérêt ? Après avoir gagné la guerre, il faut prétendre à mieux. Il ne peut plus se contenter de vivre simplement avec les siens. Il doit s'étendre, gagner d'autres combats, élever les siens pour que jamais personne ne les oublie. Sinon, il est vite considéré comme faible, et il perd de sa propre famille respect, écoute et affection ... Un Souverain, aussi bon puisse-t-il être, n'accepterait de perdre le pouvoir. Pouvoir. Qui n'en a jamais rêvé ? Même le plus faible et le plus innocent désire le posséder. " Si je pouvais ... " Mais tu ne peux pas : tu n'es pas Roi. Et nous, et moi, Shikaku, je suis, de ce Roi, le Fou ... Mais revenons-en au roi. En élevant les siens, dans ce souci de continuité d'action, il s'expose. Plus il s'élève, plus les fondations deviennent fragiles, et c'est souvent en son propre sein qu'il est touché à mort. Une journée, une bataille, une âme ! peuvent suffir à le tuer, à renverser son empire. Alors, le cycle recommence avec les suivants. Prémice, guerre, élévation, chute ...
L'appareil du pouvoir, pouvait-il être croqué si simplement, grossièrement ? Qui était-elle pour prétendre énoncer de telles règles ? Ne se rendait-elle pas compte que certains règnes s'établissaient dans la durée ? A force de ne pas croire, à force de douter, elle finissait par dépeindre les choses dans de larges traits qui, épais et sales, anhilaient toute complexité, toute intelligence et toute beauté. Elle n'avait, cette étrange jument, pas le droit de souiller ainsi le pouvoir. Elle ne pouvait énoncer de telles choses, alors qu'encore demain, ils se tueraient pour avoir cette chose étrangère et puissante, cette chose mortelle et enivrante ... Ils mourraient au nom du pouvoir, plus peut-être que pour leur idéologie ...
- La peur d'en perdre, oui. Pourtant, moi, je le laisse filer et je l'observe me quitter. Pourquoi ne pas agir ? Pourquoi ne pas oublier ce destin commun à nous tous, et nous lancer dans la construction de grandes choses, qui s'étaleraient sur des générations entières ? Parce que l'on refuse de penser que quelqu'un d'autre brillera de la merveille que nous avons personnellement initié. Pourtant, certains d'entre nous n'ont pas peur d'avancer, de se lancer dans l'inconnu et dans le noir de la nuit. Certains ne doutent pas, ou du moins, doutent moins. Toi, douteras-tu au point de ne plus pouvoir avancer ? Non. Parfois peut-être ; mais tu trouveras toujours la force de repartir. Grâce, notamment, aux tiens. Tu es entier, total ; et tu refuses de perdre ce tour qui te permettrait d'accomplir ces choses qui se promettent à toi. Tu seras, Shiki, un bon roi. Peut-être même qu'au bout d'un moment, nous, Shikaku, nous croirons en toi nous aussi. Moi, j'ai déjà confiance en celui que tu es, en celui que tu seras ...
Elle s'égarait l'étrange demoiselle au regard farouche. Elle s'égarait, mais son sang plus que jamais semblait l'appeler, alors qui frappait à ses tempes. Savait-elle seulement ce qu'elle venait d'énoncer ? En Shiki, elle avait la sensation d'avoir trouvé un interlocuteur, un ami et voir peut-être même un confident. Mais ne s'était-elle pas laissée glisser sur un fleuve ardent, rêvant et refaisant ainsi le monde ? Non. Ils en avaient le droit, eux qui étaient jeunes, eux qui, demain, seraient les décideurs.
- Avancer toute sa vie sans jamais personne à ses côtés doit être quelque chose de fastidieux, mais j'espère du plus profond de mon âme que cela est possible. Sans une âme-soeur, sommes-nous condamnés ? C'est vrai que de voir s'illuminer le visage ne serait-ce que d'un ami par le seul motif de notre présence est unesatisfaction pleine et entière. Mais moi, je ne sais pas si j'aurai la force certaine de m'accrocher, de m'exposer un jour, vraiment, à un autre ... J'ai entendu parler de Stelmaria, et du sort qui la tourmente ... Mais je t'avourai que cela reste tout de même une grande énigme pour moi ! Peut-être, oui ... Je suis touchée de tes mots, et j'espère que tu as raison. Qui vivra verra !
Bliss se sentait proche de Shiki. Il n'était pas comme les autres, il ne se servait pas de ses origines pour justifier quelconques agissements. Il était lui, à part entière, sans mensonge ni retenue. Il était lui, sa jeunesse, sa fougue, sa force, sa sensibilité et son amour entier adressé à Moondance. Si la jeune Shikaku désirait à présent une chose, c'était de les voir ensemble, courant dans la neige, l'un contre l'autre ... | |
| | | Liberty Fondatrice sadique et fière de l'être Rédactrice du Journal
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| Sujet: Re: Girl or Woman? (Libre) Mer 15 Mai - 9:54 | |
| Rouges comme la passion, ou rouges comme le sang, rouges, comme la couleur qui peu à peu teinte la robe de nos Maudits, au fur et à mesure que les âmes s'envolent sous leurs sabots. Des tueurs. Nous ne sommes que des prédateurs de notre propre espèce, et notre folie guette, tapie en nous, surgissant toujours une fois par siècle, frappant toujours la plus douce et la plus délicate des juments pour en faire un monstre sanguinaire, une machine à tuer, une créature folle et dominée, mais si malheureuse, parfois...Car nous ne désirons pas notre folie, et nous ne choisissons pas de céder à ses avances. Si les Shikaku acceptent de prendre la Mort ou la Folie pour, presque, maîtresse, alors la Malédiction s'apparente davantage à un viol, et ceux qui en portent le sceau ne choisissent rien. Moi-même, je n'en ai que les traces, et Aglow Star, mon père, à peine plus que moi. Mais Stelmaria...quelquefois, je la vois et je me demande si cela vaudra la peine d'avoir un petit, Moondance et moi. Mon instinct me dit de me reproduire. Mon coeur, quand je la vois, me dit de briser la chaîne. Mais je sais déjà qui l'emportera, et c'est bien normal, car pour un descendant vicié dans les siècles à venir, cent, peut-être mille autres naîtront, sains et heureux. Les Maudits semblent parfois les Sacrifiés des terres de Glace, les Sacrifiés à notre puissance et notre alliance avec les léopards.
Quoi de plus terrible, pour un poulain, que de percevoir aussi clairement que si on les murmurait à son oreille les faiblesses de ses parents? Quoi de plus terrible que de ne pouvoir croire en eux, car on les a vus trébucher et chuter, on les a vus incapables, on les a vus faibles et débiles, on les a vus échouer de façon lamentable? Shiki avait eu cette chance de grandir entre deux êtres extraordinaires qu'il avait pu apprécier à leur juste valeur et élever sur un piédestal. Ses parents, avec ses yeux de poulains, avaient été des héros, ses héros, de grands combattants et des êtres libres auxquels il pouvait s'identifier et rêver de ressembler, mais ils avaient aussi su lui montrer d'autres voies, d'autres chemins et ne pas faire de lui ce qu'il ne voulait pas être. Shiki se sentait, au fur et à mesure qu'il grandissait, de plus en plus libre de devenir qui il le souhaitait, sans obligation de continuer dans la lignée des siens, d'imiter ses parents ou ses proches. Le piédestal s'était brisé peu à peu, émietté par les yeux d'un poulain qui grandissait, devenait adulte, étalon, se trouvait une compagne dont la splendeur effaçait le spectre de sa mère, devenait un être qui lui plaisait sans que l'ombre de son père lui pèse dessus. Naturellement.
Mais que penser de ceux dont le piédestal s'était brisé bien plus tôt, parfois dans leur prime jeunesse? Que penser de Black ou Sun Star dont le père, Sable Noir, s'était révélé lâche sous leurs yeux, abattant par derrière un ennemi qui, venant d'épargner Black, se montrait plus grand que celui qui aurait dû être leur héros? Shiki, quand il y songeait et pensait à ce qu'il connaissait de l'histoire, car Black en parlait peu, se sentait à la fois plein de pitié et d'admiration, pitié pour la difficulté qu'il devait y avoir à se construire sans cette force structurante des parents qu'on croit infaillibles, pitié pour Black, dont, il le sentait aujourd'hui, l'ombre du père avait plané sur l'étalon noir des années durant, et notamment dans ses échecs personnels. Et admiration pour ceux qui, comme Black Hole, comme Stelmaria et comme Black, avaient gardé la force de se relever et de consommer leur échec pour repartir, aller de l'avant et finalement faire mentir cette sorte de prédestination.
"Nous sommes des animaux sociaux et, ne nous mentons pas, le pouvoir amène bien des avantages s'il apporte aussi des responsabilités et des difficultés. Pour certains, il flatte leur ego, leur vanité, les fait se voir plus grands qu'ils ne sont. Pour d'autres il est terrifiant, comme une ombre qui leur fondra dessus...Mais je crois que tous, nous rêvons à des degrés divers de nous élever au-dessus de la masse et sitôt qu'on goûte au pouvoir, il est difficile de le rendre... Quant à se laisser griser, cela dépend sûrement des êtres. Il ne me paraît pas bon qu'un Roi ne puisse être destitué, car alors il ne se remettrait pas en question, dirigeant mollement et au fil des générations, deviendrait négligent, simplement accroché à ce pouvoir, immuable. Et une race immuable est vouée à disparaître, dans un monde qui change...Mais de savoir que d'autres veulent le pouvoir, d'avoir dû lutter pour y accéder et de devoir encore se battre pour le conserver agissent peut-être comme des rappels. Si je dois lutter pour que les miens gagnent la Guerre, si je dois lutter pour eux et pour conserver mon trône, alors je sais qu'un rien peut me renvoyer au bas de l'échelle et que dans cette ascension dans laquelle je tente d'entraîner les miens, il est très, trop facile de chuter...cela ne me rendra-t-il pas plus vigilant?"
Il souffla une seconde, pensif, puis reprit:
"Il faut bien des pionniers, mais nous hésitons toujours à nous lancer. Que nous réussissions, et le monde se souviendra de nous comme des héros, mais échouons ou n'achevons pas entièrement notre objectif, qu'un autre l'achève pour nous et nous serons oubliés, noyés dans l'oubli...et combien ne veulent pas l'être? Peut-être tout ceux qui rêvent d'immortalité ne se lancent-ils pas dans l'inconnu pour cette raison... Franchement, je me moque d'être oublié. Les miens ne m'oublieront pas, je le sais et c'est leur reconnaissance qui compte pour moi, leurs yeux, ces yeux que je peux croiser, pas ceux qui entendront parler de moi, peut-être, dans dix ans. Qu'ils m'oublient, que j'échoue, que je réussisse, mon échec aura au moins inspiré quelqu'un d'autre et celui-là, qui sait? réussira. Mais je ne crois pas qu'on puisse se lancer ainsi par désir de célébrité...car alors, on a tant de chances d'être déçu! Le jeu n'en vaudrait pas la chandelle si nous ne croyions pas en les nôtres et, quoi qu'on en dise, n'aimions pas assez notre espèce pour accepter de l'aider et qu'elle nous oublie ensuite. Tu sais, Bliss, je pense qu'un jour tu trouveras quelqu'un pour qui tu auras envie de t'ouvrir, de te révéler toute entière. Peut-être ne le feras-tu pas, peut-être le feras-tu et après tout, quelle importance? Car même s'il ne sait pas tout de toi, il pourra être un soutien pour toi, une image qui brille quand tout est sombre, lointaine ou proche. Est-ce que passer sa vie aux côtés de quelqu'un est vraiment l'essentiel? Je me demande...ceux qui vont seuls, comme Black le fit longtemps, réussissent aussi...n'est ce pas plutôt l'envie de se livrer, d'aimer, l'amour en un mot, qui nous motive, plus que le couple en lui-même? Je te souhaite de trouver quelqu'un à qui tu pourras t'ouvrir et te livrer, car c'est une sensation extraordinaire. Mais je ne crois pas que ce soit nécessaire pour trouver un équilibre ou le bonheur...c'est peut-être un plus, c'est la cerise sur le gâteau, mais celui qui n'est pas heureux seul saura-t-il être heureux en couple? Est-ce vraiment une bonne chose, que de demander à quelqu'un qu'on aime de venir combler un manque en nous?"
Ses naseaux frémirent quand une interprétation paillarde de ses derniers mots lui vint en tête, puis il secoua la tête et la charmante image s'évanouit d'elle-même. L'heure était plus sérieuse que grivoise, même si l'idée était amusante, et il aimait trop discuter avec la jeune jument pour briser l'instant.
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