Libre et fière [Libre]

"Maman, on fait la course, dis, dis?
Mamaaaan, regarde la fleur elle est belle non?
Maman, pourquoi les nuages vont pas tous dans le même sens?
Maman..."

Un poulain gris lancé à pleine vitesse revint vers une jument tout aussi grise, mais à la robe plus claire. Le jeune et vigoureux animal piaffa et arqua le col en un simulacre des mimiques de Papa. Papa, quand il était avec Maman, faisait l'encolure rond, et levait haut les genoux en soufflant par les naseaux. Il brillait au soleil et tournait autour de Maman qui se mettait à danser. Shiki aimait énormément voir ses parents dans leur jeu de séduction mutuelle. Papa était beau, Papa était fort, et Maman était gracieuse et douce comme le lait chaud. Et puis Maman, elle était pas comme les autres mamans, elle jouait avec lui et elle courait à côté de lui, et elle lui expliquait absolument tout.
Shiki s'ébroua avec ardeur, secoua sa petite tête et regarda Maman.

Odyssée souriait. Qui aurait pu croire qu'être mère était si gratifiant? Elle avait craint les responsabilités, mais le fait en lui-même, d'avoir la charge d'une jeune vie était gratifiant. Et puis, retrouver dans ce jeune poulain, les mimiques de son amant, sa propre exubérance, lui plaisait. Posant les yeux sur son fils, Odyssée répondit:

"Oui, elle est très belle cette fleur...et bonne pour la santé. Elle peut soigner les maux de ventre quand on en mange assez. Elle peut aussi les prévenir. Et elle empêche les parasites. C'est une belle et bonne plante.
Les nuages sont poussés par le vent. Cela ne se voit pas d'ici mais ils ne sont pas à la même hauteur, tous. Or le vent change de sens selon la hauteur, donc, s'ils ne vont pas tous dans le même sens c'est car ils ne suivent pas tous le même vent, tu vois?"

Fine, gracieuse, pommelée, la jument argentée dévorait son fils de ses yeux gris. Il était si beau, Shiki...Le poulain, d'une belle carrure, aurait sûrement l'air fin et sauvage de son grand-père Equinox, avec la grâce de son père. Il avait une robe sublime, gris fumée, luisante, qui virait au noir sur les extrémités du corps et les pattes, tandis que sa tête était d'un gris d'orage. Ses crins d'un noir luisant comme le plumage d'un corbeau dansaient sur sa petite encolure, et de très légères pommelures au contour plus sombre parsemaient épaules et croupe. Il était réellement beau, plein d'exubérance et de vitalité. Et comme il avait hérité de la prestance paternelle, plus tard, les femelles se pâmeraient à ses pieds.
Odyssée leva un antérieur et lança:

"Oui, on fait la course!"

Shiki fila comme une flèche, sa mère galopant derrière lui, le dépassant puis le laissant revenir vers elle. Peu à peu la folle course devint jeu entre mère et fils, danse à deux, vitalité débridée d'un poulain et d'une jument heureuse. Ils bondirent côte à côte, galopèrent, mimèrent les effarouchés, gambadèrent.

Puis Odyssée aperçut non loin un animal étrange. Ses sens l'identifièrent comme un canin, mais lequel? Ce n'était pas un Wolf ni un renard. Pilant des quatre sabots, elle appela d'une voix sans réplique:

"Shiki! Reviens ici!"

Shiki tourna la tête vers Maman, puis s'ébroua. Quoi? Ses yeux anthracite se posèrent sur l'étrange animal qui se tenait face à lui, et il cria:

"Regarde, Maman, le drôle de Wolf!"

Et se rua vers l'animal, se planta devant lui:

"T'es qui? T'es pas un Wolf? C'est quoi ton nom? Tu viens d'où? T'es un compagnon?"

Odyssée revint au galop derrière son fils et se planta derrière lui, adressant au canidé un regard clair et farouche, qui disait: touche à mon fils, je te fais la peau, et en prenant mon temps.

[30 lignes...+2XP. Il m'inspire bébé^^]

[heyhey^^]

Nymphe s'était figée, elle fixait d'un oeil intéressé les deux équidés.
En un labs de temps très court, elle pu conclure que le poulain était le fils de la jument. Ils étaient tout deux très beaux.
Elle les suivait du regard, et se releva, ses yeux brillaient. Elle aurait tant aimé pouvoir faire la course contre quelqu'un, mais ici, elle ne connaissait personne.
La femelle lycaon percevait très bien la méfiance de la mère, mais son jeune poulain lui, était curieux de tout. Il s'approcha donc d'elle sans crainte.
Elle ne prêta pas attention au regard de la jument grise.
Nymphe reporta toute son intention sur le poulain et lui répondit sur une voix de velours:

"Moi, je suis une lycaon et je m'appelle Nymphe.
Je suis daemon de Gaïa, mais toi, qui es-tu?"

Elle émit un sourire à l'attention du poulain puis posa son regard de braises sur la mère:

"Très beau poulain, félicitations."

Shiki détailla le lycaon - c'était bien cela?- d'un oeil intéressé. Il avait déjà eu l'occasion de voir des Wolf, ces loups si grands, autant que lui, au poil allant du noir au blanc en passant par le brun...mais ce canidé était si étrange,; avec sa robe tricolore, ses oreilles de grande taille et ses yeux flamboyants...Le poulain s'approcha d'elle et toucha du sabot son épaule. Eh non. Elle existait vraiment. Surpris il commenta:

"T'es pas un fantôme...Les lycaons ce sont les chiens des humains? Tu sens comme un loup, tu parles comme un loup, mais t'es pas un loup...alors tu dois être ce que les gens appellent les chiens?
Ah mais non je suis bête, tu sens quand même l'animal sauvage, alors t'es pas un chien des humains...Ça vit où les lycaons?"

Puis le poulain recula vers sa mère, se plaqua contre la chaude épaule maternelle, sentant contre sa robe fine frémir le flanc d'Odyssée, et la cicatrice que son séjour chez les humains lui avait donné. Elle lui en avait parlé, mais d'une façon édulcorée, simplement pour inciter son fils à la prudence face à eux, et lui appendre à ne jamais se soumettre face à quiconque.
Le compliment de la lycaon fit dresser les oreilles du bébé qui se serra contre sa mère et disant:

"Hein maman, t'as vu, t'as vu? Elle dit que je suis beau!"

Brièvement il songea à Moondance et Jun. Il ne les connaissait pas, c'était dommage, il aurait rencontrer les deux jeunes, et Zanzibar aussi, ça lui aurait fait un compagnon de jeu.
Mais Maman jouait bien aussi.

Odyssée se détendit lorsque la femelle parla de Gaïa, la mère de Zanzibar et une jument qu'elle connaissait, et en qui elle avait une relative confiance. Pas une cofiance aveugle, car cette expression n'appartenait pas au vocabulaire de la jument argentée. Inclinant la tête, elle répondit, étrangement flattée par le compliment de Nymphe sur son fils:

"Merci.
La compagne de Gaia? Je la connais un petit peu...comment va-t-elle?"

Elle écouta attentivement Shiki, un sourire s'afficha sur les lèvres de la lycaon.

"Le jour où je deviendrais ce que les humains appellent chiens, je mettrais fin à mes jours.
Mon espèce vit en Afrique."

Nymphe n'avait jamais eu à faire aux hommes mais, étrangement elle ne les portait pas dans son coeur, c'était sans doute un instinct sauvage.
Quand elle regardait le poulain, ses yeux trahissaient de la sympathie, de la gentillesse, mais quand elle les portait sur Odyssée, ils changeait radicalement d'expression, ils montraient alors de la méfiance.
Car après tout, elle était beaucoup moins grande que ses cousins éloignés les Wolfs et surtout, beaucoup moins grande qu'Odyssée.

"Tu es sans aucun doute un des plus beaux poulains de cette terre."

Quand Odyssée posa ça question, Nymphe se retint de rire, elle ne pourrait en aucun cas lui répondre étant donné qu'elle même n'avait pas de nouvelle de la jument grise.
Vous me direz bizzarre pour un daemon?
Mais Nymphe savait pertinamment que Gaïa n'avait toujours besoin d'elle.
Et elle c'état dit que ça pouvait bien attendre un peu.

"J'imagine... Enfin je pense qu'elle va bien."

Entre ces deux femelles, une alchimis s'était créée, chacune savait si l'autre allait bien ou mal, mais cette alchimie tous les daemons la partageait avec les chevaux qu'ils accompagnaient, quoique Sweet et Zénith donnaient un contre exemple.

Shiki rit tout en se rengorgeant au compliment de la femelle:

"Ah, Maman non plus elle aime pas les humains tu sais! Tu sais, je t'ai demandé ça parce que tu ressembles pas aux Wolfs d'ici. Alors, comme les chiens sont différents des loups mais de la même espèce, j'ai pensé que tu pourrais en être un.
Maman dit que si je suis beau, c'est parce que je ressemble à grand-père et à Papa...papa aussi est beau, tu sais? Il est tout noir avec un peu de blanc. Moi je suis gris foncé et noir. Comme Papa et Maman!"

Se sentant en sécurité avec la femelle qui l'observait d'un air bienveillant, le jeune arqua le col comme l'étalon qu'il deviendrait un jour et l'observa par en-dessous. Puis il redressa la tête et lança d'un air intéressé, faisant une fois de plus la démonstration de sa curiosité et de son intelligence:

"Tu as une couleur amusante...noire, marron...est-ce que c'est pour pouvoir mieux chasser en Af..Afrique? L'Afrique est donc une terre ivoire, noire et brune? Un peu comme un désert?"

Odyssée regarda tranquillement Nymphe, et son esprit aiguisé à lire les corps et les attitudes lui permit de remarquer la réaction le la lycaonne à sa question. L'emploi des mots "je pense" et "imagine" lui permirent de déduire que la femelle n'avait pas de nouvelles récentes de Gaïa.
Pourquoi n'étaient-elles pas liées? Odyssée formula l'hypothèse que les deux femelles n'étaient pas daemons de longue date, et, afin d'en avoir le cœur net, posa à Nymphe la question, sans cacher ses motivations.

"Toutes deux, vous n'êtes pas liées depuis longtemps?"

Shiki tourna la tête vers sa Maman, puis trotta jusqu'à Nymphe en levant les jambes, démarche héritée de son père. Lançant un antérieur en avant en jeu, il la questionna encore:

"Dis, tu fais partie d'un Clan? Moi je suis solitaire. Maman dit que c'est mieux car on est libre, et moi, je crois comme elle. J'aimerais pas obéir...si je suis dans un Clan, je veux en être le chef. Quand on est chef, on fait ce qu'on veut même si on doit faire attention aux autres. Donc, on est libre. Parce qu'on a personne au-dessus de soi...tu crois pas?
Mais, Maman m'a dit que Gaïa, c'était l'amoureuse d'un chef? Alors, elle aussi, elle est libre...non?"

Déluge de mots et de questions, qui ne semblait pas gêner Shiki. Odyssée, elle aussi, habituée, avait gardé le fil, mais elle se demandait si Nymphe avait pu faire de même.

Elle afficha un grand sourire, en plus de la beauté qu'émanait le poulain, il était d'une surprenante intelligence pour son jeune âge.

"Si tu ressembles à ton père et à ton grand-père, eux aussi doivent être vraiment très beau."

Elle écouta attentivement la déscription du poulain et une image pas très nette se dessinna dans sa tête.
L'assurance de ce poulain était impressionnante, rien qu'à sa façon de se mouvoir, on voyait tout de suite qu'il deviendrait un superbe étalon.

"Mon pelage me permet de ma camouffler, mais nos territoires de chasse se font restreindes de plus en plus par les hommes.
Oui, l'Afrique est un peu comme celà, en fait, savane et désert se succèdent."

Dès que la jument ouvrit la bouche, les yeux de Nymphes se posèrent sur le corps d'argentde la Maman du petit Shiki.
Et, une fois encore, l'expression du regard de Nymphe changea, mais la méfiance était moins distincte.
Nymphe n'avait fait que très récemment la rencontre de Gaïa, et ne se connaissait pas encore très bien.

"Pas depuis très longtemps, c'est pour cela que je me permets de d'abord faire de bonnes rencontres -ses yeux se posèrent un instant sur Shiki pour revenir ensuite sur la jument- puis j'irais la voir."

Elle reporta ensuite toute son attention sur le poulain.

"Très belle allure!
Moi, je fas partie du Clan du Crépuscule, la liberté et sûrement ce qu'il y a de plus précieux, profites-en. Je pense que ta mère à bien raison, et je suis sûre que tu serais parfait dans le rôle de Chef de Clan.
Pour Gaïa... Certe, elle est l'amoureuse de Zénith mais elle ne sort pas beaucoup, elle reste souvent seule. Mais il est vrai qu'elle conserve une liberté osée."

Nymphe lança un sourire amusé, Shiki était vif d'esprit mais elle arrivait à le suivre, enfin, pour l'instant.

Shiki approuva vigoureusement.

"Oh oui! papa est le plus beau de tous les étalons parce que Maman, eh ben, je suis sûre qu'elle aimerait pas un cheval laid! Et puis, je l'ai vu et il est grand et fort et joli. Et Grand-Père c'est le plus fort, en plus, c'est un ami de Black, et Grand-Mère aussi est une amie de Black. En fait ce sont trois grands amis."

Shiki, avec l'assurance des animaux de jeune âge, ne doutait pas d'être irrésistible. Le doute viendrait plus tard, avec la maturité et les premières amours, lorsqu'il se demanderait soudain si sa belle allait le trouver à son goût et porterait sur lui-même un oeil plus que critique. Mais, pour l'heure, le poulain se savait beau et personne n'aurait pu le faire douter sur ce sujet. Naturellemtn, beau, il l'était, d'autant plus qu'il possédait l'assurance et la vitalité des gestes de son père et prenait déjà sans s'en rendre compte des poses d'étalon.
Il écouta attentivement la réponse de Nymphe -il écoutait toujours lorsqu'un sujet l'intéressait, et alors son regard vif et sa capacité de concentration pouvaient mettre mal à l'aise- et rétorqua d'un soupir:

"Oui...les hommes n'arrêtent pas de prendre les territoires qui ne sont pas à eux. Et ils se reproduisent trop, en plus, comme ils sont trop nombreux et n'envoient pas leurs petits loin d'eux, ils doivent agrandir les terres de leur Clan pour vivre. Mais du coup ils mordent sur les terres des autres...ici aussi tu sais, les hommes sont un vrai fléau."

Odyssée hocha la tête et n'insista pas, sentant que Nymphe souhaitait parler davantage à Shiki qu'à elle. La jument argentée s'effaça donc, se contentant de rester vigilante quant à la sécurité de son petit.

Shiki sourit au canidé, un sourire de gosse ravi:

"J'aime bien marcher comme ça, j'ai l'impression de danser.
Tu crois que je serai Chef un jour? Je sais pas si j'ai vraiment envie de l'être.
Alors elle est libre? C'est bien...quand on n'est pas libre on ne peut pas être heureux."

Les paroles du poulain dansaient dans le tête de la femelle lycaon.

"Vous formez une magnifique famille!"

Bien que Nymphe ne se contentait que de fixer le jeune, cette parole s'adressait aussi à Odyssée.
Alors voilà, ce jeune poulain était le petit-fils de Stelmaria, il était donc promis à un grand avenir, il allait devenir une de ces légendes, un de ces mythes qui, par on ne sait quel miracle, continuent d'exister à travers les âges. Shiki avait déjà de l'allure, sa beauté resterait gravée dans la tête de tous ceux qui l'auront vu.
Quand à l'amour, Ah; l'amour... Tellement compliqué, tellement périlleux. On dit que quand on aime on est heureux mais cette thèse devrait être rectifiée.
L'amour est le portrait même de l'injustice. Si seulement les cieux pouvaient éviter de faire vivre tous les tourment de l'amour à cet être magnifique.
Mais c'est bien connu: avec des "si", on mettrait Paris en bouteille.
Mais un miracle peut toujours se produire...

"Les hommes son egoïstes au possible, ils n'ont pas les mêmes notions que nous..."

Elle éxhala un long soupir, tant d'injustices et d'incompréhensions...
Pour une fois, essayons de voir le bon côté des choses: si l'homme n'avait pas été là, Nymphe ne serait jamais partie et n'aurait donc pas, par conséquent, rencontré Shiki.
Il l'impressionnait étrangement, il avait tout d'un roi, d'un dieux; ils se mouvait avec une exquise légéreté.

"Shiki, je suis sure que tu auras tout ce que tu veux; tu sais, les chevaux de ta trempe sont rares. Fais attention à toi et suis ton instinct, quoi qu'il arrive."

Il deviendrait un être inoubliable, d'une façon ou d'une autre, il réussirai à se faire connaître et tous les poulains le prendront en exemple.

Odyssée, gratifie par le compliment, hocha la tête discrètement. Oui, ils formaient une famille surprenante, liée tant par le coeur que par le sang. Et en Shiki se croisaient les sangs de tous les grands de Wild Horses. Il était petit-fils de Liberty, la pacifiste, la douce fille de coeur de Larme Blanche par sa mère, par elle aussi de la lignée de Black, son père de coeur, et oncle par adoption. Il était égalkement lié à Black par son grand-père paternel Equinox, le frère de coeur du cheval noir. Enfin, la lignée des Thars lui était transmise par son père Aglow Star, et la malédiction de ces chevaux exceptionnels par Stelmaria.
Ce point inquiétait la jument argentée. Si jamais Shiki portait en lui, encore, la trace de la Maudite...elle avait souvent été témoin des crises de rage d'Aglow Star, elle avait vu la robe flamboyante de Stelmaria et le rouge de ses yeux face au sang et au combat. Elle sentait par son compagnon et son mentor la présence de ce sortilège antique, puissant et inévitable.

Shiki roua encore l'encolure. Il avait beau être vif d'esprit, il demeurait poulain, et comme tous les jeunes animaux, ne doutait de rien, surtout pas de lui. Les compliment le ravissaient comme autant de reconnaissances de sa grandeur. Shiki était encore au stade où l'on découvre le monde et où l'on s'en croit maître. Le réveil serait rude...Le poulain se cabra à demi avec enthousiasme et manqua trébucher:

"Oui, oui! Maman est belle, Papa est beau, et moi aussi. Et en plus, on a tous les trois du sang de chef! Et puis, tu sais...en plus de tout ça, Maman aime Papa, et les deux, eh bien, ils m'adorent, alors ça fait de nous une famille triplement magnifique..."

Cette façon de naviguer des remarques attendrissantes d'un petit au sérieux d'un adulte faisait le charme du jeune cheval gris, et peu à peu, il apprenait à en jouer...efficacement. Très, voire trop parfois. A la remarque de Nymphe sur les hommes, le bébé hocha la tête d'un air à nouveau concentré et répondit:

"Oui, ils n'ont pas leurs notions...peut-être parce qu'ils se croient supérieurs? Oh, mais leur civilisation n'est pas un don...c'est leur seule arme. Ils sont si inadaptés au monde sauvage qu'il leur faut le plier à leurs désirs pour pouvoir y vivre. Et pourtant, ils croient être des élus...je me demande, est-ce qu'ils ont des dieux? Si oui, et s'ils existent...ils sont bien cruels de les laisser ainsi, vautrés dans leur ignorance..."

Shiki remua les oreilles d'un air pensif, puis ne put retenir un nouveau grand sourire infantile, ce sourire charmant et contagieux, aux mots suivants de Nymphe. Le jeune cheval gratta le sol de la pointe du sabot avant de rétorquer, d'un air sérieux:

"J'aurais ce que je veux...mais pour ça il faudra que je me batte, pas vrai? Si on a tout ce qu'on désire sans devoir se battre pour l'obtenir, alors, on n'est pas vraiment content...je préfère avoir du mal à avoir ce que je veux, pour, le jour où je l'aurais, être heureux!
Tu sais...si je ne fais pas attention à moi, Maman m'aidera!"

Nymphe écouta attentivement le poulain, elle émit un sourire. Plus le jeune lui parlait de sa famille plus Nymphe avait envie de retrouver Gaïa, Zénith et le petit Zanzibar qu'elle n'avait encore jamais vu. Elle savait que Gaïa et Zénith s'imait mais elle savait aussi que Zénith se consacrait plus à son Clan qu'à sa vie de famille depuis ce soir où...
Elle chassa ses mauvaises pensées de sa tête et remit sa concentration à profit du poulain.

"Les hommes se croient maîtres du monde, ils pensent que rien ne leur est impossible, et vois tout le mal qu'ils font à notre mère Nature. Chaque jour il l'a meurtrie un peu plus, ils prennent des espaces de plus en plus grands , mais un jour, la Nature reprendra ce qui lui va de droit."

Elle regarda le poulain et observa un moment de silence avant de répondre:

"Tu as entièrement raison, mais je suis sûre que tu seras un exellent combattant. Je suis sûre que ta mère veillera sur toi."

Nymphe ne métait pas en doute le bon vouloir d'Odyssée.

Shiki approuva de la tête:

"Et ce jour-là sera terrible pour les hommes. Oh oui, terrible...en plus, je pense qu'ils perdront tous leurs repères, eux qui n'ont pas daigné s'adapter au monde mais ont voulu adapter le monde à eux. A force de faire du bruit avec leurs machines ils n'entendent plus la Nature...
Dis Nymphe, là d'où tu viens, les hommes étaient-ils nombreux? Ou avaient-ils juste un petit territoire comme ici?"

A la remarque suivante de Nymphe, Odyssée hocha la tête, et son toupet soyeux dansa sur son large front. Ses yeux acier durs comme le métal du même nom, elle fit un pas et répondit:

"Pour sûr. Il est tout simplement hors de question que quiconque fasse du mal à mon fils...à moins de vouloir, à toute force, encourir mon courroux..."

Sachant qu'Odyssée était une guerrière accomplie, entraînée par Stelmaria, et que le père du jeune Shiki se trouvait être le propre fils de la Maudite, cette déclaration prenait des dimensions supérieures et devenait, de simple assurance de protection, promesse de mort à qui s'en prendrait au poulain couleur de fumée.

Nypmhe souria discrètement, tant de pensées, tant de silences, tant de regrets...
Elle répondit tout de même au jeune animal:

"Mais pour que les hommes écoutent la nature, il faudrait déjà qu'ils aient la notion du silence... Il faudrait qu'ils sachent écouter. Mais égoïstes ils sont, qu'ils le restent et quand notre mère Nature se rebellera, ils verront que l'Apocalypse est plus proche que l'on veut bien le croire.
Et chez moi, les hommes forment des tribus et peuplent mon territoire. Ils sont partout et ils nous traquent sans relache."

Ce faire traquer comme si vous étiez un meurtrier, avoir des ennemis avant même d'être né. Est-ce une vie? Apparemment. Mais qu'en quoi dise les autres, lavie est loin, bien loin d'être un long fleuve tranquille.

Ses yeux se posèrent alors sur Odyssée, pour la première fois, le regard de la lycaon laissa entrvoir de la compréhension et une petite brindille de sympathie.

"Je ne devrais pas dire ça devant lui, mais avec des parents comme vous et sa préstance, il est intouchable. Mais malgré tout, il reste vulnérable, car on perd au moins un combat, mais il en est loin pour l'instant..."

Oui, malheureus celui qui ce croit l'invaincu, mes amis, nul dute que vous le savez mais la vie est éphémère, et face à la mort, on perd...

Shiki approuva derechef:

"Je pense qu'ils en seront tous surpris au dernier point...alors que nous autres qui sommes restés proches de la Nature, nous pourrions sentir venir ce genre d'évènement...de nous même ou grâce à l'aide des Nomades, ces chevaux qui prévoyaient les grands changements..."

Il observa Nymphe d'un air interrogateur:

"Maman m'a raconté leur origine, tu la connais, toi, l'histoire des Nomades? Et tu sais que...on dit qu'ils sont revenus sur Wild Horses?"

Le poulain, curieux d'en apprendre encore davantage sur ces étranges animaux, piaffait d'un pied sur l'autre. Soudain un papillon détourna son attention et Shiki fila au galop vers l'innocent insecte.

Odyssée se sentit gratifiée par les compliments de Nymphe, et songea brièvement qu'une jeune vie était un réel fardeau. La jument grise vérifia que le poulain n'était pas à portée de voix avant de répondre:

"Intouchable, je ne sais pas. Je l'espère simplement. La seule chose dont je puisse être sûre en réalité, c'est que celui qui lui fera du mal ne sera pas intouchable par moi...
Cependant il est peut-être plus vulnérable qu'on le pense...sa grand mère est Stelmaria, celle qu'on appelle la Maudite et qui porte cette antique malédiction des Thars. Je sais que mon compagnon, son fils, en a hérité en plus faible proportion, et...il n'est pas impossible que des vestiges de cette malédiction subsistent encore chez Shiki, puisqu'elle est héréditaire."