Viens, viens la mort, essaye de m'attraper, regarde, je t'attends pour jouer.

Goût de sang et de chair. Un mince morceau de peau était resté entre les dents de la petite baie, la faisant lâcher son adversaire. Elle serra violemment cette prise ou ce trophée, avant de le lâcher. L'étalon s'était cabré, prêt à relancer ses antérieurs pour meurtrir la chair indifférente de la jument. Mais celle-ci s'était déjà écartée d'un pas vif, pour revenir aussitôt, tentant de mordre le flanc du bai avant que celui-ci ne se reprenne.

Peu à peu, le torrent de ses émotions s'étaient apaisés, pas pour redevenir ruisseau mais pour être à nouveau glace, figée en plein remous, tandis que ses attaques redevenaient calme -sans cependant être réfléchies... Non, elles étaient instinctives, mais d'un instinct froid.

D'un bond sur le côté, le bai évita les crocs qui tentaient de mordre la peau abîmée de son flanc. De justesse. Aussitôt, il entra a nouveau dans la danse et fondit sur la baie, jetant son sabot dans le but de marquer d'un coup puissant l'antérieur de la baie, pour la faire trébucher. Et pour tenter, par la même occasion, de mordre le garrot de son adversaire.

Il était chaud a l'intérieur, mais il ne s'emballait pas encore ; ses oreilles n'étaient pas plaquées contre son crâne et il réfléchissait a ses attaques. Parfois.

Cette fois-ci, ses dents claquèrent dans le vide, alors que déjà l'étalon revenait. Elle vit le sabot avancer vers son antérieur, mais il était trop tard pour l'éviter, tandis qu'elle avait commencé à tourner pour refaire face à son adversaire... Le coup puissant la fit trébucher, tout en rouvrant une blessure encore récente, mais Storm refusa la douleur. Elle se rattrapa de justesse avec son autre antérieur, mais déjà, les dents du baie s'étaient à nouveau refermées sur son garrot...
Refusant encore une fois d'écouter son corps criant sa douleur, elle voulu se cabrer. Son antérieur blessé se déroba au moment où elle poussait dessus, et la morsure qui l'empêchait de bouger normalement son dos lui enleva son dernier moyen de se dresser. Elle retomba lourdement à terre, tandis qu'une vague de douleur qu'elle n'avait pas pu stopper l'envahit brièvement. D'un geste violant, elle lança sa tête vers l'étalon, claquant des dents dans l'espoir d'attraper quelque chose, de la peau, un peu de chair...

Il lâcha le garrot meurtri de son adversaire et lorsqu'il la vit heurter le sol, il posa un antérieur de l'autre côté de son corps et posa l'autre sur son dos pour essayer de l'empêcher de se relever. Les dents de la jument au sol claquèrent cependant et l'atteignirent, arrachant un peu de peau, ce qui suffit pour ré-ouvrir une ancienne plaie. Il ignora le sang qui s'en écoulait et tenta de la frapper de son antérieur, ce qui se pouvait si elle ne remuait pas comme une folle.

Fail x) Faudra qu je demande à une admin de suppr ce post --'

Spoiler:

Coups. Un des antérieur du bai la frappai, heurtant violemment ses flancs, tandis qu'il l'immobilisait... D'un coup de rein, la petite jument bai au corps ensanglanté tenta de se retourner, pour se débarrasser ne serait-ce qu'un instant de ce qui l'empêcher de se relever...

Soudain, une image. Trop vraie pour n'être qu'un souvenir. Un poulain, gris moucheté, tout jeune encore, qui grimace de douleur, et elle qui l'achève, sur ordre de sa mère -il avait osé se trouver sur leur passage. Le sentiment, qu'elle avait plus tard déclaré être de la joie, qui l'envahissait alors que le sang du gris tâchait son corps... Elle veut déjà se relever, appâtée par ce sentiment, quand ce corps au sol est vite remplacé par un autre. Le sien, celui d'une petite pouliche. A la merci de la jument alezane qui s'est défendue. Et l'image de la jument qui, après un instant, s'éloigne. Court temps mort, où la baie hésite. Puis un regard de sa mère, et elle se relève. Un regard qui clame "Ce n'est qu'une jument... Qu'un de ces misérables êtres trompeurs.. Tues-là avant qu'elle ne le fasse !". L'alezane lui tourne le dos. Elle est bientôt morte.

Storm releva sa tête d'un geste violant. Que faisait ici cette image ? Elle ne regrettait rien. Ou du moins se le répétait-elle. Mais il n'était plus temps d'y penser... C'était le moment de sa battre. Ses yeux brillèrent de rage. Ce court moment d'absence n'avait duré que quelques secondes, mais sûrement étaient-ce quelques secondes de trop...

Spoiler:

Elle avait eu l'air perdue. Pendant quelques instants, comme si autre chose l'avait absorbée, quelque part, sans qu'il sache où... qu'importe. Il n'allait pas rater sa chance.
Même si, pendant quelques instants, la jument l'avait déséquilibré et s'était libérée, il avait vite retrouvé l'équilibre pour profiter de ce moment d'égarement qui avait apparemment saisi son adversaire. Aussitôt, il donna un nouveau et puissant coup de sabot pour l'empêcher au minimum de se débattre, et le posa sur son encolure, essayant de la faire s'étaler de tout son long, ou au moins de la soumettre le plus possible.

Storm grimaça. Le sabot du bai s'était écrasé contre son dos, et la douleur, à nouveau, comme une vague, l'avait envahie, avant de se faire repousser, ignorer. Mais, comme une tempête qui approche, chacune de ces vagues de souffrance résistait un peu mieux ; chacune la faisait un peu plus souffrir.
Elle avait voulu se tendre de douleur, mais le sabot était déjà revenu, écrasant son encolure.

Bien. Un petit sourire, qui naît des restes d'une grimace. La Mort est plus coriace. Le Jeu devient plus dur. Gagne en intensité. En intérêt. Sourire qui s'élargit. Elle pense avoir déjà gagné ? Elle ose croire que c'est fini, Storm est couchée, elle est vaincue ? Sourire qui devient rire, rire froid, rire haineux. Oh, Elle se trompe, la Mort ! Le Jeu n'est pas fini. Il ne vient que de commencer. Elle veut la faire souffrir ? Elle veut qu'enfin, la douleur retraverse le corps de la baie insensible ? Et bien, qu'Elle essaye ! Rire qui augmente, faisant trembler son corps. Vague de douleur.
"Oh que non, la Mort. Le Jeu n'est pas fini. Il ne fait que commencer..."
A nouveau, ce rire cassant. A nouveau, la vague de douleur.
D'un geste sec, Storm tire son cou vers l'arrière. Ne céder au bai qu'un peu de peau, de chair et de sang ; qu'une nouvelle et longue cicatrice sur son encolure, et saisir entre ses dents la partie fragile des membres... Serrer dans sa mâchoire l'os, espérer l'entendre souffrir... Qu'importe les coups qu'elle se prendrait, qu'importe la douleur qui viendrai et qui, peut-être, la noierait...
Qu'importe. Ses yeux brillaient de folie.
Le Jeu ne faisait que commencer...

Pourquoi riait-elle ? Pourquoi ? Il se le demandait. Mais il ne le demanda pas.
Il ne voulait pas la tuer. Sinon il n'aurait jamais la réponse a sa question. Et pourtant elle ne lâchait pas le morceau... il fallait qu'il l'immobilise, ou qu'il a blesse suffisamment pour qu'elle arrête de lutter, mais ce ne serai certainement pas facile, elle semblait bien hargneuse...
Il appuya un peu plus sur la sabot qui bloquait son encolure. De son postérieur, il frappait les jambes de la jument.

Raté. Et un point de plus pour la Mort. Le sabot s'était encore un peu plus enfoncé dans son encolure. Les coups lui martelaient les jambes. Il lui semblait entendre le ricanement de la Mort, tandis qu'elle avançait lentement ses pions blancs, entourant lentement le dernier Fou noir...
La douleur était là. Elle frappait à sa porte. Pas de petits coups timides et interrogatifs. Elle essayait de l'enfoncer. La Mort l'encerclait. La Mort, qui déjà fêtait sa victoire, tandis que le froid de la glace pénétrait peu à peu dans son corps, engourdissant ses membres... Sur la glace.. Était-ce son sang qui la quittait, ou était-ce le vin qui coulait à flot de la coupe de la faucheuse ?
Coup. Douleur.
Storm riait toujours.
Pauvre Fou, seul depuis si longtemps... Mais il ne se laissait pas faire, envoyant ses reflets noirs sur la surface lisse des pions blanc.
La douleur. Elle avait enfoncé la porte.
Storm riait. Rire haineux. D'un mouvement brusque, elle essaya de heurter le postérieur de l'étalon par son propre postérieur. Et elle continua à s'agiter, l’œil rouge, le corps sanglant, le rire fou.
La Mort qui ricanait... Elle souriait déjà, la faucheuse, souriait d'avoir enfin attrapée celle qui l'avait trop défiée... Elle savait que ce n'était plus qu'une question de temps, tandis que le misérable pantin s'agitait sous les coups de son adversaire.
Le ricanement.. Il semblait à Storm qu'il se mêlait à son rire dément.
Coups. Douleurs. Sur son visage balafrée, une larme de sang coula d'un de ses yeux. Et son rire s'arrêta. Tout à coup. Tordant son encolure, la jument folle fixa un œil hagard dans celui de l'étalon froid. La voix rauque qui s'élève, dans un murmure.
"La Mort... Elle a gagné. Tu es son serviteur... J'avais dit que je saurai mourir. Mais pas tout de suite. Et son ricanement me fait mal. Il est trop froid. Il crisse. Elle a gagné ? Elle me nargue... Elle se venge... C'est à son tour..."
Voix hagarde. Storm ne savait plus. Elle avait mal. Ça faisait si longtemps qu'elle ne s'était plus laissée souffrir ainsi... Elle avait mal, mais il lui semblait voler... Elle ne savait plus... Était-ce bien la réalité, ce nuage de brume qui l'enveloppait, et cette douleur comme des piques acérées qui transperçaient la brume...

Elle avait frappé, d'un coup puissant, son postérieur, le déséquilibrant pendant quelques instants. Et ignorant la douleur, il se reprit et appuya un peu plus sur son encolure. Maintenant, elle ne bougeait plus... et elle ne riait plus. Pourquoi avat-elle rit ? Pourquoi ne riait-elle plus ? Pourquoi ? Il ne comprenait pas, il voulait comprendre. Mais elle avaut changé, d'un coup... elle avait parlé, avec des étranges mots, et d'une étrange voix hagarde...  pourquoi ?
Et elle posait son regard sur le sien. Le sien, toujours si noir et impénétrable...

- La Mort n'a pas gagné... Elle est près du but... elle te nargue, mais elle ne t'aura pas sans mon aide... que je ne lui offrirai pas. Je ne veux pas te donner a elle.

Mots nets, sans émotion, sans même intonation. Mais mots clairs. Il ne voulait pas la tuer. Il donnait a la Mort ceux qui n'avaient rien a donner a la Vie, qui étaient stupides et qui vivaient dans leurs tristes illusions. Mais Storm n'était pas ainsi... elle dansait entre la Mort et la Vie, elle jouait a un jeu risqué, Hopeless le savait. Elle ne méritait pas d'être ainsi offerte a la Mort.
Il resta immobile, sans cligner, il ne semblait pas respirer. Le sabot toujours plaqué contre son encolure meurtrie, il semblait être statue.

Sa respiration se faisait sifflante, tandis que Storm peinait à respirer, son encolure écrasée sous le sabot de l'étalon qui semblait être devenu statue. Même ses yeux, dur et froid, inexpressifs, étaient ceux d'une image de pierre. La petite jument ne bougeait plus, elle non plus, son sang battant furieusement dans ses veines, apportant cette fois-ci un feu de douleur dans son corps, ses pupilles toujours fixées sur celles immobiles de son adversaire.
"Tu ne veux pas... Alors lâche-moi."
Elle avait mal. Mais elle ne cilla pas. C'aurait été comme avouer sa faiblesse à la mort qui la narguait et qui se délectait d'avance...
Elle avait mal. La glace autour d'elle était devenue rouge. Tout son corps tremblait. Mais elle ne pouvait s'avouer vaincue.


[Tu peux me lâcher, t'inquiètes, elle tentera sûrement de te ré-attaquer, mais elle n'y arrivera pas ^^]

Il hésita un instant. Il ne faisait pas confiance, il ne savait même pas ce qu'était la confiance de toute manière...
Il la lâcha quand même. Il se tenait sur ses gardes, car il ne comprenait que trop bien qu'il ne serait pas facile de faire lâcher le morceau a cette jument baie. Quoique, peut être s'était elle avouée vaincue ? Il n'en savait rien, il ne la comprenait pas, il la perturbait en fait... il n'en avait jamais vu de comme elle.
Il fit quelques pas en arrière, prêt a rebondir et a la plaquer de nouveau au sol en cas de besoin.

De l'air. Storm haletait, inspirant et expirant rapidement, ignorant qu'elle ne pouvait que d'avantage s'essouffler. Elle ne voyait plus d'Hopeless qu'une forme noire à l'extrémité de son champ de vision, mais elle entendait encore l'écho du ricanement de la Mort...
Eh non, la Mort...
La faucheuse avait cru l'avoir. Elle-même y avait cru. Finalement, elle y avait échappé -mais n'y était pour rien. Et elle ne pouvait pas laisser son Ennemie sur ce goût de victoire. Elle ne pouvait pas la laisser ainsi après qu'elle l'eut narguée, après qu'elle ait fêté par avance sa victoire. Elle ne pouvait pas la laisser jubiler de cette semblant de victoire, qui ne lui avait échappé que par la décision d'un autre. Elle ne pouvait pas la laisser penser que sa vie n'avait tenu qu'à de la chance. Elle ne pouvait même pas se laisser penser elle-même ça. Alors, après deux brèves inspiration, elle roula, ses sabots à nouveau sous son corps, et se redressa vivement. Chancela. Reporta son poids sur son arrière-main. Bondit en direction de l'étalon. Les sommets de glaces tournoyaient autour d'elle. Des points noirs dansaient devant ses yeux. Tout son corps gémissait de douleur. Elle trébucha. Voulut se rattraper. Tout tournait. Un choc contre son flanc. Sans qu'elle comprenne comment, elle était de nouveau à terre, les yeux fermés.

Elle grimaça.
"Tu es contente, la Mort ? Alors profites-en bien ! Ce n'est qu'un combat de gagné dans notre guerre. Profites-en. Tu m'as effleuré. Rappelles-toi de ce contact. Notre jeu ne s'arrête pas. J'aurai bien le temps de me venger..."
Cette fois-ci, elle avait parlé. Fort. Avec rage. Avec haine. Elle ne regardait pas l'étalon bai ; ce n'était pas son ennemi. Ce n'était pour elle qu'un autre pion de la Vie -ou de la Mort, qu'importe.

Il avait bandé ses muscles, prêt a riposter mais déjà que la baie s'effondrait de novueau par terre. Elle ne pouvait plus, elle ne pouvait plus et cela se voyait. t elle l'avait certainement compris...
Hopeless ne bougea pas. Il la regarda, effondrée par terre, qui disait qu'elle avait perdu une bataille mais pas la guerre... elle était si étrange. Elle dansait entre la Mort et la Vie, et en ce jour elle s'était approchée si près de l'une d'elles... ça, le bai l'avait compris. Mais pourquoi jouait-elle ainsi ? Pourquoi ne cessait-elle donc pas ce jeu, dont le bai ne voyait pas l'utilité ?

- Pourquoi ne stoppe-tu pas ce jeu ?

Il fit un pas en avant, silencieux. Et alors qu'il se calmait, que tout retombait, la calme et le silence, la douleur le lançait parfois. Mais il la repoussait, et elle s'inclinait. Pour le moment.
Un autre pas en avant, et il était tout juste devant elle.

Pourquoi.
Tout le monde voulait toujours savoir. Comprendre. Mais qu'y avait-il à comprendre ?
Pourquoi ? Elle-même n'avait pas de réponse précise. Pourquoi ? Mais que ferait-elle, si elle ne jouait pas ? Pourquoi ? Par ennui, peut-être. Par habitude. Par amertume.
Pourquoi ?
- Qu'ai-je d'autre à faire ?
Pourquoi ? Ce mot ne la lâchai pas, alors qu'il ne l'intéressai pas. Pourquoi ? Pourquoi, pourquoi, pourquoi ? Il chantonnai, agaçant. Pourquoi ?
- A part tuer, qu'ai-je d'autre à faire ? Errer ? Égratigner mon corps contre les pierres de la route ? Si au moins mon âme pouvait elle aussi s'y frotter... Mais est-ce qu'elle est encore là ?
Pourquoi, pourquoi pourquoi pourquoi ? Chant qui tournoyait dans sa tête. Storm se releva, cette fois-ci lentement. Le paysage tournait encore, mais elle resta immobile.
Pourquoi ?
- Qu'ai-je d'autre à faire ? Rien ! Je ne sais que tuer ; que puis-je faire d'autre ? Pourquoi cesserai-je ce jeu ? Pour rester en vie ? Mais je n'en n'ai rien à faire de la vie !
Pourquoi pourquoi ?
- Laisses-moi !
Ordre bref, qui s'adressait aussi bien au mot qui lui tournait autour comme une mouche, qu'à l'étalon bai.

Il la laissa se relever, sans bouger, bien que toujours méfiant. Il écoutait les paroles de la jeune jument baie, bien que son expression fit tout pour prouver le contraire. Il l'écoutait attentivement.
Alors, elle ne voulait pas vivre ? Alors, elle souhaitait mourir ? Elle ne semblait pas non plus. Alors elle dansait entre les deux. Mais lui ne voyait pas l'intérêt d'un tel jeu... surtout s'il n'avait pour but que de combler l'existence.
Mais lui que faisait-il de sa vie ? Pas grand chose, a part tuer ceux qui n'avaient la moindre valeur a ses yeux... et écouter ceux qui n'étaient pas aveuglés par les illusions de la Vie, ceux qui ne méprisaient pas les gens comme lui... qui étaient, pour beaucoup, méprisables...

- Si la Vie ne t'intéresse pas, alors pourquoi ne pas rejoindre la Mort ? Pour la narguer, lui montrer qu'elle n'est pas la plus forte ? Mais si ce jeu n'existe que pour combler la monotonie de ton existence, alors pourquoi ?

Il ne s'attendait pas a une réponse.

Il ne l'avait pas tuée. Parce qu'elle était différente... c'est tout. Il décida d'exaucer son voeu, et s'éloigna. Il la regardait toujours, avec une expression monotone, mais il la regardait.
Il prit un pas lent mais rythmé, tournant le dos a la baie.

Spoiler:

Pourquoi ? Encore pourquoi ? Mais cette fois-ci, la réponse lui était évidente...
Déjà, l'étalon lui tournait le dos. Déjà, il s'éloignait. Ainsi que la baie le lui avait demandé. Elle aurait pu -ou dû?- le laisser partir, mais elle ne voulait pas. Ne pouvait pas ? On lui avait trop appris à vaincre ; elle était trop fière, elle qui défiait même la Mort.
Encore une fois, sa voix s'éleva, rauque. La jument l'aurait voulu forte ; sa parole fut faible, fatiguée, tandis que le sang continuait à couler du corps de Storm, parant de reflets rouges son corps presque noir.
"La vie est un jeu. Un cache-cache avec la Mort. Une poursuite incessante, une danse mortelle qui devrait être exaltante. Elle a perdu de ses couleurs, mais j'en profite encore. Peut-être. Je continue à jouer mais je n'accorde aucune importance à ce jeu, lui qui peu à peu me lasse, mais quand j'en aurai marre je me devoilerai a la Mort. Quand j'en aurai assez. Pas maintenant. Pas encore."

Il s'arrêta, mais ne se retourna pas. Il leva la tête, le regard fixant quelque chose au loin, ou bien rien du tout. Lui tournant toujours le dos, il sembla être de pierre pendant quelques instants. Il n'avait plus rien a dire... peut être aurait-il du parler, peut être aurait-il du se retourner, peut être même aurait-il du s'approcher d'elle de nouveau, comprenant qu'elle n'avait pas fini. Mais il n'en fit rien.
La voix faible, rauque et fatiguée de la jument auraient peut être peinés certains. Mais pas lui...

Il se remit en marche, lentement, sans cesser cependant d'écouter la jument.

L'étalon s'était immobilisé, statue de pierre, corps et cœur figés... Il semblait attendre. Quoi ? Que la petite jument reprenne la parole ? Les mots s'étaient usés. Elle n'en voulait plus. Elle n'en avait jamais voulu. Ils s'étaient imposés à elle, se parant, trompeurs, de reflets de soulagements... Que lui avaient-ils apporté ? Colère, Haine, peut-être même un semblant de doutes, qui n'osait pas plus s'approcher...

Déjà, le bai reprenait sa lente marche. Storm ne bougeait pas. Devenue, à son tour, statue. La pluie de la tempête, tourmentée par la douleur, figée par le froid...
Sur son corps, lentement, coulaient des gouttes de sang, formant ensemble de minuscules ruisseaux qui, peu à peu, sa tarirent.
Enfin, la jument bougea. Son antérieur, lourd, lent, se leva, comme épuisé. Storm fit demi-tour. S'éloigna.
Tempête ? Âme damnée ?
Ce n'était plus qu'une ombre aux reflets rougeâtres...