Danser avec la houle (premier post à White Star)

La jument blanche hoche la tête. Oui, c'est exactement ça. Elle avait aimé cette humaine, juste parce qu'elle l'avait elle aussi aimé, mais seulement au début... Oui, a son arrivée, la petite fille qu'elle était l'avait chouchoutée, au point de dormir avec elle dans le box... Mais elle n'était qu'une pouliche. Puis, la petite fille a grandit, et elle l'a oubliée. Elle ne s'en servait que pour s'entraîner, et concourir... Elle ne s'occuper que d'Origamy, quand elle avait fini de travailler White, elle la laissait a un soigneur, qui la pansait. Malgré ça, elle l'a toujours aimé. Mais depuis qu'elle a blessé son ami, c'était fini. Elle l'a détéstait, et elle l'a déteste toujours.
"Oui... Quand j'ai été une petite pouliche, elle m'a aimé... Elle me chouchoutait, et dormait avec moi... Et puis, un jour, elle m'a laissée a une personne pour me débourrer pendant qu'elle montait son Origamy... Et c'est là que j'ai remarquer que je ne comptais pas autant qu'avant pour elle. Mais moi, je l'ai aimé, jusqu'à ce qu'elle le blesse... Je me suis enfuie car c'est a ce moment qu'elle a montrer qu'elle s'occupait aussi de lui pour les compétitions. C'est... Dégoutant."
Sa propriétaire l'avait aimé, lui, et elle avait briser l'amitié qui les unissait, elle et Origamy. A cause de l'argent, et de la compétition. Dégoutant, c'est le bon mot. Elle se souvient de la tête qu'avait fait Origamy quand sa propriétaire lui avait demander de sauter. Il l'avait fait pour elle, et il s'était blessé. Elle l'a laisser dans le box, et c'était occupé d'une autre jument, une jument bai, nommée Unicorne. Elle avait aimé Origamy, et elle l'a oublié. C'est vraimement dégoutant.

Odyssée secoua la tête:

"Quelle drôle de mentalité ont certains humains! Croient-ils donc que nous ne sommes que des objets, comme des piédestaux du haut desquels ils toisent le monde en contrebas, fiers d'être nos propriétaire et de se croire nos maîtres, quand il sont juste les cavaliers que nous tolérons, contraints et forcés? Créatures arrogantes, stupides, que ces primates à peine évolués et qui croient dominer le monde!"

Elle montra les dents:

"Les chevaux ne sont pour eux qu'un objet, un moyen de se glorifier, dans la compétition ou n'importe quoi d'autre! Et quand ils sont blessés, lassés, fatigués, on en change!"

White soupire. C'est tout a fait ça. Elle c'était fait de faux espoirs, en croyant qu'en faisant plaisir a sa propriétaire elle regagnerai son amour. Mais elle ne l'avait traitée que comme une bête de concours. Et ça, c'était horrible. Elle secoue la tête, et va se coller a Origamy. Celui ci lui souffle sur son encolure, avant de dire :
"Tout ça est vrai. Mais le pire; c'est qu'on croit qu'ils nous aime, en nous montrant tout pour nous le faire croire... Mais leurs coeur est de pierre et ce n'est que des faux semblants. Nous ne sommes que des objets pour eux."
Elle regarde son ami, et soupire. C'est exactement ce qu'elle allait dire. Mais en un peu moins long. Elle baisse les yeux, et attend.

Odyssée soupira et vint, compatissante, poser son nez contre l'encolure de White Star, vaine tentative pour remonter le moral à la jeune jument. Puis, la jument grise soupira, avec au fond des yeux gentillesse et compassion, tristesse aussi, une sorte de chagrin et de sympathie:

"Une trahison, quelle qu'elle soit...c'est toujours douloureux. Quand on s'attache aux bipèdes, se rendre compte ensuite qu'ils ne nous voyaient que comme des objets, des moyens de se faire valoir, et des moyens de transport ou de distraction, doit être désagréable, non? C'est comme être trahi par un ami, cheval ou pas..."

La jument grise secoua la queue, agacée par la bêtise des êtres à deux pattes, et désolée pour les deux chevaux qui lui faisaient face, ces deux chevaux qui avaient aimé une propriétaire, une propriétaire les trahissant en les laissant dépérir dès lors qu'ils n'avaient plus pu lui apporter de l'amusement. Qu'était-ce donc, que cette stupide notion de rentabilité? Les chevaux arrivaient à s'entendre avec les autres animaux; les animaux-liés étaient là pour en témoigner...même les léopards et les Thars s'étaient mis d'accord! Alors, pourquoi les hommes étaient-ils incapables de se tenir ainsi? Odyssée posa la question:

"Je me demande pourquoi les hommes n'essayent pas de nouer une relation avec les chevaux? Tous les animaux le font, pourtant...léopards, loups, chevaux, aigles, félins, canidés, reptiles...tous peuvent être amis. Mais les humains n'essayent même pas. Voient-ils ce qu'ils y perdent?"

Elle soupire. Elle en avait passer du temps avec les humains ! Et aucune fois il n'avait manifester l'envi de devenir ami avec les chevaux. Cela la déspère. Elle regarde Origamy, qui la regarde. Elle dit alors :
"Je crois qu'aucun d'entre eux ne pourrai devenir ami avec nous. Ils sont trop idiots pour comprendre. C'est vraiment dommage."

Amigo soupire. Non, il y en avait des humains gentils et respectueux : Il en avait vu. Et ils ne ressemblent pas du tout a ceux qu'on décris White.
"Les humains qui était dans mon centre équestre était vraiment amis avec leurs chevaux. Comme si ils étaient frères. Tenez, un jour j'ai vu une petite fille qui devait avoir douze ans, qui parlait a sa jument, une comtoise. Elle lui murmurait des mots a l'oreille, et la jument lui répondait en lui donnant des coups de tête. Ils avaient l'air vraiment amis."
Il regarde Origamy et Odyssée avant d'ajouter :
"Cette petite fille venait voir sa jument tout les jours. Et le plus étonnant, c'est que même si la jument était blessée, elle venait tout le temps la voir. Je crois qu'il existe très peu d'humains comme ça, mais ils existent."

Odyssée observa Amigo, plutôt dubitative. Des humains, qui ne soient pas ces créatures arrogantes et stupides? La jeune jument secoua la tête:

"D'accord, mais si elle avait douze ans, c'était une petite encore, comme un poulain. Et tous les poulains sont gentils, et s'intéressent au monde et aux gens qui les entourent; ce n'est qu'après qu'ils changent et deviennent, adultes, arrogants comme les membres de leur espèce."

La jument grise s'ébroua:

"Et puis, tu sais, même si ces humains là existent, je n'ai pas envie de les chercher. Les créatures à deux pattes sont versatiles, étranges; je ne comprends pas leurs codes de fonctionnement, et puis...les laisser me diriger? Me mettre une corde autour du cou et une sangle autour du ventre, les laisser me chevaucher, sans plus pouvoir aller nez au vent où je le désire, galoper à toute allure et franchir les obstacles les plus hauts? Devoir aller à pas comptés pour ne pas que ces créatures fragiles et impotentes ne vacillent? Non, ce n'est pas pour moi, cela."

White hoche la tête. Elle est d'accord avec Odyssée. Jamais elle n'acceptera de porter un humain, d'avoir le mors dans la bouche et de sauter des obstacles. Et jamais plus elle ne fera confiance a un humain. Jamais. Ce qui l'étonne le plus dans le récit d'Amigo, c'est le fait que la jument sois blessée et que la petit humaine est avec elle quand même. Elle dit :
"Dit Amigo... C'était quoi qu'elle avait la jument ? Tu as dit qu'elle était blessée. Et comme le sais tu ?"
Elle sentit Origamy lui souffler dans la crinière. Elle le regarde et lui sourit en attendant que quelqu'un parle.

Amigo regarde attentivement Odyssée, puis White Star. Et leur dit :
"Cette jument avais un problème de dos qui ne guérira jamais. Et c'est la petite fille qui me l'a dit."

Odyssée regarda Amigo, qui leur parlait comme s'il désirait leur prouver quelque chose, et la jument grise agita la queue avec un léger sourire:

"Ce qui me conforte dans l'idée que les humains ne naissent pas crétins; ils le deviennent. S'ils prenaient la peine de se servir de leurs têtes, car ce ne sont pas des animaux idiots, ils pourraient aller bien plus que là où ils s'arrêtent, emprisonnés de leurs propres contradictions. Qui sait si cette gamine aurait gardé sa jument, devenue adulte?"

Elle s'ébroua:

"Franchement, se laisser monter par un humain, merci bien! Devoir m'en remettre à lui pour la route que je prends? La vie sauvage est difficile, bien sûr, elle est même dangereuse. Cette Comtoise dont tu parles n'aurait peut-être pas forcément survécu longtemps, sauvage, et chez les humains je vivrais plus vieille que je ne vivrai certainement ici; pourtant, qu'est-ce, cinq, dix ans de plus, pour une vie d'ennui et d'enfermement? Même quand les humains nous aiment, nous vivons dans leur monde. Être libre, être son propre maître, choisir où l'on va et comment, ce qu'on mange, ceux qu'on rencontre, est tellement différent de devoir suivre ce qu'un bipède pense bon pour nous! S'en remettre à un humain, quelle drôle d'idée...ces chevaux ont-ils peur, peur de vivre et de souffrir, pour suivre ainsi une autre espèce prétendant deviner ce qui est bon pour eux?"

Pendant que les deux juments et mon deamon parlait entre eux, j'étais restée silencieuse. Mais je me suis étonnée moi même en ne parlant pas pendant autant de temps. Mais là, j'en avais assez de rester comme ça, debout, a rien faire.
"Désolé de vous interrompre, mais j'aimerai parler un peu. Dites moi, Odyssée, Origamy et White... Ce sont les humains qui vous on fait ses blessures ?"
Je regarde attentivement les multiples bleus sur la croupe de la jument blanche. J'essaye de comprendre comment les humains peuvent faire ces horribles choses aux chevaux... C'est vraiment impossible dans ma tête.

White regarde la yearling qui vient de lui poser une question. Oh oui, c'est les humains qui ont fait ses bleus et ses coupures. Provoqués par les coups de cravaches et les éperons. Elle soupire, puis regarde Origamy. Lui, il a seulement sa jambe blessée. Pourquoi ? Tout simplement parce que leur ancienne propriétaire n’utilisait pas la cravache et les éperons avec lui.
"Et bien oui. Ou du moins la plupart. Car il y a aussi des blessures que je me suis faite en combattant mon père..."
En repensant a ce combat, elle soupire. Oh, quel horrible souvenir c'est ! Elle déteste encore son père. Et tout les étalons, d'ailleurs. Et encore plus les humains...

Odyssée posa son regard sur le jeune cheval. Puis, ses yeux gris glissèrent le long de sa peau fine, sur son poitrail, ses genoux, là où les cicatrices racontaient, pour toujours, ce terrible épisode de sa vie. Les humains, son cavalier, et le craquement de la barrière du corral, et le regard fou d'Aglow Star...La jument pommelée s'ébroua avant de répondre, d'un ton pincé, le regard perdu dans un ailleurs qu'elle était seule à percevoir:

"Oui, les humains...les humains nous ont capturés, Aglow Star et moi. Lorsqu'ils ont prétendu nous enfourcher et nous mettre une selle sur le dos, nous avons tenté de les faire chuter, de les fuir...c'est Aglow Star qui le premier a eu l'idée de foncer vers la barrière entourant le corral; moi, je l'ai suivi mais je suis tombée, d'où ces cicatrices. En tous cas, nous avons réussi à fuir."

Petit sourire de la guerrière, qui agita sa crinière gris perle:

"Enfin, il y a aussi quelques cicatrices qui me viennent de combats...je suis ce qu'on nomme communément une guerrière, ou une bagarreuse, vois-tu? Et comme c'est Stelmaria qui m'a formée, je ne perds que rarement, mais ça ne m'empêche pas de ramasser quelques belles blessures.
Tu as combattu ton père, White?"

Aux paroles d'Odyssée, elle revoit son père, ses yeux pleins de colère, ses antérieurs montés vers le ciel, les oreilles plaqués en arrière, et elle se voit, les yeux pleins de terreur, plantée sur le sol, terrifiée. Pourquoi l'avait t'il attaquer ? Elle ne le saura jamais.
"Oui. Juste après que je me sois enfuie, je suis retournée chercher le troupeau de mes parents. Mais je crois qu'ils m'avaient oubliée... Enfin, mon père. Car ma mère, elle m'a reconnue. Elle c'est précipitée vers moi. Mais mon père... Il m'a attaquée. Il c'est énervé. Comme si... Je n'étais pas sa fille. Et c'est partie en bataille. Je savais que c'était peine perdue. Mais je lui est quand même fait une grosse blessure... Je l'ai mordu au flanc. Par contre, il m'a beaucoup blessé."
Elle désigne la morsure sur son flanc, et les bleus sur sa croupe.

Odyssée arqua le col, très étonnée:

"C'est surprenant comme réaction, car enfin, même s'il ne t'avait pas reconnue, il aurait dû être satisfait d'accueillir une jument de plus dans son harem! Ou bien peut-être que tu portais encore l'odeur des humains, et que c'est ce qui l'a fait réagir vivement? C'est le genre de réaction qu'aurait pu avoir Aglow Star, mais dans son cas, c'est la conséquence de la malédiction de Stelmaria, sa mère...ce sort a fait d'elle une tueuse, mais son fils en subit aussi les conséquences et est sujet à de vraies crises de rages, où il ne reconnaît plus rien ni personne."

Elle secoua pensivement la tête; elle n'oublierait jamais ce jour où elle avait vu son amant, pour la première fois, en proie à une de ces crises. Il ne l'avait pas reconnue, avait manqué l'attaquer, et surtout, c'était aussi le jour où ils avaient été capturés par les humains. Par la suite, dans le corral, Aglow Star avait de nouveau perdu le contrôle de lui-même, et s'il n'avait été saisi de cette rage étrange, sans doutes n'aurait-il pas défoncé la barrière. D'un autre côté, s'il ne l'avait pas fait, ils ne se seraient pas enfuis.
Elle reprit:

"Pour ma part, mon propre père m'a reniée après que j'aie choisi de rejoindre le camp de Stelmaria; il est mort peu après, hélas, comme il a vécu, dans un combat."

(Excuse moi, comment on fais pour installer l'HTML sur un forum ?)

Mais oui, qu'elle est bête... Ça doit être ça. Elle écoute attentivement les paroles d'Odyssée, puis a la fin, elle sentit des picotements sur ses membres. Elle a besoin de bouger... De s'amuser... Les vagues s'agitent, formant un doux bruit qui bourdonne dans les oreilles de la jument blanche. Ce doux bruit, berceuse qui pourrai l'endormir... Elle gratte le sable mouillé, puis lance un regard malicieux a Shiki :
"Tu sais quoi ? J'ai bien envi de galoper. Ça vous dirai de faire un galop ?"
Elle reste un moment immobile, avant de répondre a Odyssée :
"Oh... Ça doit être horrible pour toi de le voir comme ça. Je suis vraiment désolée pour ton père."
Après avoir dit ces mots, elle couche les oreilles en arrière, puis laisse échapper une fine ruade de joie. Après quoi elle remets ses oreilles en avant, et pars au galop dans l'eau, aussitôt suive d'Origamy. Elle hennit, puis se cabre, appelant les autres.

Quand la jument blanche prononce le mot galop, je frémis d'impatience. Suite a quoi je gratte le sable, attendant que les autres chevaux font eux aussi du galop. Quand White et Origamy vont dans l'eau, je les suis, puis joue moi aussi dans l'eau, attendant Odyssée et Shiki.

Shiki pointa vivement les oreilles en avant. Jeune étalon, il avait encore l'ardeur désordonnée des poulains, cette envie irrépressible de bouger, de galoper, bondir et mouvoir son corps déjà vigoureux. Il esquissa une cabrade, soulevant juste assez son avant-main pour que ses antérieurs quittent brièvement le sol, et arqua le col, si bien que sa courte crinière se souleva dans les airs, un instant.

"Oui, un galop!"

A la suite de la jument blanche et de l'étalon pie, Shiki s'élança droit vers les flots. Le soleil commençait à taper dur et un bon bain ne serait pas du luxe, même dans l'eau agitée de la Plage des Tempêtes. Juste à côté de lui, Odyssée sourit gentiment à White Star qui venait de lui présenter ses condoléances:

"Tu sais, je ne le considérais plus comme mon père...mes parents de coeur, ce sont Black et Stelmaria, mon oncle et mon mentor. Black, lui, a pris soin de la jument perdue que j'étais, et Stelmaria m'a enseigné le combat, et donc permis de trouver ma voie."

Sur ces mots, Odyssée bondit à son tour dans un petit saut de mouton et prit le galop jusqu'à l'eau. Joueuse, elle mordilla l'encolure de White, tourbillonnant autour d'elle, tandis que Shiki, à quelques mètres de là, gambadait en éclaboussant à des mètres à la ronde. La robe grise, constellée d'eau et d'écume, de la mer et du fils se mouchetait de noir.

White sourit a la réponse de Shiki. Quand Odyssée lui mordille l'encolure, elle se met a pourchasser la jument pour jouer, et lorsqu'elle l’atteint, elle lui rend la pareille. Après quoi elle s'éloigne un peu pour commencer a jouer de nouveau avec les vagues. Elle frappe l'eau de ses antérieurs, avant de tendre en avant un de ses antérieurs. Elle le repose et fait la même chose avec l'autre antérieur. Avec ce pas espagnol élégant, elle avance lentement et gracieusement. Quand elle en eut assez, elle soulève au dessus de l'eau ses antérieurs et les reposes, et continue ce mouvement une dizaines de fois avant de lever ses antérieurs un peu plus, faisant ainsi une belle courbette. Elle s'amuse, les yeux pétillants de joie, elle s'amuse avec les vagues qui se soulèvent, frappant son poitrail, elle joue avec l'eau, avec les gouttes de cette eau, qui se dépose sur sa robe blanche qui n'est plus si blanche maintenant. Après qu'elle est arrêter de jouer, elle regarde les quatre chevaux et elle part dans un grand galop. Elle lève les yeux vers le ciel, et se cabre. Quand ses postérieurs touchent le sol, elle se roule et repart au galop. C'est une belle journée qui commence...

Odyssée et White Star s’engagèrent dans une sorte de course-poursuite amicale dont le but était juste de se pincer allègrement l’encolure. La jument grise courba soudain son gracieux col, et poussa sur ses postérieurs. S’arrachant à la masse de l’eau en mouvement, elle bondit au-dessus des vagues et retomba dans une gerbe d’éclaboussures, goûtant la fraîcheur de l’eau après la chaleur intense de l’air environnant. Sa crinière sombre plaquée sur son encolure trempée, elle se déchaînait dans les flots, avec un plaisir non feint, heureuse de cette simple activité physique, cette dépense sans enjeux. Elle suivit la jument blanche dans ses gambades, comme une pouliche, bondissant ainsi qu’un jeune cheval. Avait-elle donc des ailes sous les pieds ? Non, simplement des muscles sur les jambes. Col arqué, Odyssée s’écarta des vagues au grand galop, se roula dans le sable et rentra comme une torpille dans l’eau, fendant les déferlante, plus vive que les vagues.
Shiki, qui avait tenté quelques mouvements de nage au large, revint vers eux, la tête affleurant à la surface de l’eau, et galopa aux côtés de White Star. Il s’était bien développé ces derniers temps, et prenait peu à peu l’allure d’un étalon, bien différent du poulain maladroit du début de l’an. L’été de ses trois ans voyait naître un jeune cheval sûr de sa force et plein de potentiel.

Galopant comme une folle les oreilles plaquées en arrière et la crinière volant au gré du vent, elle ne pense plus, tout ce qui compte en ce moment, c'est s'amuser, juste ce faire plaisir. En ce moment qui semble si magique, le temps semble suspendu. Elle sourit, toute contente. Faisant comme si elle est fatiguée, elle se plante immobile dans l'eau, puis elle s'assois. Elle ferme les yeux, profitant du plaisir que lui procure la sensation de l'eau se déposant sur son fil poil blanc, et les vagues l'éclaboussant doucement. Plus loin, ce tient Origamy, qui se contente de galoper en un cercle plutôt large. Elle ouvre un oeil a demi pour l'observer, puis se lève et frappe l'eau d'un de ces antérieurs. L'étalon pie lui adresse un clin d'oeil, vient la voir, et lui murmure a l'oreille un "A bientôt". A ces mots, elle arrête, et observe son ami partir au petit trot, sa bande tenant toujours a moitié sur son membre mais pendant sur le sable. La désagréable odeur de la pommade s'en va en même temps que lui. Quand il eut disparût, elle soupire, et regarde le ciel. Doucement elle prononce les mots :
"Fais attention, avec ta blessure tu n'ira pas loin..."
Une fois ceci fait, elle adresse un mince sourire a Odyssée, cachant en fait ce qu'elle allait faire. Elle est toujours au beau milieu de l'eau, et tout d'un coup, elle part au galop comme si elle se préparait pour un concours, et rassemble ses foulées, exactement comme elle le fait avant un parcours d'obstacle. Elle galope en cercle autour de Gitane, Shiki et Odyssée, et enchaîne plusieurs sauts de mouton plus ou moins larges et hauts, comme si elle faisait un parcours de saut. Au bout de douze sauts, elle s'approche de la jument gris pommelée et lui mordille l'encolure. Après quoi elle s'enfuit et s'éloigne un peu, et prend un trot allongé. Elle s'arrête, s’immobilise, comme si elle était montée et qu'elle participe a un dressage. Après quoi elle enchaîne appuyer, piaffer, pas de côtés, galop, pas, trot allongés, rassemblés, pirouette, terre a terre, courbette, cabré et ruade. Elle mordille de nouveau l'encolure d'un cheval, mais celle de Gitane, et reprend un galop rassemblé, comme si elle devait s’économiser pour un cross. En fait, elle fait un petit concours complet sans cavalier. Et elle fait donc un cross invisible. A la fin, elle mordille l'encolure de Shiki, et rigole. Elle aime faire de gros délire comme ceux là.

Ils en étaient là de leurs jeux, lorsque Origamy s'écarta et choisit de s'éloigner. Shiki, le voyant partir, hésita un instant à le rattraper puis opta pour un simple au-revoir. Le jeune étalon se dressa sur ses postérieurs et agita ses antérieurs en un salut plein de respect et d'exubérance. Il avait encore la grâce juvénile des bébés, mais déjà le combattant perçait sous son corps enfantin. Son encolure s'arquait, ses yeux brillaient de nouvelles flammes; sa queue panachée ondulait dans le vent, et son corps se parait des courbes de l'âge adulte, la musculature roulant sous sa peau de satin. Il était plus étalon que poulain désormais...Shiki inspira brutalement un air semé d'embruns, puis lança un hennissement à Origamy qui partait, pivota sur les hanches et trotta autour de Gitane, altier.
Odyssée sourit quand White Star se mit soudain à dérouler sous leurs yeux une véritable reprise de dressage et de concours complet. La jument grise n'avait jamais pratiqué cette étrange activité mais rien ne l'empêcha de se cabrer et de suivre la jument blanche dans ses évolutions. Elle ajoutait, aux mouvements raffinés de l'art équestre, la vive sauvagerie de l'état de nature, et tournoyait autour de White Star, aussi en forme que n'importe quel athlète équestre malgré son mode de vie rude. La jument grise s'ébroua quand White Star acheva son tour:

"Alors ça c'est ce que tu faisais avec ta cavalière?"

Regard coquin:

"Veux-tu que moi, je te montre ce à quoi je passe mes journées?"

Elle arrête de rire et se roule dans l'eau. Avant de répondre a Odyssée, elle regarde les vagues, et se met a sauter par dessus. Après quelques dizaines de petits sauts, elle regarde la jument grise et lui dit :
"Oui. Elle m'a appris tout ça pour faire des concours. Oh, j'aimerai bien !"
En attendant la réponse, elle se laisse emporter par sa douce envie de galoper, et se cabre avant d'effectuer une petite course de galop toute seule, son hippodrome étant la plage de sable et un rectangle de mer. Galopant ainsi aussi vite qu'elle le peut sur tout cet espace, elle s'amuse en défiant des adversaires invisible qui galopent a ces côtés, essayant de la battre. Se laissant portée par le souffle du vent, elle continue a galoper, ne ce souciant plus si quelqu'un est sur son passage où si une tempête se prépare -ce qui n'est heureusement pas le cas-. Environ vingt minutes plus tard, elle retourne au près de son amie, transpirante, reprenant son souffle. Néanmoins, elle est très contente de s'être défoulée ainsi, ce qui ne lui ai pas arrivée depuis un bon bout de temps. Souriante, elle s'arrête et reprends son souffle tranquillement. Elle repense aux concours qu'elle avais fais, où elle galopais vite pour faire plaisir a sa propriétaire, mais elle n'étais jamais allé aussi vite. C'est une superbe sensation de sentir le vent souffler dans sa crinière, se laisse porter par l'ivresse, tout cela rassembler forme le grand galop, car le triple galop n'existe pas. Ne sachant pas si Odyssée avait répondu, elle dit :
"De quoi ?"
Sachant que si elle n'avait rien dit, elle se ferai passer pour une folle, tarée, dingue ou plein de trucs comme ça. Elle rigole un bon coup et observe l'eau et les vagues.

A son tour, Odyssée se mit à bondir. Sa vie? Le combat et la mort, le galop et les coups! La flèche d'argent qu'elle était devenue se rua au travers des vagues, dans l'eau peu profonde, frappant le sol de ses sabots fins, l'écume jaillissant. Odyssée freina soudain des quatre fers, se cabra, et asséna dans le vide un violent coup de ses antérieurs. Une torsion du corps lui permit de pivoter à demi en retombant, et à leur tour ses postérieurs volèrent vers un ennemi invisible. Un bond des quatre pieds, comme une biche, et l'esquive de la jument sembla un instant de vol, une danse. Oreilles plaquées contre son crâne, Odyssée chargea dans le vide, ses dents claquèrent tandis qu'elle voltait sur ses hanches et frappait derechef, des antérieurs. Comme une étrange danse, elle enchaîna pirouettes et virevoltes, cabrades et ruades, morsures et charges furieuses, toujours sur la pointe des sabots.
C'était comme une danse, une chorégraphie étrange où le moindre faux pas donnerait la mort. un spectacle pour tous, un plaisir pour elle...y manquait cependant la frénésie du sang et de la mort, l'excitante proximité de la Camarde, l'envie de gagner...mais le geste, le beau mouvement fluide du combat, comme une seule expiration, comme un seul geste, était là, qui flottait dans les eaux. Légère, sans cesse en mouvement, agile, Odyssée semblait une danseuse.
Danseuse de mort.

Observant Odyssée faire, elle remarque qu'elle mordait dans le vide, comme si elle se bat contre un adversaire invisible. Ne s'étant battue qu'une seule fois, elle ne sait pas vraiment comment se battre. Je regarde la jument faire ces mouvements, qui sont comme une danse. Je me sens comme hypnotisée par cette danse. Après l'avoir observée, elle rentre dans l'eau, et commence a se détendre en enchaînant plusieurs reprises de dressage qu'elle a apprise. La première, très simple, est composée de quelques cercles, voltes et diagonales, de déplacements de hanches et de transitions multiples. Les autres, plus compliquées, comportent des déplacements latéraux, piaffer, rassembler, croupade, courbette, pirouette, et plein d'autres figures compliquées que sa propriétaire lui avais appris et lui avais expliquer comment enchaîner toutes ses figures pour former une danse silencieuse et magique.
Emportée par ses reprises, elle ne fait que dérouler toute les reprises qu'elle a apprit, mais avec un plaisir total. Continuant de faite des mouvements, elle fermes les yeux, faisant ainsi toutes les figures a l'aveuglette, mais toujours parfaites. Les vagues l'éclaboussant de la gène nullement, et a la fin de toute les reprises, elle ouvre les yeux. Après quoi elle continue a créer elle même une reprise, enchaînant toutes sortes de figures, qu'elle soient simples ou compliquées.
Elle semble si envoûtée par cette danse qu'elle en oublie tout le reste, jusqu'à ce qu'elle remarque qu'elle est dans l'océan, et que de faire des têtes au mur au galop sont un peu compliquées a faire sans mur. Elle tombe alors dans l'eau, après quoi elle éclate de rire. C'est si bon de s'amuser ainsi.

Odyssée finit par s'immobiliser et observer tout ça d'un oeil amusé, en profitant pour apprendre quelques déplacements latéraux et mouvements qui pourraient l'aider en combat...le dressage était une sorte de danse, mais le combat en était une autre, plus violente, plus puissante. Cette jument qui déroulait sa reprise sous ses yeux comprendrait-elle la frénésie du sang et son odeur fade, le plaisir de sentir ses coups porter, la sensation des dents qui pénètrent la chair et l'ardeur de deux combattants enivrés, leurs cris et la douleur, et l'envie de vaincre au point que plus rien d'autre n'existe? Il y avait des chevaux qui n'aimaient pas le combat, elle le savait, le comprenait. Mais elle, c'était la bataille qui faisait battre son coeur.

Toujours couchée dans l'eau, elle observe le ciel. Qu'il est beau... D'un bleu turquoise pur. Elle se lève, s'ébroue, et dit a Odyssée :
"Tu as l'air d'aimer le combat. Je n'ai pratiquement jamais eu a combattre. La seule fois où j'ai du me battre, c'était contre mon père... Et il était tellement furieux que si je ne m'étais pas enfuie je pense qu'il m'aurait tué. Je suis nulle en combat. Je ne sais que mordre, et encore... La plupart du temps, je rate ma cible."
Elle soupire. Le combat, ce n'est pas pour elle. Si elle devrai combattre, elle fera de son mieux. Mais elle ne pense pas gagner. Elle s'ébroue de nouveau, et marche un peu. Après quelques minutes où elle ne fait rien de spécial, elle essaye de croiser ses membres et de marcher comme ça, mais droit. Résultat : Une belle gamelle. De toute façon, elle l'a prévu. En fait, elle aime bien tomber. Sauf, bien sûr, quand elle tombe de haut... C'est une drôle de sensation, surtout dans l'eau. Et dès fois, ça fait même du bien. Quand elle se relève, elle galope un peu, avant de trotter et de repasser au pas, pour se reposer un peu.

We rule the night
Our sacred race was born, we rule the night
Immortal dogs of war, we rule the night
And we stand by the oath we swore
Until the last ones falls, we rule the night

Ten - We rule the Night

Odyssée sourit. Aimer le combat? Elle? Mais comment lui dire...la jument grise arqua pensivement l'encolure avant d'esquisser un sourire, tentant d'expliquer la passion de la bataille à quelqu'un qui ne l'aimait pas.

"C'est plus encore que ça...je ne sais pas si tu peux le comprendre, mais l'ivresse de la bataille est quelque chose d'extrêmement puissant. Comme un tourbillon qui m'emporterait, sans que j'y perde ma lucidité...le combat, c'est un affrontement et plus que cela, c'est une chorégraphie, complexe, improvisée, mais les faux pas y entraînent la mort. C'est le plaisir du geste technique, allié à l'adrénaline qu'instillent les enjeux, au plaisir de sentir la maîtrise de son corps, et la satisfaction d'avoir porté un coup...et pour ceux qui regardent, la beauté des gestes, des mouvements épurés à l'extrême, la fluidité d'un affrontement comme une danse. Et par-dessus tout ça les notions d'honneur, de droiture..."

Elle secoua la tête en souriant. La passion du combat était décidément si difficile à expliquer! Mais elle l'aimait, la bataille, le sang, la mort même...chienne de guerre, elle ne s'amusait jamais autant que face à un adversaire. Puis la jument grise éclata de rire en voyant White Star se casser la figure, et alla tranquillement se rouler dans le sable, pour se détendre un peu.

[Devine quoi, au bivouac j'ai montée une jument qui s'appelle pareil que l'un de tes persos ! Je te laisse deviner...]

Elle écoute attentivement Odyssée. C'est vrai qu'à voir c'est impressionnant. Elle n'a eu a faire qu'une seule fois un combat, donc elle n'a pas eu le temps d'en profiter, de sentir la joie que lui a raconter la jument grise. Elle s'ébroue, et bondis sur ses postérieurs pour passer au galop directement comme lui as appris Origamy. Elle galoper autour de la plage, et observe attentivement Gitane qui fais la folle...

Galoper, je ne fais que ça depuis tout a l'heure. Je vais faire autre chose. Tient, pourquoi pas sauter par dessus les vagues ? Ou les pourchasser ? Même les deux a la fois ? Tient, c'est pas mal ça... Oui, je vais faire ça. Je m'arrête, me cabre et hennis. Lentement, je repose mes antérieurs sur le sol et commence a mordre dans le vide, et a galoper comme pour attaquer les vagues. Quand une atteins mes membres, je saute et lui donne des coups de sabots. Je recommence ainsi, et invite Amigo a me rejoindre.

Ah là là... Mais comment as t'il fait pour tomber sur une folle pareille ? A force de galoper dans tout les sens, la petite yearling arabe l'a écrasé environ une vingtaine de fois. Il se met a la pourchasser pour s'amuser. Quand elle lui fais signe de la tête, il la rejoint et se met lui aussi a mordre les vagues. Une fois, il boit la tasse et s'étouffe presque. Une autre, il tombe a plat ventre. Que c'est bon de s'amuser ainsi !

Observant tranquillement Gitane faire, elle se mit a frémir d'envie. A force de la voir ainsi, White va finir par faire pareil ! N'y résistant plus, elle adresse un sourire a la yearling avant d'attaquer elle aussi les vagues. Elle les remplace dans sa tête par un adversaire invisible, et elle l'attaque, le mordant, lui donnant des coups de sabots, et lui sautant dessus. Elle comprit alors pourquoi Odyssée aime tellement le combat...

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» [END] Si jamais... [Premier post a Pépite d'Or]
» Dans son sillage [Premier post à Moonrise]
» //FINISH// Entre deux (Premier post a Last Chance)
» One evening, a choice and a horse (Premier post a Shadow)