Quel accueil de la part des oiseaux! (libre)

Crash Dive observait une clairière avec circonspection. Planqué entre deux arbres, il écoutait distraitement le gazouillis entêtant des oiseaux en lorgnant pensivement une série d'empreintes dans la terre meuble qui n'était pas envahie d'herbe émeraude. Ces marques étaient bien trop petites pour appartenir à un cheval, et elle avaient un côté anguleux, pointu, qu'il ne connaissait pas. Une extrémité - celle de devant, il en était certain - était même fourchue.
Tout ce que ça lui évoquait, c'était un petit animal trapu et hirsute, mais c'était un effet de son imagination. La clairière était déserte, comme tous les coins de la région qu'il avait eut l'honneur de visiter. Du moins, pour l'instant.
Crash ne voyait aucun danger potentiel, réel ou imaginaire, et il avança donc dans la clairière. Un oiseau inspiré pépilla plus fort sur son passage, semblant lui souhaiter la bienvenue et, chose absurde, l'isabelle le salua d'un petit signe de tête. Le passereau, ravi, s'égosilla de plus belle.
Un timide rayon de soleil tomba sur la robe grisâtre de Crash, lui donnant la fausse impression de le réchauffer. La saison était avare en chaleur et en rayons de soleil, sans parler des deux en même temps, mais le soleil avait toujours un effet positif sur Crash.
Plus l'étalon avançait dans la clairière vers un ruisseau murmurant, plus la lumière dévoilait l'état lamentable de sa robe. Elle était cette fois-ci couverte de poussière grise qu'il avait ramassé on ne sait où, et de longues traînées d'or clair dévoilaient sa véritable couleur là où il avait du se frotter aux troncs ou aux fougères pour se frayer un chemin dans la forêt. Crash Dive était bien plus à l'aise dans les plaines que dans les bois. Question d'habitude, sans doute.
Il se pencha sur le ruisseau et but à longs traits, ses oreilles mobiles ne cessant de tourner dans tous les sens comme pour capter les gazouillements des oiseaux. Il vit sauter sur la rive opposée une grenouille effrayée par sa présence imposante et ne put résister au réflexe puéril de lui envoyer une gerbe d'eau qui dut lui évoquer la fin du monde.
Pauvre batracien, pensa Crash alors que le tsunami refluait. Encore heureux que ces bestioles vivent dans l'eau.
Une fois désaltéré, il se redressa et se secoua vigoureusement, faisant naître autour de lui un nuage de poussière qui dévoila une partie de ses couleurs. Une partie, j'ai dit.
Puis Crash Dive inspecta de nouveau la clairière du regard, notant la présence de petites fleurs multicolore dans l'herbe fournie et sur des buissons qui poussaient le long du ruisseau. Il vit un oiseau bleu prendre son envol d'une branche à l'autre, et une grosse souris passa entre ses sabots en se précipitant vers son trou. Peut-être redoutait-elle son raz-de-marée personnel.
Mis à part ça, pas grand monde.

- Il y a quelqu'un dans le coin? demanda candidement Crash, ses yeux dorés explorant la lisière des arbres.

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(Mais bien sûr, avec joie, ma chère amie ^^ Hem...)

Bien évidement, la voix qui répondit à sa question un peu stupide approchait sous le vent et derrière lui. Crash se retourna d'un bond quand une branche morte craqua dans son dos, un peu surpris que quelqu'un se manifeste.
Il se retrouva face à face avec une pouliche à la robe remarquablement délavée, qui levait sur lui une paire d'yeux bleus.
Crash Dive fut à la fois surpris et amusé de sa réponse. Allons, enfin un poulain qui semblait avoir un peu de suite dans les idées. Il lui fit un vague sourire, se demandant si un adulte ne traînait pas dans les parages pour garder ce petit bout à l'œil.

- Mais bien sûr que tu es douée d'intelligence, fit-il sérieusement, puis son amusement repris le dessus. Du moins, on dirait.

Il se sentait un peu idiot là, acculé au ruisseau sous le regard grave d'une pouliche, prit en flagrant délit infantilisme. Bah, la grenouille lui pardonnerait. Il se demanda ce que la pouliche crème pouvait bien penser de lui, à l'instant.

- Je m'appelle Crash Dive, se présenta-t-il pour sauver les apparences.

L'étalon isabelle suivit son regard vers le ruisseau. Tant pis, elle avait vu son petit jeu avec le batracien... ça lui apprendra à faire l'andouille.
Il jeta à la pouliche un regard en coin faussement inquisiteur, mais ne put retenir longtemps un sourire amusé. Il ne pouvait pas résister longtemps à cette petite cremello. En temps normal, les poulains ne lui inspiraient qu'un vague sentiment d'indifférence, mais cette pouliche semblait radicalement différente. Elle était plus mature, plus au courant des réalités. Sans doute autant que lui-même paraissait, par moment, étrangement gamin.
Pépite d'Or. Crash Dive parcouru rapidement la robe de la pouliche. Ouais, d'accord. Il voyait d'où ça venait, et elle le portait si bien que ça crevait les yeux.
L'étalon prit le temps de s'ébrouer avant de répondre à sa question, un peu intrigué par l'importance qu'elle semblait porter à son clan.

- Je suis du clan du Crépuscule.

Puis, pour ne pas rester en reste et étaler son ignorance, il ajouta:

- Et toi, tu es d'où?

Une énigme... maudit soit le cheval qui a inventé les énigmes! Pourtant, poulain, Crash n'était pas si mauvais à ce jeu.
Il abandonna directement l'idée de faire appel à ses connaissances. Fraîchement débarqué, il ne connaissait aucun autre clan et pas beaucoup d'endroits.
Alors... "J'accompagne la lune pendant la nuit". Un nuage? L'obscurité? La lumière? Une étoile? Non, ce n'était pas la bonne méthode. Il devait considérer l'énigme dans son entièreté avant de pouvoir en dégager quelque chose.
"J'accompagne la lune pendant la nuit, je fais rêver aussi bien les amants que les solitaires, les vieux comme les jeunes. Où que tu sois, la nuit tu peux m'observer. Si tu me voies galoper, tu peux faire un vœux, et seul moi peut décider s'il se réalisera. Avec l'aide de la lune, j'illumine les êtres vivants se déplaçant le nuit, leurs montrant le chemin. Malheureusement, une fois le soleil levé, je dois disparaitre pour mieux revenir une fois le retour triomphale de la nuit...".
Adieu le nuage.
Il s'agissait de toute évidence de quelque chose de nocturne, immuable et lumineux.
Crash cessa de mâchouiller une mèche de crin et eut un sourire satisfait. Il avait trouvé.

- Est-ce que c'est une étoile, ou peut-être une constellation?

Ben oui, même Crash avait raison de temps à autre. Assez satisfait de lui même, il inclina la tête avec une fausse modestie quand elle lui révéla qu'il avait mit le sabot sur la bonne réponse. Comme quoi, même un parfait étranger pouvait apprendre rapidement deux ou trois trucs sur cette terre.
La pouliche n'avait, suivant ses propres dires, rien à lui demander. Pourtant, il y avait un paquet de choses que l'isabelle brûlait de savoir sur son nouveau chez-lui. Bah, il trouverait bien du temps pour ça plus tard. Après tout, rien ne pressait. Du moment qu'il savait dans quoi il s'engageait avant de foncer tête baissée dans les choses sérieuses...
Puis la pouliche cremello lui demanda de lui raconter sa vie. Crash eut une petite grimace comique en se demandant si ça en valait la peine.

- Mon parcours? Alors là, petite, tu vas être sérieusement déçue si tu t'attends à de l'épique.

Il cogita un instant, se demandant s'il n'y avait pas moyen d'en tirer quelque chose d'instructif.

- C'est d'un ordinaire crasse, je te préviens. je peux toujours enjoliver les choses, bien sûr, mais je ne crois pas que mon véritable passé soit attrayant.

Crash Dive regarda avec amusement la petite cremello se débattre avec de la philosophie un tantinet à l'eau de rose. Cette pouliche aurait pu être ridicule à parler et agir comme un adulte, mais ce n'était étrangement pas le cas. Ou alors c'était de sa faute. Crash n'avait jamais beaucoup fréquenté les poulain depuis que son poil d'adulte avait remplacé sa robe duveteuse de foal, et il n'avait qu'une vague idée de leur comportement. Il se basait uniquement sur le peu qu'il savait d'eux: de petites créatures écervelées, mourant de curiosité au moindre frétillement du paysage, sans suite dans les idées, avec peu de conversation et aucun sens du danger. Il se rappelait très clairement être lui-même passé par là, mais ce n'était peut-être pas une phase obligatoire, ou réservée aux plus jeunes.
Par contre, quand Pépite d'Or lui envoya dans les dents le mot mensonge. Crash ne faisait pas l'erreur de se croire immaculé, mais les chevaux de base attendaient généralement un petit moment pour le classer dans la catégorie "à risque". Ou peut-être que les chevaux adultes se réservaient le bénéfice du doute et prêtaient moins attention à ce qui se présentait comme la vérité. Peut-être que leur plus grande expérience leur permettait de prendre du recul.
Crash Dive retint la remarqua acerbe qu'il avait sur la langue. la petite n'avait pas voulu le blesser, alors à quoi bon retourner ses paroles contre elle? Il ne laissa rien paraître de sa rancœur et répondit d'une voix neutre:

- Tu n'es peut-être pas au courant, mais le mensonge est une partie intégrante de la vie sociale. On te ment dès que tu rencontre quelqu'un. Tu peux exiger la vérité mais tu n'es jamais certaine de l'obtenir. Et puis, le mensonge n'est pas toujours néfaste. Souvent, on ne s'en rend même pas compte. Ce n'est pas ça qui va te gâcher la vie.

Pourquoi lui expliquait-il tout ça? Elle était trop jeune pour comprendre. Autant laisser tomber et passer l'éponge. La pouliche avait encore des idéaux et des rêves plein la tête, un peu comme lui. Ils étaient simplement différents, mais ce n'était pas une raison pour compléter son éducation.

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Soudain, un grand vent se leva, une brève rafale qui agita les branches d'arbres avec violence. L'une d'elle se cassa et chuta dans un craquement, tandis que, délogé par la chute du bois, un petit objet brillant rebondissait sur le sol et s'arrêtait un peu plus loin. Etais-ce un de ces objets à trouver pour aider les Ombres envoûtés?

Premier lancer: Crash Dive
Deuxième: Pépite d'Or

Le membre 'Hasard' a effectué l'action suivante : Chercher un objet?

'Vous avez trouvé...' :

Crash Dive n'a rien trouvé.
Pépite d'Or a trouvé des Poils de Léopard Géant.
Si vous avez trouvé quelque chose, allez signaler votre trouvaille ICI.

Crash fit la moue. Oui, bien sûr qu'il comprenait, bien sûr qu'il était trop transparent et qu'il ne faisait que répéter des paroles rabâchées par la moitié de la population adulte du coin.

- Oui, tu peux comprendre, et ça ne m'étonne pas que tu ai déjà vécu des choses difficiles.

Il pensa à lui dire que ça ne s'améliorera pas, pire encore, que tout ce que lui réservait l'avenir était aussi sombre qu'un puits en pleine nuit, mais il regarda les yeux bleus de la pouliche et mit tout ça de côté. Pas besoin de l'inquiéter. Et puis, d'où venait ce soudain discours philosophico-dépressif qui ne lui ressemblait pas du tout? Ce n'est pas parce qu'il la voyait au travers de ses crins noirs que la vie devait s'assombrir.

- Dis-toi simplement que je ne compte pas te mentir, d'accord? Ce sera plus simple.

Il était évident que la petite avait un lourd passé, mais elle ne semblait pas tenir à le lui raconter. Tant mieux. Écouter le malheur des autres quand on ne peut rien faire pour le soulager n'est jamais très agréable, et ce serait pire avec cette petite pouliche aux grands yeux bleus.

- Tu es vraiment sûre que tu veux la vérité? insista-t-il avec un sourire pour la taquiner.

Ah, quel suspens! Et maintenant Pépite d'Or était suspendue à ses lèvres, s'attendant à il ne savait quelle déclaration mirobolante... La pauvre, elle ne savait pas ce qui l'attendait.
Crash rassembla ses pensées, ses souvenirs et tous les trucs et les effets du conteur. Ce n'est pas parce que son histoire manque d'intérêt qu'il ne pouvait pas lui donner un peu de relief!

- Je viens d'un coin de terre loin d'ici. En fait, je viens juste d'arriver ici, c'est dire. Je ne savais pas que cet endroit existait, et pourtant c'est beaucoup plus grand que ma terre natale. Les chevaux de mon troupeau étaient... comment dire... imperméables aux nouveautés. La vie là-bas était aussi ennuyeuse que possible, tu ne peux pas imaginer. Le troupeau restait des jours entiers à se dorer au soleil et à se goinfrer à la même place, en faisant de temps à autres deux ou trois pas quand ils n'avaient plus d'herbe à leur portée. c'était une véritable horreur de grandir là. Je sais bien qu'on dit qu'un poulain a besoin de calme et de stabilité pour bien grandir, mais je trouve que c'est vraiment n'importe quoi. J'étais le seul poulain né cette année là et je n'avait personne avec qui jouer. je m'ennuyait comme un rat mort la majeure partie de la journée, alors j'ai inévitablement commencé à faire des bêtises dès que je me suis éloigné de ma mère.

Crash se tut soudain et regarda Pépite d'Or, se demandant s'il ne se laissait pas emporter par son élan.

- Ça va, petite, tu suis toujours? je dois commencer par le début si je veux garder la cohérence de mon récit, sinon je vais partir dans tous les sens et me laisser entraîner par mon enthousiasme.

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- Je te demandais si tu suivait parce que j'ai tendance à me laisser parfois emporter. Ça peut être difficile de raconter quelque chose à quelqu'un qui n'a pas vécu la même chose parce que tu ne peux jamais savoir si il sait de quoi tu parles.

Crash Dive hésita un instant à lui demander d'où elle venait, elle, avant de reprendre son récit, mais il se rappela à temps que la petite cremello ne tenait peut-être pas à en parler. Ils avaient tout leur temps pour faire connaissance, ce n'est pas comme si quelque chose les pressait.
Puis Crash reprit le fil de son récit et ne put retenir un sourire devant le commentaire de la pouliche. Elle avait une assez bonne vison des choses.

- Mourraient d'ennui et de vieillesse, oui. Je ne pense pas en avoir connu un seul qui ne serait pas mort de... son plein gré, si je puis dire. Non pas que j'aurais aimé que ça soit différent, mais, dans ce troupeau, l'ennui était vraiment mortel.

Le jeune étalon mâchouilla une poignée de crins qui lui tombaient le long du chanfrein avant de continuer, rassemblant les souvenirs de ses exploits passés.

- Je ne sais pas si tu es au courant, mais le désœuvrement est une constante source d'inspiration pour les poulains. Je me rappelle clairement avoir un jour escaladé la falaise. L'une des prairies du troupeau était dominé par une falaise de taille modeste, assez facile à escalader. Je voulais voir la vue de là-haut. J'étais presque arrivé au-dessus de la falaise quand un rocher énorme a glissé sous mes pieds et est tombé à quelques pas de mon père, dans la prairie.

L'isabelle eut de la peine à retenir un fou rire en se rappelant son exploit.

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- Et bien, tu as assez bien vu, je me suis fait passer un sacré savon. J'ai bien essayé d'expliquer que ce n'était pas ma faute si ce bête rocher était tombé presque tout seul, mais personne ne m'a cru. Peut-être que je ne me suis pas montré assez convainquant.

Crash ne remarqua pas le trouble de la petite pouliche. Comment aurait-il pu deviner, alors qu'il ne connaissait d'elle que le nom? Comment aurait-il pu imaginer ce qu'elle avait vécu, alors que leurs enfances avaient été si différentes?
L'isabelle n'avait aucune idée de ce qui se passait dans la tête de la jeune palomino, il se contentait de lui raconter son enfance du mieux qu'il le pouvait.
Il était bien trop plongé dans ses souvenirs et le mélange hautement instable que forment un poulain désœuvré et un environnement riche en découvertes.

- Je me suis tenu à carreau pendant quelques jours, mais je n'ai pas su tenir longtemps. J'avais repéré une famille de castors qui construisait un barrage sur un gros ruisseau. Je l'ai ai observé pendant un petit moment, puis je me suis dire que je pouvait construire un barrage moi aussi. J'ai essayé mais, comme tu peux t'en douter, je ne suis arrivé à rien. Alors j'ai passé deux semaines à creuser une tranchée à côté du ruisseau. Je ne me rappelle plus exactement ce que je voulais en faire. C'était peut-être juste pour le simple plaisir de me salir.

Crash Dive s'interrompit et baissa les yeux sur sa robe. Comme d'habitude, elle était couverte de saleté et maculée de poussière.
Il lança un clin d'œil complice à Pépite d'Or qui, avec sa perspicacité inappropriée à son jeune âge, n'avait pas pu rater son état.

- Comme tu peux le voir, ça ne m'est toujours pas passé. Enfin, bref. J'avais une incapacité chronique à creuser droit et, comme le ruisseau ne coulait pas droit non plus, ma tranchée a presque aboutit dans le ruisseau, au-dessus du barrage des castors. Ma mère m'a arrêté avant que je ne détourne le ruisseau et, accessoirement, inonde la vallée avec ma tranchée.

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