I'm Crazy [Libre]

I'm Crazy
○Black Hole
I'm crazy
But you do not see
I'm crazy
But you do not know
I'm crazy
But you do not understand

In my madness
I learned you're
In my madness
I loved you
In my madness
I keep looking for you
In my madness
I promise I'll get you

Je suis fou? Comment le sais-tu? Tu ne peux pas le savoir, il faudrait sonder mon esprit, mais celà t'es impossible. Qui suis-je? Et toi? Devrai-je t'avouer ma démence? Devrai-je te dire que je les entends? Devrai-je t'avouer qu'il me cherche? Mais si je te dits ça, je te rassurerai en te promettant qu'ils ne m'auront pas... Jamais. Et je peux te promettre par la même occasion que je te retrouverai, que sans moi, tu n'iras pas loin... Attends moi! Tu sais très bien que n'importe où, je te retrouverai... Je t'aurai, je te le promet, je te le jure... On se retrouvera!
Au milieu de cette étendue immaculée, un point sombre se déplaçait. L'allure non-chalente, il marchait l'encolure basse, la queue pendante. On pouvait facilement apercevoir le sillage de ses côtes. Pourtant, face à cet étalon famélique, ou pouvait déceler quelque chose de menaçant, de puissant. L'esquisse de son geste était vive, assurée. Mais comment osait-il s'aventurer dans ces lieux hostiles dans cet état pitoyable? Folie, surplus de courage? Insolence. Il se moquait de bien des choses, notament de son apparence. On aurait put le croire abattu, fatigué, il était tout l'inverse.
Devant ce désert blanc, il ne put résister à la tentation qui s'agrippait à lui: il redressa l'encolure, pointant ses oreilles en avant, sa queue adopta un mouvement de gauche à droite nerveux, ses muscles tressaillirent. Paré tel un fauve qui va à l'affrontement, il laissa libre court à ses membres...
Il avançait tel une flèche, animal divin sculpté dans le plus noir des diamants. Il s'ennivrait du vent qui lui cingler le visage, il savourait ce léger picotement aux bronches.

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Fou? Fou? Comment peux-tu me juger, toi qui ne me connais pas, comment peux-tu me regarder avec cette lueur de désapprobation dans les yeux? Que deviendrais-tu si tu avais connu ce que j'ai connu, qui serais-tu? Fou, oui, je le suis. Je le suis mais, et c'est là l'horreur, je ne le suis pas toujours et quelquefois, je m'aperçois de ma propre folie. Connais-tu cela, toi qui me juges, connais-tu cette terreur qu'on a à se sentir devenir quelqu'un dont le jugement n'est pas sûr? Je ne peux avoir confiance en nul autre que moi, qu'est ce que je serais si, en moi-même, je ne peux même plus croire? Sayonara, ma compagne, Fidèle, mon fils, mort comme ma mère et mon père, tués par des chevaux jaloux, par des animaux de mon propre Clan, auxquels j'avais pardonné une fois. J'ai voulu les tuer. Mon ami, le vieux chef, si sage, a voulu m'en empêcher. Aveuglé par ma fureur et ma souffrance, je l'ai tué lui aussi. Comment ne pas s'en vouloir? En devenant un autre. Comment venger toutes ces morts? En tuant sans cesse. J'ai voulu essayer de servir le bonheur. Il m'a mis à genoux.
Désormais, je servirai la Haine.

C'est au grand galop que l'étalon crème bondit dans la neige qui recouvrait le Désert blanc. L'hiver approchait et, sur les terres du Clan de Glace, un manteau blanc uniforme recouvrait tout. Un poète se serait extasié devant la splendeur du paysage, un rêveur y aurait laissé courir ses pensées. Mais Vent Glacé n'était ni rêveur, ni poète. Il était tueur. Shikaku.
L'étalon crème accéléra encore, porté par ses longues jambes solides de pur-sang. Il avait l'allure de ces immenses chevaux des plaines de l'Est, longs, osseux, se contentant de peu mais résistants et rapides, altiers. Sa robe était constellée de cicatrices, ses crins éméchés et ébouriffés, sa musculature apparente sur un corps maigre. Une lueur de folie dansait dans son regard, révélant que la santé mentale de l'étalon n'était pas au beau fixe. Mais il s'en fichait. Il n'en avait rien à faire. Désormais, son monde était effondré, ses proches morts et il vivrait pour le combat et la mort, comme ces chevaux dont il avait rejoint le groupe, les Shikaku.
Face à lui, en galopant, venait un étalon noir comme le jais, noir comme une statue d'ébène. Surprise, Vent Glacé ralentit et posa ses yeux d'azur sur le nouveau venu. Puis s'avança vers lui. Il le connaissait. C'était un Shikaku, comme lui, et l'étalon crème s'arrêta. Non pas pour le saluer. Les convenances, il s'en moquait. Ni pour savoir ce que faisait là le cheval. Il n'en avait rien à faire. Non, juste parce que, eh bien, il avait envie de s'arrêter, quelle question idiote.

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Regard d'ombre contre yeux d'azur, nuit contre jour, soleil contre lune, mais la même folie dans leurs yeux. Robe crème contre pelage noir, encre contre eau claire, mais les mêmes cicatrices sur leurs corps de combattants. Ce cheval face à Vent Glacé lui était différent, aussi différent que peuvent l'être deux chevaux, pourtant ils se rejoignaient dans la même folie, le même goût du mal et de la haine, la même envie de faire couler le sang, par jeu, ou comme pour une vengeance jamais assouvie. Frères de coeur à défaut de sang.
Sans quitter le Shikaku -il le reconnaissait comme tel- des yeux, Vent Glacé eut un rapide hochement de tête, bien loin des cérémonieux saluts de certains. Il ne connaissait plus la cérémonie et la politesse ne lui plaisait pas plus que la diplomatie. A quoi bon? La cérémonie est pour ceux qui ne veulent pas se faire d'ennemis. Lui il était entouré d'ennemis et les seuls qui ne le soient pas étaient les Shikaku.
D'un ton calme, il se présenta:

"Vent Glacé."

Ce que Black Hole déchiffrait dans les yeux azurs de l'entier crème lui plaisait. Cette flamme sans cesse balayée par un vent inconnu; oui, de la voir danser dans le regard d'un autre lui était passionant.
Bien que l'entier noir ne prêtai aucune attention à son physique, il remarqua néanmoins cette opposition de robes. Mais également celle de leur regard. Black Hole était taillé dans un diamant noir, ou plutôt, il avait emprisonné la nuit en lui. Il y avait juste cette pelote blanche sur son front. Cette tache immaculée qu'il avait tant méprisé. Il ne l'avait pas aimé, elle lui avait semblé trop claire; mais au fil du temps, il s'était rendu compte que ce point blanc pouvait induire en erreur ses interlocuteurs qui devenaient; pour quelques uns, ses victimes.
Vent Glacé, d'après sa brève présentation, possédait une robe claire, mais les vestiges de combats passés y régnaient.
Black Hole aurait pu se perdre dans le déchiffrement de ses multiples traits d'aciers, il ne se souvenait déjà plus de toutes les origines des siens, alors se soucier de celles des autres...
Cet étalon était un combattant, un Shikaku; il n'en fallait pas plus à l'animal noir.
"Black Hole."
laissa-t-il échapper de sa voix suave, sans bouger sa tête, laissant son regard se promener dans celui de Vent Glacé.

Vent Glacé le fixa, tout d'abord sans un mot. La folie qui tournoyait en lui, qui brouillait ses pensées et son être, ne le prédisposait pas réellement au commerce des autres, pourtant il était étrangement saisi par cet étalon. Il connaissait et acceptait, peu à peu, sa folie, malgré quelques moments de rébellion, mais la lire dans d'autres yeux que les siens l'aidait à trouver du plaisir dans cette étrange façon d'être. Se cabrant à demi, l'étalon crème fit volte-face, partit au trot, arqua le col. Se dépenser, courir, sauter, bondir, laisser ses membres le porter dans une débauche de vitesse et de force...quoi de mieux?
Quoi de plus plaisant? A part de faire couler le sang?
Le faire avec un autre...Avec un hennissement à la fois rauque et sauvage, Vent Glacé bondit en avant et partit à toute allure, conviant l'étalon noir à une cavalcade sur le sol gelé, une course enivrante non pas par le plaisir du vent mais par la rage qui pulsait en eux. Une course, un jeu brutal d'étalons, peut-être un combat, toutes ces choses dont se méfient les autres chevaux mais qui scellent des liens chez les Shikaku...

Il aurait pu rester pendant longtemps immobile, à contempler cet étalon crème, ce combattant, cet écorché vif. Oui, cet animal fou, tout comme lui, avait quelque chose en plus, quelque chose qui ressortait aux yeux de Black Hole. Qu'il ai souffert ou non, celà ne changeait rien au fait qu'il n'aie tous deux pas le même bagage de vie, mais quelque chose en eux construisait un lien, comme tous ces Shikaku. Etait-ce la folie qui les rendait un?
Où peut-être cette autre chose, plus puissante et plus belle... Mais comment décrire, avec nos mots, ce que ces animaux éprouvaient? C'était au-dessus du connu, de l'exploré, c'était ces choses sombres qu'on ne comprend pas. Ces animaux n'appartenaient à rien, à personne. Ni même à la vie, ni même à la Mort. Ils venaient d'ailleurs, ils étaient les fils d'un passé trop énorme à supporter, et pourtant, ils avaient survécu... Où avait-il trouver cette force de garder la tête haute? Dans la Folie? Et si cette 'force' venait d'autre part, si ce que les autres appelaient 'Folie' était en fait puissance mystérieuse et mistique venue de loin?
Quoi qu'il en soit, Black Hole s'élança à la suite de cet animal, savourant cette force qui s'émanait de leur corps, aimant par avance les jeux qu'ils allaient partager.