Le retrouver? [Odyssée]

C'était le matin, très tôt, le soleil se levait à peine et baignait la plage de ses somptueuses couleurs rouge et orange. Un soleil de feu, de sang. Le vent balayait sans cesse la plage, le sable volait en petit tourbillon puis allait couler au fond de la mer...

Une jument marchait pourtant sur cette plage, de taille moyenne, l'esprit ailleurs. Elle s'arrêta un instant, fixa le lointain, les couleurs rouges du soleil se reflétaient sur sa robe claire. Elle avait le regard triste, une étincelle de nostalgie animait son regard. Elle se sentait seule, abandonnée de tous. Elle ne put s'empêcher de laisser échapper un long soupir de désarroi, une larme coula le long de sa joue. Mais pourquoi était-elle si triste ? Elle était libre, devant un magnifique spectacle, visitant de nouveaux horizons. Mais Il lui manquait plus que tout, Il était son sien et sans Lui elle ne pouvait imaginer vivre. Vivait-il aussi ici, sur cet immense territoire?
"Pourquoi tu n'es pas là ?"
Sans le faire exprès, elle avait lâché cette phrase d'un bloc, mais elle savait où du moins elle espérait que personne ne l'ai entandu... A part lui, son ami, son amant...

"Les absents ne donnent jamais les raisons de leur absence..."

La voix, douce, paisible, avait retenti derrière la jument grise. Elle provenait d'une femelle de taille moyenne également, aux traits fins des pur-sangs d'Orient, aux oreilles petites et mobiles, aux grands naseaux ourlés, aux yeux gris acier. Sa robe, luisante, qui s'affinait après l'épais pelage d'hiver, était d'une couleur peu commune puisqu'argentée, nuances moirées tachées de pommelures de neige. Ses crins, longs et fins, d'une teinte gris perle, ondulaient au fil de ses mouvements lents et précis.
Fine et gracieuse, l'intrépide guerrière et solitaire qu'était Odyssée avait cependant gagné un peu de prudence ces derniers temps, du fait de son poulain. Cette vie qui grandissait à l'abri de ses flancs arrondis, son petit, héritier de la lignée des Thars, fruit de son amour pour Aglow Star, son poulain quoi! Elle aurait fait n'importe quoi pour le défendre, l'instinct maternel, qu'elle ne se connaissait pas et qui s'éveillait désormais, aidant. Elle aurait même affronté une horde de léopards. Et elle aurait gagné!
La jeune femelle s'avança vers son homologue esseulée, d'un pas souple et agile. De petits tourbillons de sable s'élevaient sous ses sabots noirs. Arrivée devant l'inconnue, elle s'inclina avec autant que grâce que son état le lui permettait, puis demanda d'une voix aux tonalités toujours aussi délicates, héritage de sa mère, la diplomate Liberty:

"Je suis Odyssée. Et toi?"

Elle sourit à la jument avant de reprendre:

"Et qui est cet inconnu, dont tu demandes les raisons de l'absence? Un frère? Un ami? Ou...un amant?

Mon compagnon aussi, est éloigné en ce moment. Mais nous y sommes habitués l'un et l'autre et tout ce que je souhaite, c'est qu'il soit là lorsque naîtra notre poulain."

Quand Gaïa entendit une voix derrière elle, aussi douce soit-elle, elle ne put s'empêcher de sursauter. Elle se retourna, lantement. Quand elle aperçu la jument, pendant un cours instant elle cru voir son reflet. Mais non, la jument qui se tenait devant elle était visiblement plus sombre. Elle répondit d'une voix harmonieuse.
"Oui malheureusement..."

Lune Noire remarqua que les flancs de la jument était légérement, très légérement bombés. Cette dernière effectua un magnifique salut. Gaïa y répondit, elle effectua un geste gracieux, allongeant son antérieur le plus loin possible, sa cicatrice épousant parfaitement la forme de son épaule. Elle se releva, et continua de cette voix claire:
"Enchantée Odyssée, mon nom est Gaïa."

Malgrès tous ses efforts, Gaïa ne réussissa pas à esquisser le moindre soupçon de sourire.
"Cet inconnu se nomme Zénith, c'est un lieutenant et je le cherche depuis... Trop longtemps déjà. Il est tout pour moi: mon meilleur ami mais en même temps mon amant. Félicitation pour le futur poulain; j'aimerai tellement en avoir un..."

Elle ne put s'empecher de lâcher un soupire, son regard se perdit au loin, Zénith l'entendait-il?

Odyssée hocha la tête:

"Ce serait tellement plus simple, en effet...on éviterait les questions, les interrogations et tous les regrets, les peurs..."

Face à Odyssée, la jument, visiblement proche de son âge, s'inclina avec grâce. C'est alors que la solitaire remarqua une impressionnante cicatrice sur l'épaule de la dénommée Gaïe, une cicatrice aussi impressionnante que celles, d'un blanc argenté, qui balayaient le poitrail, le flanc gauche et les deux genoux de la guerrière argentée, vestiges des sévices subis sous le joug des hommes.
Odyssée sourit:

"Ravie de te connaître, Gaïa."

Puis la solitaire pointa une oreille et agita la queue, d'un air intéressé. Elle avait parlé avec Black récemment, au delà des ragots et des inévitables félicitations, son oncle et père de cœur lui avait confié quelques nouvelles, surprenantes, déstabilisantes. Dont une...

"Zénith, dis-tu? Mon père -c'était vrai après tout, il était bien son père par l'âme- m'a parlé d'un étalon portant ce nom. Il est récemment arrivé ici, et a occupé le poste de chef du Clan du Crépuscule, prenant la place laissée vacante par Hell Demon. Ton amant est bien un étalon dans les tons alezan brûlé? Si oui, tu le trouveras probablement sur les terres du Crépuscule."

La jument grise balança la queue, avant d'esquisser un sourire en réponse aux félicitations de la jument. Oui, félicité, tel était bien le mot qui désignait ce qu'elle vivait. Il y a quelque chose d'exaltant à être mère...la solitaire jeta un regard vers son ventre rond avant de répondre:

"Merci!
Tu sais, ça viendra, un jour ou l'autre, quand tu auras retrouvé Zénith...si toi tu t'y sens prête, attends qu'il le soit aussi, et ça ne fera que resserrer vos liens."

Tellement plus simple, des mots que Gaïa ne connaissait plus, même simple, elle ne savait plus ce que cela voulait dire.
"Notre vie sera toujours pleine de regrets, quoi qu'il arrive..."
Elle n'était pas de bonne humeur, mais elle se reprit, elle ne voulait pas déteindre sur la belle jument qui allait bientôt devenir maman. Elle regarda la jument, aperçu ses cicatrices mais ne lui posa aucune question. On a le droit de garder des secrets.
"Moi aussi."
Elle sursauta à l'annonce de la jument: Chef de Clan?! Il était lieutenant mais... Avec la trmape de cet étalon qu'était son amant, elle finit par se dire que cela était possible.
"Oui il est alezan brûlé, il possède une magnifique crinière blanche et..."
C'était décidémment trop beau!Elle réussissa enfin à lacher un sourire, découvrant toute ses dents.
"J'aimerais tellement en avoir un mais lui? Je verrais bien..."

Odyssée acquiesça:

"Oui, elle le sera toujours...ce sont les regrets qui construisent une vie et la déterminent, quand on y pense. Mais jamais je ne les laisserai m'enfermer dans une vie étriquée."

Odyssée sentait tout autant l'humeur morose de son vis à vis que son regard, posé sur les cicatrices qui constellaient sa robe luisante. La jument d'argent se décida à fournir une explication à Gaïa:

"Ces cicatrices sont les vestiges d'une capture. J'ai été prise par les humains, un jour ils m'ont mis une selle sur le dos et m'ont lâché dans un corral avec un cavalier, Aglow Star devant moi. Lui est devenu...fou, en fait, il s'agit d'un vestige de la malédiction de sa mère, en tous cas il a foncé vers la barrière et je l'ai suivi. Il a fini par virer, mais, mon cavalier me tordant le col en tirant sur ma bouche, je n'ai pas pu réagir et j'ai heurté de plein fouet la barrière, qui s'est brisée en ouvrant mon poitrail. La rudesse de ma chute a également abîmé mes genoux, et l'étrier s'est enfoncé dans mon flanc au point de le blesser. Les plaies ont heureusement fini par guérir, et ne nous ont pas empêché de fuir."

Ce qu'elle n'ajouta pas, c'est que d'autres plaies, elles ne, guériraient pas. Elle ressentirait toujours la peur et la haine de cette course folle chaque fois qu'elle verrait un humain, chaque fois qu'elle s'approcherait du ranch, et ceci jusqu'à la fin de sa vie.
Odyssée poursuivit:

"Alors c'est bien lui, le nouveau chef du Clan du Crépuscule. Quant au poulain...oui, tu le verras bien."

"Tu as de la chance de réussir à t'en libérer, ce n'est pas le cas de tout le monde..."
Elle ne visait personne en particulier enfin si, elle se visait elle, et elle se touchait, peut à peu se couler.

L'Homme être cruel, malattentionné, maladroit... Ses cicatrices à elle, elles l'étouffaient... Elles étaient des marques indélibiles de... de son passé. Mais elle ne voulait pas oublier son passé car cela signifiait tout oublier par conséquant Zénith y passerai aussi... Elle ne prononça donc mots.
"Chef, qui aurait pu l'imaginer?"

Odyssée hocha la tête:

"Chacun s'arrange comme il veut avec ses souvenirs, ses regrets et ses éventuelles culpabilités..."

Touché coulé...la jument grise visait-elle quelqu'un en disant cela? Elle-même, qui sait? On sentait un léger dépit dans ses mots pourtant amicaux et sans double sens. Odyssée releva tout ça mais se garda bien de faire la moindre remarque à ce sujet, l'extravertie solitaire savait aussi faire preuve de tact.
La future mère apprécia grandement la discrétion de Gaïa, qui ne fit aucune remarque au sujet de son emprisonnement chez les humains. Cette cicatrice-là la faisait toujours souffrir. Jamais, plus jamais, elle ne se laisserait enfermer, au prix de sa vie, et jamais, jamais son petit ne pourrait approcher les hommes. Ils étaient bien trop cruel, dangereux, oublieux de la nature, leur mère, et irrespectueux envers les autres créatures vivantes.
Odyssée répondit:

"Je ne le connais pas, je ne peux donc pas te répondre mais...c'est si surprenant que ça? Pourquoi donc? Zénith n'a pas la trempe d'un chef?"

Ses souvenirs, encore quelque chose que Gaïa voulait laisser loin d'elle, tout derrière. Les hommes, Gaïa avait eu la chance de ne jamais les rencontrer, mais elle pouvait imaginer la souffrance que devait ressentir Odyssée à ces souvenirs. Souvant, les cicatrices se referment rapidement mais la séquelle morale qu'elle entraîne mais beaucoup, beaucoup plus longtemps à se refermer, si elle se referme un jour.
"Si bien sûr, mais son père ne le destinnait pas à se poste..."

Et c'est sans doute à cause de ça qu'elle l'avait perdu de vue, et qu'elle portait une magnifique cicatrice qui la suivrait jusqu'à le fin de sa vie, et même dans sa tombe elle serait toujours là.

Odyssée, elle aussi, aurait aimé laisser certains souvenirs derrière elle. Sa solitude lorsque, bébé, elle était délaissée par sa mère trop préoccupée de son Clan, sa colère de voir Liberty l'utiliser comme un objet, un podium, une médaille, un objet de fierté pour elle, le Chef, sa peur des hommes et la douleur de voir la malédiction qui tenait son amant en ses griffes, vestige de la Jument Rouge, et quelques autres résurgences de son passé guère plaisantes. Mais il y avait aussi des souvenirs qu'elle chérissait comme tout l'or du monde. Ses séances d'entraînement avec Stelmaria, la complicité de l'apprentie et mentor devenues mère et fille, les rires et les courses avec son oncle Black, les discussions avec ses amis, Lime Day ou Try To Remember, une certaine scène, auprès d'Aglow Star, au bord d'une rivière paisible, non pas leur première rencontre mais leur aveu mutuel, après des mois entiers d'ambiguïté, et le bonheur ruisselant comme de l'eau sur son cœur, les rencontres avec son amant, leurs danses et leurs jeux, les câlineries aussi, les taquineries de Stelmaria et les gambades avec son mentor...
La jument argentée hocha la tête et répondit:

"Mon oncle, Black, n'était pas destiné lui non plus à devenir chef par son père...mais jamais il n'aurait su obéir, et Sable Noir ne tolérait pas la présence de solitaires. Et pour ne pas obéir tout en n'étant pas solitaire...il faut devenir chef. Il ne voulait pas du pouvoir à l'origine."

Malheuresement avec les souvenirs, on oubli ceux qu'on aimerait garder et on gerde ceux qu'on aimerait oublier. Mais la vie est injuste, dure, intolérente. La vie pour certains n'est que misère, désolation, souffrance. Gaïa, elle avait eu la chance d'avoir, avant LA nuit, une vie heureuse, pleine de joie et de gaité, une vie où chaque matin elle était heureuse de se réveiller, de voir les oiseaux chanter. Mais un soir, toute sa vie avait basculé, en à peine une fraction de seconde, en à peine un assaut, elle avait pourtant essayé de répliquer, trop tard, une bande d'étalons se jetait déjà sur la jument, prise au piège...
"Zénith, quand il était poulain écoutait son père et lui obéissait au doigt et à l'oeil, il voulait aider son frère dans la dure tache qui l'attendait, trop dure pour ce stupid animal. C'est à trois ans que les choses ont commencées à se corser..."

Et tout ça, la jument le savait, elle avait vécu, vu tout ça. Car effectivement, dès ses 1 an elle avait cotoyé tous les jours son meilleur ami et futur amant.

Odyssée hocha la tête:

"Black faisait de même...il en parle peu, mais lui et Sun Star étaient amis, unis comme les doigts de la mains, complices comme le sont deux jumeaux. Ils jouaient beaucoup ensembles, mais seuls, car leurs parents devaient prendre soin du royaume. Et puis Black s'est vu reléguer par son père au rang de sous-fifre de Sun Star. Il n'en a conçu nulle jalousie, simplement il a annoncé à son frère qu'il partait, ne pouvant se résoudre à obéir. Tandis qu'il vivait loin de Wild Horses son père a envoyé une troupe de guerriers avec pour ordre de le ramener...ou de le tuer. C'est lui qui les a tués. Plus tard, à son retour, il s'est aperçu que Sable Noir avait convaincu Sun Star de la justesse de ses vues et que son propre frère était prêt à le trahir. Ils se sont battus...et tu connais la suite.
Je dois dire aussi que Black était déjà déterminé à lutter contre son père. Le soir de la mort de Devil il s'est jeté dans la bataille et l'étalon d'ombre l'a épargné, lui qui n'était alors qu'un poulain. Sable Noir a usé du moment où Devil fit face à Black pour le frapper dans le dos et le tuer. Plus tard Black et Devil, agonisant, ont parlé...personne ne sait ce qui s'est dit, mais Black, à compter de ce jour, a cherché et cherche encore à venger Devil. D'ailleurs son meilleur ami, Equinox, est fils de Devil.

Pourquoi est ce que ça s'est gâté avec Zénith?"

Gaïa écoutait le récit d'Odyssée, interessée par l'histoire, certe triste, mais qui lui avait appris certains nombres de choses. Elle réfléchissa un instant à la question de la jument: Pourquoi? Tout simplement parce que BlackBird, le frère de Zénith, était un incapable.

"Et bien, le jour des 4 ans de BlackBird et des trois de Zénith, ils se sont battus, comme bien souvant, mais encore une fois de façon amicale sous le regard attentif de leur père. Et encore une fois au bout de quelques dizaines de minutes, BlackBird a dit qu'il se sentait fatigué. Ce qui commençait a agacer Zénith et son père. C'est à ce moment précis que Zénith a commencé à douter des compétences de son frère quand à la future place de Chef de Clan. Mais lui Zénith, le second n'avait qu'à se taire..."

Et elle avait assisté à ce combat, que Zénith avait remporté haut la main une énième fois, comme tous les combats qu'il avait mené jusqu'ici.

Odyssée hocha la tête:

"Je crois que le droit d'aînesse et les traditions ont posé plus de problèmes aux étalons que n'importe quel ennemi...on ne devrait pas attribuer les rangs à un cheval selon son ordre de naissance mais selon ses compétences...d'autant plus que, j'imagine, ce BlackBird est devenu roi, du coup?
Pour mon oncle le problème ne s'est pas posé là, mais dans le fait que Black n'aspirait qu'à la liberté, et que Sable Noir ne tolérait pas un seul solitaire sur ses terres. Qui n'est pas avec moi est contre moi...Donc, si son propre fils refusait d'aider son aîné, son futur roi, en tant que lieutenant, et devenait solitaire! Black n'avait plus que deux choix dès lors. Quitter Wild Horses à tout jamais -du moins jusqu'à la mort de son père- ou bien tuer son frère. Un sacré dilemme, non?"

Elle soupira. Elle ne savait de son oncle que les bribes qu'il laissait échapper lorsqu'il était en veine de confidences et les allusions fines de son mentor Stelmaria. Black était noir, aussi sombre et silencieux que la nuit dont il était le fils...

"Effectivement, ça en aura liquidé plus d'un. Et oui, BlackBird est devenu Roi, mais heureusement que Zénith était là pour le seconder, mais ce qui devait arriver est arrivé, on ne peut que reculer le destin, jamais le changer l'annuler.
Ca à du être dur pour Black, son père avait une sacré politique..."

Gaïa s'imaginait ce qu'avait du vivre Black...

[Dsl plus d'imspi...]

"Je crois que oui, mais il n'en parle pas vraiment."

Odyssée hocha ensuite la tête puis répliqua:

"Je me refuse à croire au destin, imaginer une force invisible qui guide mes pas est si insupportable pour moi...je ne veux pas qu'on décide de ma vie à ma place, je veux la bâtir par des choix. Et j'aimerais que lui aussi."

Elle désigna d'un geste rapide ses flancs ronds, puis reprit:

"Il est cependant vrai que, lorsqu'on regarde en arrière, parfois, l'on s'aperçoit que certaines choses étaient inévitables, quoi qu'on fasse...il est des évènements qu'on ne peut que retarder, et encore, pas indéfiniment.

Mais ce n'est pas, jamais, ça qui détermine une vie. Mon destin aurait dû être tout autre. J'aurais dû être l'héritière du Clan des Étoiles, je suis devenue l'élève de son ennemie. J'aurais dû être la fille de Liberty et je suis devenue celle de Stelmaria. J'aurais dû être une guerrière solitaire, et me voilà compagne et mère. Ce destin, je n'en voudrais pour rien au monde. Voilà pourquoi je ne crois pas à une quelconque force supérieure qui déterminerait ma route."

C'était normale qu'il n'en parle pas souvent, car les plus grandes douleurs sont celles qu'on cache, ce sont des plaies qui ne se referment jamais, Gaïa connaissait tout ça et ce n'était que très rarement qu'elle était désireuse d'en parler.

"Pour ma part, je pense que toutes les choses imprévues qui nous arrivent c'est le destin qui nous les envoies: je n'est jamais voulu me faire presque tuer par une bande de guerrier, et pourquoi c'est arrivée, à cause du mauvais pas de BlackBird, pas du mien!"

Elle regarda un instant autour d'elle, ce souvenir insuportable lui revint, cette nuit horrible, cette nuit où elle avait perdue la trace de Zénith.

"Quand on y pense, les reculer n'est pas une bonne chose, car elle arriveront un jour où l'autre, et là on se retrouve devant un ultimatum:
Soit la plaie qu'elles créaient se referme avec le temps, plus on est jeune plus on repassera du bon temps,
soit on vivra toujours avec et plus on est jeune, plus on en souffrira..."

Son destin à elle aussi aurait du être autre, elle était en réalité princesse d'une autre terre, sur un autre continent lointain, et à ses 1 ans, quand Zénith la sauvée et qu'elle la suivie, elle a renoncé à sa vie de princesse, à la couronne...
Mais tous cela était loin...

Odyssée hocha la tête:

"Je comprends ton point de vue. Cependant il ne correspond pas vraiment à mon mode de pensée. Je précise que ceci n'est en rien un jugement sur ta pensée à ce sujet.
Je crois que le destin, s'il existe, ressemble à une série, une infinité de chemins différents se rejoignant en des nœuds. Chaque chemin, chaque bifurcation correspond à un choix ou une attitude d'apparence anodine, mais dont même le plus infime modifie la voie qu'on emprunte. Cependant, quel que soit la route choisie, on finit toujours par déboucher, plus ou moins tard, sur ce nœud, qui est inéviatble et regroupe donc toutes les possibilités. D'autres noeuds pourraient ne lier que certaines routes tandis que d'autres resteraient à l'écart, aussi.

Je sais que c'est compliqué à comprendre, mais c'est ce que j'en pense...car un destin omnipotent m'horrifie, et je dois dire que ceux qui y croient, je veux dire, s'en remettent entièrement au destin, m'énervent quelque peu...j'ai l'impression qu'ils déclinent leurs responsabilités.
Si certains évènements sont inévitables, c'est nous et non le destin qui décidons de notre vie.

Tu saisis ma façon de penser? J'admets qu'elle est un peu retorse."

Gaïa l'écouta sans broncher, effectivement Odyssée n'avait pas tor.

"Oui, tu dois sans doute avoir raison au fond... Mais au fond qu'en on y pense, si les choses ne nous arrivaient pas, notre vie serait bien triste..."

Et en fait heureseument que Zénith l'avait enmenée avec lui, certe elle ne deviendrait jamais dirigeante, quoique maintenant que Zénith était Chef... Mais bon, son ex-territoire n'était que terre de désolation.

Odyssée hocha la tête à nouveau:

"Oui, quel ennui ce serait...ce sont les aléas et les combats qui font la saveur d'une vie. Je ne saurais me contenter de filer le parfait amour aux côtés d'Aglow Star...il faut que je me batte, que je galope, que je vive, vraiment, pleinement!"

Elle leva les yeux vers sa nouvelle connaissance:

"Mais dis-moi, toi, d'où viens-tu?"