Perdue [Odyssée]

Elle marchait lentement au milieu du Labyrinthe. Elle se demandait, encore une fois, ou elle était. Mais ce n'était pas grave, parce qu'elle avait toujours réussi a sortir.
Une haie, encore une haie, encore une haie. Un virage a droite, un virage a gauche, une petite ligne droite, un autre virage. Elle ne trouvait pas la sortie.
Siana commençait a s'affoler. Cela faisait une heure qu'elle cherchait mais ne trouvait plus l'issue. Pourquoi cela ? D'habitude, elle arrivait toujours a sortir facilement de cet endroit. Pourquoi pas aujourd'hui ?
Elle s'arrêta. Elle n'en avait aucune envie, mais elle était totalement épuisée. Elle ne voulait pas rester une seconde de plus dans cet endroit.
Cependant, elle fit un effort pour se calmer et regarda autour d'elle. Deux grand haies entouraient le sentier, et elle étaient si hautes que même en se cabrant elle n'aurait pu voir au dessus. Avec le ciel légèrement nuageux, c'était le seul paysage quel pouvait voir.
Elle chercha un petit brin d'herbe pour se revigorer, mais le sol n'était que sable. Elle avait soif aussi, très soif. Il fallait qu'elle sorte, elle n'en pouvait plus.
Elle s'apprêtait a reprendre son galop effréné lorsqu'elle entendit du bruit. Elle s'arrêta et dressa les oreilles. Et juste derrière elle apparut soudain une jument. Elle était très belle, d'un gris argent avec des lignes fines et un port de tête splendide. Elle se retourna pour être face a elle.

- Bonjour, murmura t-elle.

Odyssée cherchait son fils.
La jument grise n'avait pas vu depuis longtemps, très longtemps, le bel étalon gris, et elle n'était pas sans savoir qu'il avait coutume, quand quelque chose le tracassait, d'aller se réfugier ici. Et avec les évènements récents, il eût été bien surprenant que son rejeton, l'héritier du Clan de Glace, et qui prenait son rôle à coeur, ne fut pas allé se tapir entre les hautes haies qui lui rappelaient les arbres de sa forêt natale. En effet, le monde était troublé, et la guerre menaçait...Le Joueur, un étalon sous la houlette de Black, avait assassiné les deux petits de Pépite d'Or et personne ne savait réellement quel clan choisir, attendu que, s'il s'agissait en effet d'un meurtre, il s'agissait aussi de l'occasion de déclencher une bataille qui couvait depuis des mois...

Mais Pépite d'Or était mère et Odyssée, comme elle, avait aimé un étalon qu'elle accompagnait toujours, Aglow Star, comme elle elle avait senti grandir en elle son petit, comme elle, elle avait passé des mois à le regarder grandir, vigilante et attentive, toujours présente, pour le voir finalement prendre son envol et devenir adulte. Et elle savait, à en juger par les regards qu'il jetait sur Moondance, qu'un jour il viendrait lui présenter sa propre progéniture. Pépite d'Or n'aurait pas cette chance, jamais plus. Ses petits avaient été fauchés dans la fleur de leur jeunesse, des poulains de la génération de Shiki, et son coeur de mère saignait.

Comme saignait, elle en était certaine, celui de Shiki, qui lui avait confié avoir rencontré et fortement apprécié la jeune Bliss. Il n'y avait qu'à voir les yeux hagards de l'étalon gris, ses tergiversations, pour juger de l'ampleur du conflit qui se déroulait en lui. Oui, il ne savait que choisir, il ne savait qui choisir de son maître et de son clan, de la morte et des vivants. Odyssée cherchait juste à lui apporter quelque consolation....

Mais voilà, son fils s'était caché, à son habitude, dans ce labyrinthe dont il connaissait les moindres recoins, les fontaines cachées et les points d'herbe, les sols sablonneux et les hautes haies. Et la jument grise commençait à perdre patience à force d'errer en quête d'âme qui vive...Un galop l'alerta soudain. Un galop rapide, soutenu, accompagné très vite d'un souffle rauque évoquant un animal en difficulté et Odyssée, sur ses gardes, allongea le trot pour franchir le tournant qui masquait à ses yeux l'inconnu.
L'inconnue.

Une jolie jument noire venait de se retourner pour la dévisager, les yeux légèrement hagards, comme
ceux de quelqu'un qui ne retrouve sa route...elle n'avait pas l'air très vieille et Odyssée, quand elle la salua d'une voix étouffée, répondit avec bienveillance:

"Bonjour. Tu es perdue? Comment t'appelles-tu? Mon nom est Odyssée."

Elle la détailla des yeux. C'était une belle, très belle même, jument. Elle semblait plus âgée qu'elle, et son dos légèrement plus creusé que la normale faisait penser qu'elle était mère. Elle avait déboulé dans un trot rapide et s'était brusquement arrêtée, ce qui laissait croire a Siana qu'elle cherchait quelque chose ou quelqu'un, et qu'elle ne s 'attendait pas a tomber sur une inconnue. Elle était un peu plus grande qu'elle, mais cela n'étonnait pas la jument noire : elle était de petite taille, et elle n'avait presque jamais vu de cheval plus petit qu'elle. Elle observa ensuite ses crins : ils étaient foncés, presque noirs, et donnaient une merveilleuse allure au reste de sa robe. Elle trouvait ses yeux gris magnifiques. En fait, elle admirait la beauté de la jument.
Après lui avoir dit son nom, la belle lui demanda amicalement le sien, et lui demanda si elle était perdue.
Avec un ton doux et agréable, elle répondit :

- Odyssée ? C'est un joli nom. Le mien est Siana. En effet, je suis perdue. C'est étrange, car d'habitude, je trouve toujours mon chemin ici. Mais pas cette fois.

Elle sourit.
Elle aurait aimé avoir meilleur allure pour cette rencontre. Elle était luisante de transpiration, et sa gorge sèche ne laissait échapper qu'une voix légèrement rauque. Elle espérait que la jument ne fut pas de celles qui ne regardent que l'apparence, mais quelque chose lui soufflait que ce n'était pas le cas. Aussi, elle ne fit plus nullement attention a son physique.
Puis, elle reprit d'un ton amical :

- N'est-ce pas trop indiscret de vous demander pourquoi vous êtes ici, Odyssée ?

Elle était curieuse, et voulait savoir si, en effet, la jument cherchait quelque chose.

Cette jument, noire et aux crins mi-longs, était de toute petite taille, à peine plus grande que Stelmaria elle-même...Odyssée, qui n'était pas une jument d'une taille excessive, attendu que si son père Sword avait été un étalon massif et musculeux, sa mère, Liberty, ne brillait pas par sa carrure, dominait la jeune femelle d'une tête, au moins. Cependant, son expérience avec son maître Stelmaria, qui avait toujours eu la taille d'un poney, avait appris à la jument grise à ne jamais, au grand jamais, juger un adversaire sur sa taille ou sa solidité...Sun Star, étalon puissant, était infiniment moins dangereux que Black ou Equinox, certes grands mais secs et nerveux, avec des allures de pur-sang. Balbas, l'immense étalon frison, avait été tué par sa toute petite soeur Stelmaria. Aglow Star, d'apparence gracile, était un étalon destructeur quand la fureur s'emparait de lui...Tout cela, Odyssée l'avait vu ou entendu conter, et elle en avait conçu ce simple principe : la carrure d'un combattant ne fait pas sa dangerosité.

Elle sentait les yeux de la jument parcourir son corps...Oh, pas comme l'aurait fait un étalon! Odyssée se savait belle, elle avait hérité des traits fins de sa mère, sa robe grise, luisante, donnait à son corps musclé un certain cachet et surtout, son quotidien de solitaire et de guerrière lui conférait une certaine aura. C'était comme une bulle, une brume de sensualité et de sauvagerie, quelque part semblable à celle qui flottait autour de Black, le séducteur, et qui l'entourait elle aussi, faisant ciller les yeux et bouillir le sang des étalons. Il n'y avait qu'à voir la façon dont Aglow Star se mettait à trembler quand elle se serrait contre lui, ou les regards que certains avaient posé sur elle, avant de savoir que, loin d'être infidèle, elle demeurait toute entière offerte au fils de Stelmaria, et à lui seulement. Mais les yeux de la jument noire ne reflétaient pas ce mélange d'envie, de désir et de crainte qu'elle retrouvait chez les mâles...

Siana, elle s'appelait. Elle venait de le dire. Elle était jolie, cette Siana, songea Odyssée en la parcourant d'un oeil prompt à jauger la musculature de ses pairs, à défaut d'évaluer leur dangerosité de combattant. Elle était mignonne, quoique trempée de sueur et sa robe, certes moite, était drue et soyeuse, une marque de bonne santé. Sa tête avec le profil fin des chevaux orientaux, peut-être d'une façon moins marquée que Liberty, mais néanmoins, ce chanfrein fin et ciselé était caractéristique...Odyssée rendit son sourire à Siana, chaleureuse, et répondit d'une voix chaude:

"Le Labyrinthe a ceci de particulier qu'il arrive que son tracé change...on prétend parfois que ce sont les vents du nord, qui sifflent entre ses haies et les agitent, on dit autrement que c'est le hasard qui le modifie ainsi. C'est le lieu des rencontres imprévues et des surprises!
Ma foi, je cherche mon fils, Shiki. Il aime à se réfugier ici, où il trouve la solitude qu'il cherche parfois, et il connaît les moindres recoins de ce labyrinthe..."

Odyssée s'approcha de Siana et flaira rapidement la jument noire, puis lui adressa un nouveau sourire, encore plus franc que le précédent si c'était possible:

"Vous ne portez aucune odeur de clan sur vous, j'en déduis que vous êtes, soit une nouvelle venue, soit quelqu'un qui vit sans chef, n'est ce pas? Je suis moi-même une solitaire."

Elle semblait vraiment chaleureuse, et la petite jument noire en était rassurée. Elle connaissait les légendes du Labyrinthe, mais c'était vraiment la première fois qu'elle s'y perdait.

- En effet, je suis également une jument solitaire. A vrai dire, je n'ai jamais fait partie d'un clan.


Elle sourit, puis demanda timidement :

- Je ne souhaite pas vous déranger dans vos recherches, mais puissiez vous m'indiquer ou je pourrais m'abreuver ? J'ai très soif !

Sa gorge était totalement sèche a présent, et sa voix était vraiment rauque.
Dire qu'elle était si minuscule par rapport a la jument ! Dire que deux centimètre de moins, elle aurait été appelée poney... mais la belle Odyssée ne semblait pas s'en soucier.
Ses jambes tremblaient légèrement, pour cause de la soif et de l'effort. Elle espérait que la jument grise saurait l'aider.

[Désolée, c'est court, mais je n'avais pas trop d'inspiration pour cette partie là ^^]

Elle était donc bien une solitaire, et une solitaire probablement plus ou moins nouvelle venue, sans quoi le nom d'Odyssée ou, à défaut, de Shiki lui aurait évoqué quelque chose. Une jument solitaire, donc, et manifestement perdue depuis un moment à en juger par sa robe poissée de sueur et ses naseaux dilatés, un point rouge en leur sein, marque d'un essoufflement et de la fatigue. La jument grise, quand Siana lui demanda où elle pourrait trouver de l'eau, marqua une pause et tendit l'encolure pour humer l'air et examiner les alentours.

Elle connaissait plutôt bien le labyrinthe, pour y avoir déjà déambulé un certain nombre de fois et n'était pas sans savoir que de nombreux points d'eau le parsemaient. C'étaient parfois de simples sources mais, le plus souvent, il s'agissait de structures en pierre, décorées et sculptées, où coulait une eau claire et rafraîchissante amenée on ne savait comment, puisqu'il n'y avait pas de rivière. Les érudits prétendaient que ces fontaines, comme ils les appelaient, étaient la preuve d'une ancienne occupation humaine sur les terres désormais sauvages, mais Odyssée ne savait qu'en penser. Les hommes qui l'avaient emprisonnée et enfourchée n'étaient certainement pas ceux qui avaient su bâtir de telles merveilles!
La solitaire approuva vigoureusement:

"Bien sûr, je vais te montrer! Ce n'est qu'à quelques minutes de marche. Et si ma mémoire est bonne, il y a de l'herbe et tu pourras même t'y sustenter."

Invitant sa cadette à la suivre d'un geste de l'encolure, Odyssée se mit en marche entre les hautes murailles de verdure, sur le sol sablonneux qui étouffait ses pas. D'un pas souple, reconnaissant son chemin, la jument avançait sans la moindre hésitation.

"Tu vis ici depuis longtemps?"

Elle suivit la jument lorsqu'elle le lui indiqua. Elle se sentait presque honteuse de voir que la jument connaissait parfaitement son chemin alors qu'elle même était si perdue. Elle continuait a se demander pourquoi elle n'avait pu sortir du Labyrinthe. Elle se dit qu'elle avait de la chance d'avoir rencontré la jument, car elle était si assoiffée qu'il y avait de fortes chance qu'elle soit morte de soif dans l'heure suivante. A force de galoper et galoper pour trouver son chemin, elle avait épuisé toutes ses réserves d'eau.
Odyssée lui demanda ensuite depuis quand elle vivait dans les Terres de Wild Horses.

- Cela ne fait que deux ans, a vrai dire, dit-elle en souriant. Jusqu'à mes trois ans, j'ai vécu chez les hommes. Mais j'en ai eu assez et me suis échappée.

Elle commençait a peiner pour parler tant sa gorge était sèche. Elle espérait qu'elle serait bientôt arrivée au point d'eau.

- Et vous ? demanda t-elle gentiment. Vous avez vécu toute votre vie ici ?

Odyssée hocha la tête, pensive, et ne fit aucun commentaire sur les humains. Si elle gardait grief aux créatures qui l'avaient séquestrée et maltraitée quelques jours durant, la solitaire n'en faisait cependant pas mention devant autrui. C'était, d'ailleurs, un des signes qui prouvaient que, si la cicatrice barrant le poitrail de la jument et celle creusant son flanc étaient closes à présent, les stigmates de sa mémoire ne s'étaient jamais vraiment refermés...Et puis, Siana venait de l'interroger sur son passé. Laissant là ces sombres réminiscences, Odyssée s'abîma dans un récit à peine plus reluisant, celui de la pouliche qu'elle avait été :

"A ta différence - je peux te tutoyer? -, je n'ai pas vécu en solitaire toute ma vie durant. Je suis née au sein d'un Clan, et je suis même née haut placée dans le Clan...Puisque j'étais la fille de Liberty, qui était alors chef du Clan des Etoiles. Mais elle était très occupée, très dévouée aux membres de sa tribu, et elle ne cessait de se charger des affaires courantes du Clan, en oubliant celle qui suivait ses pas...moi. Alors j'ai grandi là-bas, un peu dans l'ombre, un peu délaissée et un jour, ma route a croisé celle de Black et Stelmaria. Ce fut une révélation...
Je me suis peu à peu rapprochée d'eux, jusqu'à devenir assez proche de ces deux dirigeants que, crois moi, on imagine bien plus cruels qu'ils ne le sont réellement. Et Stelmaria m'a proposé de me former au combat. Evidemment, j'ai accepté. J'ai donc commencé à m'entraîner sous sa houlette et c'est là que j'ai rencontré son fils, Aglow Star, un étalon noir. Il est assez discret et indépendant, il est donc fort probable que tu ne connaisses pas son nom...mais, alors que Stelmaria et Black étaient comme mes parents de coeur, ce que j'ai ressenti pour Aglow Star n'a jamais été fraternel. Nous sommes très vite devenus amants, et notre couple a survécu jusqu'à aujourd'hui.
J'ai quitté à cette époque là le Clan des Etoiles, et dès lors mon père, Sword, a cessé de me parler. Il est mort peu après et Liberty n'a, elle non plus, jamais repris contact avec moi, craignant que je ne lui garde rancune de son indifférence passée. Après avoir hésité à rallier l'Ombre, j'ai préféré vivre en solitaire, libre et indépendante et c'est aussi en solitaire que j'ai porté puis élevé mon fils, Shiki, qui est aussi celui d'Aglow. Il a choisi de rejoindre le Clan de Glace, aujourd'hui. Son hérédité fait de lui l'héritier du trône de Stelmaria...
Regarde! Nous arrivons, après ce tournant, tu verras la fontaine."

Elle l'observait. Odyssée garda le silence un instant, comme perdue dans ses pensées, puis se mit a parler.
Siana écoutait attentivement la jument. Elle connaissait les noms des chefs des Clans, mais en effet, les noms d'Aglow Star et de Shiki ne lui disaient rien. Elle écouta jusqu'a la fin avec une attention particulière, puis Odyssée lui annonça qu'elle étaient arrivées au point d'eau, Siana remercia chaleureusement la jument et se mit a boire a grandes gorgées. Lorsqu'elle eut fini, elle se tourna vers la Odyssée.

- Merci encore pour votre aide ! Je ne sais pas ce que j'aurais fait sans vous. Je peux vous tutoyer aussi ?

Elle se tut un instant.

- Moi je me suis toujours sentie très seule. Je n'ai jamais eu de vrais amis. La seule personne qui n'ai jamais fait attention a moi, c'est ma mère, et elle est partie beaucoup trop tôt.

Elle soupira, puis sourit.

- Mais, pour te remercier, puis-je t'aider d'une quelconque manière ?

[Pts ajoutés pour Siana]

[Tes premiers points d'XP ou presque, bravo!!]

Odyssée hocha la tête, compréhensive, tandis que Siana la remerciait après s'être abreuvée:

"Ma propre mère était vivante, mais trop occupée pour se charger de moi et crois moi, ce n'est pas mieux. On en viendrait presque à en vouloir aux membres du Clan pour lesquels elle dépensait tant d'énergie, quand elle était seulement incapable de se rendre compte que sa fille avait besoin d'elle. Peut-être est-ce aussi pour cela que j'ai fui près de Black et Stelmaria: eux me prêtaient attention. Les années ont passé, et ce sont eux qui m'ont élevée, entrainée, et qui se sont occupés de mon fils comme s'il était de leur sang - ce qui est vrai pour Stelmaria. Ils sont finalement ma famille de coeur."

A son tour, la jument grise s'approcha et se mira dans l'eau pure, recueillie dans une vasque de pierre grise et polie, aux rebords délicatement sculptés. L'eau dansait dans un anneau entourant une colonne sculptée du sommet de laquelle jaillissaient discrètement des filets de liquide, qui dévalaient les hauts et les rehauts des sculptures dans un gazouillis léger. Le son, chantant, ajoutait encore à la beauté du lieu et au charme de cette petite clairière de quelques mètres de long, circulaire, plantée d'une herbe drue et grasse. Il existait probablement un système d'irrigation, et l'ombre des haies n'empêchait pas les végétaux d'être vigoureux et rafraîchissants, songea Odyssée en s'éloignant de quelques pas.

"Je meurs de faim. Commençons par brouter un peu, et puis nous pourront partir à la recherche de Shiki, à supposer que lui ne nous trouve pas avant!"

[Merci !!! ]

Elle la regarda. Elle se dit que perdre sa mère était terrible, mais l'avoir avec elle sans qu'elle ne fasse jamais attention a sa progéniture, c'était encore pire. Elle comprenait pourquoi Odyssée avait quitté les siens pour aller chercher quelque chose de meilleur. C'était elle même ce qu'elle avait fait, car lorsqu'elle avait perdu sa mère, elle avait tout tenté pour s'échapper de son enclos, persuadée que là-bas tout serait mieux. Ca ne l'avait pas réellement été, mais elle avait fait des rencontres, bien qu'elle n'ai jamais lié d'amitié, et elle avait échappé a la servitude des hommes. C'était toujours mieux.
La jument grise lui proposa de bouter un peu avant d'aller chercher son fils. Elle accepta avec joie, et plongea son nez dans l'herbe douce. Elle était bien verte, et Siana se régala. Ce petit repas lui fit le plus grand bien, et lorsqu'elle jugea qu'elle avait assez mangé, elle releva la tête.
Elle se sentait bien. Elle avait retrouvé une voix douce, et était très énergique. Elle se dit qu'aider Odyssée a retrouver Shiki serait la manière parfaite de se dépenser.

- On y va ? demanda t-elle en souriant.

Odyssée arrachait les touffes d'herbe avec application, sentant les végétaux gicler sur sa langue et leur goût lui empoisser les lèvres. Elle triait néanmoins, ne choisissant pour se sustenter que les pousses les plus jeunes et donc les plus tendres, des herbes fines et riches en nutriments de toute sorte, à la différence des tigres déjà passées, déjà âgées. Siana, à ses côtés, broutait avec la même concentration, toute entière à son repas et le calme de ce moment plaisait infiniment à la jument grise, qui n'était jamais contre une seconde de paix malgré son activité légendaire.

Quand Siana releva la tête, Odyssée l'imita et s'ébroua, avant de hocher vigoureusement la tête. Son toupet noir retomba sur son front et elle le dégagea d'un geste vif, une mimique qu'elle tenait de Black, avant de répondre, d'humeur guillerette:

"On y va!"

S'élançant d'un bond, elle prit un trot aérien et joyeux, la queue empanachée et les naseaux grands ouverts. Elle était heureuse de cette promenade improvisée entre les haies du labyrinthe et, connaissant les goûts de son fils, elle se doutait bien qu'elle le trouverait au coeur du complexe, dans les endroits les plus ombragés et les plus verts. C'est pourquoi elle choisit l'un des chemins qui quittaient la rotonde, et indiqua en souriant son sol parsemé de végétaux à Siana:

"Tous les chemins ne sont pas de sable et souvent, ceux qui sont verts sont ceux qui mènent au coeur du labyrinthe. Les secteurs les plus externes sont sableux, sans que je sache pourquoi. Peut-être cette structure a-t-elle été bâtie en plusieurs fois."

Elle suivit avec enthousiasme la jument grise. La queue en panache et les naseaux évasés, elle prenait la posture de ses ancêtres arabes. Elle écouta avec attention les explications d'Odyssée concernant le labyrinthe. A vrai dire, elle n'avait jamais fait attention a ce qu'il contenait ; toutes les fois ou elle était venue ici, elle avait juste marché pour le simple plaisir de marcher, et de trouver la sortie par hasard. Encore une fois, elle se demanda pourquoi elle n'y avait pas réussi aujourd'hui. mais après tout, ce n'était pas plus mal, puisqu'elle avait fait la connaissance d'Odyssée.
Elle continua de suivre la jument grise, humant l'air frais avec un plaisir intense, tandis qu'elle s'enfonçaient dans le coeur du labyrinthe. Comment une simple balade pouvait-elle lui procurer tant de plaisir ? Elle ne le savait pas vraiment, mais elle se sentait bien. Pour la première fois depuis longtemps, elle oublia ses tristes sentiments.
Elle s'exclama :

- Tu sembles avoir une idée précise de l'endroit ou chercher Shiki !

Odyssée ralentit son trot pour acquiescer avec un petit sourire à la remarque de Siana:

"Oui, je connais les endroits qu'il préfère, et puis c'est moi qui, la première fois, l'ai emmené dans ce labyrinthe...Il était tout petit, alors, il ouvrait de grands yeux et trottinait en s'emmêlant dans mes jambes. Parfois, je me dis que les poulains grandissent trop vite et, d'un autre côté, je suis heureuse de le voir devenir un si bel adulte."

Elle esquissa un sourire rêveur, au souvenir de la petit créature, frêle et fragile, qui suivait chacun de ses pas. Petit poulain, devenu aujourd'hui un étalon aussi grand que son grand-père Equinox, avec la grâce et la robe grise de ses mère, un étalon musclé par l'entraînement dont il bénéficiait auprès de Black Hole et grâce à ses heures de patrouille et de promenade sur les terres de Glace. Un prince, aussi, qui avait choisi d'accepter son héritage, celui du Clan de Glace...

"Je suppose qu'en ce qui te concerne, tu n'as pas de poulain?"

[En parlant de ça, tu sais pas qui pourrait faire un p'tit n'amoureux pour Siana ? ]

Elle sourit. Elle aimerait avoir un poulain. Elle aimerait transmettre ce qu'elle savait, voir grandir, aimer un petit être. En réalité, si elle avait un poulain, elle serait la jument la plus heureuse du monde. Elle ne sentirait plus seule, plus abandonnée, elle ne voudrait plus qu'une chose : qu'il aille bien. Elle rêvait de pouvoir ressentir tout cela.

- Non, en effet. J'aimerais beaucoup, mais je ne connais toujours pas le père.

Son sourire s'élargit.
Le jour viendrait, ou elle verrait son poulain devant elle et l'aiderait a se mettre sur ses jambes frêles. Ce jour viendrait, mais avant, il fallait qu'elle trouve l'âme soeur. Et elle n'était pas pressée. Elle avait toute sa vie devant elle.

- N'est ce pas indiscret de te demander pour quelle raison Shiki se cache ?

[là comme ça, rien ne me vient, à part Lib' et Sunny, mes persos sont en couple...tu peux toujours essayer de draguer Sun si tu veux mais je te préviens, faudra réussir à faire oublier Lusitania à ce grand timide!]

Odyssée rit de bon coeur:

"On finit toujours par le rencontrer! J'oublie souvent que d'avoir rencontré Aglow Star alors que j'étais toute jeune encore, et d'avoir porté son poulain l'année de mes cinq ans est assez peu courant ici, où les juments n'ont pas de petits si jeunes. Peut-être ont-elles raison, d'ailleurs, même si à moi, cela n'a pas posé de problème."

Oui, pourquoi Shiki se cachait-il? Odyssée en avait bien une petite idée, mais, la poudrière du Joueur n'ayant pas encore explosé, la solitaire ne savait pas trop ce qu'elle pouvait, ou non, expliquer à cette solitaire. En effet, de par sa position auprès de Black, la jument grise avait accès à bien des in formations, bien des savoirs, bien des considérations politiques, et elle aurait été capable de détailler à Siana la position de chacun des chefs vis-à-vis de ces meurtres...
Mais que dire? Si jamais le coeur de Siana balançait vers l'Axe du Sud, comment ne pas se placer en porte-à-faux par rapport à Black? Odyssée opta pour une solution intermédiaire:

"Il a souvent besoin de solitude pour tenter de faire le point, notamment sur les aspects politiques de la vie des Clans. En l'occurrence, il s'agit des meurtres perpétrés récemment par l'étalon Le Joueur...en as-tu entendu parler?"

[Oui, pourquoi pas.... je verrai ça ^^]

Le Joueur... elle avait vaguement entendu parler de lui, de cet être qui paraissait être abominable et manipulateur. Mais rien de plus, si ce n'est qu'il avait tué deux poulains innocents.

- Tu parles de cet étalon manipulateur et sournois, celui qui a donné la mort a deux innocents ? Je ne sais rien de plus sur lui que cela. Et en effet, c'est horrible.

Elle se tut. Tuer avec une raison n'était déjà pas une bonne chose, mais tuer sans raison... c'était juste horrible.
Décidant de changer de sujet, elle leva la tête et flaira l'air pour détecter une quelconque odeur qui aurait pu être celle de Shiki. Ne sentant rie de spécial, elle se contenta de suivre la jument. Ne sachant plus quoi dire, elle préféra laisser Odyssée continuer la conversation. Elle était pensive.

[Mon pauvre Sun va encore passer pour un pervers qui drague les juments plus jeunes^^]

Odyssée secoua lentement la tête, tout en tournant à gauche à un carrefour d'où partaient trois routes, toutes trois couvertes d'une épaisse couche d'herbe. La jument grise avança d'un pas un peu accéléré, un peu raidi par l'évocation de cet horrible drame. Sa queue fouaillait nerveusement ses flancs, puis elle retrouva son aspect panaché et Odyssée soupira, séparant bien ses mots:

"En tant que solitaire, si nous devons nous battre, je me battrai aux côtés des miens, Black, Stelmaria, les clans du Nord...Mais en tant que mère, mon coeur saigne en imaginant la souffrance de Pépite d'Or. Ce...fou a assassiné deux poulains, certes presque adultes mais néanmoins deux jeunes, de l'âge de Shiki, qui avaient comme lui la vie devant eux. Et lui, il les a abattus. Froidement.
Je ne parviens pas à comprendre comment il a pu faire cela, comment il a pu le faire en sachant qu'il infligerait aux parents de ces petits une souffrance insoutenable. Imagines-tu? Voir naître ses poulains, grandir, parvenir au seuil de l'âge adulte et commencer, avec toute l'énergie de la jeunesse, à voler de leurs propres ailes...pour être tout simplement fauchés en plein envol par un fou dangereux. Non, vraiment, je me battrai peut-être du côté du Nord, mais je ne peux que comprendre la colère et la douleur de Pépite d'Or.
Comme tout un chacun, d'ailleurs, à part peut-être Le Joueur lui-même."

Odyssée grinça des dents, et reprit son trot aérien, laissant passer quelques secondes de silence. Sa voix, tout au long de son discours, était devenue dure, sèche et froide, un reflet de la colère qui grondait en elle. Oui, elle comprenait Pépite d'Or et elle souffrait pour elle, indépendamment du peu d'affection qu'elle ressentait pour la jument crème.

"Quel genre de fou faut-il être pour tuer ainsi deux poulains qui n'avaient rien demandé? Bliss, encore, était une Shikaku et si je doute qu'elle ait provoqué Le Joueur, cela aurait pu être le cas...Mais je n'ai pour ainsi dire jamais vu un poulain aussi pacifique et pacifiste que Thief of Dreams, son frère jumeau. Et lui aussi a été abattu...
L'éthique et les émotions vont se heurter aux considérations politiques, quand il faudra prendre une décision. D'un côté, et de l'autre."

[Le pauvre x)]

Elle écouta la jument, et enrageait peu a peu contre ce fou furieux. Elle n'était pas mère, mais était capable de comprendre l'immense douleur de Pépite d'Or.

- C'est affreux, grogna t-elle. Les gens comme lui devraient ne pas exister. Il doit avoir un coeur de pierre, pour ne pas éprouver de remords après un tel acte. Je hais les gens comme lui. Je ne suis certainement pas la seule.

Elle ruminait. Elle n'avait strictement rien a voir dans cette histoire, et pourtant, elle enrageait juste en écoutant les paroles de la jument. Elle se força a ne plus y penser puis, pour éviter que la jument n'en revienne a ce sujet, elle demanda :

- Puis-je te demander...

Elle hésita un instant puis reprit :

- ... si... si tu as déjà eu affaire aux hommes ?

Elle même détestait les hommes. Elle souhaitait avoir l'avis de quelqu'un sur eux, même si elle se doutait fortement que, venant d'une jument sauvage, il n'aurait rien de favorable.

Les yeux d'Odyssée flamboyèrent:

"J'aime le combat, j'adore le combat, mais je n'aime pas tuer. Je suis toujours d'accord pour affronter un combattant à mon niveau, pour l'amour de la bataille et ce, même si cela se solde par des blessures. Mais je refuse de tuer pour le plaisir de tuer. Je refuse. Et pourtant, crois moi, cet étalon, si je le croisais, je le tuerai volontiers. Lentement. Le plus lentement que je puis, pour lui infliger un peu de cette souffrance qu'il a fait subir aux parents des poulains..."

Elle claqua des dents dans le vide, furieuse, puis s'apaise rapidement quand Siana changea de sujet avec, semblait-il, une pointe de gêne. Peut-être la jument noire n'aimait-elle pas vraiment parler de ces terribles évènements, et Odyssée accepta la diversion. Tout plutôt que de fulminer devant sa propre impuissance!

"Oui...une fois. J'en garde un souvenir très sombre, car moi et mon compagnon avions été capturés, et enfermés plusieurs jours durant. Je ne suis pas d'un naturel calme, mais Aglow Star...Il devenait fou de rage. Nous sommes restés dans des...des cages, en somme, pendant quelques jours, puis deux hommes ont voulu nous monter. C'étaient sûrement des hommes puissants, il n'y avait qu'à voir la façon dont ils imposaient le silence à leurs crétins de semblables, comme un alpha à sa meute. Puissants, intelligents, sûrement presque dignes de respect mais...impitoyables. Ils avaient beau nous admirer, nous respecter, ça ne les a pas empêchés de nous enfourcher.
Nous nous sommes enfuis, en brisant une barrière de leur vaste étendue de sable, où ils montent les chevaux. Nous avons été blessés tous deux dans l'affaire, et je crois que l'un des hommes est mort...quel gâchis. J'en porte encore les cicatrices."

D'un geste, Odyssée désigna la strie argentée qui zébrait son poitrail et celle, plus diffuse, qui marquait son flanc, souvenir d'une barrière défoncée et d'un étrier enfoncé dans sa peau tendre par une brutale, et violente, chute.

Elle se tut et observa les cicatrices d'Odyssée. Les hommes avaient fait souffrir cette jument. Sans raison valable. Comme chaque fois.

- Pour les hommes, je n'étais qu'une machine, une expérience, répondit t-elle. Il ont capturé un étalon sauvage, et l'ont fait saillir ma mère pour savoir qu'est ce que ça donnerait. Ils disaient que je n'étais qu'un essai. Pour eux, je ne suis née que pour savoir ce que donnerai ce croisement. Pour eux, je ne valais rien. Et, je suis certaine que si je ne m'étais pas enfuie, mon avenir aurait été bien sombre. Mon seul avenir probable aurai été jument de club. Mais j'étais bien trop sauvage pour accepter un tel destin, aussi il ne fait aucun doute que j'aurais fini a la boucherie. Mais quelle importance, puisque l'essai était raté ?


Elle enrageait.

- Les hommes sont peut être intelligents, mais il se croient l'être plus que tout les autres. Ils se croient rois de la nature, ils pensent qu'elle doit se plier a leur caprices. Et ma mère, ma pauvre mère... elle ne leur servait qu'a faire des poulains, alors pourquoi la sauver, hein ? Je les ai vus faire tout leur possibles pour sauver leurs merveilleux chevaux de compétition, mais elle, ils l'ont laissée mourir, il s'en fichaient complètement, ils en avaient tellement d'autres, des juments poulinières...

Les oreilles de la jument noires étaient couchés sur sa nuque et elle bouillonnait.

- Ils sont cruels, inutiles. Si je le pouvais, je retournerai la ou j'ai grandi, et je vengerai ma mère. Je la vengerai un jour...

Elle inspira plusieurs fois, et se calma peu a peu. Ce coup de colère lui avait fait du bien.

"Les hommes ne sont pas tous si mauvais..."

Une voix douce les interrompit. Riche, chaude et indéniablement masculine, elle provenait d'un grand étalon qui venait de surgir d'un coin de haie, juste derrière les deux juments. L'étalon était assez grand, aussi haut, musclé et mince que l'étaient Black ou Equinox, avec de faux airs de cheval de course quelque peu mêlé de cheval oriental. Ses yeux, gris, étaient un peu plus sombre que ceux d'Odyssée, tirant sur l'anthracite, mais la flamme qui y brûlait flamboyait de même. Ses oreilles, ses jambes, son museau semblaient gainés d'un noir de jais, doux et velouté, comme des extrémités de soie pour cette robe brillante de bonne santé. Le reste de son corps était gris fumée, assombri sur le dos et éclairci sur les parties charnues où il s'ornait de pommelures au coeur d'argent et au cercle de fusain. Une robe indéniablement graphique, qui habillait un corps musclé et jeune encore, ne portant que de rares cicatrices, quoique déjà adulte. L'étalon, planté sur ses quatre membres, sa longue queue noire aux reflets moirés légèrement redressée à sa base, fixait les deux juments à travers son toupet luisant comme les plumes d'un corbeau et qui, à la différence de sa crinière longue d'une paume, lui tombait jusqu'à mi-chanfrein.

Odyssée réagit la première et sourit en s'avançant au petit trot vers le jeune étalon. Elle avait, quoique plus petite que lui et de robe plus claire, la même manière de se mouvoir et de porter sa tête que l'inconnu qui venait de faire irruption, et son hennissement doux quand elle vint frotter son nez contre celui du nouveau venu fut l'écho de celui, plus bas et grave, que l'étalon émit. Son grand corps frémit et il sourit:

"Mère. Ca faisait longtemps.
- J'ai voyagé, ces derniers temps...ce n'est qu'en revenant que j'ai appris les dernières nouvelles."

Shiki hocha la tête, ses prunelles sombres emplies de regrets au souvenir des deux poulains, auxquels Odyssée faisait allusion. Voilà pourquoi il errait dans le labyrinthe depuis quelques heures, cherchant à savoir s'il devait venger Bliss, ou suivre les siens...Levant la tête, il dévisagea la jolie jument noire qui lui faisait face:

"Bonjour, qui êtes-vous?"

[vu que ceci a lieu avant le combat, on peut dire que dans la mêlée de la bataille, Shiki ne l'a pas reconnue même s'il l'avait rencontrée avant]

[Ok d'ac ^^]

Elle s'arrêta, et la jument grise s'interrompit. Devant elles se trouvaient un magnifique étalon. Sa robe était gris fumée et son museau et ses membres étaient d'un noir profond. Il était plus grand et plus foncé que sa mère, et encore plus magnifique.
Elle vit Odyssée qui s'approchait de Shiki et qui échangeait quelques mots avec lui. Puis celui-ci se tourna vers elle et lui demanda qui elle était.

- Je m'appelle Siana, je suis une solitaire, répondit-elle poliment. Vous devez être Shiki ?

Il semblait triste, et Siana se demandait pourquoi. Cependant elle préféra ne pas se montrer trop curieuse et se tut a ces mots.

[je réponds en 2-2 juste pour répondre, pour que tu n'attendes pas trop]

Cette petite jument noire, qui le dévisageait avec de grands yeux, faillit tirer un sourire à Shiki, par-delà la douleur de savoir Bliss morte, disparue à jamais. Jamais. Le mot était terrible, immense et impossible à saisir, l'esprit refusait l'obstacle, renâclait devant le concept d'infini. Penser qu'il ne reverrait plus Bliss était une chose. Penser qu'il ne la reverrait jamais plus le plongeait dans des abîme de perplexité, de peur et d'incompréhension où, comme redevenu un poulain, il errait, perdu, toujours et à jamais incapable de saisir la totalité de l'éternité. Incapable. Et c'était la raison de sa peur instinctive et irraisonnée! La raison de son malaise face à cette disparition dont il ne savait pas par quel bout la prendre...
Shiki se secoua et répondit à l'inconnue en esquissant une gracieuse révérence, rouant son encolure puissante et ployant ses longues jambes sombres:


"Enchanté, Siana, ravi de faire ta connaissance. Oui, je suis Shiki...mais comme je n'ai pas la prétention d'être connu par-delà les mers et les continents -pas encore du moins-, j'aimerais savoir comment tu peux me connaître, alors que nous ne nous sommes jamais croisés?"

[Assez court, pardon ^^]

Son sourire s'élargit tandis que Shiki s'inclinait. Elle s'inclina a son tour et répondit :

- Grâce a Odyssée, votre mère. Elle m'a sauvée, et je suis restée avec elle.

Elle s'était perdue dans le labyrinthe. Elle ne cessait de s'étonner a ces mots. Souvent elle était venue en ces lieux, souvent elle s'y était promenée, pendant des heurs parfois, mais elle avait toujours réussi a en trouver l'issue. Pourquoi cette fois n'avait elle pas pu ? Elle ne cessait de se poser cette question troublante. Après tout, il y a un début a tout, pensa t-elle.