Sais-tu que je t'aime ? [ Liberty ]

Invité

Des foulées retentissaient dans la montagne. Le sol avait été détrempé par la neige, la pluie, le temps. Des sabots puissants s'enfonçaient dans le sol meuble et boueux, de la gadoue infâme s'accrochant aux paturons de l'équidé. Mais ce n'était pas la crasse que redoutait tant celui-ci. Aussi continua-t-il à courir, sans se oucier du vent qui lui fouettait le visage et de ses crins qui voltigeaient derrière lui. Au dessus de sa tête voltigeait un rapace couleur de terre, sombre et discrète, se fondant avec perfection dans le décor sombre et boueux. L'hiver tardait à retirer son épaisse couche de glace, mais le pringtemps reprenait peu à peu ses droits, et la terre redevenait maitresse de son territoire.

Sword tendit l'encolure vers le ciel, ses yeux bruns exhorbités. La pluie ne lui avait jamais déplût, mais galoper dessous pendant de longues heures, voilà qui avait tempéré son ardeur. Il avait dû s'abriter pour attendre que la pluie battante s'estompe, mais avait reprit sa course dès qu'une petite éclaircie avait fait son apparition. Gondor, au-dessus de ses oreilels plaquées contre son crâne, lui indiquait les chemins les moins brumeux et humides. Après de longues heures de galopades effrenées, il parvint enfin au Mont. Un de leur lieu favoris de promenade, lorsqu'ils n'étaient que de jeunes intrépides insousciants. Sword esquissa un sourire, mais le bec de son compagnon claqua au-dessus de sa tête, et il reprit sa marche. Le bel étalon bai connaissait les mésaventures du rapace avec Edelweiss, et remuer le couteau dans la plaie le rendait capricieux et agressif. D'ailleurs, plus un sourire n'était apparut sur son bec depuis bien longtemps. Sword tenait entre ses dents une fleur magnifique, une Edelweiss blanche et pure, qu'il était partit chercher loin, très loin dans la montagne. Poru demander pardon. Non pas au Compagnon de Liberty, cette panthère qu'il considérait ingrate par pure solidarité pour Gondor. Non, juste pour la belle jument arabe. Sa robe blanche scintillante, couevrte de mille et une gouttes de rosée brillantes, ses naseaux fins et gris, ses jambes musclées et puissantes, mais sveltes, sa grâce et son infinie beauté ... Malgré ses décisions sans la moindre considération pour son esprit tourmenté, Sword l'aimait et l'aimerait toujours.

[Mais oui je sais que tu m'aimes... /SBAM/ pour changer...]

Il faisait gris aujourd'hui. Les nuages couvraient le ciel comme un couvercle bas et ténébreux, et bien des chevaux avaient renoncé à sortir, préférant l'ennui de l'inactivité à l'inconfort des poils trempés et des paturons boueux. Comment les en blâmer? Il n'était guère agréable d'être mouillé, et rares étaient les chevaux qui appréciaient...Les Wolfs non plus ne sortaient pas. Sous la pluie bruissante qui, peu à peu, était devenue bruine fine, Wild Horses ressemblait à une terre abandonnée, vide d'habitants. Peu de créatures, en effet, aimaient à s'aventurer sous l'averse.
Elle ne craignait pas vraiment la boue. Elle détestait ça, mais n'avait pas vraiment le choix. Aussi, quelle idée d'aller se promener au sommet du mont, connu pour être sujet à de jolies pluies au printemps, alors qu'elle avait bien vu que les intempéries menaçaient! Lorsque l'averse, froide et violente, s'était abattue sur son échine soyeuse, elle avait eu la chance de trouver une éminence rocheuse qui l'avait protégé du gros de la pluie. Puis elle était sortie de sous son abri rocheux, enfonçant avec répugnance ses sabots dans la boue épaisse et profonde, levant haut ses sabots comme si elle marchait sur des œufs, sentant au dessus d'elle la couche de nuage, moins épaisse, et la lumière toute relative qui revenait et redonnait un peu de couleurs à un paysage gris et terni par l'averse. Son poil, peu mouillé, sécha assez vite au fil de ses pas et, lorsqu'elle se retrouva proche du sommet du mont, seuls restaient sur sa robe des gouttes blanches, rares et irisées. La jument promena ses yeux bruns liquides sur le paysage alentours, magnifique. Puis, comme souvent ces derniers temps, sa pensée vogua vers son compagnon, Sword. Elle ne le voyait plus depuis un long laps de temps. Abandonnée par ses frères, puis sa propre fille, leur fille, et maintenant, lui qui jouait les chevaux fantômes...Liberty plongea son regard vers le chemin en contrebas, avant de lever les yeux vers le sommet et les nuages qui l'entouraient, l'empêchant d'en distinguer les reliefs. Elle émit un soupir et ferma les yeux, avant de reprendre une marche lente, vers la route qui redescendait. Assez remué de souvenirs, elle ne faisait que se faire du mal...
Il était parti mais elle ne parvenait pas à le haïr. Elle aurait peut-être dû lui en vouloir. Mais comment en vouloir à celui qu'on aime? Malgré les dissensions entre Edelweis et Gondor, malgré leurs divergences d'opinion, malgré son absence longue et inexpliquée, elle l'aimait, à la folie. Il était sa vie. Toute sa vie.
Puis ses yeux se posèrent sur une silhouette qui se dessinait au bout du chemin. Liberty resta figée, hésitante, presque haletante. Elle ne pouvait pas, elle n'osait pas y croire. Ça ne devait pas être vrai...Puis elle vit l'aigle au dessus de lui, elle vit l'expression du cheval, la fleur blanche, superbe et rare Edelweiss immaculée, qui trônait entre ses dents, et elle n'en crut pas ses yeux. Son coeur battant se chargea de la convaincre. C'était bien Sword.
Elle prit brutalement le galop, arriva à quelques mètres de lui, s'immobilisa, net. Soulevée par sa course, sa crinière ondulait sur son encolure fine et arquée, et ses grands yeux en amande étaient emplis d'émotions contradictoires. Joie folle. Bonheur. Incrédulité. Espoir. Interrogation, tristesse. Mais surtout...Amour.
Elle s'adressa à lui d'une voix tremblante, fragile:

"S...Sword?"

Était-il possible d'être si heureuse que cela en devenait douloureux?
Assurément.

Edelweis se tenait aux côtés de Liberty. A vrai dire, elle avait désespérément tenté de se trouver un autre abri, sans rien dénicher, et son poil était quelque peu mouillé, malgré sa toilette soigneuse. Cela la mettait de mauvaise humeur, quoique sa fourrure, conçue pour la neige glaciale de ses terres natales, soit imperméable. L'once s'immobilisa en voyant Liberty partir au galop vers un cheval, avant que son odeur ne lui vienne aux narines. Sword. Et la panthère aperçut, au dessus de l'étalon, une silhouette qui volait. Gondor. L'once s'arrêta, hésitant brusquement à suivre sa compagne. Elle savait que son choix -étais-ce un choix d'ailleurs?- d'aimer Tharaman avait blessé l'aigle. Elle le regrettait, profondément, et espérait que l'animal le savait. Qu'il comprenait...comment faire autrement? L'once se posa la question, l'espace d'un instant: e lui ferait-elle pas plus de mal que de bien en rejoignant Liberty? Il était encore temps de fuir, vers les sommets...puis la réponse s'imposa d'elle-même. Elle voulait que Gondor et elle restent amis. C'était trop idiot d'être brouillés à cause d'une histoire de ce genre, et elle était heureuse de revoir l'aigle et Sword, heureuse de la joie de Liberty. Aussi s'approcha-t-elle des deux chevaux. Elle s'assit à côté de Liberty, se tapit, accroupie, pour paraître moins haute. Ses yeux verts pétillaient et sa fourrure ocellée, argentée, frémissait au rythme de ses muscles. Elle fixa Sword, puis leva le nez vers Gondor, et eut un sourire joyeux:

"Contente de vous revoir tous les deux!"

Invité

La silhouette tant aimée apparut en amont. Sword retint un hoquet de surprise. Le puissant étalon bai n'avait jamais eut un ordorat très développé. Il était même en-dessous de la moyenne de ses semblables, et Gondor lui servait d'yeux bien plus que de naseaux. Liberty approchait. Son ombre, définissant les contours de son corps délicat, se découpait sur la montagne. Un mistral puissant soufflait, mais Sword ne s'en aperçut même pas. Tempérant ses ardeurs, il s'approcha au pas, ses énormes sabots s'enfonçant avec facilité dans le sol meuble et boueux. Il déposa l'Edelweiss aux pieds de sa compagne, de son aimée, de sa tendre et chère Liberty. Celle qu'il n'avait cessé d'aimer depuis leur première rencontre, lorsqu'elle l'avait sauvé d'un Ombre ... Lui, jeune poulain intrépide à l'époque, avait fondu devant la grâce et l'agilité de la magnifique jument arabe.

" Pour la plus belle des belles. "

Lâcha-t-il d'une voix douce, ses longs crins noirs cachant ses yeux bruns. Ses muscles puissants étaient totalement détendus, non pas en acte de soumission, mais de pardon. Liberty ne savait rien de sa capture avec sa soeur, pas plus que de son voyage uniquement pour lui rapporter cette fleur, délicate, parfumée, qu'il avait cueilli avec plus de considération que si elle avait été en cristal. Gondor lui avait conseillé d'en prendre plusieurs, mais Sword avait refusé. De pareilels beautés sont faites pour rester uniques.

Gondor sentit ses plumes se hérisser lorsqu'Edelweiss apparut à la suite de Liberty. Sa considération à l'égard de la panthère était plus que fragile. Elle l'avait brisé, lui, pour la simple et bonne raison qu'ils n'étaient pas de même nature. Pas de même envergure. Mais l'amour distingue-t il les espèces ? Non. Sinon, pourquoi Gondor serait-il le plus proche compagnon d'un cheval, espèce tant redoutée par les siens ?! L'aigle n'accorda pas un regard à Edelweiss et se percha sur la croupe de son étalon bai. Il n'était pas prêt à pardonner. D'ailleurs, il était à peine sûr de pardonenr un jour.

Liberty regarda Sword s'avancer lentement et déposer devant elle, avec délicatesse, une fleur magnifique, une Edelweiss fine et ciselée, d'une blancheur éclatante. De telles fleurs ne poussaient pas sur Wild Horses, il avait dû aller la chercher loin, très loin. Comment se faisait-il qu'elle ne soit pas encore fanée? Mais Liberty ne s'embarrassa pas de ces considérations futiles. Une seule chose comptait à ses yeux: Sword était revenu. La jument blanche fit quelques pas, sa crinière balayant son encolure fine sous l'emprise du vent puissant, et baissa la tête vers l'Edelweiss. Pour la plus belle des belles...la jument frémit de plaisir à ces mots. Entendre sa voix, le voir, savoir qu'il était là, rien ne pouvait lui causer plus de joie.
Délicatement, elle baissa le col jusqu'à ce que ses naseaux effleurent le sol, ouvrit la bouche et saisit, avec douceur, la magnifique fleur, prenant bien garde à ne pas trop serrer les dents pour ne pas l'abîmer. Elle redressa la tête, la fleur dans la bouche, vers Sword. Puis elle s'approcha de lui, doucement, et, finalement, appuya ses naseaux fins et veloutés dans le creux de ses épaules puissantes. Elle ferma les yeux, se laissant bercer par son odeur et sa présence, percevant les battements de son coeur, le rythme de sa respiration profonde à travers la peau. La jument aurait pu parler, poser des questions, raconter à l'étalon à quel point son absence avait été dure, lui raconter toutes ces heures passées, le regard perdu dans le vide d'un paysage magnifique, la crinière fouettée par le vent des sommets, à penser à lui, à leur première rencontre. Elle ne dit rien, car l'évidence excluait le besoin de mots. Il lui avait manqué, elle était heureuse de le retrouver, elle ne lui en voulait pas pour son absence. Elle l'aimait. Que dire de plus?

Edelweis vit l'aigle bondir sur la croupe de Sword, sans un mot, sans un regard pour elle, ses plumes hérissées. L'once frémit, ses yeux changèrent d'expression, s'assombrirent. Elle fut blessée par la rebuffade de Gondor, d'autant plus que l'aigle lui avait manqué, et qu'elle aurait aimé pouvoir le saluer, lui reparler. Il ne lui avait plus adressé la parole depuis qu'elle avait choisi Tharaman...L'once émit un discret soupir et ne quitta pas des yeux Gondor. Peut-être qu'il n'était pas prêt à pardonner, peut-être qu'il ne le serait jamais...mais l'once souhaitait plus que tout qu'ils restent amis.
Qu'au moins il fasse mine de la reconnaître, de l'avoir remarqué...la panthère fixait l'aigle de son regard assombri par le chagrin de constater qu'il lui en voulait encore au point de l'ignorer, espérant vaguement qu'il la saluerait, au moins...qu'elle sache si elle lui avait un peu manqué. Il faudrait bien tôt ou tard enterrer la hache de guerre entre eux, ne serais-ce que pour le bien de leurs deux compagnons équins.
Elle ne lui adressa pas la parole, ça ne servait à rien. Elle se contenta de le regarder.

Invité

Sword sentit ses joues s'empourprer sous sa robe baie. Il avait toujours été assez coincé. Il frémit lorsque Liberty posa, lentement, sa tête contre son épaule puissante, ses muscles encore frémissants et engourdis après un si long périple. Le mistral cessa de souffler, laissant sa longue crinière noire et ébourifféer retomber en cascade le long de son encolure épaisse. Plusieurs cicatrices zébraient ses flancs et son dos, mais les pensées de l'étalon bai étaient bien loin des combats et des champs de bataille. Même le chevalier en armure a droit au repos. Sword posa doucement sa tête contre l'encolure de sa belle, sentant le souffle chaud de celle-ci contre son poitail musclé. Il s'émerveillerait toujours devant la finesse de liberté, comparé à sa puissance épaisse et meurtrière. S'il était une lourde épée d'acier, la jument blanche était une fine dague ciselée, tranchante et solide, mais si fragile d'apparence, et recouverte de tant de gemmes précieuses que l'arme était plus un objet de collection qu'un véritable poignard pouvant prendre la vie. Sword esquissa un sourire à cette pensée, imaginant, côte à côte, la grossière épée meurtière et la dague, tranchante et fine. La brise avait remplacé le mistral, ébouriffant les crins quasi-translucides de Liberty. Sword planta ses yeux bruns dans ceux, noisettes, de sa belle. L'amour se lisait à travers ses pupilles comme on peut lire dans un livre ouvert.

Gondor sentait la déception d'Edelweiss. Ce sentiment était tel qu'il en devenait presque palpable. Mais la pitié avait abandonné l'aigle brun en même temps que sa joie de vivre. Les émotions de la panthère des neiges ne l'intéréssaient plus. S'il devait chérir quelqu'un aujourd'hui, il s'agissait d'une de ses semblables, qui saurait le comprendre. À l'évidence, Edelweiss n'en était pas capable. Tant pis pour elle. De son amitié, Gondor n'avait plus besoin. Plus jamais. Comment l'once pouvait-elle ne pas comprendre ? Avait-elle oublié qu'elle l'avait laissé brisé, incapable de se relever ?! Pensait-elle vraiment qu'il était prêt à pardonenr alors qu'il avait été cloué au sol pendant près de deux mois, incapable de voler, les ailes de son esprit réduites à des moignons sanglants ? Non, il n'était pas prêt à pardonner.

Liberty sourit, goûtant cet instant de paix, bienvenu après la tempête. Et quelles tempêtes...le retour du fils de Devil, Equinox, si semblable à son frère, avait envoyé promener ses repères, plus encore que la trahison de sa fille. La jument blanche avait vu revenir à la surface toutes les vieilles vérités cachées, tous ces souvenirs qu'elle aurait préféré balayer de son esprit. Elle rouvrit les yeux et ces derniers se posèrent sur les cicatrices, nouvelles, qui zébraient le dos de l'étalon. De son étalon...elle n'était pas possessive, simplement amoureuse de lui. C'était presque aussi fort. La force de Sword, si différente de sa propre finesse, sa sensibilité, aurait pu laisser penser que jamais deux êtres si opposés n'auraient pu s'entendre...et pourtant c'était lui qu'elle aimait. Lui et personne d'autre.
Combien de temps restèrent-ils ainsi? La jument blanche n'aurait su le dire, elle avait perdu toute notion du temps. Seul comptait le présent, le contact de la robe humide de Sword sous ses naseaux de velours, le rythme de sa respiration qui s'accordait au sien, les battements de son coeur qui semblaient l'écho des siens. L'Edelweiss, entre ses dents, effleurait à la fois le poil brun de Sword et le pelage blanc de Liberty. Puis la jument redressa un peu la tête, et articula, tout bas, tout doucement:

"Tu m'as manqué..."

Edelweis avait fini par se désintéresser de l'aigle. S'il ne voulait même pas la voir...l'once recula de quelques pas, sans colère, sans rancune particulières, juste déçue. Elle aurait espéré que l'aigle aurait su tirer un trait...ou, du moins, aurait été capable de mettre sa propre rancune de côté. La panthère alla s'asseoir plus loin, sur un rocher, et commença à faire sa toilette, léchant son épaisse et opulente fourrure, avant de nettoyer soigneusement ses griffes mortelles. Puis elle roula sur le flanc, sur la roche humide, et fixa les deux amoureux de ses yeux verts. Finalement, elle s'allongea sur le ventre, pattes avant croisées devant elle et tête posée, abandonnée, sur ses antérieurs. Elle chercha à croiser le regard de Gondor, pas pour le saluer, simplement pour articuler ces quelques mots, pas dans un but précis...juste parce qu'elle avait envie de le dire. De lui dire. Pardonne moi.

Invité

Sword aurait put s'endormir, là, maintenant, tout de suite, dans cette position. Sa respiration haletante s'était calmée, se calquant peu à peu sur celle, paisible, de Liberty. Ses naseaux de velours étaient pressés contre son épaule, impressionant contraste. Une tête si fine, si bien proportionnée, aux naseaux d'uen sensiblité extrême, alors que son épaule ... Elle était grossière, taillée comme dans un bloc de glace. Pas une once de graisse ne difformait son corps, mais le muscle se répartissait partout, le rendant lourd, puissant meurtrier. Sa peau avait soif de sang comme de caresse, ses oreilles des cris du champs de bataille comme de douces paroles amoureuses, ses yeux de la peau blanche de sa belle comme des carcasses sanglantes des Hommes. Il voulait la Guerre comme il voulait la paix. Mais, pour l'instant, le fracassement des armes, le sang éclaboussant sa robe et les têtes d'Humains roulant au sol pouvaient attendre. Place aux caresses d'une douceur sensuelle et farouche, place aux mots doux et amoureux, place aux beaux yeux noisettes de sa bien-aimée. Le reste n'avait plus d'importance. Même les pensées sournoises de Gondor, pourtant étroitement reliées aux siennes, n'apparaissaient que comme des bruits de fond. Sword poussa un profond soupir. Il était heureux.

" Je t'aime. "

Oui, elle lui avait manqué aussi, mais ce n'était pas ça qu'il voulait entendre. C'était ces trois mots magiques, d'une puissances phénoménales, pouvant tuer comme rendre une âme plus heureuse que toutes autre réunies. Sword sentit ses muscles douloureux le démanger. Il avait envie de courir, de galoper, de joeur avec elle comme deux poulains, puis se s'alonger l'un contre l'autre pour dormir des mois entiers.

Et Gondor ? Que pensait-il de tout ça ? Rien. Il laissait Sword et Liberty à leur bonheur, accueillant les pensées de l'étalon bai comme une carte de faire-part. Il ne pensait rien d'Edelweiss, car il n'y avait plsu rien à penser.

Liberty, quant à elle, ne rêvait que de paix. Elle ne voulait pas se battre, elle n'aimait pas sentir le sang éclabousser sa robe et ses sabots. Bien sûr, elle savait combattre, suffisamment bien pour tenir tête à la plupart des chevaux. Elle savait tuer...mais aimer tuer? Elle aimait la paix, sa peau ne cherchait que celle de Sword, ses sabots ne voulaient rien de plus que de fouler une terre apaisée, sans guerre. Une terre heureuse. Elle n'aimait ni donner la mort, ni combattre. Certains étalons se battaient, entre amis, en des duels acharnés, simplement pour le plaisir d'un beau combat...elle n'aimait pas cela. Elle n'aimait pas le combat. Quand elle se battait, elle était assez dangereuse. Elle dansait autour de son adversaire, dessinant par ses voltes et ses esquives une chorégraphie complexe, entourée de sa crinière et de sa queue soyeuses comme d'un tourbillon de neige. Quand elle se battait, elle était gracieuse, sauvage...mais ce n'était pas ce qu'elle aimait. Elle préférait amplement la paix d'un après-midi d'été au sang d'un combat acharné. Elle savait tuer, elle le faisait sans hésiter, mais elle n'aimait pas ça.
La jument blanche frémit en entendant ces deux mots. les deux plus difficiles au monde à prononcer. Elle ferma les yeux et savoura le plaisir de les entendre prononcés par une voix aimée, celle de Sword, savoura leur écho dans ses oreilles et celui, infiniment plus profond, qu'ils trouvaient au fond de son coeur. Puis Liberty frôla à nouveau de ses naseaux tendres la joue de son bien-aimé, et murmura tout bas, comme pour elle-même:

"Je t'aime."

Mais elle ne parlait pas pour elle-même, elle parlait pour Sword. Et aucune phrase, aucune déclaration enfiévrée ou grandiloquente ne pouvait mieux exprimer cette évidence, ne pouvait être plus sincère, venir d'un endroit plus profond de son coeur que ces deux mots. Aucune autre phrase n'était aussi difficile à prononcer, aucune autre phrase n'aurait pu lui procurer un tel sentiment de bien-être à l'entendre, et d'amour en la prononçant. Aucune autre phrase n'engageait autant celui qui l'articulait.

Edelweis avait finalement fermé les yeux, renonçant, recevant les pensées et les émotions de Liberty avec calme et paix, d'autant que cet amour qu'elle ressentait trouvait un écho dans son coeur, du fait de ses sentiments pour le Thar des léopards. L'once ronronnait tout bas, heureuse de snetir enfin, pour la première fois depuis des lunes, Liberty heureuse.

» s ennui seul et est perdu
» Je ne sais plus ...
» Inaltérable flamme
» Je sais que tu es là... [Tharaman]
» Tu sais ce qu'on raconte?