L'arrivée d'une nouvelle jument

La jeune jument arriva sur les terres du clan de glace. Elle était presque certaine d être acceptée dans ce clan, après avoir reçu une sorte de signe. Les esprits peut être ? Elle savait qu elle n était pas folle. Le clan l acceptait simplement parmis eux.

Dans un galop qui devenait lourd, je franchissais les troncs d arbres et slalomait les grands pins. J entendais le bruit crystallin d une cascade. Plus je me rapporohais plus ce bruit fut puissant et résonnait dans ma tête. 7 jours que je voyageais sans m arrêter à part pour grignoter quelques pousses d herbes... Mes forces me lâchaient. Mais cette vision que j avais eu le redonnait espoir et confiance en moi. Le Clan semblait m accepter. Et pourtant je n avais encore vu aucun cheval a l horizon...

Pretty Mill fit un effort pour sauter ce dernier tronc d arbre mais ses membres ne semblaient pas d accord et elle trébucha, s étalant lourdement sur le sol. Elle resta quelques secondes au sol pour retrouver ses esprits. En rassemblant ses dernières forces elle se leva. Elle tituba et le paysage tournait autour d elle. Elle tenta de piquer un petit galop pour se revigorer mais les forces lui manquaient. Encore une fois des membres s emmêlèrent et elle s affala au sol.

Je ne pouvais décidément pas aller plus loin. En relevant légèrement la tête je pus voir que la cascade était toute proche. Désormais je pouvais entendre distinctement le roulement sourd de l eau. Malgré ma fatigue je me sentais presque en sécurité. Cet endroit m était familier... Mais en même temps inconnu !

Pretty espérait seulement qu aucun prédateur ne traînait dans les parages. Elle n aurait pas eu le temps de riposte au elle serait déjà mangée toute crue. Elle se promit que des qu elle se serait un peu reposée elle s entraînerait pour forger sa musculature.

L excitation la gagna. A quoi ressemblait les membres de ce clan ? L accepteraient t il ?

Pretty relâcha ses tensions et se laissa emporter par le sommel, rêvant d un avenir prometteur.

C'était la dernière fois avant longtemps qu'il se désaltérait aux eaux vives des cascades du Nord. Cette eau, glacée et claire, limpide, descendait droit des montagnes pour achever sa course, après avoir traversé la forêt de conifères, dans les lacs cristallins des plaines gelées. Jamais de glace, toujours liquide, elle dévalait les rochers, se frayant un chemin en charriant les épines de pin dans un rugissement sourd, elle se creusait un lit qui s'élargissait au printemps, quand les neiges d'hiver, partout sur les terres de glace, fondaient. Pour l'heure, cependant, les torrents étaient tranquilles, sans l'exubérance du printemps boréal, car la neige demeurait, voile immaculé, couvrant les vastes étendues de la toundra et de la taïga, comme une extension de la banquise, et elle ne fondrait pas avant les feux de l'été. Là où les autres terres connaissaient quatre saisons, le Grand Nord n'en vivait que deux: le plein été et le plein hiver, les couleurs et la blancheur, les herbes et la neige.

Shiki aimait ces terres où il était né et qu'il gouvernerait probablement un jour, il savait composer avec ce climat rude, parfois violent, il ne craignait ni le blizzard ni les griffes des léopards géants qui, il le savait, étaient ses alliés en vertu d'un vieux pacte. Et pourtant, le jeune étalon s'apprêtait à laisser derrière lui les terres sur lesquelles il serait appelé à régner. Pensif, Shiki souffla dans l'eau courante, et dans les ondulations qui naquirent à la surface, il crut revoir les derniers évènements. La rencontre de Black et Stelmaria avec le jeune chef du Crépuscule, Zanzibar, s'était faite en la présence de Shiki et de sa compagne Moondance; à l'issue de leur négociation, les deux chefs du Nord avaient décidé d'envoyer les jeunes chevaux vivre aux côtés de Zanzibar, au sein du Crépuscule. Shiki et Moondance y auraient pour rôle à la fois d'épauler le jeune chef si le besoin s'en faisait sentir, d'apprendre à connaître les chevaux du Crépuscule et surtout, de jauger et d'évaluer les intentions du jeune étalon alezan.

L'enjeu était aussi politique: en envoyant Shiki et Moondance sur le terrain, Stelmaria s'assurait que son héritier prenait du métier et apprenait à gérer un clan, en vue de lui succéder un jour. D'autre part, la présence de Shiki et Moondance, l'un héritier du Clan de Glace et l'autre petite-fille du chef de l'ombre, Black, signalerait mieux qu'une annonce publique que les Clans du Nord ne refuseraient pas une alliance avec le Crépuscule: c'était donc aussi un moyen de garder à l'écart, sans esclandre, les Clans des Etoiles et du Soleil. En définitive, Zanzibar choisirait son alliance; mais il était probable qu'il se souviendrait de ces mois passés en compagnie des deux Nordiques, ce d'autant plus que Shiki et lui étaient sensiblement du même âge: ils étaient les chefs de demain.

Un bruit de chute alerta Shiki qui redressa vivement la tête, tiré de sa rêverie et de ses adieux momentanés à sa terre chérie. Le jeune étalon s'élança sans attendre dans la direction d'où provenait le bruit, d'un grand trot allongé, franchissant aisément des troncs qu'il connaissait bien, dans ce paysage familier. Sa robe gris fumée, plus sombre au niveau de la tête et des membres, ses crins noir corbeau luisaient sous la pâle clarté que les pins laissaient filtrer. Jeune, en pleine forme, il ne pouvait s'empêcher de pavoiser un peu lors de ses entrées, rouant son encolure épaisse, ce qui hérissait sa crinière, laissant son long toupet soyeux balayer son chanfrein et portant sa queue en panache, genoux levés hauts. Mais son regard gris acier, couleur héritée de sa mère, demeura doux tandis qu'il observait les alentours.
Il finit par apercevoir une forme bicolore, apparemment gracile, celle d'une jument couchée et s'orienta dans cette direction. Élargissant ses naseaux pour humer l'odeur de l'inconnue, il laissa échapper un petit hennissement de gorge pour attirer son attention et l'interrogea:

"Hé, ça va?"

La fatigue avait eu raison de Pretty Mill. Elle était en plein sommeil, essayant de récupérer des forces.

Dans son rêve elle se revoyait près de sa mère, lorsqu elle était encore une petite pouliche insouciante. Tête partie du rêve était la meilleure. Mais comme souvent, le paysage commençait a se noircir et arrivait l episode triste...

Elle fut tirée de son sommeil par un hennissement.

Surprise elle ouvrit les yeux et fit un bond magistral pour se lever. Mais ses membres engourdis la maintenant a peine en équilibre. S ajouter à ça un tournis incessant. La silhouette noire devient alors plus nette et Pretty pût découvrir à qui elle avait a faire.

Sachant qu elle ne pourrait pas lutter contre une attaque, elle opta pour la deuxième solution : rester courtois et pacifique. Elle se mît alors à le dévisager.

Elle avait de toute évidence un dieu devant elle. Elle ne pût que contempler sa crinière charbonneuse, soyeuse; son poil lustré, légèrement cuivré, couleur ébène...

Retrouvant peu à peu ses esprits, elle prit quelques secondes pour regarder autour d elle. Elle reconnut la forêt...la cascade....son voyage... Puis elle se concentra à nouveau sur l inconnu. Elle n avait aucun moyen de fuir, aucun moyen de défense,... Mais elle ne voulait pas montrer sa faiblesse et malgré ses membres tremblants de fatigue elle se redressa noblement et mit sa queue en panache.

"Oui ça va très bien. Qui êtes vous ?"

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Il s'était fourvoyé; la jument n'était pas malade, elle dormait, et dormait profondément, de toute évidence, puisque l'arrivée de Shiki la tira, apparemment brutalement, de l'inconscience. En son for intérieur, le jeune étalon sourit des efforts de la jument pour se lever: elle semblait à bout de forces, et Shiki, quoique jeune, avait suffisamment vécu, combattu et voyagé pour reconnaître un adversaire qui ne représentait pas la moindre menace. Si jamais la jument avait l'intention de l'attaquer, dans l'état de faiblesse où elle semblait être, elle n'avait pas la moindre chance...alors Shiki, qui s'était approché avec prudence, se détendit et prit un air un peu plus altier.

Son toupet lui tombait sur les yeux et il le rejeta en arrière d'un geste vif, hérité de Black, qui avait élevé sa mère Odyssée. Sa nouvelle rencontre était une jument et, comme le jeune étalon qu'il était, conscient au moins en partie de sa force et de sa beauté, peut-être moins conscient de ses éventuelles faiblesses, il roua l'encolure et hennit de nouveau, tout bas, se voulant rassurant. La jument avait l'air un peu perdue, mais elle reprit très vite du poil de la bête, ce que Shiki apprécia en son for intérieur: c'en était une qui savait vivre seule, de toute évidence, et sa lenteur relative à recouvrer ses esprits pouvait être imputée, tout simplement, à sa faiblesse. Faiblesse que l'inconnue prit la peine de dissimuler en se redressant et en haussant sa queue en panache.

Amusé, car les membres de la jument tremblaient sous ces airs fiers, Shiki à son tour se haussa et se cambra, mettant en valeur son poitrail élargi par l'exercice et par sa musculature grandissante. Il s'offrit même le luxe de redresser la base de sa queue, car il ne la portait pas en panache mais simplement arrondie. Ses crins lustrés semblaient soyeux et doux tandis qu'il laissait la brise légère, dernier vestige du vent glacé en provenance de l'est et qui avait été arrêté, ralenti, adouci par les arbres, agiter sa longue queue et sa courte crinière.

Le jeune héritier laissa un sourire chaleureux, voire charmeur éclairer ses traits et répondit à l'inconnue:

"Vous aviez l'air affaiblie. Enfin, vous ne risquez rien ici, cet endroit est totalement exempt de prédateur."

Il s'interrompit une seconde et, pour se présenter, se dressa légèrement sur ses postérieurs, à demi cabré, avant de se laisser retomber souplement. Shiki aimait se montrer un brin cabotin, c'était, disait sa mère Odyssée, amusée par cette manie qu'elle qualifiait de "typiquement masculine", un héritage indéniable de son père, Aglow Star, l'incorrigible charmeur charmé par la belle Odyssée. Il se laissa donc retomber en reprenant:

"Quant à moi, je suis Shiki, fils d'Aglow Star et d'Odyssée, ce qui fait de moi l'héritier de Stelmaria donc le futur Thar du Clan de Glace. Et vous, puis-je vous demander votre nom, et, si ce n'est pas indiscret, ce que vous faites ici?"

En voyant Shiki se mettre en valeur ainsi, laissant découvrir plus encore sa musculature de guerrier, Pretty se redressa de plus belle, redressant la tête fièrement.

Il faut dire que cet étalon un brin charmeur était du genre à séduire les juments sans le vouloir... En tout cas c est ce que Pretty pensait. Mais cependant, elle même charmeuse, elle continuait a lui tenir tête et d ailleurs, lorsqu il se cabra, d abord intimidée, elle se cabra légèrement elle aussi.

Pretty se sentait rassurée par cet étalon, malgré son effrayante puissance qui se voyait à vu d œil. Elle ne préférait pas le mettre en colère et opta plutôt pour se rassoir un peu. Quitte à laisser sa légère prétention de côté.

À l annonce de son nom et de l énumération de ses nombreux ancêtres renomés, Pretty se sentit plus insignifiante que jamais, la rendant encore plus frêle. Elle pencha légèrement la tête et baissa un peu les oreilles par respect. Voilà qu elle se trouvait face à un étalon de toute splendeur, et chef de renom.

Pretty exquissa un léger sourire malicieux. Le prénommé Shiki se pavanait fièrement, affichant son plus beau profil. Prétentieux, c est le mot qui lui convenait. Mais ça le rendait attachant.

"Ravie de faire ta connaissance Shiki ! À mon tour de me présenter. Je suis Pretty Mill, fille de Millenium et Carry Lady. Ce qui fait de moi l héritière de... L héritière d un patrimoine génétique exceptionnel !! Si si crois moi... Ma famille incarne les premiers pintos spécialisés en course ! Je n ai pas reçu un entraînement intensif mais bon... Ce n est pas négligeable...

Pretty éclata de rire. Impossible de faire face aux ancêtres de Shiki.

" Et pour répondre à ta question, je cherchais justement le clan de glace. Suis au bon endroit ? Ça fait plusieurs jours que je voyage pour trouver ce clan. J espérais pouvoir l intégrer."

Pretty devait penser qu il était simple de rentrer dans un clan. Elle n avait pas idée des ennemis à affronter ni de la vie en communauté. Depuis 2 ans elle vivait quasiment en solitaire. Mais elle souhaitait vivre une autre vie. Changer pour se dévouer entièrement à son clan.

La jument répondait au petit jeu de Shiki, puisqu'elle se cabra à son tour en réponse au salut un peu pompeux du jeune mâle, qui sourit avec amusement. Cherchait-elle à le séduire? Après tout elle était assez mignonne, jeune, fine et d'une jolie couleur, avec une mine assez raffinée et manifestement, du talent pour se mettre en valeur et faire la belle. Elle n'y réussissait pas mal, d'ailleurs. Une jument à l'aune de Lusitania, la fameuse jument pie, chef associée du Clan du Soleil et célèbre pour sa beauté et sa façon de jouer de ses charmes.

Devant lui, l'inconnue prit une posture étonnante: elle s'assit, et l'incongruité de cette situation tira un sourire à Shiki, qui l'escamota aussi rapidement mais conserva, dans le regard, une lueur égayée. La jeune jument avait baissé la tête, comme par respect ou par humilité, en entendant le nom des ascendants de Shiki et le jeune étalon souleva une oreille, perplexe. Il n'avait pas eu pour but de l'impressionner, mais habitué à ce que les siens soient connus, il se servait volontiers de leurs noms pour se présenter: c'était le moyen le plus rapide pour que ses interlocuteurs le situent dans la hiérarchie du territoire, plutôt que de leur expliquer en quoi il était l'héritier de Stelmaria et le futur chef du Clan de Glace.

La jument se nommait donc Pretty Mill. Un nom aux consonances inconnues qui déclencha la perplexité du jeune mâle, et plus encore quand Pretty énonça le nom de ses parents, deux...illustres inconnus pour le jeune héritier. Shiki pointa les oreilles en avant, intrigué, mais Pretty lui donna la solution dans les mots qui suivirent en parlant de chevaux de course; d'accord! Elle était donc de ces chevaux élevés par les hommes, de ces lignées domestiques dont certains membres revenaient à l'état sauvage...Shiki hocha la tête et la questionna, intéressé:

"Alors tu es née chez les hommes, n'est ce pas? Tu t'es enfuie ou ils t'ont chassée?"

L'étalon gris s'ébroua: son toupet venait de lui retomber devant les yeux, et il le renvoya derrière ses oreilles d'un geste vif, avant de reporter son attention sur la jument qui se disait candidate au Clan de Glace. Le futur chef la dévisagea longuement, avant de reprendre la parole, soudain plus sérieux:

"Puisque tu es sur notre territoire et face à l'héritier du Clan, c'est à dire moi-même, tu es au bon endroit! Maintenant...la vie au sein du Clan de Glace est assez différente de celle au sein des autres clans. D'abord, le pacte ancien qui existe entre les chevaux et les léopards géants fait que ces derniers sont nos alliés; j'espère que cohabiter avec des léopards plus grands que toi ou moi ne te pose pas de problème! D'autre part, nous vivons sur des terres boréales...la toundra est riche en été mais l'air y sera toujours froid, et en hiver, notre lot est le blizzard et l'herbe rêche, nourrissante mais brûlée par le froid, qu'on trouve du bout du sabot.
Tous les chevaux du Clan de Glace sont de rudes combattants; mais cela, le combat, tu l'apprendras. Ce n'est pas un critère. En revanche, j'espère que le froid ne t'effraie pas...Le revers de la médaille, de ces conditions difficiles est une camaraderie telle que tu n'en trouveras pas au sein des Clan du Sud, Soleil ou Etoiles, et même pas parmi le Clan de l'Ombre. Et ces terres sont accueillantes pour qui apprend à les connaître...dures, mais accueillantes."

Il redressa la tête et sourit, un sourire engageant, encourageant, un brin charmeur comme de coutume. L'oeil vif, il acheva d'un ton allègre, en piaffant à demi et en rouant l'encolure:

"Alors, tu nous rejoins?"

Ayant fait preuve d un minimum de respect pour le chef, elle se releva et s ébroua. Tout en lui lançant un regard malicieux elle piaffa majestueusement. Elle se plaisait à ce petit jeu de séduction. Savoir qu un étalon porte son attention sur elle la rendait plus espiègle encore. Cependant Elle ne semblait pas tant l atteindre que ça, ou alors il le cachait derrière sa prétention. Elle repris de son sérieux en écoutant les explications de Shiki.

"Oui je suis bien née chez les hommes. Les premiers que j ai connu étaient irréprochables. Passionnés par le cheval et sa bonne santé. Les seconds étaient beaucoup moins chaleureux...J avais droit aux coups de bâtons tous les jours. Sans raison valable. Mais ils ne comprenaient pas. Moi non plus. J ai failli sombrer dans l horreur et finir chez le boucher mais j ai réussi à m enfuir."

Elle redressa l encolure, montrant qu elle était maintenant devenue une jument forte et déterminée. Ces coups de bâtons lui avaient peut être permis de redémarrer vers une autre voie.

Pretty écouta ensuite le récit que lui faisait Shiki sur la vie du clan. D abord tout cela l effrayait un peu. Mais il fallait qu elle essaye.

"Ça n a pas l air facile ni de tout repos...le froid je pense que je supporterais. En tout cas je m y ferais. Mes seconds propriétaires m emmenait souvent à la montagne. En haute montagne. Et il n avait pas trouvé d autres idée stupide que de me laisser toute la journée dehors dans le blizzard sans abri. Si ça peut servir pour ma robustesse c est déjà ça... ^^'
Et puis ces léopards, s ils sont nos alliés je ne devrais pas m en effrayer ? "

Son sourire chaleureux l invita à se décider.

"Je veux faire parti de ce clan. Je veux vous rejoindre et apprendre. Je ne laisserais pas passer ma chance."

Elle retouva alors ce sourire malicieux et et éclat dans son regard si expressif. Prenant ses airs de jument pursang arabe prétentieuse, la queue en panache, l encolure relevée, elle piaffa et d un geste vif elle mordilla l encolure de Shiki. Elle se rabattit sur elle même et courba l encolure.

Shiki écoutait la jeune jument lui raconter son histoire, par bribes, avec grande attention. Il n'avait jamais, au grand jamais rencontré d'homme et ne les connaissait que par les récits de sa mère, Odyssée, qui avait eu la malchance d'être prise au piège par des humains un jour. Un autre animal, depuis, lui avait parlé des hommes, c'était Sam, le chien, le gardien solitaire des écuries. L'une lui avait parlé d'horreur et de brutalité, mais reconnaissait néanmoins à ces créatures une imagination, une sensibilité et une intelligence abstraite non négligeable, l'autre, avec ses mots simples de chien domestique, lui avait parlé de maîtres aimés, respectés, de meute et de soumission, de dominants. L'impression qui ressortait, pour le jeune cheval, était que ces créatures étaient capables du meilleur comme du pire; le récit de Pretty Mill venait corroborer cette hypothèse.

Pretty Mill avait cambré l'encolure et Shiki sourit, amusé par ce petit jeu de séduction qu'ils semblaient mener à deux. Quoiqu'étant satisfait à tout point de vue par sa compagne et sa cousine Moondance, l'étalon ne dédaignait pas badiner avec certaines jolies et jeunes juments, simplement pour le plaisir de faire le beau et de danser un peu. Cependant, il prenait garde à bien laisser savoir à ses partenaires de jeu qu'il avait une compagne, et que quoi qu'il puisse se passer, ses avances se limitaient à de beaux airs et quelques provocations.

Pretty Mill semblait partagée entre anxiété et volonté de prouver sa force, ce qui fit sourire Shiki; il ne s'attendait évidemment pas à ce que sa description de la vie dans le grand Nord effraie la jument, mais néanmoins il se devait de la prévenir: c'était un monde à part. Mais, ce qu'il n'avait pas dit et qu'elle découvrirait sans doute toute seule était que, si elle parvenait à apprivoiser cet univers particulier, elle y connaîtrait de grandes joies. Né et élevé sur les terres de Glace, Shiki n'aurait échangé pour rien au monde le vent froid d'hiver, la blancheur des neiges contre un quelconque soleil chaud et brillant.

"Tu ne risques absolument rien face aux léopards. Ils sont nos alliés, nos amis, presque nos frères parfois. J'ai grandi en jouant autant avec des poulains qu'avec des léopards, et plus d'une fois je les ai accompagnés à la chasse...sans chasser moi-même, évidemment. Je restais en retrait car seuls leurs crocs et leurs griffes peuvent espérer défaire un orque ou un autre animal, mais j'observais, et j'ai parcouru la banquise avec eux."

Shiki approuva d'un signe vif de tête quand Pretty lui fit part de sa volonté de rejoindre le clan, et il se cabra brièvement, agitant ses antérieurs dans l'air avant de se laisser retomber et de piaffer, plein d'enthousiasme:

"Alors bienvenue parmi nous!"

Pretty semblait avoir envie de jouer et, par chance, Shiki était lui aussi d'humeur badine, alors le jeune étalon roua l'encolure, leva haut les genoux et se mit en devoir de provoquer à son tour la jument, cherchant à happer son toupet du bout des dents ou mimant une attaque, évidemment factice. Rien à voir avec la façon dont il dansait parfois avec Moondance ou dont il effleurait, du bout des naseaux, son encolure si fine, si douce...mais un jeu, malgré tout.

Pretty semblait plus décidée encore à quitter son ancienne vie et à laisser place à ce nouveau monde qui l accueillait. Elle espérait bientôt rencontrer un de ces léopards, pour savoir à quoi s attendre et combler son excitation...et peut être un petit peu d anxiété aussi.

Après tout dans sa vie de cheval elle n avait croisé que des chevaux, quelques chiens, chats et autres... Mais rarement des léopards !

Pretty se souvient cependant d une rencontre avec un loup. Celui ci était tout sauf aimable et ils en étaient venu aux crocs et aux coups de sabots... Heureusement elle était en pleine forme ce jour la et le loup de son côté était plus décharné. Elle avait du droit, cela dit, à une belle morsure sur l épaule, plutôt douloureux elle en gardait don un mauvais souvenir.

Secouant la tête pour faire disparaître ce mauvais souvenir, elle se concentra à nouveau sur Shiki, faisant sa belle. Son jeu favori ! Elle croyait de temps en temps atteindre certains étalons mais c était rarement + qu un simple petit jeu. D ailleurs Shiki semblait lui faire comprendre qu il ne s agissait en aucun cas de gestes de séduction pures. Aucune histoire de cœurs en jeu !

Et puis un étalon comme Shiki... Il devait sans aucun doute avoir une compagne. Une jument à qui il avait offert son cœur. Bien sur Pretty n aurait pas refusé un compagnon comme Shiki. Mais elle savait qu entre eux, il était question d amitié.

En tout cas la jeune jument espérait qu ils se forceraient une belle amitié ensemble. Pretty était du genre à sympathiser avec les étalons. Elles les adoraient. Elle se voyait simplement agacée par ces juments hyper sensible, craquant à la moindre occasion...elle les trouvaient ridicule. Mais il semblait qu ci même les juments étaient robustes. Elle avait en tout cas hâte d en rencontrer !

Lorsque Shiki se cabra comme pour mimer une attaque. Pretty était ravie : il semblait d humeur à jouer ! Lorsque du bout des dents il effleura son toupet, Pretty hennit. Elle s ébroua et fit miné de reculer, comme pour abandonner le combat. Puis elle releva soudainement la tête et se cabra, se dressant un maximum sur ses postérieurs. Tenant en équilibre elle avança un sabot vers l épaule de Shiki et fit mine de l attaquer. Mais ses membres commençaient a la lâcher : la fatigue était toujours la... Sans montrer aucune trace de faiblesse elle avança sa tête, toujours dressée en équilibre, et elle lui mordilla la nuque.

Sentant qu elle ne tiendrait plus longtemps, elle tenta de poser ses antérieurs sur le dos de Shiki mais ce n était pas très stable ! Perdant son équilibre elle glissa et tomba sur le flanc. Heureusement le choc amorti par un tas de mousse autour d un grand pin.

Manifestement, Pretty Mill ne prenait pas trop au sérieux leur jeu à deux, et Shiki en était satisfait: le jeune étalon n'avait nulle envie d'abandonner ou de tromper Moondance, même pour une beauté de passage, qui d'ailleurs n'avait pas grand effet sur lui puisque toute son attention était toujours tournée vers sa jolie compagne. Mieux valait donc pour Shiki, qui ne comptait pas s'empêtrer dans d'inextricables histoires de coeur, mettre les choses au clair dès le début et repousser toute attitude par trop équivoque. Ce d'autant plus, songea-t-il, l'oeil brillant de dérision, que sa compagne était aussi la petite-fille de Black, la petite-nièce de Stelmaria donc sa propre cousine, et que s'il commettait un faux pas, ces deux grands guerriers se feraient un plaisir de le remettre à sa place! Mais il ne demeurait pas avec Moondance simplement par peur; c'était avant tout l'amour et, en deuxième lieu, le désir, qui l'enchaînaient.

Pretty Mill jouait avec une certaine ardeur et un tempérament qui, si il n'était pas belliqueux, était néanmoins très énergique; leurs jeux ressemblaient presque à ceux que pouvaient mener, ensembles, Black et Stelmaria. En moins violent bien sûr car, se connaissant par coeur, les deux complices ne retenaient jamais leurs coups dans leurs combats factices, chacun sachant trop bien que l'autre serait capable d'esquiver in extremis. Pour Black et Stelmaria, un jeu de bagarre n'avait d'intérêt que si le sang coulait un peu...il était fréquent que les dents de Stelmaria se referment sur l'encolure de Black ou qu'un sabot leste de l'étalon noir ouvre une ligne rouge sur le flanc de la Maudite, sans que cela ne pose le moindre problème entre eux.

Shiki n'avait cependant pas l'intention d'attaquer de la sorte avec Pretty Mill; il était cependant content de constater que la jument semblait goûter au moins autant que lui ces jeux un peu vifs et brutaux qui sont l'apanage des étalons, parmi les chevaux du Sud, trop fragiles au goût de Shiki. Elevé sur des terres sauvages, dans des conditions rudes, le poulain avait grandi sous l'oeil d'une combattante aguerrie, sa propre mère, qu'il avait vue alors qu'il était à peine poulain combattre le fameux Black Hole dans un combat auquel, même petit, il avait eu envie de se joindre. Si ses ancêtres lui avaient transmis quelque chose, c'était bien l'amour du combat. Et élevé parmi des étalons puissants et des juments guerrières, Shiki appréciait ces dernières. Même Moondance, douce parmi les douces, aurait su si elle l'avait voulu rosser un présomptueux; qu'elle ne le fasse jamais tenait à une autre portion de sa personnalité, une partie d'elle qui n'était pas entièrement à elle.

Pretty Mill, cabrée, avança un sabot vers l'épaule de Shiki qui, à son tour, se cabra pour éviter et pour bloquer le coup. Son entraînement avec Black Hole portait ses fruits: le jeune mâle avait gagné en puissance, en précision, en endurance et surtout, en technique; de la pratique viendraient musculature et expérience. Shiki, retombé sur ses pieds, virevolta quand Pretty Mill tenta de lui mordiller la nuque et, s'écartant d'un bond, décocha dans le même mouvement une petite ruade, prenant néanmoins bien garde à ne pas la toucher. Il se retourna une nouvelle fois - ne jamais tourner le dos à un adversaire excepté pour botter - et vit la jument, qui avait tenté de poser ses antérieurs sur son dos, s'écrouler sur un lit de mousse. Rieur, Shiki revint vers elle au passage, l'air altier, se cabra juste devant elle en une parodie de ce rituel de victoire de certains étalons.
L'oeil vif, il lança:

"Ce n'est quand même pas moi qui t'ai fait tomber? En tous cas tu as de bonnes bases en combat...tu manques juste de force, d'expérience et...de repos!!"

Il secoua la tête en riant.

Shiki était de ces étalons s entraînant régulièrement pour devenir un guerrier avec unepuissante musculature et des techniques infaillibles. Ils devaient d ailleurs avoir de bons mentors.

Pretty était du genre à jouer vivement à la bagarre, contrastant avec son caractère de jeune jument douce et charmeuse. Pretty restait pour autant sûre d elle, franche et vive de nature. V est pourquoi elle prenait un grand plaisir 'd affronter' un étalon comme Shiki.

Elle savait que face à lui elle avait peu de chances, mais prenant ça comme un jeu, Shiki ne blessait nullement la jeune jument. Cependant Pretty se rendit compte des techniques de Shiki, très au point.

Il manquait de la réactivité, de la puissance, de la pratique et de l expérience à la jument pinto. Ajouté à ça le fait qu elle se soit peu reposé depuis son retour, elle faiblit et ce qui devait arriver arriva !

La jeune jument était couchée sur le tas de mousse. Manquant de force elle resta immobile quelques instants. Shiki semblait bien rire de la situation. D ailleurs il se cabra d un air victorieux. Pretty rigola à son tour, cet étalon lui était vraiment sympathique. Mais il était temps de se reprendre.

"Pour un premier combat je me devais de te laisser gagner mon cher Shiki !!"

Elle se releva difficilement puis une fois sur ses quatre jambes elle s ébroua vivement, envoyant valser les bouts de mousse restés accrochés à son poil. Et cette mousse atterrit tout droit sur la tête de Shiki, éparpillé sur son toupet.

Pretty éclata de rire et prit un air malicieux.

"Voilà le laurier de la victoire ô grand guerrier !!"

Pretty ayant des bases de dressage, mima une révérence a la perfection puis se redressa et tira la langue à Shiki. Il était tellement comique avec ces bouts de mousses éparpillés sur la tête !

[à partir de demain et donc de la rentrée, je vais être beaucoup moins active et ne répondre qu'une fois par semaine environ. Juste pour prévenir^^]

Il était normal voire indispensable pour un cheval comme Shiki de s'entraîner au combat: il était destiné à être chef, et chef d'un clan où les talents d'un chef étaient aussi, outre ses capacités politiques, ses talents de combattants. Si les siens n'avaient pas été, de tout temps, de redoutables adversaires, sa lignée aurait déjà été vaincue et enterrée, et une autre lignée de chefs sur le trône! Stelmaria et l'actuelle lignée des Thars se maintenaient au pouvoir autant par tradition que parce que les éventuels ambitieux redoutaient de défier des chevaux aussi puissants...et aussi parce que l'alliance de la famille de Shiki avec les léopards géants lui conférait une puissance notable. Mais en tant que futur chef du Clan de Glace, il était aussi important pour le jeune cheval de savoir combattre que de savoir débattre.

Pretty Mill, toujours allongée par terre, ironisait et Shiki fronça le nez, amusé et ironique. Elle n'aurait pas pu le vaincre, ils le savaient tous les deux...probablement, en pleine forme, lui aurait-elle donné du fil à retordre, mais Shiki bénéficiait d'une expérience et d'un entraînement que la jeune jument n'avait pas encore. Qui sait? Peut-être quelqu'un la prendrait-il sous son aile, le Clan de Glace ne manquait pas d'adversaires aguerris, redoutables, et dans ce clan il ne semblait pas surprenant qu'une jument veuille devenir une guerrière. Maintenant...Pretty Mill voulait-elle vraiment devenir une guerrière? Shiki balaya ces questions d'un revers de tête: ce n'était pas à lui de s'en préoccuper, mais à elle, Pretty Mill, son nouveau sujet. Il sourit avec elle, pas dupe, quand elle se moqua gentiment de leur simulacre, bref simulacre de combat, et la regarda se relever puis s'ébrouer. Quelques brins de mousse s'accrochèrent à son toupet, long et soyeux, noir corbeau, et Shiki renâcla en s'ébrouant. Certains brins tombèrent mais les autres demeurèrent bien accrochés, sous le rire amusé de Pretty, qui parlait des lauriers de la victoire.
Se prenant au jeu, Shiki fit sa plus belle révérence, mettant en valeur à la fois sa force et sa grâce, et déclara d'une voix suave:

"Je les porterai comme un honneur, ô belle dame."

Puis il sourit et se frotta la tête contre la jambe pour faire tomber les impertinents bouts de mousse. Les végétaux chutèrent dans la neige qui subsistait encore, le plus fort de l'hiver étant à peine passée, tandis que le jeune cheval regardait la jument s'incliner. Elle maîtrisait à la perfection ce geste; la plupart des chevaux de Wild Horses apprenaient vite à se cabrer ou à s'incliner pour saluer, soit un rival, soit un supérieur, mais il n'avaient alors pas le déplacement codifié et précis de la jument qui, manifestement, avait dû répéter et répéter, polir ce geste jusqu'à ses moindres détails. Shiki roua l'encolure, se dressa à moitié sur ses postérieurs et frappa le sol de ses antérieurs, avec force, comme aurait pu le faire un étalon vexé ou s'estimant offensé. Puis il s'ébroua et s'avança d'un pas tranquille vers le torrent:

"J'ai soif, pas toi?"

Il s'abreuva longuement, tourné vers l'amont pour éviter la boue soulevée par ses sabots noirs, à l'eau claire des montagnes et des neiges, qui ne cessait jamais de couler même au plus fort de l'hiver bien qu'elle charriât alors des morceaux de glace. Il soupira et ses naseaux créèrent au ras de la surface de petites vaguelettes, tandis qu'il redressait la tête et que son toupet, qui avait trempé dans le courant, alourdi par l'eau, tombait le long de sa joue. Il sourit à Pretty Mill:

"Cette eau descend droit des montagnes; c'est l'eau de la fonte des neiges, mais elle coule même en hiver, glacée. Elle s'infiltre dans les roches au pied des monts, et y coule lentement, doucement...on dit qu'il lui faut un siècle pour traverser le plafond de roches, avant qu'elle ne rejaillisse au pied du massif et ne forme les torrents filtrés, purifiés par le gel et la roche, que tu vois là. Certains prétendent que c'est pour cela qu'elle est toxique pour les prédateurs...car, je ne sais pas si tu le sais, mais aucun carnivore ne peut boire à ces torrents sans s'y empoisonner. C'est pour cela que cette forêt est si sûre et que toutes les juments d'ici viennent y mettre bas: on est protégé des prédateurs, du vent et dans une certaine mesure de la neige. Mais si on a un animal-lié, il faut bien lui dire de ne pas venir boire ici, même si les léopards évitent l'endroit par instinct."

Pretty obeserva avec ironie l étalon se prêter au jeu au travers d une gracieuse révérence dévoilant ses muscles puissants. La jument pinto était ravie d avoir fait sa connaissance. Shiki était vraiment un ami très attachant. Aussi, elle préférait tout autant être son amie plutôt que son ennemie.

Shiki proposa d aller s abreuver. Elle se rendit compte qu elle était assoiffée. En trottinant elle baissa l encolure et regarda ses sabots s enfoncer dans la mince couche de neige. Shiki était déjà en train de boire et il lui expliqua que cette eau était un poison pour les carnivores, assurant la sécurité de ce lieu, ajouté à ça le fait que la Fofet des Cascades étaient en grande partie protégée du vent et du blizzard.

Shiki lui raconta également la provenance du torrent et quelques anecdotes a son sujet.

Pretty se rapprocha au galop rassemblé du torrent, en arrivant jusqu a faire une petite 'pirouette' :Elle galopait des postérieurs au galop rassemblé et levait haut les genous, posant un instant ses antérieurs puis relevant à nouveau les genous bien haut. Elle s approcha ainsi du torrent dont l eau était très froide. Entrant petit à petit de cette façon dans l eau elle s avançait encore un peu avec fierté. L eau lui arrivait maintenant aux genous et elle n avait plus assez de force pour lever haut les genous. Sentant alors le froid la parcourir elle ne resta pas longtemps et voulut faire demi tour, stoppant ici sa prétentieuse démonstration, mais le courant se mît a l emporter un peu plus fort. Gardant son calme elle se mît en diagonal du courant et avança en se décalant vers la rive. Un rocher se décrocha soudain sur le fond du torrent faisant perdre l équilibre de la jeune jument. Celle ci fut engloutie un instant dans ce torrent impetueux mais remonta rapidement la tête a la surface. Par instinct elle cherchait des appuis , le courant puissant l en empêchait et la ballotait.

Son cœur s accélérait et ses muscles étaient tendus au maximum. Ses yeux écarquillés, entourés de blanc, ses naseaux dilatés, ses renâclement, tout temoignaient sa peur. Trimballée ainsi elle ne pouvait ni voir ni entendre Shiki. Pourtant elle poussa un hennissement affolée dans l espoir qu il puisse agir.

Rassemblant ses forces elle réussit a se bloquer un instant contre un tronc d arbre en travers du torrent.

"SHIKI !!!!!"

Elle avait poussé un cri desesperé a l attention de Shiki. Ou était il ? Elle essayait de se calmer et de rester lucide. Elle s économisait et restait toujours adossée au tronc et économisait le peu de forces qu il lui restait en battant plus lentement des membres pour se tenir à la surface. Surtout, ne pas se laisser couler...

Shiki ne s'alarma pas en voyant pretty Mill entrer dans l'eau: il s'était souvent baigné dans ces torrents, et si il s'était fait peur une ou deux fois, ça n'avait jamais rien été de bien grave. Toujours, le jeune cheval s'en était tiré en forçant un peu sur ses muscles, en gardant la tête hors de l'eau et en nageant à grands coups de sabots vers la rive, peu à peu, en luttant, pour enfin reprendre pied. D'expérience Shiki savait que quand le poitrail émerge de l'eau, on ne perd pratiquement plus son équilibre dans le courant; du moins on ne perdait plus pied dans l'eau rageuse mais guère violente des torrents des montagnes. Ces rivières étaient assez peu profondes et pour un poulain, le danger résidait plutôt en leur température: un jeune cheval avait toutes les chances d'attraper une pneumonie.
Cependant, Shiki avait oublié que Pretty Mill était épuisée.

Il la vit reculer, sans doute rebutée par le froid de l'eau et faire demi-tour pour revenir vers lui, après s'être pavanée dans les flots. Elle paraissait peiner mais Shiki n'était pas inquiet; Pretty avait gardé pied, l'eau ne montait qu'au haut de ses membres, et elle avançait bien, en diagonale, pour n'affronter le courant ni de face, au risque de s'épuiser, ni de profil, au risque de se faire renverser. Alors, l'étalon gris s'avança vers la rive à pas lents, prudent, pour mieux observer cette étonnante scène: le sauvetage de Pretty Mill par Pretty Mill.
Jusqu'à ce qu'un rocher fauche les jambes de la jument qui s'effondra et fut, imméditament, happée par l'eau vorace. Shiki, la voyant s'éloigner rapidement, prit le galop pour suivre la rive avec un grognement d'angoisse: il était vital que Pretty Mill reprenne pied, ce d'autant plus que les torrents ne faisaient que gagner en force et en violence en aval. Le jeune cheval allongea le galop et soudain, une idée lui vint. Un gué. Si ses souvenirs étaient bons, il y avait, non loin, un gué!! L'étalon hurla à Pretty:

"Garde la tête hors de l'eau!!"

Puis il se ramassa et bondit, comme un cabri. Son départ souleva un petit nuage d'aiguilles de pin mais le temps qu'il retombe, Shiki avait disparu, slalomant au galop entre les arbres, aussi vite qu'il le pouvait, le coeur battant et l'oeil inquiet. Le jeune cheval priait pour que le gué soit bien là où il se souvenait de l'avoir traversé...si c'était le cas, l'eau ne monterait pas haut là-bas et Pretty pourrait reprendre pied.
Une étendue, un peu plus large, d'eau se dessina entre les arbres et Shiki poussa un hennissement étranglé de soulagement: le courant n'y ralentissait que guère, mais c'était là le gué, comme en témoignaient les rochers dressés au-dessus de l'eau, vigilants gardiens d'un passage perdu dans la forêt, d'une de ces sentes de daims. L'étalon ne ralentit pas pour autant, et quand des broussailles barrèrent la rive, il prit une inspiration, se ramassa, sauta le plus fort qu'il put. Ses sabots ratissèrent le buissons et ses postérieurs le franchirent au moment où ses antérieurs connaissaient la caresse brutale, glacée de l'eau de torrent. Shiki s'enfonça dans le courant avec tant de violence qu'il en eut le souffle coupé, mais l'eau avait ralenti sa chute et il put prendre pied dans l'eau qui lui montait aux cuisses. L'étalon entreprit de descendre le courant, mi-marchant mi-nageant, jusqu'à sentir le niveau de l'eau décroître. Glacée, elle descendait, de ses genoux à ses canons...là elle s'arrêta. Il ne restait que quelques paumes d'eau et Shiki s'y tenait debout, stable, sur le sol gravillonneux du gué.

Il leva le nez pour repérer l'arrivée de Pretty Mill. Il le savait, la jument ne pourrait pas vraiment reprendre pied, elle serait jetée et roulée dans le gravier par le courant, le temps que sa vitesse se dissipe, et se retrouverait sans nul doutre les quatre fers en l'air. Shiki prévoyait de se précipiter contre elle et de se poster contre elle, la bloquant et empêchant le courant qui l'aurait traînée sur les graviers de la reprendre et de la remmener. Sa simple masse et sa stabilité suffiraient, il le savait. Il fallait juste ne pas se rater...
Au loins, des cris. Son nom. Shiki leva les yeux et vit Pretty aggrippée à un tronc. De toute la force de ses poumons le cheval lui hurla:

"Lâche le tronc et laisse le courant t'emporter jusque là! Ici, tu auras pied!!! Viens, là-bas je ne peux rien pour toi, viens ici!!"

Pretty avait le corps glaçait e pourtant elle ne ressentait pas le froid. Les muscles tendus elle tenait bon. Garder la tête a la surface...

Un instant ses sentiments prirent le dessus et elle se dit qu elle ne s en sortirait pas, que Shiki l avait abandonné, qu elle ne foulerait plus jamais la terre douce. Si sa vie s arrêtait aujourd'hui hui, était elle sûre d avoir accomplie ce qu elle se devait d accomplir ? Avait elle vécu ses rêves, des espoirs, ses buts ? Pretty ferma les yeux un instant, remit ses idées en place et laissa effaça ces sentiments d abandon. Elle se ressaisit : la partie n étai pas fini.

Après son appel désespérée, elle entendit la voix de Shiki; celle ci semblait si lointaine, brouillée par le flot incessant de l eau rageuse. Ses paroles étaient pourtant arrivées clairement jusqu a Pretty : il fallait qu elle lâche le tronc, et qu elle se laisse portée jusqu a Shiki. Avait il trouvé une solution ? Tournée ainsi face à son tronc Pretty ne pouvait voir Shiki.

Elle ferma fort les yeux, se concentrant, réunissant ses dernières forces, rallumant cette étincelle d espoir pour former à nouveau cette flamme insolente qui dansait dans le cœur de la jument. Puis elle ouvrit vivement les yeux et poussa le tronc de manière à ce qu il ne la retienne plus. Elle venait de lâcher prise.

Elle se laissa porter, guidée par la voix de Shiki. Elle l aperçut alors. Un gué ! Voilà la solution ! Shiki avait tout calculé... En si peu de temps ! Comprenant qu elle était presque sauvée, Pretty redressa sa tête a la surface et elle retrouva enfin le contact de ses sabots sur le fond de la rivière. Elle essayait de marcher mais le courant l emportait.

Le niveau de l eau baissait a vu d œil. Bientôt Pretty fut projetée dans les graviers. Elle glissa, roula un instant puis se propulsa d un puissant coup de postérieurs pour se relever. La masse imposante de Shiki s approchait rapidement. Trop rapidement. Pretty allait se le prendre de plein fouet.

[je suis désolée, je mets trois plombes à répondre et ça ne va pas aller en s'arrangeant, joies des études^^' mais promis, je n'oublie pas ce RP!! Oh et au fait...si tu en as l'occasion, relis les tout premiers messages que tu as posté dans ce RP, puis relis les derniers...tu verras que j'avais raison: on s'améliore vite en RP!!]

Shiki vit arriver la masse de la jument; si Pretty Mill n'était pas bien grosse elle n'en était pas moins une jument adulte ou presque, et propulsée par la vitesse du courant. L'étalon comprit sur le champ qu'il n'éviterait pas la collision, mais quelque part, c'était aussi son but puisqu'il comptait la ralentir de la sorte. Alors, quand le corps de la jument vint sur lui, Shiki se cala aussi fermement que possible sur ses jambes, arqua l'encolure et gonfla ses muscles. Prêt à encaisser le choc, tout son corps se contracta tandis qu'il prenait une grande inspiration. Il vit la robe trempée et assombrie d'eau de la jument, il vit dans un éclair ses yeux, puis elle fut sur lui.
Le choc lui coupa le souffle et il laissa échapper dans une sorte de hoquet l'air qu'il avait emmagasiné. S'abattant contre lui, Pretty Mill lui faucha les jambes et Shiki se sentit perdre pied, incapable de réagir; mais ce n'était pas grave: la force du courant n'était pas suffisante pour les emporter, ici! Alors il chuta lourdement sur les galets, se contenant d'éviter le corps de la jument qui était certainement bien assez meurtrie comme cela. Le contact avec le sol fut bien rude, vidant ses poumons de tout ce qu'ils avaient encore pu contenir, le laissant pantelant, la tête lourde et les oreilles bourdonnantes, l'esprit vague, l'espace d'une seconde. Mais il faisait toujours rempart contre l'eau pour Pretty...Secouant la tête, Shiki se releva en frémissant, encore haletant, reprenant des inspirations convulsives et sentant sur ses côtes les élancement qui, bientôt, deviendraient des hématomes. Rien de bien grave...il avait connu pire!
Redressant les yeux vers Pretty Mill, soudain inquiet, il la questionna:

"Tu vas bien? Désolé de t'avoir fait attendre si longtemps, mais je ne pouvais pas te sauver là où je n'avais pas pied...j'aurais dû me douter que tu n'aurais pas la force de te sortir de l'eau. En temps normal, c'est difficile mais faisable; j'avais oublié que tu étais épuisée. Je suis navré..."

Il tendit ses naseaux vers elle, dans un geste machinal, attentif. Un observateur extérieur lui-même n'aurait pu se méprendre sur la scène; Shiki ne faisait que s'enquérir de l'état d'une camarade, et ses yeux demeuraient sérieux tandis qu'il lui conseilla, calmement et se voulant calme:

"Attends un peu avant d'essayer de bouger...respire bien et prends le temps de retrouver l'usage de tes membres, nous ne sommes pas pressés et tu as dû être un peu secouée. Tu vois ce que je te disais sur les dangers de mes terres, maintenant...parfois, il faut tomber une fois dans le piège pour apprendre ses propres limites!"

Il sourit, soulagé malgré tout de voir qu'ils s'en étaient, elle et lui, tirés sans trop de dommages. L'étalon redressa la tête, soupira et fit quelques pas d'abord hésitants, puis plus assurés, sentant dans la raideur de ses membres la promesse de quelques douleurs, qui heureusement, il le savait d'expérience, s'effaceraient bien vite.

[Ne t inquiete pas je comprends ca ne doit pas etre facile tous les jours les etudes ^_^ et puis je pense qu une fois que les cours repprennent les rp avancent moins vite !
ouic est rai je me sens un peu plus a l aise au fur et a mesure des rp ! c est vraiment super ^^]

La jument vit a peine Shiki en face, puis la collision se fit d une telle violence que Pretty cru perdre connaissance un instant. Le choc passé, Pretty reprtit petit a petit ses esprits et put constater qu ils étaient tous deux affalés dans le gravier. Le plan de Shiki avait fonctionner à merveille ! Pretty était sauvée.

Elle regardait de ses yeux écarquillés l étalon, la respiration saccadée, le corps tremblants. Elle laissa retomber l adrénaline et respira lentement. Peu a peu elle détendît ses muscles tendus et c est a ce moment la que son corps lui fit ressentir toute la fatigue que l adrénaline de l instant masquait jusque la. D un geste las et désespéré, elle poussa un long soupir et etendit son encolure le gravier.

Shiki se mît a parler. Voilà qu il s excusait de ne pas avoir pu la sauver plus vite; c était plutôt a Pretty de présenter ses plus plates excuses pour avoir pris des risques inutiles sans en mesurer les conséquences. Mais voilà, c était dans la nature de la jeune jument de faire la fière et de se prouver qu elle pouvait dépasser ses limites. La fatigue l avait rattrapé et affaible. Qu aurait elle fait sans Shiki ? Aurait elle eu la force de lutter ? Ou se serait elle simplement laisser noyer, s abandonnant a l étreinte suave et violente de ces courants impétueux ?

La pinto detailla d un oeil terne et extenué Shiki. L étalon était légèrement meurtri, quelques égratignures, un peu de peau arrachée, l étalon s en remettrait, rien de bien grave. Pretty sentait quelques lancement ici et la. Une douleur la lançait vivement dans son antérieur au niveau du genou. Elle soupira. Ils s en étaient tout de même très bien sorti, ce qui faisait un peu moins culpabiliser la belle jument.

Pretty devait tout a Shiki, il lui avait sauver la vie. Et pourtant Elle n était pas du genre a lancer des fleurs aux héros, elle était certes souvent trop prétentieuse mais sa façon de penser l empêcher de livrer sa vénération sur un plateau d or. Il fallait l accepter comme elle l était. Et comprendre le fond de sa pensée.

Elle parla d une voix qui se voulait sereine, pourtant les trémolos de sa voix trahissait son angoisse a côté toute proche.

"U n as pas a t excuser, j aurais pu m en sortir sans ton aide. Je suis beaucoup plus forte que ce que tu crois. En effet j étais exténuée mais ça ne se reproduira plus. J ai été naïve et insouciante. Une vraie petite pouliche a la recherche du monde des adultes ! Je m en veux, je m excuse... Tu as risqué ta vie pour m aider, tu viens de me prouver beaucoup de choses et je suis fière de faire parti de ton clan."

Pretty redressa l encolure, tenta de se lever, en vain. Il était encore trop tôt pour ses membres ankylosés. Elle soupira, regarda les graviers, se perdit dans ses pensées; puis elle leva les yeux et se plongea dans le regard de Shiki. La flamme dansait a nouveau dans les yeux de la jeune jument. La flamme de la douce folie.

"Merci."

Elle gardait ce regard bouillant de gratitude dans celui de Shiki. Ce seul mot en disait tant. Ce mot, si banal, sortant de la bouche de la jument semblait emprunt d une force indescriptible. Une délicate façons d exprimer clairement le fond de sa pensée.

Les grands discours ? Pretty les tenait a l écart le plus possible. Ils n étaient que mystère ces jeux de langue exigent une sagesse d esprit. La pinto préférait sans dote les actes aux belles paroles. C est pourquoi elle se leva avec assurance. Ses membres tremblants la portait a peine. Pourtant elle s approcha comme elle pût de l étalonn et frôla d abord sa tête contre la sienne puis étendit son encolure. Elle enfouit ses naseaux dans les crins soyeux de Hsiki, s imprégnant des effluves rassurantes du grand guerrier.

Pretty savait qu elle devait fidélité et loyauté a tous les membres de son clan. Et elle savait maintenant qu il fallait se méfier de ces terres qui restaient dangereuses. Autant de pièges que Pretty devra éviter. Cependant elle se sentait comme chez elle sur ces terres, en sécurité.

Le corps de la jument restait immobille, savourant ce moment de tendresse et d amitié. Rien de mieux pour se redonner un peu d énergie.

Pretty Mill reprenait lentement ses esprits et Shiki fut vite rassuré sur son compte en la voyant se remettre sur ses pieds; la jolie jument ne semblait pas avoir gardé de blessures ou de séquelles de ce terrifiant épisode. Mais elle tremblait encore, de fatigue ou peut-être de peur rétrospective, en tous cas, ses membres étaient agités de mouvements convulsifs et des frissons couraient sur la peau de son encolure détrempée. Shiki, lui, ne tremblait pas, mais sentait le frisson courir dans ses muscles, sans jamais agiter sa peau. C'était juste la conscience de sa fatigue et de l'adrénaline, la conscience du danger qu'ils avaient couru, aussi, tous les deux et surtout Pretty.

Si son corps tremblait, sa voix était ferme lorsqu'elle remercia le grand étalon gris, qui inclina la tête, comme pour lui dire que ce n'était pas grave, qu'il comprenait. Insouciance, impudence de la jeunesse, envie de trouver ses limites...oh, il connaissait tout cela et il pouvait le comprendre, s'étant lui-même placé dans plus d'une situation délicate et s'étant donc attiré plus d'un sermon par sa mère ou ses proches. Pretty affirmait avoir pu s'en sortir seule et Shiki souffla doucement par les naseaux, sans commenter. Oh, elle s'en serait sortie. Mais dans quel état? Meurtrie, à moitié noyée et rejetée sur un lit de graviers ou pire, de roches, au bord des lacs qui concluaient ce complexe réseau de rivières et de cascades? Elle aurait survécu, sûrement, mais au prix de blessures, voire de maladies, voire d'un handicap permanent...Mais Shiki ne fit aucun commentaire; Pretty semblait accorder une très grande importance à sa capacité à se débrouiller seule et ne perdait pas une occasion de la souligner, ce qui était tout à fait normal pour quelqu'un d'accoutumé à vivre seul...

Shiki inclina la tête, de nouveau:

"L'entraide est une de nos valeurs...nous vivons sur une terre sauvage, nous ne pouvons y vivre seuls! Alors nous faisons front, entre chevaux, ou avec les léopards géants. Considère cet évènement comme une leçon...personne ne t'en voudra de t'arrêter parce que tu rencontres les limites de ta résistance ou de ton corps; mais si tu les dépasses sciemment, et sachant que tu te mets en danger, si tu te montres téméraire, en un mot, aucun des miens ne se jettera à ton secours...Parce que comme toi, ils sont indépendants, comme toi ils savent vivre seuls, et parce qu'ils considèrent que les inconscients doivent payer le prix de leur inconscience."

Il prit conscience, un peu tard, que ces mots sonnaient comme un reproche et secoua la tête en soupirant:

"Ne va pas croire que je te fais un sermon, surtout! Tu ne t'es pas comportée de manière inconsciente, et je ne t'aurais pas laissée te noyer! C'est plus une mise en garde pour les années à venir...je sais bien qu'un jour ou l'autre on a envie de flirter avec le danger, et parfois, à force de danser sur la corde, on bascule. C'est une chose que j'aime, et aisément compréhensible, que de jouer avec le feu, mais il ne faut jamais en tirer orgueil ni fierté. Sans quoi le feu nous happe..."

Shiki soutint le regard de la jeune jument sans mot dire, bien conscient que ce remerciement laconique était celui dont elle était capable; ceux des glaces ne parlaient pas beaucoup. Quand le blizzard hurle après vous, comment pourrait-on parler et comment s'entendre? Tous les chevaux des glaces, en tant qu'êtres souvent solitaires et indépendants, avaient appris à garder leur coeur secret, comme s'ils avaient voulu le protéger des rigueurs de l'hiver. La mode n'était pas aux grands discours comme dans le sud, alors, Shiki ne pouvait que comprendre ces remerciements.

Pretty Mill appuya ses naseaux contre l'encolure musclée de Shiki, encore humide et tendue des derniers évènements, et l'étalon sourit en la laissant faire, avant d'appuyer à son tour, gentiment, les naseaux à la base de la crinière de la jument, soufflant doucement. Oh, quiconque les aurait vu n'aurait su s'y tromper: ce n'était pas là un couple, c'était le réconfort mutuel que deux amis peuvent s'offrir...si Moondance avait été à la place de Pretty Mill, l'échange aurait été empreint d'une sensualité qui, ici, était absente et remplacée par la simple tendresse et la paix de l'amitié, quand le coeur s'apaise et que l'esprit s'endort une seconde. Comme elle, il se ressourçait tranquillement au contact des siens.