The Lovers Of The Ice [Milky-Way]

La tête basse, les sabots glissant sur le duvet de neige, Dark-Side évoluait dans ces terres hostiles. Il connaissait les hivers rudes de son pays, le clan de l’ombre. Mais il faut dire que le climat était tout particulièrement dur à vivre ici. Il s’était lancé, pour son long voyage à travers Wild Horses et déjà il commençait à regretter son triste chez soi. Mais que disait-il, ce voyage, il en avait toujours rêver depuis qu’il était tout petit et puis, autant profiter du déchirement de son clan causé par l’arriver du fléau pour partir au quatre coins du monde. Son long périple, il avait décidé de le commencer par le clan de la Glace. Déjà car c’était un clan allié au sien et que son arriver sur des terres où il n’était pas censé y être serait surement plus simple. Mais aussi car il éprouvait un grand amour pour  le froid et la neige. Mais surtout, il avait décidé de quitter l’Ombre un petit moment pour échapper à sa politique qui lui déplaisait. Effectivement, il n’avait jamais aimé le manque de solidarité du clan, l’esprit de chacun pour soi.
 
Bref, il déambuler entre les arbres et commençait à perdre espoir sur ses chances de quitter la forêt immense. Il n’avait aucune idée de l’endroit où il se trouvait et encore moins du nom de cette forêt. Tout ce qu’il trouvait, c’était qu’il faisait bien trop froid et qu’il y avait bien trop de neige...
Sa tête se balançait de droite à gauche, balayant du regard les arbres. Certains étaient marqués par des traces du passé, des traces de griffes, des ratures symboliques... Tous avaient leurs racines bien enfoncées dans le sol sous la neige. Un peu comme Dark, lui aussi s’enfonçait à chaque pas dans la neige. Peut-être il ne sortirait jamais d’ici, mais peu importait, il était loin, seul et pour Dark seul ceci comptait.
 
Est-ce un ange ?
Derrière un arbre, mêlant sa beauté au cadre merveilleux, se dessinait une silhouette. Elle était de taille modeste, mais d’une robe très originale, une sorte de crème. La plus belle robe qu’il n’eut jamais vue. Quelque chose se passa dans la poitrine de l’étalon, quelque chose qui lui paraissait inexplicable. Son cœur se mit à battre si vite, quelque chose qui ne c’était jamais passer dans son cœur de pierre. Est-ce parce qu’il était seul, dépourvu d’orientation  et qu’il aurait enfin de la compagnie ? Est-ce son envie d’aller à la rencontre de la jeune jument ? Il n’en savait rien mais il s’avança encore et encore. Jusqu’à être à côté d’elle. Non elle ne le voyait pas mais lui oui. Il inspira profondément et d’un pas assuré alla à la rencontre de la jument. Il la regarda, ses petites prunelles châtaignes le regardait terrorisaient. Alors il s’en pressa de rassurer la jument :

« Bonjour, je... Je... Je m’appelle Dark-Side, je ne vous veux aucun mal. Juste connaître votre humble nom. »
 

Milky-Way sursauta, elle ne l’avait pas entendu arriver elle aurait pourtant dut, son ouïe était l’une des plus fine du clan, mais peut-être était-elle trop absorbée par ses pensées, elle aimait venir ici c’était un lieu calme ou l’on s’y sentait en sécurité, elle aimait penser à sa mère ici, lui parler, même si elle ne savait pas si la défunte l’entendait.

 Soudain elle se souvint qu’elle était en présence d’un inconnu, son premier réflexe fut de se retourner, oreilles plaquées sur son crâne, dents en avant elle espérait avoir l’air intimidant car, on avait pour habitude de lui trouver un air gentil, benêt, naïf… Mais elle ne voulait rien de tout cela, car elle avait appris à s’endurcir depuis son abandon, effectivement elle vivait le départ de sa mère puis de son père et enfin d’Arabesque comme un abandon quelque chose qui l’avait changée, transformée, elle était toujours sur ses gardes prête à se montrer hostile envers ceux qui la prenait en pitié comme cette lâche d’Arabesque. 

Elle détailla l’inconnu ; un grand étalon bai, aux yeux sombres, seule une pelote sous son épais toupet brisait cette belle harmonie de marron. Elle se souvint alors de sa question et mit un moment à s’en souvenir mais elle préféra se montrer plus prudente :

« Dit-moi d’abord  que fais-tu ici et qui es-tu exactement ? »

Elle avait répondu avec ce ton si dur qu’elle employait si souvent mais se souvint de la gentillesse de sa formulation, elle regretta légèrement le ton qu’elle venait d’employer.

   Devant l'hostilité de la jument qui surpris pour le moins Dark-Side, il recula d'un pas la tête haute et la queue entre les jambes. Il essaya de s'adoucir de faire quelque sourires avec des petits yeux rieurs. Mais décida tout de même de répondre à la question de la jument de façon la plus courtoise : Il fallait faire bonne impression avec la première personne qu'il rencontrerai durant ce long périple.

 La jument écouta Dark-Side lui raconter la raison de son intrusion sur les terres du Clan de la Glace, elle but chaque mot de son interlocuteur  et se demanda s’il était sérieux ou s’il plaisantait.

Un tour du monde ?

Elle ne s’était jamais posé la question mais celle-ci s’imposa à elle :

Mais à quoi peut donc ressembler le monde extérieur ?

Elle avait entendu plusieurs rumeurs à ce sujet mais comme elle ne prêtait guère attention aux autres, du moins à leurs conversations, un flot de questions la submergea. Mais elle jugea plus poli de répondre d’abord à celle du bel étalon car, oui, elle ne pouvait pas le nier il était charmeur.

« Je suis navrée de t’avoir… enfin je veux dire… de vous avoir si mal parlé, c’est dans mes habitudes mais vous me semblez différent, alors je vais essayer de faire des efforts. Bref, je m’appelle Milky-Way mais pas besoin de rentrer dans les détails je pense que vous en apprendrez beaucoup au cours de la « visite ».

Elle le regarda, ce bel étalon bai qui se dressait devant elle, imposant, robuste mais avec une douceur incomparable dans la voix. Il était beau, il avait l’air gentil.

 Mais la jument se demanda comment, par quel pouvoir ou mot quelconque, il avait réussi à  faire revenir la Milky-Way d’avant, la pouliche douce, gentille et amicale qu’elle était avant ce triste jour, celui de son abandon, celui qui l’avait transformée en une jument hargneuse et venimeuse, rejetée à l’écart non pas par les autres mais par elle-même car elle n’était pas en mesure de refaire confiance à qui que ce soit. Mais elle le sentait, il était différent, pourquoi ? Elle ne le savait pas encore mais elle était déterminée à en savoir le plus possible sur Dark-Side.

Elle le regarda droit dans les yeux, un frisson la parcourut, elle n’avait pourtant pas froid. Mais que lui arrivait-elle donc ? Elle avait même chaud. Elle détourna le regard de ses yeux envoutants et formula l’une des premières questions qui lui était venue en tête :

« Pourquoi le tour du monde ? »

  Elle s'appelait Milky-Way, la belle jument à la robe d'ambre s'appelait donc Milky-Way. Ils étaient là, tous les deux comme deux goutte de couleur perdues dans une immense toile verte. Dark-Side souriait à la jument, il la dévisageait de haute en bas oubliant tout à fait la question de celle-ci. Quant elle lui revint il eut un petit sursaut comme s'il sortait d'une longue et bonne nuit de sommeil profond. Pourquoi le tour du monde ? Avait demander Milky-Way. Peut-être que l'étalon avait été un peu trop excité par cette nouvelle aventure qui venait de commencée et qu'il avait présentait comme tour du monde alors que ce n'était qu'un tour de Wild Horses. Mais au yeux de Dark, le voyage valait un tour du monde. Alors il répondit à la jument :

 Ce que venait de dire l’étalon la perturba… Elle ne savait plus quoi penser. 

Quitter mon clan ? Voyager à travers Wild Horses ? Liberté ?

La liberté pourrait-elle la changer ? Se sentirait-elle mieux hors de son propre clan ?

Non, je ne veux pas quitter mon clan, simplement… être libre !

Elle regarda la branche sur laquelle la mésange était perchée avant que Dark-Side ne la fasse s’envoler pour lui expliquer ses ambitions. Il n’avait pas tort. Milky avait soudainement envie de s’envoler, de choisir sa propre route, d’être libre.

« Il faut avouer que je n’y avais jamais pensé… j’étais trop attristée sur mon sort. Tu as raison… J’ai envie d’être libre. De m’envoler, de choisir ma propre route ! »

La jument eue honte. Non seulement elle venait de tutoyer celui qui avait l’air si pointu sur la politesse mais en plus elle avait pensé tout haut. Elle devait ressembler à une pouliche de quelques mois surexcitée à l’idée de pouvoir quitter sa mère d’un mètre… 

« Excusez-moi… Je me suis… laissée emportée… »

Elle n’avait trouvé que ça à bredouiller alors que lui avait trouvé un beau discours à son intention pour qu’elle comprenne bien.

Elle repensa au passage dans lequel il fait allusion à une possible mort de la mésange, lui arriverait-il la même chose si elle restait toute seule ? Mourait-elle emportée par l’ambition de la liberté et par son manque de confiance envers les autres ?

Elle s’aperçut qu’elle c’était mise à faire les cents pas.

« Marchons pour nous réchauffer. »

En vérité la jument n’avait pas froid du tout, elle voulait juste marcher pour s’aérer les idées qui commençait à toute se mélanger. Les paroles de Dark résonnaient dans sa tête ;

Qui aurait fait son deuil ? Personne, personne car elle n'avait personne pour veiller sur elle, personne pour lui donner de l'amour.

Etait-ce son destin à la jeune jument ? Mourir tuée par un prédateur car personne n’aura été là pour elle ? Et lui le bel étalon, il était bien tout seul ? Soudain une idée lui traversa l’esprit, une idée folle certes, mais une idée qui pourrait bien fonctionner.

« Dark-Side… »

Mais elle n’eut pas le temps de formuler sa phrase qu’elle se sentit tomber. Elle était dans de beaux draps ! Elle avait les antérieurs enfoncés dans un trou jusqu’à la poitrine et n’arrivait pas à se dégagé…

 La jeune jument ne réfléchit pas, habituée à refuser toute aide extérieure elle répondit à Dark-Side aussi durement qu’elle le pouvait ;

« Ne m’aide pas ! Reste loin, je n’ai pas besoin de ton aide ! »

Elle hurlait presque, pourquoi ? La jument avait sa fierté bien à elle et elle avait honte d’être bloquée dans cette position devant l’étalon bai mais aussi parce qu’elle détestait être prise en pitié. Elle commençait à avoir mal au dos. Elle essaya de soulever un de ses antérieur et de le posé sur le sol dur, en vain.

Elle baissa la tête, ferma les yeux et essaya de se visionner. Elle savait qu’un arbre n’était pas loin, mais ses branches étaient trop hautes pour elle qui, qui plus est était bloquée dans un trou… Mais l’étalon pouvait peut-être…

Non, je ne demanderais pas son aide à Dark-Side.

Elle le revit lui proposer son aide, avec ses yeux affolés :

« Je ne sais pas comment faire. »

Il était si mignon quand il lui avait demandé, alors la jument explosa de rire. Et se rendit compte qu’elle aimait bien ce cheval. Quelque part, il lui ressemblait un peu non ? quand son fou rire fut terminer elle rouvrit les yeux et le regarda dans les yeux.

« Désolée, mais je préfère te tutoyer si ça ne te dérange pas. »

Il ne cilla pas.

« Bon, je vais prendre ça pour un oui. Je m’excuse de m’être emportée… Je déteste qu’on m’aide tant que je n’en ai pas besoin. »

L’espace d’un instant, elle se revit, petite pouliche qui suivait son père sans comprendre. Il s’arrêta, se retourna et lui dit de ne pas bouger, que tout allait bien se passer. Et soudain, il disparut et à sa place, Arabesque, la belle jument la regardait. La petite pouliche champagne ne comprenait toujours pas. Qui était cette jument ? Où était son père ? Et sa mère pourquoi l’avait-on laisser ? Arabesque lui parlait mais tout devint flou. Elle ne voulait pas se souvenir, ce serait trop douloureux de revivre cette catastrophe qui avait bouleversé la petite pouliche.

Mais maintenant, elle était une grande et forte jument capable de se défendre toute seule. Après ce court moment d’absence, elle revint à elle.

« Bref, pour ce qui est du fou rire… Ne me demande pas. J’ai peut-être une idée pour me sortir de là, il faudrait que tu voies si tu peux attraper une branche de cet arbre, là, à droite. »

  L'étalon cligna des yeux plusieurs fois, sidéré par la réaction de la jument. Elle tenait tellement à son honneur qui, évidemment, ne serait pas déchu à cause d’une simple aide, qu’elle refusa d’un ton des plus strictes la proposition de Dark-Side. Voulait-elle vraiment périr dans ce trou, seule ? Serait-elle vraiment capable de renoncer à la vie pour une simple question de dignité ? Pensait-elle vraiment pouvoir se sortir seule de cette embuscade où elle était aussi coincée que dans du sable mouvant ? Cette jument était vraiment folle, cela plaisait à Dark-Side. Il essaya de cacher tout sourire pour ne pas faire croire à la jument que sa triste situation faisait rire l’étalon mais il décrocha tout de même au coin de sa bouche un petit rire. Rien de bien méchant, non juste un petit rire qui signifiait : « Ah, ces  femmes ! »

 
Dark-Side n’avait jamais vraiment eut de personne très proche féminine. En fait, la seule personne très proche qu’il avait était son père, Silver. Evidemment il y avait des juments au clan de l’Ombre mais il ne les voyait que de loin et ne leur parlait que très rarement. On lui avait souvent dit que la gente féminine était parfois un peu entêté sur des choses sans importances. C’est ici, devant cette dame en colère contre lui qu’il comprit ce que, autrefois, ces camarades avaient voulu dire.
 
C’est seulement quand la jument lui appris qu’elle préférait le tutoyer qu’il se rendit compte qu’elle l’avait tutoyé. A vrai dire il avait été tellement surpris par la sévérité de son ton et le contenu de sa phrase assez probant,  qu’il n’avait pas fait réellement attention à ce « ton » qui était passé. Il ne dit pas mot et resta dans ses pensées, cloué sur place.
 
La jument renchérit, elle prit son moment de silence pour un oui. Surement avait-elle raison, mais ce n’était pas ceci qui préoccupait Dark-Side à ce moment là. Il y a à peine quelques minutes il se disait qu’il aurait préférait que les deux chevaux se tutoient, il ne pouvait que s’en réjouir.  A quoi bon se prendre la tête sur cela en plus, si la jument ne voulait vraiment pas de son aide ils ne se tutoieraient pas bien longtemps ! L’étalon n’avait beau ne pas être du coin, il vivait depuis assez longtemps pour savoir que par ce froid, si la jument ne sortait pas du trou elle mourrait ! Elle était mal partie pour en sortir…
 
L’étalon sursauta, alors qu’il tombait dans ses pensées, il entendu un gros rire. C’était un rire sans fin, celui qui fait pleurer et qui donne des crampes dans tout le ventre, le vrai fou-rire.  Ce rire provenait en fait de la jument. Allez savoir pourquoi, cette jument qui, si elle ne demandait pas de l’aide au cheval allait sans doute périr dans la nuit était prise d’un terrible fou-rire après s’être rendu compte par quelques essaies ratés qu’elle ne sortirait pas d’elle-même du trou. Pour le coup Dark-Side se le dit : Les juments sont folles, cette jument est tout particulièrement folle ! Il n’essayait même pas de trouver une explication à ce rire importun.
 
De toute façon ce fut la jument qui donna la vraie raison à cette crise de pleures et des rires. L’étalon fut heureux d’entendre aussi la jument revenir à elle : Milky-Way, la jument dont l’honneur était plus important que la vie, venait de demander son aide à Dark-Side. Ce n’était rien de bien gros mais elle lui demander bien de lui tendre une branche.  Il considéra la jument puis la branche, ralliant plusieurs fois d’affiler la champagne et la branche du regard. Soudain il hésita, voulait-il vraiment se laisser faire comme un apprenti soumis ? La jument l’avait tout de même réprimandé pour lui avoir aussi poliment qu’il put proposer son aide ! Mais il fut mitigé avec le fait qu’il trouver cette jument très  belle et qu’il ne voulait pas la perdre. Il réfléchit un moment, les yeux dans le vide. Par moment il se rappela du ton sec qu’avait employé la jument et voulu même casser la branche et partir mais il regardait la jument, son beau pelage doré et ses yeux couleur noisette. Là il se disait qu’il ne pouvait pas la laisser ainsi. Il réfléchit un moment avant de donner un verdict final à sa tête, il la taquinera :
 
« Pourquoi le ferai-je ? Tu ne veux pas de mon aide n’est-ce pas ? Que dirait ton honneur s’il voyait ceci ? Tu serais déchue ? Pourquoi ne pas rester dans ta tombe ? Elle doit être forte agréable et au moins, ta dignité ne t’en voudra pas. Vous pourrez partir toute les deux au pays des morts ! »
 
Il décrocha ensuite un petit rire narquois, moqueur. 

 La jument regarda l’étalon hésiter en regardant la branche puis la jument. Il avait rigolé un tout petit rire comme pour lui faire remarquer qu’elle était étrange. 

Vraiment, ce n’ai pas moi qui suit étrange…

Soudain les paroles de l’étalon bai la frappèrent comme un coup de fouet en plein visage, ce coup était si réel qu’elle sursauta et son arrière train faillit rejoindre ses antérieurs dans le trou. Son cœur battait à tout rompre. Pour la première fois depuis qu’elle avait rejoint le Clan de la Glace, elle eut froid. Elle avait froid, mal au dos et… oui, elle avait peur. Pas seulement de tomber mais elle ne connaissait que trop bien les dangers de la Taïga. Rester ici dans cette position était beaucoup trop imprudent.

Elle regarda l’étalon rigoler, se moquer d’elle. Il venait de refuser de lui apporter son aide, alors que quelques secondes auparavant, il lui demandait comment l’aider. Une colère sourde lui emplit la poitrine, elle ne voulait pas la libéré de peur que l’étalon s’en ailles, la laissant là, seule au milieu de tous ces prédateurs. Mais elle n’y parvint pas.

« Ma dignité n’as rien avoir là-dedans ! »

Elle hurlait, aussi fort et aussi méchamment qu’elle le pouvait.

« Tu ne me connais pas ! Tu ne connais rien de moi ! Rien, tu comprends ?! »

Elle se mit à trembler, la tête lui tournait. A présent de violents spasmes la secouaient. Des flashes de sa douloureuse enfance lui emplirent la tête. Dark-Side allait-il l’abandonner ? Tous les gens à qui elle tenait allaient l’abandonner juste parce qu’elle n’était pas en mesure de se débrouiller seule sur le moment ?

Sa mère était morte alors qu’elle avait besoin d’elle pour la nourrir, son père l’avait abandonnée lorsqu’elle n’arrivait plus à le suivre plus loin, Arabesque l’avait abandonnée quand la pouliche avait commencée à lui posé des questions alors qu’elle avait désespérément besoins des réponses et Dark-Side était sur le point de l’abandonner parce qu’elle n’arrivait pas à se sortir de ce fichu trou. 

Les spasmes redoublèrent de violence et Milky-Way éclata en sanglots, elle n’arrivait plus à se retenir, aussi ses forces l’abandonnèrent à leur tour et son arrière train tomba dans le trou suivit de tout le reste. Elle se languissait de lutter.

« Tu as raison, laisse-moi ! Va-t’en ! Je vais rejoindre ma joie, morte depuis longtemps. »

Tous ses nerfs lâchèrent en même temps et plus la jument se souvenait, plus elle pleurait, plus elle tremblait. 

  Serte il ne connaissait pas encore Milky-Way, mais l’étalon avait très vite déduit qu’elle avait sa propre fierté et que malheur à celui qui oserait faire une quelconque même la plus petite allusion au fait qu’elle avait besoin d’aide. Selon elle, si tous les chevaux de la terre disparaissaient ce ne serait pas plus mal. Lui savait à quel point c’était dur de se retrouver seul. A la mort de sa mère survenue juste après sa naissance, le clan de l’Ombre s’était monté contre lui soit disant car c’était de sa faute si Mélodie était morte. Mais Dark-Side ne croyait pas toutes ces idioties que l’on racontait à un poulain trop petit pour connaitre la vérité. Mais étrangement, il n’avait jamais voulu connaître la réelle raison de leur haine envers ce nouveau né innocent. Mais il revint sur ce qu’il venait de se dire en lui-même, la jument avait parlé d’une joie déjà morte depuis longtemps. Que voulait-elle dire par là ? Avait-elle connu un passé heureux qui s’était évaporé en un clin d’œil ? Est-ce cette joie partie il y a longtemps avait un rapport avec ce triste sort dont elle avait parlé au début de leur conversation.  Dark-Side n’était pas bien bavard quand il était mal-à-l’aise, il ne mot dit. Il constata d’ailleurs qu’en compagnie de la jument il avait été drôlement bavard par rapport à d’habitude. Son explication qu’il avait donné avec la mésange et son envie de liberté était un long discours qu’il n’aurait jamais crut pouvoir dire d’une traite. Normalement, quand il était avec son père par exemple et se contentait de petits "oui" ou de petits "non". Parfois même il ne se donnait pas la peine de répondre. Il était tellement dans ses pensées une nouvelles fois qu’il crut presque ne plus être sur terre en présence de Milky-Way.
 
Mais le cheval sortit plus rapidement de ses pensées quand il analysa la suite de la phrase, avait-elle dit qu’elle préférait mourir ?! Pour le coup, cette jument était réellement folle ! Elle venait de signer son arrêté de mort pour une simple blague qui ne lui avait pas plus ! Serte Dark-Side n’avait pas le ton de la rigolade et disait même ses plus drôle blague avec son ton lugubre habituel. Mais quand même ! Il découvrit alors que la jument en plus d’être très attachée à sa dignité, elle était d’une susceptibilité incomparable ! Mais cela, il se le garda pour lui : vu l’impacte de sa première blague sur Milky-Way, il ne servait à rien de remettre une couche. Il rêvassait encore une fois, il songea pour le coup que la fatigue était entrain de le gagner mais il s’ébroua et remit ses idées au clair, il fallait à tout prix reprendre une note de sérieux pour résonner la jument et ce n’était pas une mince affaire. Il prit un air grave comme s’il grondait un garnement :
 
« Enfin Milky-Way, je rigolais, évidemment que je vais t’aider. Entre nous je trouve ta réaction très idiote, j’ai l’impression de voir un poulain qui à attraper un rhume,  qui se dit perdu à vie et qui emploie des mots solennels pour paraître plus crédible. Tu ne vas pas tout de même pas te laissais mourir pour une simple blague de mauvais goût ! Enfin redescend sur terre ! »
 
Il comprit peut-être un peu tard que les termes qu’il avait employés ne plairaient pas à la jument mais peu importait. En fait, il ne voulait pas se l’avouer mais il ne voulait pas quitter la jument. L’étalon se retourna et se leva sur ses postérieurs. Là, il attrapa la branche qui était plutôt souple et, après avoir fait tomber la neige qui reposait sur le rameau, il la tendit à la jument. Dark-Side savait très bien que la jument ne prendrait pas la branche comme cela, sinon ou serait passé son estime ? Alors il prépara des mots qu’il s’efforça de dire le plus doucement possible :
 
« Je ne sais pas ce qu’est cette histoire de joie perdue. Mais sais-tu que jamais nous vivons sans joie, n’y a-t-il pas sur cette terre une seule, même une seule personne qui pourrait t’apporter de la joie ? Moi je pensais ne plus jamais pouvoir trouver de joie en quittant, démoralisé, mon clan, c’était bien pour cela que je me suis mis en tête de trouver des merveilles sur Wild Horses qui pourrait amener un petit peu de joie dans mon cœur souffrant. Et puis, je t’ai rencontré, on a discuté, et je n’ai jamais cessé de te regarder, de t’admirer et pourquoi ? Parce que pour la première fois de ma vie, j’ai senti cette petite flamme s’allumer dans mon cœur !  Alors, laisse ta joie dans son cercueil et trouve en une autre une plus belle, plus grande, une qui ne peut être dépassé. Maintenant, si tu doute de tes capacités à retrouver la joie qui te combler au par-avant, fais le pour moi ! Tu as raison, je ne connais rien de toi, tu m’es encore qu’un nom et une jument champagne alors profitons-en, sort de ce trou et nous découvrirons l’autre au fil du temps ! Mais, si tu ne veux pas que je connaisse ton passé, créons-nous un futur ! Maintenant, c’est à toi de voir de me dire, soit tu prends cette branche, tu sors de ce trou à rat, je te présente mais plus sincères excuses et nous nous bâtissons un futur tout nouveau ! Soit tu refuses mon offre et je te laisse pourrir dans ton piège et je trouverai une source de joie ailleurs, alors que toi tu finiras congelée ou dévorée par des loups ! Même si tu dois sentir dans mes mots la décision que j’ai envie que tu prennes, je ne te connais pas encore assez pour te dire quoi faire. Maintenant deux portes s’ouvrent à toi et seule toi peut choisir celle que tu ouvriras. Mais sache que quelque soit ton choix, je le respecterais ! Et… Si j’avais tu décides de refuser mon aide et de partir te reposer éternellement, dis-toi que je ne t’oublierais jamais. Tu es la personne qui, même pendant le cours instant où l’on s’est vu, aura compté le plus pour moi. Maintenant je te dis soit merci, soit adieu. Quel est ton choix ? »
 
L’étalon essayait de parler le plus distinctement possible malgré le fardeau qu’il portait en sa bouche. A la fin de son discours dont la longueur étonna pour le moins l’équidé, il fut obligé de dilaté ses naseaux et de reprendre sa respiration qui avait finie par se couper avec tous les mots qui étaient sortaient de sa bouche. Maintenant il ferma les yeux et espéra si fort que quelques murmures sortir de sa bouche pour que la jument décide d’attraper le bout de l’arbre.

  JE T’AIME…
 
Deux mots, deux magiciens, deux assassins… Ces mots heurtèrent les oreilles de Dark-Side. A présent il ne savait plus ce qu’il se passait en lui, voulait-il rire ? Voulait-il pleurer ? Voulait-il embrasser la jument ? Voulait-il la tuer ? Voulait-il crier ? Voulait-il dire de même ? Voulait-il mourir ? Voulait-il aimer ?
Cette phrase, c’était surement la première… Non, la deuxième fois qu’il l’entendait, il ne savait pas pourquoi mais il avait la folle impression qu’il l’avait déjà entendu. Un souvenir lui revint :
 
 
Etendu au sol comme un chiffon usé, l’étalon, encore tout jeune, tout frais, couinait. Il était né il y a seulement quelques minutes et alors qu’il devrait être entrain de téter le lait chaud de sa mère, il était mit à par, rejeter par tous alors qu’il faisait froid et que le sol était humide. Au loin, il voyait une petite dizaine de chevaux tous penché sur une petite jument alezane. C’était elle, sa mère ? Un cheval gris argent s’agitait, il partait et revenait comme stressée, c’était lui, son père ! Puis, il s’arrêta et se pencha sur la tête de sa compagne qui agonisait :
 
« Dites à mon fils que je l’aime et que je l’aimerais toujours. Dis Mélodie,
-Ton rejeton va causer ta mort, Mélodie. Il sera toujours maudit »
 
Répliqua une jument noire qui s’était penché sur son flanc mais la mère de l’étalon ne se découragea pas :
 
« Mon fils, sera le plus grand guerrier que le clan de l’Ombre aura connu, je l’aime. Mon fils, je t’aime ! »
 
Cria la jument à son petit puis elle donna son dernier souffle et mourra.
 
 
L’étalon se mit à pleurer, alors les derniers mots de sa mère avaient été pour lui, elle lui avait dit « je t’aime ». Pourtant, ce mot avait été banni du vocabulaire de l’étalon depuis sa naissance. Il avait grandi en se disant que personne ne l’avait jamais aimé et maintenant il apprenait que depuis qu’il avait vu le jour, il avait un ange gardien. Dark-Side ravala ses larmes, est-ce sa mère qui lui avait amené cette jument aujourd’hui ?
 
« Merci… »
 
En fait, il ne savait pas s’il parlait à Milky-Way ou à sa défunte mère ? Les deux devaient entendre ce mot alors il ne précisa pas à qui il le disait.
 
Mais maintenant que l’on lui avait effacé ses mots, qu’allait-il dire à la jument ? Il commença par un long discours qui à partir d’aujourd’hui lui était habituel :
 
« Je ne connais pas ton passé, tu ne connais pas mon passé. Ils sont, à mon avis, tous deux aussi sombre et douloureux, mais maintenant, le présent et le futur nous appartiennent. Milky-Way, pour te dire, je n’ai aucune idée de l’origine de cette flamme, mais si ce que l’on dit est vrai, il s’agirait alors de… De l’amour… »
 
Les yeux de l’étalon se mouillèrent à fur et à mesure qu’il parlait et quand vint le mot « amour », il craqua et sanglota. Depuis tout petit, pour lui, l’amour était un mot qui ne servait qu’à faire rêver les plus jeune mais que ce n’était que des pacotilles. Maintenant il comprit, il comprit absolument tout ! Il comprit son père…  Son père, son sinistre père, avait-il déjà ressentit ce que l’étalon ressentait maintenant pour Milky-Way ?  Puis il regarda la belle Milky-Way, le soleil faisait rayonner sa robe champagne. Pouvait-il que son cœur et sa tête ne soient pas d’accord ?
 
« Pour mon cœur le choix est tout à fait déterminé, Il… Il… Il t’ai… Il t’ai… Me… Mais l’on a toujours refusé à mon esprit d’aimer, il lui était interdit, alors je ne sais pas si ma tête t’… »
 
Il ne finit pas sa phrase, ce mot lui était trop dur à dire, il n’y arrivait pas. Il considéra la jument, quelle était belle…
 
« Aurais-tu un antidote pour ma tête car mon cœur à envie de vivre toute sa vie avec le tien ? Surement parce que… Je… T’aime ? »
 
Il termina sur un touche d’humour car sinon, il ne se remettra pas de ce qu’il avait dit. Pour lui c’était désobéir aux règles.
 

  Après avoir énoncé le nom de l’étalon, la jument s’endormit ou tomba dans une sorte de coma. L’étalon, qui n’était vraiment pas habile avec ses pattes ne sut pas quoi faire fasse au corps inactif de la jument. Il le regarda, tapant avec son antérieur droit dans le flanc de celui-ci. Il ne savait que faire devant, déjà beaucoup d’émotions s’étaient bousculées dans sa tête et il n’était pas très réactif à la jeune jument. Il restait fixe, plongé dans ses idées, il avait donc bien dit « Je t’aime » ? Il ferma les yeux réfléchit à sa vie, à tout. Il pensait connaître sa vie mais en faite, il n’en connaissait rien. Elle allait commencer aujourd’hui, maintenant, à partir du moment où il regarderait les yeux de Milky-Way et que son cœur le pousserait vers elle. Il rouvrit les yeux et considéra le corps endormi de la jument. C’est alors, avec un pas las, qu’il marcha en rond, puis il partit chercher de l’eau pour elle. Il avait l’impression que chaque le ralentissait et le plongeait dans un rêve. Sa tête lui tournait, ses yeux se fermaient, ses jambes faiblissaient. Il trébucha et tomba le nez dans la neige fraîche.
 
Ceci le réveilla, en fait, il n’avait pas bougé, il était toujours avec la jument endormie, il était juste couché, le nez dans la poudreuse. Il se releva bien en meilleur état que pendant son rêve, cauchemars ou délire ; il n’en savait rien. Il s’ébroua et parti réellement chercher de l’eau. Il avança dans la Taïga et seulement, il se rendit compte de son immensité et des risques qu’il avait pris en y entrant. Mais surtout, c’était une forêt de grands sapins et donc aucun lac ne s’y trouvait. Alors, il comprit que sa recherche d’eau était inutile. Il rebroussa chemin et par il ne savait quel miracle, le chemin sinueux de terre recouvert de neige dont où tous ses espoirs de retrouver la jument était posés, le guida à la belle endormie. Le pie approcha la jument et lui souffla dans les naseaux jusqu’à qu’elle se réveille. L’étalon s’inquiéta de ne pas la voir ouvrir les yeux. Il expira de plus en plus fort dans ses naseaux mais vainement. Il eut vraiment peur, il commença à la pousser, la secouer, lui parler mais rien à faire, Milky-Way restait endormie. L’étalon commença à s’enquêtait. Pourquoi ? Pourquoi la première fois de sa vie qu’il aimait ? Pourquoi lui enlever cet amour aussi tôt ? Qu’avait-il fait ? Portait-il malheur ? Une multitude de questions le travaillaient, et très vite, il étouffa. Il partit un petit moment prendre l’air frais.
 
Il marcha un long moment, serpentant entre les arbres mais jamais il ne perdait le chemin qui le guiderait, à son retour, à Milky-Way. Il avançait tête basse, bouche entre ouverte, les yeux mi-clos et les pattes raclant le sol. Il ne cessait de pousser des petits grognements et de petites plaintes étouffés dans sa barbe. Il cherchait sans doute la réelle raison du coma de son amante. C’était-il mal pris dans ses propos ? Pourtant, il avait choisi chaque mot avec le plus grand soin pour que son message soit à la fois poli et clair car sa situation, son amour étaient pour le moins compliqués. Il ne comprenait décidément rien aux femelles.
 
Soudain il glissa, manquant de tomber. Il se retourna pour voir ce qui avait cela : c’était une flaque gelée. Il fit directement la relation avec l’eau et s’en approcha. Elle était vaste, s’étendait sur plusieurs longueurs. Il tapât avec son sabot dedans à plusieurs reprises jusqu’à que la fissure formée dans la glace se brise et laisse un peu d’eau dépasser. Il n’y en avait pas beaucoup  mais c’était déjà cela. Le problème maintenant, était de ramener cette eau à Milky-Way. Il leva les yeux, les arbres ne possédaient que des épines, impossible de déplacer l’eau. Alors il baissa les yeux sur les herbes. Il chercha la plus large qu’il cueillit et remplit de l’eau dénichée sous la glace. Puis il retourna voir la jument en prenant le chemin  soigneusement mémorisé pour cet instant. Il rentra doucement, faisant attention de ne pas renverser l’eau.
 
Il arriva dans l’espace rond dans lequel Milky-Way était réfugiée. Celle-ci était réveillée mais avait l’air perdue. L’étalon lui dit :
 
« Milky-Way, je suis là. Tu m’as fait peur. Tiens je t’ai ramené un peu d’eau fraîche… Très fraîche. »
 
Dark-Side lui tendit l’herbe remplie d’eau. Il lui sourit pour la rassurée.