*Poc, Poc, Clop, Poc...*Leurs sabots solides foulaient le sol
, leurs jambes étaient maculées par la cendre. Ils slalomaient entre les braises, les restants de feu, les arbres carbonisés.
*Poc, Poc, Clop... Crack*
Et les ossements. Régulièrement, il trébuchait sur un crâne, se prenait les pied dans une vertèbre. Les orbites vides ne fixaient plus rien maintenant. Chevaux, félins, oiseaux, loups... Ils avaient tous brulé.
L'étalon en fronça le nez de dégout tandis que la jument immaculée qui le suivait restait silencieuse, horrifiée et désolée.
- Le Seigneur du Volcan ferait rugir la terre de fond en comble s'il voyait ce que ces immondes créatures font de son feu..- Le Seigneur du Volcan n'est plus... Allons nous en, cette terre est vouée à la Destruction et à la mort...Ils marchèrent encore longtemps. Jusqu'à ce que, à l'orée de ce qui fut une forêt, les squelettes laissent place à des cadavres.
L'étalon stoppa net : devant lui s'étendait un champ de bataille comme il n'en avait jamais vu. Partout, les corps écorchés se chevauchaient, les membres s'enchevêtraient, parfois séparés de leur corps, les yeux étaient ternes et souvent vides du fait des oiseaux opportunistes. Sa compagne se pressa légèrement contre lui, son regard se posant avec résignation sur une mâchoire éclatée, dont les dents s'étaient éparpillées dans la cervelle d'un autre animal au crâne explosé.
Le mâle s'était rigidifié comme un bloc de métal. Il connaissait ces animaux : certains étaient bien plus grands que des chevaux ordinaires, d'autres avaient des cornes ou d'autres différences physiques étonnantes. Tous possédaient des robes incroyablement bariolées, comme empruntées aux oiseaux. Et il savait bien que tous possédaient une telle quantité de pouvoir dans leur sang qu'ils étaient capables de prodiges incroyables.
- J'aurais du être avec eux. Avec les nôtres, afin de protéger cette terre... Afin de te protéger...
- Et tu serais mort comme eux...
- Pas pour longtemps, tu le sais bien...
Il resta silencieux un moment, puis prit une grande inspiration :
- J'avais pour but d'éliminer les chevaux de la lignée d'Hymlya... Ceux qui pouvaient transmettre des gênes de Maudit... Et j'y suis parvenu. Il n'en reste plus q'un, et c'est moi. Seulement, je ne peux mourir et j'ai commis l'atrocité de.. de perpétuer cette lignée... Il coula un regard au ventre rond de sa compagne, un regard emplit de tristesse et de regrets.
- Je ne pourrais jamais te tuer, ni tuer mon fils ou ma fille... Et si je mets fin à mes jours il y a de grandes chances pour que je revienne à la vie. J'ai aussi faillit à la défense de nos territoire en refusant de rallier les nôtres sous leur formes véritables... La jument blanche l'écoutait, un sanglot coincé dans la gorge. Elle savait ce qu'il allait dire, ce qui allait suivre...
- Mais il y a une chose que je peux faire... Je peux allez les chercher... Et les détruire. Tous. J'en suis capable, je suis le Phoenix... Les autres sont morts alors que j'aurais pu m'occuper de cette armée de Destructeurs seul... Au fur et à mesure qu'il parlait, son poil commençait à roussir et de la fumée s'échappait de son corps crispé. Sa compagne s'éloigna d'un pas, prudente, tandis que les crins couleur cendre de son amant crépitaient dangereusement. Une odeur de brulé s'élevait dans l'air en même temps que sa colère emplissait.
- Cette vermine... Ils rampent dans l'ombre de leurs souterrains, capturant les nôtres, jouant avec eux... Ils les font leurs à coups de torture... J'aurais du leur régler leur compte lorsque c'est moi qui était entre leurs griffes !La jument blanche s'écarta vivement de lui alors qu'il hurlait presque ces dernières paroles. Bien lui en pris car immédiatement, le pelage du mâle s'embrasa d'un feu rouge enfer.
- NON !!!- Je brûle, Seilhan. Mais je brûle pour toi et pour tout ce qui est bon sur cette terre. Je me consumerais le temps de tous les tuer. Mes cendres... Tu sais ce que tu dois en faire. Nous sommes immortels. Toi, la Jeunesse Eternelle et moi le Phoenix... Nous nous retrouverons je l'espère. Je t'aime. Sur ces derniers mots, il déploya des ailes d'une envergure incroyable et s'éleva dans une fournaise aveuglante.
Seilhan le regarda s'éloigner, versant toutes les larmes de son corps en silence.
***
On avait plus aucune nouvelle du Fléau, le nom que portait le groupe de Destructeurs qui avaient fait régner un climat d'horreurs depuis des dizaines d'années. Un jeune wolf lié à un yearling du clan était rentré quelques heures plus tôt en débitant des histoires sur la cavernes ou ils séjournaient normalement : le Fléau était tombé. Sa trentaine de Destructeurs, qui étaient les haut-gradés possédant les pouvoirs corrompus des Nomades, ainsi que la cinquantaine de sous fifres et alliés à leur cause, qui se faisaient appeler les Shikakus, étaient tous étendus au sol, sans vie. Hakaïryoku, le chef du Fléau, était lui aussi mort.
Tous avaient été vidés de leur sang.
Seilhan ne prit pas gare au groupe de curieux et de sceptiques qui s'amassaient, et pris la direction des souterrains, seule et malhabile à cause de ses flancs gonflés par son poulain.
Elle arriva sur place et vit la scène telle que le loup l'avait décrite. Le seul détail qui lui sauta aux yeux et que lui n'avait pas du remarquer, fut un tas de cendres rouges. Se penchant, elle les rassembla comme elle pu dans la panière de feuilles qu'elle gardait avec elle, puis, les emmenant avec elle, elle disparut dans le brouillard.
¤ Je jetterais les cendres du Phoenix dans un volcan. Et Nathanaël reviendra à la vie. ¤
(Ce post ne nécessite pas de réponse par Rp. La suite viendra avec un autre post que je mettrais un peu plus tard)