Crocs sous la lune

Le soleil, haut dans le ciel, éclairait la plaine. Là, au centre, se tenait un cheval, blanc. Complétement immobile, il scrutait l'horizon. Il semblait observer quelque chose au loin. Le cheval semblait plutôt jeune, ses membres étaient fins et élancés. Il était là, guettant un quelquonque prédateur, et il semblait en avoir vu un. Après tou, il se trouvait sur une des plaines des Loups. C'était leur territoire de chasse, l'étalon devant donc s'attendre à voir surgir un loup en face de lui à n'importe quel moment. Silencieux, Legolas observait la forme qui semblait venir vers lui au pas de course. À l'odeur, cela devait être un loup, ou plutôt une louve...

La louve courrait. Elle avançait rapidement vers sa prochaine proie. Au loin, à plusieurs mètres devant elle, se tenait un cheval blanc comme la neige. La louve savait qu'il l'avait repérée, mais elle avait tout un autre but que de s'attaquer à lui pour ensuite le dévorer cru. Non, son but était tout différent, car cette louve était différente des autres loups. C'était une magicienne, une sorcière dans un corps de loup, et qui recherchait sans cesse quelqu'un sur qui jeter ses malédictions. La louve sourit, se rapprochant de plus en plus de sa proie. Elle souriait, imaginant déjà la réaction du cheval une fois qu'il se retrouverait dans le corps d'un loup. Car telle était sa malédiction; transformer de pauvres innocent en loup lors du coucher du soleil. À chaque fois, elle jetait son sort vers le milieu de la journée. Ses proies ne se doutaient de rien, jusqu'au moment où, la nuit arrivée, il se retrouvent dans un corps de loup.

Legolas restait toujours immobile, observant la louve qui approchait de plus en plus. Étant plutôt pacifique lors des premières rencontres, le cheval avait décidé de voir ce qu'allait faire la louve une fois près de lui. Il ne sentait pas un désir de mort dans la louve. Il sentait plutôt une envie de faire connaissance avec l'étalon. Elle semblait amicale, mais malgré cela, l'étalon préférait rester sur ses gardes. La louve restait quand même un prédateur aux yeux du cheval, qu'elle soit amicale ou non. L'étalon observa la louve qui franchissait les derniers mètres qui les séparaeient en quelques bonds, puis s'asseoyant devant lui, elle lui parlait du voix douce et amicale.

' Bonjour jeune cheval. Vous êtes bien courageux de venir sur le territoire des Loups... '

L'étalon observa tranquillement la louve, tentant de discerner ses réelles intentions. Il ne senti rien de féroce en elle, juste de la sympathie et de la gentillesse. Cela le rendit perplexe de rencontrer un loup sans aucun désire de l'attaquer. Cela pouvait peut-être être une technique afin de l'amadouer et, lorsqu'il aurait complétement confiance en elle, l'attaquer par surprise. Méfiant, l'étalon lui répondit quand même.

'' Bonjour louve. Pour votre part, je trouve cela étonnant que vous ne cherchiez pas à m'attaquer. Ne suis-je donc pas sur un territoire de chasse? ''

Tout au fond d'elle, la louve sourit. Oh si! Ce cheval était sur un territoire de chasse. Mais il ne savait pas qu'il était tombé sur un loup bien particulier qui avait un tout autre but que de manger l'étalon. Mystérieuse, elle poursuivit;

' Vous êtes bien sur un territoire de chasse, jeune inconnu, mais sachez que nous n'attaquons pas tout le temps, nous les loups. Pour ma part, vous n'avez rien à craindre, j'ai déjà mangé. '

La louve sourit à l'étalon pour se rendre plus crédible. Elle avait bel et bien déjà mangé. Quelques minutes plus tôt elle s'était délestée d'un cerf à la chair délicieuse. C'était un bon cerf, bien gros et lein de viande, un cerf si gros qu'il était rare d'en voir de pareils. Elle avait appréciée le festin, mangeant le plus qu'elle avait pu. À cette heure, d'autres loups, alléchés par l'odeur de la viande restante, devaient déguster les reste du festin avec bonheur. Elle posa son regard sur l'étalon, l'imaginant sous sa forme de loup. Elle avait hâte de transformer ce cheval, elle ne pouvait plus attendre. Avant que l'étalon ne puisse dire quelque chose d'autre, elle se leva sur ses quattre pattes et, d'une voix suave et douce chanta une étrange chanson.

Soleil agonisant et lune opalescente
La lune carnassière et ses crocs d'argent
Soleil flamboyant, lune descendante
Sous le soleil, crinière au vent.

Sur ces étranges paroles, la louve s'éclipsa, laisant le cheval planté là, à chercher le sens des paroles, qu'il ne trouverait qu'à la tombée de la nuit.

L'étalon blanc resta pendant plusieurs minutes à regarder le lieu où se tenait la louve juste avant qu'elle ne s'éclipse. Elle avait prononcée des paroles étranges et sans aucun sens. Le cheval se mit en tête qu'elle était simplement folle. Il chassa cette étrange rencontre de son esprit et continua sa route dans les plaines des Loups. Dans le ciel, le soleil entemait lentement sa course vers l'horizon. Bientôt, la nuit tomberait, bientôt, la malédiction fera effet.

Après plusieurs heures de marche, Legolas s'arrêta, broutant l'herbe de la plaine et se désaltérant dans un petit ruisseau qui traversait l'endroit. Le soleil avait prit une teinte orangée et était déjà très bas à l'horizon. Lentement, la nuit s'installait, et bientôt, ce fut le noir total. La plaine étant seulement éclairée par la lueur de la lune, parfaitement ronde. Soudain, un phénomène étrange se produisit. La vue de l'étalon se brouilla, et il se senti devenir plus petit. Il lui semblait que son poil s'allongeait, devenant plus fourni. Ses longs crins disparaissaient, et sa queue devint celle d'un chien... ou d'un loup. À la place de ses naseaux, il y avait maintenant une truffe noire, et, dans sa bouche, ses dents étaient devenues des crocs. Sa tête et son corps c'étaient modifiés, devenant celui d'un loup blanc. Que se passait-il? Le cheval, maintenant devenu loup, ne comprenait plus rien. C'est alors qu'il se souvint des paroles de la louve. Elle lui avait jeté une malédiction. Le nouveau loup paniqua; et s'il ne redevenait jamais un cheval? Longtemps, il resta à tourner en rond, désespérant et cherchant une solution. Une grande fureur grandissait en lui. Tout était de la faute de la louve! Un grognement de mécontentement s'échappa de sa gorge, ce qui le fit sursauter. Legolas n'était pas habituer à ce nouveau corps, complètement différent de ce qu'il était avant. Le loup décida de retrouver la sorcière louve, voulant lui régler son compte. D'un bon léger, il s'élança, flairant l'air à la recherche de l'odeur de la louve.

L'étalon découvrait de nouvelles sensation dans ce nouveau corps. Déjà agile dans son ancien corps, il l'était un peu plus maintenant. Il ressentait des sensations auxquelles il ne prêtait plus attention lorsqu'il était dans son ancien corps, tellement il les ressentaient souvent. Par exemple, il redécouvrait la sensation du vent courant sur son poil alors qu'il courait à grande vitesse. Il sentait le sol sous ses pieds d'une nouvelle façon. Maintenant avec des coussinets sous ses pieds, la sensations était différente qu'avec des sabots. Alors qu'il croisait un cerf, il se surpris même à se lécher les babines, imaginant le bon goût qu'aurait sa tendre chair. Sa forme de loup voulu attaquer le cerf pour goûter à sa viande, mais il se retint. Après tout, il était un cheval dans un corps de loup. S'il parvenait à redevenir sous sa vraie forme, Legolas ne s'en remetterait pas d'avoir tuer un cerf et de l'avoir manger. Il était un herbivore en premier lieu, pas un carnivore.

Le loup-cheval chercha toute la nuit la sorcière, sans succès. Il déspérait de retrouver sa vraie forme. Alors qu'il s'apitoiyait sur son sort, une voix lui parla dans son esprit, lui dictant les paroles de la louve. L'étalon resta longtemps accroché sur le dernier vers. Il ne cessait de se le répéter dans son esprit. C'était sa bouée de sauvetage et il s'y accrochait avec force. S'il comprenait bien le sens, au lever du jour il retrouverait sa forme d'étalon et la malédiction serait levée. Seulement, il espérait que lorsque la nuit tomberait à nouveau, il ne redeviendrait pas un loup, malgré qu'il ait aimé les nouvelles sensations que lui avait offert ce corps. Il regarda le ciel. Le soleil n'allait pas tarder à se lever. Le cheval décida de profiter des derniers instants dans son corps de loup, courrant et sautant partout dans la plaine. Finalement, le soleil se leva, ses rayons parcourant le poil soyeux du loup blanc qui se mit à grandir et reprendre la forme d'un magnifique cheval blanc. L'étalon était heureux, mais il allait sans doutes regretter les sensations qu'il avait connu. Pour le moment, il ne pensait qu'à quitter le territoire des loups. Il galopa, loin de cet endroit, sans jamais se retourner.