Miroir [Pv BH ♥]

→ Vif-Argent ♥

La frêle silhouette perdue dans le Désert Blanc n'existait plus. L'été approchait à grands pas, le printemps était là. Vif-Argent avait comme refleuri avec ce printemps nouveau. Il s'était départi de son court mais terne poil d'hiver pour revêtir une toison de nuit luisante. Son étoile était restée immaculée et, sous le soleil léger, luisait tant son poil était brillant de santé. Il s'était étable sur Wild Horses et se remettait lentement. Sa convalescence était d'autant plus longue que le jeune étalon ne se laissait aucun repos. Il se montrait sans cesse en activité et, au final, il s'épuisait plus qu'autre chose. Pourtant, il n'aurait abandonné pour rien au monde. Il avait un père à rendre fier. A cette idée, il accéléra son ascension. Il sifflait encore quelques peu lorsqu'il respirait, mais, on le sentait, la maladie était derrière. Il ne lui restait plus qu'à se remettre tout à fait en état. Il deviendrait impressionnant. De par sa belle taille, il serait fort. Et puis... Il devait se montrer digne de son père.

Comme un vieux sage ou un vieux fou, un étalon se tenait au sommet du col de l'Elan, à regarder de ses yeux encore flamboyants les terres fertiles qui s'étendaient devant lui. Pourtant, ces parcelles de terre ne constituaient en rien un Empire, elles ne formaient au final qu'un simple domaine, et appartenaient à un clan agrippé au désir de paix; celui des Etoiles, fondé par Liberty, et gouverné aujourd'hui par une jument cremello, Pépite d'Or. Autrfois, sa peau de velours aurait tressaillit, mais ce matin, alors que réchauffé par des rayons de soleil, aucun frémissement ne passa sur son corps. Le noble Shikaku avait même conservé cet air grave, profondément soucieux, comme un masque de sagesse indélibile greffé sur son visage royal. Non, ne change pas mon beau. Le constat était inévitable: Hole avait vieillit. Il s'était battu contre tout, contre tous, et ne craignait aujourd'hui plus rien, il ne souffrait aucune peur quant à la mort; il était inébranlable et au mieux de sa forme physique. Pourtant, le terrible doute d'avoir trop vieilli le tenait entre ses mains.

Il le faisait souvent, avec toujours autant de fougue: il s'ébroua, dans l'espoir débile de chasser ses doutes, pour se focaliser une fois de plus sur les plaines verdoyantes qui ondulaient au gré du vent. Il était aujourd'hui père, et il avait le devoir de veiller sur ses enfants, même si ces derniers étaient déjà grands. Quelle triste ironie le saisissait dans ces heures! Il devait être jeune, encore! Ne serait-ce que pour se battre avec ses enfants, pour leur apprendre les ruses qu'il tenait lui-même de ses ancêtres. Oui, il ne devait rien perdre de ce qu'il était, et, comme pour prouver son statut à cette terre innocente, il se cabra de tout son haut, élevant sa masse musculeuse dans l'air chaud, frappant avec violence l'air de ses sabots, alors que ses crins noirs s'étaient dressés sur son encolure tels des poignards d'onyx. Il avait toujours été provocant, et il ne se priva pas de pousser un cri rauque et profond, propre aux dominants.

L'étalon noir entendit un appel rauque, puissant. Il y répondit, tout aussi fort, arquant l'encolure et accélérant encore. Il gravit les derniers mètres et se retrouva au sommet, le souffle court et légèrement sifflant, tandis qu'il faisait face à son père, dressé sur ses postérieurs. Le Fils en fit de même, il se cabra, battant l'air de ses sabots et sa longue crinière cascadant derrière lui. Rapidement, il reposa les antérieurs au sol et salua son père d'un respectueux signe de tête, un sourire aux lèvres.

Son père. Le cheval qu'il avait cherché jusqu'ici. Jamais il n'aurait cru tant lui ressembler. Il s'avança vers lui, lentement, sans craintes pourtant. Il était son Père, et il n'avait rien à craindre.

[Milles excuses, je me rattrape au prochain post, promiiiiiiiis ♥]

Alors qu'il était cabré, Black Hole eut, pendant un court instant, la douce euphorie de voir ses démons se baisser face à lui, en le saluant, le maudissant aussi d'avoir gagné la guerre, sa guerre. Mais bientôt, il se laissa retomber au sol, puissant dans ses mouvements précis et légers. Non, rien n'avait réellement changé, il avait juste imaginé les sensations qui le prendraient, une fois qu'il aurait réussit son laborieux pari: voir la Mort se ployer sous sa force. Le Shikaku noir était fort: son corps musculeux était au mieux de sa forme physique, et son mental d'acier était inébranlable, du moins au combat. Pourtant, ces derniers temps, c'était son coeur qui lui jouait des tours. Non, il n'était pas malade, mais les sentiments qui s'y combattaient étaient d'une rare violence, si bien qu'il ne savait plus toujours où il en était de tout. Tout, sa vie, son empire, ses échecs et ses rares réussites...

Pourtant, il dû sortir de ses pensées quand l'écho d'une rapide galopade se fit entendre, découvrant bientôt le profil fier de son fils, qui était son jumeau de robe. Derechef, Hole l'examina alors qu'il se levait, battant l'air de ses membres noueux. Certes, Vif-Argent n'avait pas encore acquis ni développé tous ses muscles, mais une chose était sûre: il avait gagné contre la maladie, et ses muscles ne tendaient qu'à se développer de jour en jour. La différence était flagrante, Vif devenait un étalon fort, et bientôt, il serait un redoutable adversaire, plus encore qu'il ne l'était déjà. Et cet étalon, c'était son fils, son tout premier enfant, celui qui était né de sa toute première union, celui qui, malgré le fait qu'il haïssait sa mère, la lui rappelait. Si leur robe était semblable, la finesse des traits de son corps était celle de sa mère, alors que son visage semblait être un calque de celui de Hole, bien que l'expression qui y présidait ne fût pas tout à fait la même. Son corps, le corps chaud de son fils avait les même dessins de finesse que celui d'Etoile. Etoile. Black Hole avait beau la haïr, il ne parvenait à expliquer le pincement au coeur qu'il ressentait quand il se mettait à penser à elle. Enfin, il reporta son entière attention vers son fils, et de sa voix virile, grave, enjôleuse et à l'écho prédateur, il laissa glisser ces mots:

"Mon fils! Je suis heureux de voir que tu te portes de mieux en mieux! Quelles sont les nouvelles depuis la dernière mémorable fois qui fut en fait la première?"

A peine avait-il finit de parler qu'il exécuta un pas en avant, s'approchant de son fils, et tendit ses naseaux frémissants vers la nuque de ce-dernier, lui attrappant un bout de crinière qu'il tira légèrement, comme l'aurait fait un jeune poulain plein de force et de vigueur qui voulait jouer avec un ami, un frère...

Dans ce face à face, les deux étalons, bien que Shikaku, n'avaient, guère à se craindre. Père et Fils ne s'entendaient que trop bien, à se connaître trop peu. Ils étaient, par trop d'aspects, trop semblables l'un à l'autre. Vif-Argent était une copie de la robe et du caractère de son père, sur le physique de sa mère, dont il n'avait hérité que la Haine profonde qui coulait dans ses veines comme l'eau dans le lit d'une rivière à la fonte des glaces.

Le jeune fixa son regard sur son aîné, et il prit le temps de réfléchir à une réponse, un sourire étirant un seul côté de son visage, lui donnant un air arrogant et malsain à la fois. Pourtant, non, il n'avait encore commis aucun méfait. Sa voix, suave, prédatrice et masculine, résonna doucement, tandis qu'il prenait le temps de répondre.

« Enchanté de te revoir, Père. L'été qui arrive te va à merveilles, je trouve. J'ai fait pas mal de rencontres. Je ne m'étais jamais douté qu'il y avait tant de charmantes personnes, ici. J'ai fait pas mal de rencontres. »

En parlant de charmantes personnes, il pensait à Bliss, avec laquelle il avait dansé jusqu'à en fatiguer ses muscles à peine remis de la Maladie.

[Pfiou, toutes mes excuses, mais je suis dans ma période de passage à vide je crois Oô ]

La peau satinée de Hole frémissait, alors que la joie de revoir son fils avait saisi son coeur. Vif-Argent était de taille moyenne, et lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, la sagesse de l'âge, les cicatrices profondes en moins. Pourtant, quand le Shikaku le regardait attentivement, il était apte à discerner les défauts qui faisaient qu'ils n'étaient pas tout à fait semblable. Aussi, les reflets qui se pégnaient de temps à autre sur la robe du père n'avaient pas la même intensité que ceux du fils, et les teintes de la somptueuse robe de l'Ambassadeur était plus ferme dans leur extrême. De plus, leurs yeux n'étaient pas animés de la même étincelle, et leur caractère n'étaient pas identiques, quoique très semblables. Son caractère, Black Hole l'avait forgé au fil des années, le parant de tout l'orgueil du Territoire, de toute la fierté nécessaire à servir son Père ainsi que son amante. Ils n'étaient, au fond, que ressemblant, comme le confirmait leur voix. En y regardant légèrement, ils se confondaient, il fallait accepter de creuser les choses pour se rendre compte des différences qui faisaient qu'ils étaient uniques.

"Oh, cela fait depuis longtemps que l'été ne me va plus aussi bien qu'à toi, jeunesse folle et ambitieuse! Je suis si heureux de voir que tu vas bien, que tu es fort, et que tu résistes! Ah, je vois que tu as croisé les perles de Wild Horses! Y aurait-il une rencontre que tu préférerais?"

Un sourire malicieux passa sur le visage de l'adulte, alors qu'il semblait se perdre dans ses pensées, explorant les tréfonds de sa mémoire surchargée de sentiment pleins et fous, de sentiments ardents qui n'avaient fait qu'entamer son âme tourmentée.

[T'inquiète, moi aussi c'est court et bof bof ><]

Le jeune adulte regardait distraitement autour de lui, lorsqu'il ne fixait pas son père de son regard profond et noir, où on irait se noyer dans les profondeurs d'un gouffre infini. Mais son regard était animé aussi d'une flamme de jeunesse, d'une flamme sauvage qu'on ne pourrait jamais, semblait-il, domestiquer et capter, pour pouvoir la retenir, la pacifier. Il resterait lui, fier et Shikaku, toute sa vie. Enfin, je présume. Car son sang était encré haut en lui. Comme son père qui, pourtant, se cherchait parfois, mais cela, il n'en savait rien. Pour lui le chemin était tracé, direct. Enfin, c'était ce qu'il pensait, ce qu'il espérait.

« Jeune, oui, ambitieux, peut-être et fou, non. Juste un peu différent. »

Il laissa quelques bribes d'un rire léger s'envoler dans les airs, rire doux qui se mua en ricana et s'éteignit tout naturellement. Il reprit alors.

« J'ai rencontré trois charmantes créatures. Amaëlle une... Comment appelez-vous ces chevaux-là, déjà? Ah, oui... Une Nomade. Et aussi Pépite D'Or. J'ai beaucoup ri, elle est trop douce, trop avenante. Elle nous connaît aussi un peu trop, je trouve. Et enfin... Sûrement ma rencontre la plus mémorable. Il s'agit d'une des nôtres. Bliss. »

Un sourire étira ses lèvres. Et il ne s'attendait pas, tout comme son père, à avoir en réalité avoir rencontré déjà l'amante de ce dernier ainsi que leur fille. Sa demie-sœur. Pauvre Enfant qui allait connaître le désenchantement alors qu'il était encore plein de pensées douces suite à la rencontre de l'affolante jument ébène.

[Ça y est, le moment critique xD J'imagine la tête de Black Hole x) ]

Black Hole avait beaucoup douté, pendant longtemps, il avait vogué sur une mer d'incertitudes, frappée en permanence par de monstrueuses tempêtes. Mais il avait la foi, une foi si forte et violente qu'aujourd'hui, il était sûr de son appartenance aux Shikaku, et que jamais, ô grand jamais, il n'abandonnerait son groupe, son sang, son orgueil et sa fierté. Aussi, il savait qu'il devait être là pour eux, ses enfants, si jeunes encore. Il les aiderait, quoi qu'ils choisissent de devenir, tant son amour pour eux était fort. L'aîné regardé son fils, sans jamais détourner son regard. Qu'il était fier de lui! Déjà beau et fort, il serait sans doute un obstacle aux jeunes chefs qui prendraient, bientôt, la relève. Ses pensées s'écartèrent un instant et voguèrent jusqu'au souvenir clair de Shiki, le jeune Prince qui ne tendait qu'à devenir Roi, le fils chéri de la Dame d'Acier. Oh, la Dame d'Acier. Un sourire étira les lèvres du guerrier à l'évocation de ce souvenir. Charmante, elle était tueuse émérite, danseuse étoile et acrobate; magnifique, elle avait tout pour elle, tout sauf peut-être la présence de son compagnon, du père de son enfant... Mais cela, jamais Hole ne le jugerait, il ne savait que trop bien aujourd'hui à quel point les relations de couple pouvaient être compliquées.

"Tes différences sont ta force, et elles feront de toi ce que les autres ne seront jamais. Tu peux être fier mon fils, fier d'être ce que tu es."

Hole détourna son regard, le posant sur l'horizon et, après une longue pause, il reprit.

"Bientôt, ce sera de nouveau le matin. L'Aurore sera encore rose, les oiseaux chanteront encore, mais ce matin-là, nous ne serons plus là, nous ne serons plus les même. Ce matin là ne sera plus le nôtre, mais il sera celui de votre émencipation. Mon fils, ce monde sera votre terrain de jeux, les codes seront à refaire, et tu auras la possibilité, si tu le désires, de changer les choses, une fois de plus."

Grave et interdit, sa voix enjôleuse et prédatrice avait coulé dans l'air avec toute la délicatesse du monde, plus un rêve que des paroles, plus un songe qu'un aveux. Et pourtant, pourtant Hole savait que cette heure arriverait, et tout ce qu'il venait de dire, il le croyait. A Shiki, à Vif-Argent, à Zanzibar, Bliss, Thief de refaire un monde...
Alors seulement, pour la première fois depuis leur retrouvailles, Hole eut un frisson d'effroi. Bliss, sa fille Bliss... Que se passait-il entre eux? Il s'en mordait les doigts... Et Pépite, oh, il connaissait donc sa famille, sans savoir pourtant ce que ces êtres représentaient pour lui, réellement. Le guerrier noir prit une profonde inspiration, et répondit, fermé.

"Amaëlle est une Nomade, et nous les pourchassons, ils ont été nos ennemis, et aujourd'hui, il faut bien avouer que la frénésie des Shikaku s'est calmée. Pour les deux autres... Pépite d'Or est ma compagne, la mère de mes deux enfants, deux jumeaux magnifiques! Il s'est passé énormément de chose, et tu apprendras bien vite, en ouvrant juste les oreilles, ce qu'il s'est passé. Je ne pense pas avoir besoin de m'épancher plus sur la chose en conséquence. Et Bliss... Vif', Bliss est ta soeur."

A sa dernière parole, Hole détourna la tête, comme s'il venait d'être frappé de plein fouet par une douleur aigüe. Lui qui n'avait jamais pleuré devant les siens ne pleura pas, mais son regard se couvrit d'une vague épaisse. Il s'en voulut tant! Alors, il posa de nouveau son regard sur son fils, attendant sa réaction.

[ça, c'est fait XD T'imagines...! C'est horrible, les pauvres n'empêchent!]

Son Destin, s’il était écrit, serait de briser les Chefs et de réussir ce que les Shikaku n’avaient su faire : Mettre les terres à la merci des siens. Les anciens n’avaient pas eu assez d’audace, il le savait. Il ne se doutait pas que son père avait été pris entre son amour, ses grandes amitiés et son groupe. Mais il avait fait le bon choix. Voir ses amis agoniser sous son regard n’aurait qu’été trop compliqué. Aussi, la prochaine rébellion se monterait quand les jeunes auront l’âge des aînés. La nouvelle génération était ambitieuse. Vif-Argent, lui plus que tous autres, était prêt à tous les sacrifices pour parvenir à ses fins. Sans la moindre exception.

« Ma plus grande fierté est d’être ton fils. »

Il inclina légèrement le port. Il eut un sourire diabolique. Oui, il était le fils du Démon et tendait à devenir le diable haï. Pour l’instant, il était dans l’ombre, invisible étalon de nuit trop jeune et inexpérimenté. Pourtant, bientôt, lorsque son état serait celui d’un étalon en pleine force de l’âge, lorsqu’il aurait la masse impressionnante de tueurs, ils feraient parler de lui, il se montrerait au jour. Alors, là, plus personne ne pourrait arrêter ses ravages.

« Au temps de notre ère, nous poursuivrons vos buts, nous mettrons en action vos plans et nous construirons notre nouveau monde. Ainsi, notre ère sera aussi votre ère. »

Il avait ce côté respectueux. Il avait aussi une foi inébranlable en la force de leur groupe. Il croyait comme il n’était pas permis en l’intelligence des anciens. Il se serait damné de sa confiance aveugle dans l’institution.

Pourtant, le noir se retrouva bientôt brisé. Il recula d’un pas, comme frappé par la foudre, tandis que son père lui annonçait l’impossible. Il avait rencontré la compagne de son père un jour où il était d’humeur joueuse. Il aurait pu la blesser, la tuer même. Fort heureusement, il n’en avait rien fait. Et Bliss… Son cœur se fendit. Il avait l’impression que ses yeux ne voyaient plus tandis qu’il relevait la tête vers son père. Il resta ainsi, incapable de bouger, de répondre. L’horreur le figeait. Qu’avait-il fait ? Son cœur s’était accroché avec trop de force à celui de la succulente jument baie. L étouffa un gémissement. Il savait ce qu’il avait à faire. Il devait oublier cette affolante danse.

Hole fixait son fils, attendant de voir la réaction du jeune étalon. Bliss était sa soeur, sa soeur de sang, et jamais rien ne pourrait exister entre eux, jamais aucune histoire de coeur ne devrait voir le jour. Le fier Shikaku s'en voulait tant, il s'en voulait d'être, à cet instant, le père qu'il était. Il avait à peine retrouvé son fils, et il devait déjà lui annoncer quel était le sort véritable. Il s'approcha un peu de son fils qui avait fait quelques pas en arrière, et s'apprêtait à parler, quand, devant eux, la silhouette claire et ronde d'une tigresse apparue.

Tueuse Amor était sortie de nulle part, et elle se tenait entre Vif-Argent et Black Hole, tournée cependant vers son ami de longue date. Ses yeux bleus pâles et presque blancs regardaient l'équidé avec une intensité à peine croyable, et elle émit un grognement bas de gorge, comme pour demander une explication, et aussi pour quêter l'attention de l'étalon noir à l'étoile blanche.

*Hole, Bliss arrive, Bliss n'est plus loin. Aujourd'hui, tu récupéreras un de tes enfants, un de plus Hole. Sois heureux de la voir sous ce nouveau jour, elle a tant changé! Je suis sûre qu'elle va t'impressionner. Prépare-toi mon vieil ami.*

Alors, elle marcha jusqu'au flanc de l'étalon, et fit un demi-tour, collant ses propres flancs arrondies contre le corps brûlant du grand Shikaku, alors que ses yeux blancs se posaient cette fois sur Vif-Argent. Depuis combien de temps était-elle ici, tapis dans l'ombre, à écouter tout en veillant sur son ami? Par moments, une bosse apparaissait sous sa douce fourrure, pour disparaître presque aussitôt. La tigresse portait en elle la vie, et cela lui donnait de nouvelles allures, qui lui allaient à ravir. Sa voix claire et résonnante creva le silence pénible qui s'était installé, alors qu'elle s'asseyait aux côtés de Black Hole.

"Bonjour Vif-Argent. Je m'appelle Tueuse Amor, et je suis la daemon de ton Père."

Vif-Argent portait son regard sur son père. Une étincelle de tristesse y dansa, allumant une large flamme. Au fil des secondes, le vent de glace et de folie qui l'habitait fit danser la flamme, qui perdit de sa taille et de son intensité, avant de ne plus être qu'une fine braise. Braise qui mourut, laissant place à un feu destructeur. Son corps frémissait. Son humeur s'assombrit. S'il devait oublier les magnifiques pas avec la jument, il le ferait. Mais il serait toujours rongé d'une rage et d'une colère sans noms à l'idée de leur danse. Ses lèvres frémirent en un murmure incompréhensible, alors qu'il tournait la tête en direction de la masse blanche. Son instinct premier fut de bander ses longs et nerveux muscles tandis qu'il redressait la tête, plaquant les oreilles contre son crâne et dénudant les dents.

Bien vite, il se détendit et parut intrigué. Qui était ce fauve, avançant gracieusement vers eux, sans même s'inquiéter ou faire mine d'attaquer? Elle qui se collait, gracieuse, aux flancs de son père tout en marchant, sans s'inquiéter? Elle finit par s'asseoir et il sut. Daemon? Ce n'était pas ce concept d'animal lié par l'esprit? Il en avait plus ou moins entendu parler. Enfin, disons qu'il en avait eu vent. Il hocha vivement la tête, dans un salut formel de guerrier.

« Enchanté, Tueuse Amor. J'imagine que tu as entendu notre conversation..? »

Son regard était à la fois intelligent et fou, fourbe, malin, démoniaque. Y dansaient des sentiments contradictoires qui résumaient fort bien ce qu'il se passait. Tout dansait en lui, les pensées, la raison... Il n'était sûr de rien. La tête penchée sur le côté, les muscles tendus, on voyait bien toute la folie de son être, jusqu'avant enfermée derrière son intelligence farouche et désormais elle était visible, sensible. Il regarda aussi son père, avec cette même indécision, cette même folie. Que devait-il dire, que devait-il penser, que devait-il faire? Il n'en savait rien, il était perdu, perdu, perdu!

[3 persos dans le même RP X)]

Black Hole avait détourné son regard, le posant sur la silhouette ballonnée de sa daemon. L'heure était pénible, pour lui comme pour son fils, et voilà qu'apparaissait la divine tigresse, habillée de sa robe blanche striée de noir, portant un autre présent. Il ne l'avait plus vue pendant quelques temps, et tout ses doutes étaient à présent dispersés: Tueuse Amor attendait des petits! Le Shikaku ne put s'empêcher de sourire à son amie de longue date, échangeant avec elle un regard complice, alors qu'elle lui annonçait l'approche de sa fille. Son coeur s'emballait, alors qu'il regardait son fils. Bliss, Bliss... Sa tendre pouliche était donc bien là, il n'avait pas eu tort d'espérer! Etait-il seulement possible qu'ils puissent de nouveau former une famille, unie tous ensemble? Non, bien sûr que non, ce n'était pas possible. Etoile était loin, et de toute évidence, les marques du passé n'étaient pas encore prêtes à s'effacer. Il fit un pas débile, lourd de maladresse et de détresse, alors que la fourrure soyeuse de son amie se mêlait aux poils noirs de sa robe de nuit. Devait-il lui annoncer que Bliss s'approchait? Non, autant les confronter tout de suite.

*J'ai peur Tueuse Amor, tellement peur de la retrouver. Va-t-elle me juger? J'ai peur de l'avoir fait souffrir. Et dois-je annoncer son arrivée à Vif'? Regarde-le. Je le retrouve à peine et déjà, je dois lui annoncer qu'il s'est trompé, et que jamais rien ne pourra unir ces deux enfants. Quel monstre suis-je donc...?*

L'accablante peine de Hole affectait l'humeur de Tueuse Amor, mais elle s'efforçait de demeurer avenante envers le fils de son ami. Elle était heureuse de voir que le jeune étalon se portait bien, et qu'il ressemblait tant à son père! Elle se prit à penser à ses petits. A quoi ressembleraient-ils? Elle avait hâte de devenir maman, et de découvrir les joies de la maternité. Elle savait que ce travail serait de longue haleine, mais elle s'en sentait la force et la hargne nécessaires.

"Juste un bout. Cela te met-il mal à l'aise Vif-Argent?"

Elle avait planté son regard presque blanc dans celui de l'étalon. Elle savait bien quand la folie était là, plus opressante que jamais, quand elle menaçait de tout recouvrir sous ses flots tumultueux. Elle savait aussi que, dans ces heures là, il était dur de se contrôler, et qu'un fils pouvait s'en prendre à son père, s'il dirigeait mal sa haine. Certes, il avait tout les droits de haïr l'étalon de nuit, de haïr ce père qui n'avait pas été là, de haïr ce père qui avait refait sa vie et avait eu d'autres enfants, lui infligeant malgré lui une autre déception. Mais, dans tous les cas, Tueuse Amor avait déjà choisi con camp.

*Inutile. Bliss est là, mon vieil ami. Ta fille est à la maison.*

Lancée dans un galop rapide, les sabots de Bliss frappaient le sol dans un son sourd. Son coeur battait de plus en plus fort, alors que l'odeur connue et jamais oubliée de son père avançait jusqu'à elle, transportée par une brise légère et insousciente. Elle accéléra encore l'allure, jusqu'à débouler sur le côté, pile entre les deux étalons si semblables au premier regard. Elle freina des quatre fers, et s'éleva dans les airs, ses sabots tranchant battant avec rage l'air ambiant. Enfin, elle se laissa retomber au sol, et se tourna vers son Père, après avoir jeté un coup d'oeil complice à Vif-Argent. Elle ne se doutait nullement de la situation. Elle posa ses yeux abyssaux dans ceux si semblables de son Père, et baissa l'encolure, en signe de respect. Lui, l'avait-il reconnue, sa fille, sa douce pouliche à la robe baie et aux reflets gourmands? Elle redressa ensuite l'encolure, et d'une voix claire lâcha ces quelques mots:

"Shikaku. Honorée d'une telle rencontre."

Elle inclina respectueusement la tête face à la tigresse, reconnaissant la daemon de son Père. Elle jeta ensuite un regard vers l'arrière, reculant un peu et espérant que Vif-Argent s'avance, qu'il vienne près d'elle. Oh non, elle ne se doutait pas une seule seconde de la vérité.

L’étalon noir gardait le regard rivé sur son père. Parfois, ses muscles frémissaient et son regard se voilait encore de folie. A d’autres instants, c’était la douleur. Lui qui avait dansé avec Bliss en usant de presque toute l’étendue de son talent, lui qui était tombé sous le charme de la déesse d’acajou… Il ne ressentait qu’un vide énorme, béant au centre de la poitrine. Son cœur aurait-il cessé de battre ? Pour Bliss, oui. Mais il vivait toujours, malgré les coutelas qui lui sciaient les sens sans répit. Puis ce pas, ce pas de l’étalon. Vif’ eut d’instinct le besoin impérieux d’y répondre. Ses muscles se tendirent à une vitesse hallucinante et il fit un pas rapide en avant, jusqu’à toucher les naseaux de son père. Il ne prit pas la peine d’observer la Daemon pour lui répondre. Un lien particulier jouait des siennes dans sa tête. Et bientôt, la silhouette vive d’un animal sortit d’une cache proche.

« Non, pas vraiment. Simple question. »

Il retenait les mots, tandis que le croisé de loup, son animal lié, venait se prendre entre ses membres. Il recula alors, après un regard à son père, un regard plus posé. Le Saarloos jappa et tenta de lui attraper les naseaux lorsqu’Argent baissa la tête à sa hauteur. La réplique fut sans appel : l’étalon se leva et ses sabots claquèrent près de l’animal, qui s’immobilisa et sembla enfin prendre conscience de la compagnie de son étalon lié. Ce dernier secoua la tête avec agacement.

« Père, Tueuse Amor, veuillez pardonner Thanatos de cette entrée assez fracassante, il semble avoir oublié les usages. »

Le dénommé s’assit. Son regard luisait d’une intelligence farouche et d’une fierté tout aussi présente. Il observa à la dérobée Black Hole et Tueuse Amor, puis huma le vent. Il n’ajouta rien. Il n’avait rien ajouté. Pourtant, il s’amusa et Vif-Argent huma l’air à son tour, suspicieux. Il fut transpercé par une épée. Cette galopade, c’était donc elle ? Bliss. Il se ramassa. Il aurait aimé fuir. Son angoisse, son mal-être étaient palpables. Son regard se voulait fuyant. Il observa son père et, l’instant d’après, fut happé par la beauté affolante de la danseuse. Il la laissa parler, succombant à sa voix de miel. Il ferma les yeux, en proie à une Folie destructrice, une folie qui ne rongeait que lui. Thanatos s’écartant d’instinct, il savait à quel point le fils de Hole pouvait s’avérer dangereux dans ces instants. Pourtant, ce dernier rouvrit rapidement les yeux. Il ne pouvait s’empêcher d’aller coller ses naseaux brûlants au corps parfait de sa demi-sœur. Il établit donc le contact, sans attendre. Il huma l’odeur de celle qui avait accompagné ses premiers pas. Puis sa voix, chargée de douleur, ne laissa échapper qu’un gémissement.

« Bliss. »

Son regard noir s’éteignit, couvert de ses paupières lourdes. Il savait bien à quel point il blessait son père, à laisser sa douleur s’exprimer, mais il avait beaucoup trop mal. Lorsqu’il rouvrit les yeux, il voyait plus clair et son regard profond chercha celui de Hole.
J’ai mal père, tellement mal… Est-ce donc ce sentiment que tu as ressenti lorsque tu as compris les desseins de ma vipère de mère ? Est-ce donc ce déchirement que tu as connu quand Pépite t’a renié ? Car je le sais, je l’ai entendu.

La tension qui régnait était palpable, alors que chaqun des êtres présents semblait s'emballer, happé par un instinct profond et puissant. Les quelques mots échangés entre Vif-Argent et Tueuse Amor moururent vite, alors que Thanatos semblait vouloir provoquer son cheval-lié, sans doute plus par jeu que par insolence. Quoi qu'il en soit, le puissant fils de Black Hole le remis à sa place, sans vague ni blasphème. Le Shikaku de Nuit ne répondit pas, alors qu'il essayait de sonder le regard de son fils, tentant désespérément de comprendre les méandres obscurs vers lesquels l'esprit tortueux de son fils divaguait, alors que l'information était tombée telle une masse, lourde de sens et impossible à ignorer. Aussi, l'étalon noir à la pelote blanche connaissait bien la force incontrôlable ou presque de la folie qui lui tenait le coeur à cet instant. En une phrase, le valeureux Shikaku venait d'abattre un rêve, de détruire une promesse sulfureuse et jouissive. Mais il avait offert un autre cadeau: la vérité. Vérité menteuse et traîtresse, vérité abominable et horripilante, mais la Vérité. Il ne bougeait plus ou presque, alors que le corps de Bliss se dessinait enfin clairement. Des courbes sensuelles, aptes à faire chavirer les coeurs les plus froids et durs; un regard brûlant qui semblait happer la vie à pleine dents, sans avoir peur de s'écraser contre la rudesse des sentiments et des blessures... Sa fille. Son sang, sa fierté, son arrogance, son portrait, son assurance et sa démarche... Son enfant.

Le bel étalon eut le souffle coupé, alors qu'elle se présentait à eux, faisant mine de ne pas reconnaître son père, du moins, le testant. Mais il ne savait que trop bien le bel animal, il ne connaissait que trop ce portrait. Soudain, toutes les appréhensions et les douleurs du passé disparurent: elle était de nouveau là, en pleine santé et habillée de muscles puissants, qui roulaient de façon sensuelle sous une peau satinée et luisante. Le temps pouvait être rattrappé, rien était perdu: sa fille souriante était là, et semblait heureuse. Dans un élan mal contrôlé, brusque aussi, il envoya sa masse noire heurter celle baie de sa fille, passant avec empressement son encolure d'étalon au-dessus de celle plus fine de sa fille. Qu'il l'aimait! Ses enfants étaient de nouveau à la maison, et tous en bonne forme!

«Bliss, ma fille, ô ma tendre fille! Tu as drôlement grandi! Et tu es devenue si belle! Une véritable jument en somme!»

Pourtant, alors qu'il reculait pour mieux la voir, son sourire s'effaça. Il devait lui dire, lui apprendre la nouvelle qui avait ébranlé le coeur de son fils.

Tueuse Amor ronronnait de bonheur, alors que son vieil ami s'était rué vers sa fille, dans des gestes vifs et maladroits, certes, mais débordants d'amour. Elle adressa un regard langoureux à la jeune jument, souvenirs des années passées, alors qu'elle marchait à sa suite, se découvrant par instant. La mémoire des jeux secrets qu'elles avaient toutes deux partagé, dans l'ignorance des parents, lui étreignirent le coeur. Elle ne parla pas, préférant laisser les équidés discuter des problèmes qui se présentaient à eux. Elle tourna alors son regard vers Thanatos, qui s'était assis quelques mètres plus loin, s'écartant de son cheval lié alors que ce dernier semblait perdre pied. Elle se leva, ses flancs ronds de vie tressaillant, alors qu'elle s'ébranlait vers le demi loup.

«Thanatos... Ou la Mort nous rendant visite, n'est-ce pas? Je serai bien curieuse de vous connaître davantage, jeune animal.»

Une étincelle de malice passa sur ses yeux presque blancs, alors que la grimace qui découvrait ses canines tranchantes trahissait de nouveau le fameux sourire de ces grands fauves.

Bliss fut inondée de joie, alors que son Père l'étreignait, l'emplissant d'un amour débordant qui aurait su, en cet instant, combler n'importe quel vide, guérir n'importe quelle douleur. Avec bonheur elle retrouva l'odeur jamais oubliée du guerrier, son corps musculeux au mieux de sa forme, et ses cicatrices de combattant. Elle remarqua de nouvelles traces de luttes, mais l'étalon noir ne semblait pas affaibli ni malheureux. Pour lui, les choses semblaient aller bien. Pourtant, quand il se décolla d'elle, elle vut avec une inquiétude non feinte son sourire s'effacer. Il se passait quelque chose.

«Père... Papa. Je suis si heureuse de te retrouver! De voir que tu te souviens encore de moi! Je ne veux plus être privée de toi, et je veux oublier les moments de troubles qui ont cerné mon enfance, notre passé.»

Elle tourna ensuite un regard brillant vers son compagnon de danse, vers celui qui tenait -encore- son coeur. Le contact des naseaux brûlants de l'étalon la fit tressaillir, alors que le murmure de Vif-Argent sonnait dans l'air pur, troublant la jeune jument. Quelque chose de grave s'était passé. Elle se tourna vers lui, posant à son tour ses naseaux sur son encolure, alors qu'elle parlait d'une voix inquiète:

«Vif-Argent... Que se passe-t-il?!»

Elle ne s'épancha pas plus, sûre de pouvoir entendre la vérité quant à ce qui se tramait.

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