Liberté

Lune d'Orage galopait. Plus rien d'autre n'existait pour elle, que le martèlement de ses sabots sur le sol dur, le vent sur sa tête, et le vide à ses pieds. Elle galopait le long de la falaise, la tête haute et la queue en panache, laissant le soleil jouer dans ses crins dansants, les yeux perdus quelque part entre la mer loin en bas, et le ciel loin en haut, quelque part du coin du rêve.
Elle galopait. Ou elle volait, elle ne le savait plus, le regard vers l'horizon, les pieds loin au-dessus de la mer qui ondulait paresseusement, offrant au soleil narcissique un miroir pour son éclat. Sous son sabot, une pierre roula, puis tomba, libre un instant, seule dans le vide. Le sabot n'était déjà plus là.

La jument grise savait le danger qu'il y avait à galoper si près du bord, mais elle n'y prêtait pas attention. Les humains l'avaient trop longtemps obligée à vivre lentement, sûrement, sans risque -et sans joie, sans ce frisson d'excitation lorsque l'on nargue la mort, sans cette sensation de vivre pleinement quand on sait que tout peut s'arrêter soudainement.
Lune d'Orage galopait, et elle aurait encore pu galoper longtemps, faire défiler le sol sous ses sabots, sentir ce vent sur sa peau, sentir ses muscles déjà puissants jouer dans son corps, et voler au-dessus de la mer langoureuse. Mais, déjà, la falaise s'arrêtait, comme cédant enfin sa place à l'océan. Lune d'Orage galopait encore, quand une idée folle effleura son esprit. Ne pas s'arrêter. Galoper jusqu'au bout. Et sauter. Voler, ne serait-ce qu'un instant, être un oiseau avant de tomber.

Non. Un jour, peut-être. Quand son corps se fera vieux, et que son esprit sera encombré. Quand Wild Horse ne vivra plus que dans ses souvenirs de liberté, et plus sous ses pas fatigué. Alors, oui, elle pourra revenir ici. S'élancer à nouveau. Galoper pour une dernière fois. Et s'envoler vers un lendemain nouveau.
En attendant, elle avait le monde à découvrir, la Liberté insoumise à effleurer, et la vie à apprendre. Elle volerait une autre fois. Alors, se rassemblant, elle ralentit, s'arrêtant à l'extrême limite de la pointe, et elle se cabra. Ses sabots fouettèrent l'air, tandis qu'elle lançait un long hennissement.
Vivante. Elle se sentait vivante. Et libre.
Elle était vivante et libre.

(21 lignes)

Cascada faisait des zig-zags au galop la queue en panache. De son galop silencieux, elle s'arrêta soudainement, frappa le sol de son anterieur et se carbra, tournant sur elle même.
Mais soudainement, un cheval était passer devant elle en plein galop. Il s'éloignait vers le haut de la falaise. Cascada se crispa et inspira beaucoup d'air. Elle croyait qu'il n'allait jamais s'arreter.
En le voyant cesser sa course, elle souffla longuement, rassurer.
Elle s'approchait au pas. Le cheval s'était cabré, battant l'air de ses anterieur. Elle s'approchait encore. Le cheval regardait l'orizon.

-Bonjour. A qui ai-je l'honneur?

A première vu c'était une belle jument grise, respirant l'envie de liberté, de toujours plus de liberté.

____Durant de longues secondes, Lune d'Orage resta debout, défiant le vide, arrêtant le vent, respirant la liberté. Elle continuait à se dresser, l'encolure courbée, la tête en arrière, les crins dansant de vie et claquant sous la brise marine, renonçant l'autorité de la pesanteur. Mais cette dernière finit par retrouver ses droits, et la grise, forcée à accepter de nouveau ce joug, se laissa lentement retomber, pliant les postérieurs pour atterrir en souplesse. Sans pour autant s'avouer vaincue, elle garda la tête haute et inspira à plein poumon l'odeur salée de la mer et du soleil, laissant les reflets de l'astre lui brûler les yeux. Elle était encore là, statue vivante, le soleil miroitant sur sa robe grise, quand une voix lui arriva, se frayant dans son cerveau un chemin de réalité dans l'iréel. La jument n'avait pas entendu ni sentit ce nouvel arrivant, isolée du monde par le sifflement du vent et l'odeur iodée dans ses naseaux, mais elle ne sursauta pas, et resta là encore quelques secondes, se remplissant de cette falaise, avant de se retourner, tournant à regret le dos au rêve.
L'équidé qui lui faisait face était une jument blanche, plutôt fine, qui portait l'odeur du Crépuscule.
La grise était encore pleine d'énergie et d'excitation, mais ce fut pourtant d'une voix calme qu'elle répondit.

-Bonjour. Je me nomme Lune d'Orage, de l'Ombre. Et vous, jument du Crépuscule, qui êtes-vous ?

Elle s'était contentée d'informer son interlocutrice de son nom et de son clan, mais que pouvait-elle dire d'autre, sans pour autant permettre à la banche de la ranger, inconsciemment ou non, dans le groupe des chevaux domestiques ? Aussi, elle n'ajouta rien, se contentant d'attendre la réponse de la jument.

(16 lignes)

Elle s'appellait Lune d'Orage. Cascada trouvait ce nom magnifique. Les noms comme ceux la avait souvent une sinafication. Elle cherchait la définition dans sa tête. Lune... Elle est né la nuit surement.
D'Orage... Je ne vois pas. Ce serait tiré par les crins qu'elle soit née une nuit d'orage...
Elle se remémora une tempête qui c'était abattue elle ne sait plus ou et quand dans son passé. Un éclair était venu s'abbatre devant elle quand elle dormait, ce qui l'avait réveiller et fait fuir. Elle revint a la discution, se rappellant qu'elle avait une réponse a donné.

-Je m'appelle Cascada. Et je suis bien du clan du crépuscule. Je ne vous est pas déranger j'espère? La liberté peux parfoit nous emporter loin. Très loin, jusqu'a ce qu'un cheval nous dérange...

Elle répondit a la question comme si elle était sure qu'on allait la lui poser.

-Je vais la ou le hasard m'emporte. Le paysage est magnifique!

Elle regardait les rochers noirs charbon, certains lisses, d'autres pointus, ou s'écrasait avec une telle puissance les vagues de la mer bleue marine. Des vagues en eau et en écume aussi blanche que le poils de la jument dont le yeux bleu cyan parcourait l'horizon aussi beau que ses meilleurs souvenirs. Le son des vagues résonnait agréablement dans sa tête tandis qu'elle écoutait la réponse de la jument grise.

De nouveau, Lune d'Orage eut un sourire en entendant Cascada. Elle resta elle aussi quelques secondes immobiles, les yeux à nouveau rivés sur l'océan qui lui brûlait la rétine, puis elle se retourna vers la jument blanche, admirant un instant ses yeux bleu clair au milieu desquels se reflétaient les vagues.
-Le hasard fait parfois bien les choses... Cet endroit est superbe, et ce n'est pas le seul dans Whild Horses...
Elle s'arrêta le temps de voir une forme élancée bondir hors des vagues, puis reprit, amusée :
-Si le hasard passe souvent par chez toi, tu dois en avoir vu, des perles de beauté... Mais ne me dit pas où sont les plus somptueux, qu'il puisse m'y guider à son tour !
La jument grise était passée sans y faire attention du vouvoiement au tutoiement.
Un sourire, presque un rire, ponctua sa phrase. Elle se sentait heureuse, portée par le long grondement des vagues, grondement qui s'achevait contre les rochers dans un rugissement, tandis que les vagues devenaient gouttelettes de diamants au soleil.

Toujours en regardant les vagues, elle écoutait les paroles de la jument grise. Elle l'avait tutoyer, ce qui convenait plus a Cascada. Le vouvoiement, elle trouvait que ça faisait coincer. Elle souriait à la mer tout en répondant.

-Non pas plus que ça. Disons que je n'en ai pas souvent eu l'occasion dans...
 
Elle se rendit compte qu'elle allait dire Dans mon passé. Elle ne voulait plus en entendre parler.

-Dans le peu de temps ou je galope vers des endroits inconnus.

Sa phrase était très mal former et elle le savait. Lune d'Orage allait surement y revenir. Elle devra se débrouiller pour contourner le sujet....

-J'en doute bien! Les terres de Wild Horse sont plus belles les unes que les autres....

Lune d'Orage fronça les sourcils : Cascada s'était reprise avant de dire une phrase mal faite, comme sur le point de dire quelque chose qu'elle voulait garder secret -ou oublier.
- Tu n'en as pas eu le temps...
La jument grise s'interrompit et secoua la tête.
- Non, ne me le dis si tu ne le veux pas... On a tous nos secrets, beaux ou douloureux...
Après tout, elle-même ne s'était-elle pas contentée d'une description des plus sommaires ? Tournant la tête, elle sourit à la mer, en souvenir de la nuit où un visage ô combien connu s'y était doucement dessiné, par le jeu des écumes et du hasard...

L'une d'Orage s'était rendu compte. C'est pas bon ça... S'était dit la Cascada a elle même.
Mais comme tout autres chevaux un minimum polis, la belle grise avait accepter de passer a autre chose.
Elle fit un ou deux pas en avant, se trouvant maintenant tout au bout du pic. Elle regarda en bas (non elle n'a pas le vertige).
Elle était si proche du vide qu'un simple geste l'aurai fait tomber. N'importe quel cheval aurait trouver ça dangereux. Elle faisait parti de ces n'importe quel cheval, mais elle aimait le danger. Elle sourit, presque, rit toujours le regard en bas.

- Tu as déjà regarder par là? Wouha, les pic est replis de petit diamants en dessous! C'est très joli.

La jument blanche était passée aussitôt à autre chose, et s'était avancée tout près du vide, s'extasiant devant des.. diamants, apparemment incrustés dans la roche. A son tour, Lune d'Orage regarda le vide, appréciant d'une certaine manière la peur qui enserrait son cœur. Effectivement, la lumière se reflétait à certains endroits, mais la jument grise n'aurait su dire si c'était bel et bien des diamants, ou d'autres pierres précieuses, à moins que ce ne soit autre chose qui reflète ainsi le soleil, embellissant encore ses rayons -et multipliant sa lumière, faisant cligner Lune d'Orage, éblouie.
-Mes jambes me démangent, on marche un peu ?
Tout en parlant, elle avait reculé d'un pas, ne tenant réellement pas en place -sa course d'il y a un instant ne lui avait apparemment pas suffit...

Cascada recula d'un pas. Elle dressa les oreilles à la proposition de la jument grise.

-D'accords. Tu viens souvent ici?

Elle aurai voulu se cabrer a nouveau et galoper jusqu'à n'importe ou, mais Lune d'Orage avait dit "marcher" alors elle se mit a "marcher". Elle se demandais pendant combien de temps elles allait marcher a parler avant de partir comme des folles dans tout les sens. La jument blanche savait que ça allait se terminer comme ça. Ca se termine toujours comme ça.

Cascada était partie au pas, mais la grise sentait qu'elle n'attendait que de pouvoir prendre le galop... Ça tombait bien, elle aussi.
Tous les chevaux ne partent pas ainsi, joueurs comme des poulains, mais eux, après tout, n'étaient-ils pas encore des poulains ?
Elle rejetait déjà son poids sur ses postérieurs, prête à s'élancer, quand elle se rappela que la blanche lui avait posé une question. Elle répondit brièvement, piaffant :
-Non, c'est la première fois, mais sûrement pas la dernière !
Elle aurait pu -et dû?- lui rendre la politesse, mais elle était trop impatiente. Ses antérieurs se levèrent un instant, le temps de bondir, le temps que le vent fasse claquer encore une fois sa crinière noire, puis elle s'élança. Le sol défilait à toute allure sous ses sabots qui disparaissaient derrière les herbes -végétaux complices qui cachaient la marque ancienne des fers, symboles de la captivité...