Ces temps qui changent... [1e rendez-vous, Sud]

Un nouveau chef, cela n’arrive pas tous les jours ! En effet, Arpango, le maître des Fidèles, a cédé son pouvoir sur le clan du Crépuscule au jeune Zanzibar, l’héritier légitime de ce trône. De nombreuses questions entourent cette passation…quelle politique choisira le jeune chef, quand Arpango se cantonnait dans une stricte neutralité ? Quelle alliance, pour redorer le blason de son Clan et en faire, non plus une tribu discrète, mais une de celles qui comptent ?
Dans le but de se décider, Zanzibar a choisi de rencontrer chacun des chefs. Mais, chat échaudé craint l’eau froide, se souvenant du tumulte de la dernière grande rencontre, chacun a décidé de se rencontrer au sein d’une même alliance : ainsi, l’Ombre et la Glace verront de concert le jeune chef, accompagnés peut-être des léopards, et le Soleil et les Etoiles, ainsi que les Loups, de leur côté. Chacun sur ses terres, aucun mélange ne sera toléré…si vous déboulez, ennemi, dans une réunion adversaire, ce sera à vos risques et périls...et comment survivre face à des chefs furieux, à leurs sujets?

En pratique, nous créerons deux sujets, l’un sur les Lacs Miroirs du clan de Glace (réservé à Black, Stelmaria, Shiki, Tharaman et Zanzibar ainsi que tous leurs sujets, soit les Clans d’Ombre, de Glace et de Crépuscule, les léopards géants et d’éventuels solitaires. Chaque chef décide s’il veut être accompagné de tout son clan, de quelques un triés sur le volet, ou de personne) et l’autre à la Colline de Feu du Clan du Soleil (réservé à Sun Star, Lusitania, Pépite d’Or, Zanzibar, Kaja et tous leurs sujets, soit les Loups, les Clans du Soleil et des Etoiles, le Crépuscule, et les solitaires éventuels, idem, selon la décision de chaque chef). Les deux sujets seront simultanés IRL, même si chronologiquement parlant, le sujet du Nord (glace) aura lieu après celui du Sud (soleil). Vous êtes libres d’y participer, bien sûr !!

Opinions des chefs :
- Black donne le droit à tout son Clan de venir, sous réserve de bonne tenue. Ils ont cependant le droit de se défendre en cas d’escarmouche.
- Sun Star amène l’ensemble de son Clan à condition qu’ils adoptent une attitude absolument non agressive, même pas de défense : si agression il y a, ils devront fuir.

Merci aux autres chefs de se manifester.

La Colline de Feu était son fief, ce lieu brillant, à l’herbe rougie par on ne savait quoi, le sang, disait la légende. Au coucher et au lever du soleil, les rayons bas de l’astre frôlaient la pointe des végétaux, les teintant de leur or, comme une lumière liquide qui se coulait tout au long de la plante. Alors, et pour quelques minutes par jour, la colline s’habillait d’un manteau d’or et rouge, mouvant, flamboyant, sur le ciel coloré. Alors, la colline s’enflammait, avec les herbes mouvantes où dansaient rouge et orangé, lumière et ombre sanglante, alors, elle méritait son nom. C’était donc tout naturellement que cette ode à la gloire du soleil était devenue le centre du Clan du même nom, le lieu de vie et de sommeil de son chef, ainsi que de ses membres. Son chef, Sun Star et son associée Lusitania, y passaient du temps à débattre des dernières évolutions politiques, ou à parler avec leurs sujets. Ils y recueillaient les conseils de Renji, l’ancien chef associé, sur qui la fatigue, désormais, laissait son empreinte, et y orchestraient la vie du clan avant de partir en patrouille, ou simplement discuter en privé. C’était l’âme et la fierté du Clan du Soleil, et Sun Star, debout devant elle, la contemplait d’un regard émerveillé. Oh, l’aube était passée depuis longtemps. Mais aujourd’hui, ce lieu singulier entre tous entrait dans l’histoire. Aujourd’hui, il serait le cœur de la rencontre entre les chefs du Sud et le jeune, nouveau chef du Crépuscule.

Que serait cet étalon ? Sun Star ne connaissait Zanzibar que de nom et de vue, il lui avait laissé l’impression d’un animal ambitieux et décidé, comme l’était Shiki, comme l’était à vrai dire tout jeune étalon. Le chef du Soleil battit ses flancs de sa queue soyeuse et coula un regard alentours : il lui tardait de voir arriver Lusitania, à qui il avait donné rendez-vous : la clarté d’esprit, la clairvoyance de son associée lui manquaient de plus en plus quand elle n’était pas là, au point où l’étalon doré commençait à se demander s’il était capable de diriger son propre clan seul, ou si désormais il dépendait de la jolie jument pie. Jolie, elle l’était, et en tirait ses lettres de noblesse. Lusitania était une diplomate-née, une de celles dont le sourire adoucit les négociations les plus ardentes, dont les mots fins et pleins de tact calment le jeu lors même d’une confrontation entre deux ennemis. Un élément précieux pour le Clan. Une associée encore plus précieuse pour son chef.

L’étalon doré arqua l’encolure pour se gratter le flanc, se demandant si Liberty les rejoindrait : depuis que sa sœur ne tenait plus le clan des Etoiles, on ne la voyait plus, mais ce n’était pas sans déplaire au cheval brillant : le point de vue de Liberty était devenu vraiment trop dépassé, et sa vision de la paix, trop entière, au point de créer les tensions. Elle était l’élément perturbateur de l’alliance du Sud…pourtant, parfois, et souvent même, son calme et sa courtoisie toujours intacts, alliés à la férocité d’une jument qui considérait chaque membre de son Clan ainsi que son poulain, lui manquaient. Elle était l’énergie et la force de l’alliance. Mais Pépite d’Or semblait redonner un nouveau dynamisme à son Clan, et serait certainement un chef agréable avec qui traiter…il faudrait qu’ils revoient leurs alliances et leurs buts, elle comme lui, pour les accorder, ou du moins œuvrer dans le même sens, sans que l’acte de l’un ne gêne celui de l’autre.

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Liberty prit le trot, l’œil vif et la tête haute, à son habitude. Si elle n’était plus de prime jeunesse, les années n’avaient néanmoins pas encore imprimé de marques trop nettes sur son corps. Ses salières s’étaient un peu creusées, sa tête plus anguleuse ne faisait pour l’heure qu’accentuer la finesse de ses traits et si elle avait perdu un peu de muscle, ses pieds restaient lestes, ses crins soyeux, son dos remonté et son pas élastique. Ce n’était pas demain qu’il faudrait cesser de compter avec elle ! La jument blanche leva les yeux en arrivant sur les terres du Soleil, vigilante, sans méfiance outrancière. L’alliance entre son Clan et celui de Sun Star était suffisamment ancienne pour que les chevaux du Soleil la connaisse, et ne lui fassent aucun mal ; au pire, ils l’escorteraient jusqu’au lieu de rendez-vous, et cela ne la gênait en rien. Elle aimait tant à converser avec ses semblables…fussent-ils dégourdis comme Pépite d’Or, sa digne héritière, ou angoissants comme Nathanaël, le frère fou de Stelmaria.

En parlant de semblables, Liberty commençait à s’intéresser à une doctrine jusqu’ici restée marginale : celle des Fidèles. Ces chevaux, qui respectaient avant tout la nature et la vie, lui semblaient s’accorder à ses idéaux, et comme elle, ils désapprouvaient la guerre de sang des deux frères. Pourtant, la jument blanche renâclait encore à se convertir à leur culte. Parce que pour cela, bien sûr, il lui faudrait suivre un enseignement…était-elle donc trop imbue d’elle-même pour suivre les paroles d’un être certainement plus jeune qu’elle ? Etait-ce un problème d’une autre nature, un orgueil mal placé, la peur de perdre son temps et de se tromper, ou de voir reniées des convictions sur lesquelles elle s’appuyait depuis des années maintenant, des idéaux qui lui avaient permis de tenir quand Sword était mort, quand sa fille était partie. Et par-dessus tout, elle trouvait bien ironique de se plier à un grand prêtre, quand elle avait si longtemps dirigé…s’habitue-t-on au pouvoir ? Assurément.

La jument pie s'était encore affûtée depuis son arrivée au pouvoir. Elle s'habituait avec aisance à la dominance. Elle n'avait pas perdu son caractère et prenait cela à la légère, semblait-il. Elle était pourtant si concentrée et prenait tant de responsabilités qu'on ne pouvait pas la traiter de mauvaise meneuse. Mais elle restait naturelle, sans prise de têtes. Aussi trottait-elle, encolure dressée, queue en bannière, ses crins fins et courts voletant sur son encolure, claquant à chaque foulée. Elle rejoignait le cœur du Clan: la Colline de Feu. Elle était allée aux confins des Terres, en réaction à une intrusion révélée: l'odeur était éventée, elle ne pouvait guère savoir qui était venu. Mais rien n'avait été dérangé, il n'y avait pas de dégâts. Soucieuse de ne pas froisser les autres Clans, elle en parlerait à Sun Star, mais bien entendu, elle ne le mènerait pas sur les chemins de la guerre pour une chose si insignifiante. La Paint secoua alors la tête et prit le galop, de toute la souplesse de ses longs membres fins. Ses muscles nerveux se tendaient facilement sous sa robe cerise et neige. Elle accéléra encore, dévorant l'espace. Elle se fichait pas mal de comment serait son entrée.

La douce arriva sur les terres qu'elle dominait. Elle était fière, bien trop fière et secoua la tête en ralentissant, marquant une transition glissée qui laissa entrevoir sa puissance brute. Elle trotta un moment, l'encolure arquée, pour détendre ses muscles raides. Elle repassa néanmoins au pas assez rapidement. Son cœur battait la chamade, sa robe était humide, son souffle était court et rauque. Pourtant, elle était absolument radieuse. Elle ne semblait pas fatiguée, son regard luisait. Elle marcha droit jusque Sun Star, ne s'arrêtant que lorsqu'elle toucha ses naseaux dans un salut rapide. Elle volta ensuite avec un sourire pour saluer Liberty d'une révérence courte. Elle ne parlait pas, trop occupée à récupérer son souffle. Mais elle était cordiale et on sentait bien qu'elle ne se montrait pas sauvage. Elle secoua une fois de plus la tête, agacée par un taon piquant sa jugulaire, avant d'aller se poster aux côtés de Sun Star. Son regard, clair et lumineux, se posa sur la silhouette massive qui arrivait de plus loin.

En effet, l'épaisse silhouette noire qui se détachait plus loin n'était autre que celle de l'ancien meneur: Renji. L'été, chaud et sec, lui réussissait à merveilles: ses raideurs et douleurs s'étaient envolées. Mais à l'hiver, cela serait pire, il s'en doutait. Il le sentait dans la moindre de ses fibres. Mais il commençait par profiter du beau temps. Et quelle meilleure occasion que la venue de Zanzibar, le jeune chef, sur leurs terres, pour se montrer? Son poil était de nouveau luisant de santé, son regard vif et amusé, ses longs crins paraient avec élégance son encolure de nouveau massive. Il s'était mis au vert, loin de l'agitation, un long moment, pour se ressourcer. Il s'était exilé et n'avait vu qu'Elixir, un peu, lorsque la jument était présente. Et il ne faisait son retour que pour l'occasion, maintenant qu'il allait mieux. Il était rayonnant. Et il était toujours le conseiller de Sun Star. L'étalon d'or lui avait demandé de ne pas disparaître, de rester là, de l'épauler toujours. Le frison lui avait promis et, désormais, tenait cette promesse. Il arrivait donc près des autres chevaux déjà présents. Son regard s'arrêta d'abord sur la douce Liberty. Il s'inclina légèrement, comme un simple guerrier face à un chef ennemi.

« Il y avait bien longtemps que l'on ne vous avait pas vue, Liberty. »

Il eut un sourire sincère, parla avec elle de la pluie et du beau temps, rapidement. Il s'excusa néanmoins après quelques instants à peine. Le nouveau chef pouvait arriver à tous moments, et il n'avait toujours pas salué ses deux compères. Il alla donc frôler les naseaux de Lusitania, sa meilleure amie, sa confidente. Il savait très bien qu'elle s'était demandée où il était, mais qu'elle ne s'en était pas inquiétée outre mesure: c'était inutile. Il salua alors Sun Star, auprès duquel il s'installa.

« Pardonne-moi mon absence, j'avais besoin de solitude pour réfléchir. »

On le sentait néanmoins parfaitement en forme tandis qu'il attendait l'arrivée du principal invité.

On l'attendait. Malgré son jeune âge, c'était vers lui qu'aujourd'hui les regards se tournaient. Zanzibar le savait, il avait un choix à faire, une importante décision à prendre. Laquelle des deux alliances serviraient le mieux son Clan? L'étalon de feu marchait doucement, sa peau trassaillant sous la nervosité qui l'habitait. Et s'il s'était trompé, s'il ne parvenait à rien? Et s'il était un mauvais chef? Non. Alors qu'il s'approchait de la réunion, il n'avait plus le droit de douter de lui et de ses capacités. Il avait cherché à obtenir cette place, et son devoir était d'honorer son rang, et de servir quoi qu'il advienne le Clan auquel il s'était donné. Sa haute silhouette se déplaçait avec légéreté, l'habillant de chaleur et de charmes, alors qu'il affichait un sourire presque radieux. Il craignait de ne pas être à la hauteur, mais en même temps, il était bien décidé à tout faire pour que cette rencontre se passe bien. Il s'approchait donc, souriant et affable, sa courte crinière ondoyant sur son encolure musclée, courbée dans un arc de cercle. Sa longue queue soyeuse frottait ses puissants jarrets, alors que bientôt il prenait le trot. Il ne tenait pas à faire attendre les chefs, et il préférait être là quand les membres des clans arriveraient, de sorte à pouvoir les distinguer.

Il s'était mis en route dès le matin, faisant une fois de plus le tour de ses terres, alors qu'il avait surpris l'aube levante tandis qu'il s'éveillait dans la grotte cachée. Son chemin lui avait permis de réfléchir aux attentes qu'il avait, et bien sûr, aux avantages qu'il pourrait apporter. Pour l'heure, son clan ne comptait que de rares membres, mais il avait la ferme volonté de faire changer les choses. Les clans du Soleil et des Etoiles ressemblaient à de grandes familles, où la fraternité était une importante valeur. Unis, ils étaient ensembles dans l'adversité, que tout le clan soit impliqué, ou qu'il n'y est qu'un membre. Ils étaient tous là pour les autres. Une grande et belle famille, des liens forts et vrais, la connaissance de chacun, et surtout, l'attention à lui apporter. Cette idée n'avait cessé de l'accompagner durant son voyage, et elle flottait encore telle une ombre derrière lui, invitant à son esprit quelques joies d'avoir une telle famille. Mais le fils du renégat devait garder la tête froide: il ne s'agissait pas de la question de la famille. Aujourd'hui, il devait décider de la politique qu'il mènerait, comme des Alliés aux côtés desquels il se battrait. Les Alliés pour lesquels, en cas de guerre, il serait prêt à donner sa vie ainsi que celles des siens. Le choix n'était pas à prendre à la légère.

Enfin la Colline de Feu se dessina face à lui. C'était une vatse étendue, parsemée de plantes jaunes. On racontait nombres de légendes sur cet endroit, mais la seule vérité qui lui servirait aujourd'hui était que c'était en ce lieu qu'il discuterait avec les chefs. De nouveau, il força l'allure, prenant un galop souple, rapide bien que non précipité. A mesure qu'il avançait, ses naseaux se dilataient, humant les odeurs qui se mêlaient, alors qu'il discernait enfin un attrouppement d'équidés. Ils semblaient tous bien se connaître pour l'heure, et, afin de ne pas les surprendre, le jeune animal de flammes poussa un hennissement puissant, qui s'échappa de ses poumons dans un long cri, qui ne se montrait pourtant pas menaçant. Il continua sa progression, ralentissant au dernier moment de sorte à arriver au pas auprès des chevaux déjà présents. Zanzibar regarda un à un les chevaux déjà présents, avant de commencer les salutations.
Il arqua son encolure de façon à ce que ses naseaux touchent son poitrail, alors qu'il se tenait face à Liberty, et laissa glisser ces mots.

"Enchanté de vous rencontrer Liberty, fondatrice des Etoiles."

Il savait qu'aujourd'hui, c'était Pépite d'Or qui présidait à la tête de ce clan, mais cela n'empêchait qu'il considère la jument grise comme la Mère de cette grande famille. Respectueux, il se tourna ensuite vers Renji sans tourner le dos à la belle jument, lui adressant le même type de salut.

"Renji, heureux de faire votre rencontre."

Enfin il regarda Sun Star et Lusitania. Cette fois, il salua avec plus d'amplitude, laissant un de ses membres glisser au sol, alors qu'il se penchait en avant. Marquant un silence respectueux, il se releva quelques secondes plus tard, et de sa voix posée et aux échos un peu rauques bien qu'enchanteurs, il salua les Chefs.

"Sun Star et Lusitania, Chefs du Soleil. Je vous remercie d'avoir accepté une telle réunion, ici sur vos terres; et quelqu'en soit l'issue, j'aimerai vous dire à quel point je suis reconnaissant de vos noms et à quel point je vous respecte."

Lune Noire était revenue depuis peu, alors que d'importants événements secouaient les terres de Wild Horses. En effet, un nouveau chef avait été appelé à régner, et il avait fait savoir son envie d'appartenir à une des deux alliances. L'issue de ces réunions serait capitale: soit ils auraient un nouvel allié, soit un nouvel ennemi; avec la menace toujours plus grande d'une guerre. La belle jument noire avait décidé de se manifester aujourd'hui, et elle se dirigeait d'un pas décidé vers l'attroupement de chevaux déjà présents. De loin, elle parvint à reconnaître Sun Star, dont la somptueuse robe palomino brillait, alors que ses crins d'ivoire flottaient dans le vent. A ses côtés se tenait une jument pie, tout aussi belle, qui devait sans doute être Lusitania, comme le confirma alors le salut respectueux que l'étalon alezan dessina face à eux. Ensuite, elle reconnut Renji, l'ancien chef adjoint, qui restait néanmoins près des chefs, pour conseiller et épauler. Puis, elle distingua la fine silhouette grise de Liberty. Ainsi, il n'y avait toujours pas de guerriers, et elle serait la première. Lune Noire remarqua aussi les quelques mots qu'adressait sans doute Zanzibar à Sun Star. Le prétendant à l'alliance était déjà là, robe de feu faisant face à celle de soleil. Lune accéléra un peu, déboulant alors face au groupe. Elle salua Liberty, et se tourna ensuite vers son clan. Elle décida d'abord de s'approcher de Renji, qu'elle salua et auquel elle dit:

"Renji, je suis heureuse de vous revoir."

Ensuite elle regarda Sun Star et Lusitania. Son salut était bas, révélant toute l'admiration et la loyauté qu'elle éprouvait face à eux, et s'adressa à Sun Star:

"Sun Star... Je reviens vers toi, une fois de plus, mais cette fois, je resterai. Si tu veux encore de moi dans tes rangs...?"

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Suivant de peu la jument noire aux yeux bleus, un puissant entier léopard s'approchait, dans un pas calme et discerné. Univers se souvenait des réunions entre clan, où chacun devait se tenir, et plus encore ceux qui faisaient la politique. Il avait appartenu à ce monde, à ces rangs "royaux". Pourtant, aujourd'hui, il ne désirait pas recommencer, il ne voulait pas se jeter à nouveau dans la crainte et la douleur qui l'avait lié à son chef, à son ami... Il n'y avait personne de son clan, exceptée Liberty, fondatrice des etoiles et soeur de Sun Star. Il salua les autres d'un signe de tête entendu, lançant quelques mots brefs mais respectueux. Il se décala ensuite vers la jument grise, qu'il salua en une grande courbure d'encolure, alors que ses yeux noirs pétillaient.

"Liberty, honoré de faire votre rencontre."

Pépite d'Or se sentait terriblement en retard. Et pour cause, elle l'était ! Elle s'imaginait déjà la scène : Elle arrivant bonne dernière, les regards braqués sur elle et les chuchotements de plus en plus sourds se feraient entre chefs où elle pourrait entendre "mauvaise chef... incapable de diriger un clan...". L'horreur. Elle ne supporterait pas l'humiliation et ses yeux baigneraient de larmes. Elle n'aurait d'autre choix que de fuir. Mais elle se résonna. Qui pouvait-il bien y avoir ? Minimum Liberty, Sun Star et Zanzibar. Liberty et Sun Star étaient des équidés pleins de sagesse et de compréhension mais elle ne connaissait pas Zanzibar bien qu elle connaissait son père d'adoption qu'était Dancing Flame. Un étalon que beaucoup avaient mit de côté mais qu'elle avait soutenu. Elle avait accusé sa naïveté sur se fait mais non, c'était de la tolérance et de la pitié. Mais de la bonne pitié, celle qu'on donne aux équidés que l'on apprécie et non à ceux qui nous repoussent.

Elle arriva au point de rendez-vous fixé. Effectivement, elle était bien la dernière et soupira. Pour une première réunion de chef, ça promettait... Elle alla se poster au côtés de Liberty pour montrer de quel clan elle était. Sait-on jamais, certains auraient pût en douter car à côté de Liberty elle faisait tâche...

- Salutation a vous tous.

Un galop rapide: c'était sa future chef, qu'il formait et intronisait en douceur, lui confiant peu à peu des rôles dépassant ceux de la simple lieutenante, qui arrivait. Sun Star avait décidé sans le lui dire encore de faire de Lusitania sa nouvelle associée, et c'était pourquoi il l'amenait peu à peu à jouer le rôle d'un chef...il se doutait bien que la jument, pas bête pour un sou, s'en rendait compte! Mais elle ne disait rien et ce pas de deux se poursuivait. Et, à bien y repenser, Sun Star avait certes des raisons pratiques de confier ce poste à Lusitania, et d'autres raisons, plus personnelles...il la salua avec affection, souriant, content de la voir: sa clairvoyance était un bonheur, pour un chef. Et sa douceur lui conférait les bonnes grâces de bien des chefs.
Ombre un peu plus lointaine: Renji était dans la place, sa robe noire replendissant sur les couleurs rouges de la colline, se tenant droit. Il avait l'air en forme...l'été avait offert au grand mâle une rémission, mais Sun Star craignait que les douleurs ne ressurgissent avec la baisse des températures. L'arthrose était vraiment une plaie! Son ami se mêla à eux avec son calme coutumier, et à cet instant arriva Zanzibar.

Sun Star avait toujours considéré la première impression comme déterminante, et ne fut pas déçu: Zanzibar avait la prestance d'un roi, quoiqu'il le sentit un peu gêné d'avoir tous les regards fixés sur lui. Sans doute était-ce la première apparition du jeune cheval, hors de son clan, en tant que chef...et il ne commit pas de faux pas, pour commencer. Il salua Liberty avec respect, puis Renji, puis Sun Star et Lusitania avec une courbette qui marquait bien leur rang supérieur et le fait que la rencontre ait lieu sur leurs terres. Sun Star s'inclina à son tour, un peu moins bas que Zanzibar mais assez pour que le geste soit bien considéré comme une marque de respect:

"Zanzibar...ravi de faire ta connaissance, maître du Crépuscule. Que notre terre accueille une réunion historique comme celle-ci est un honneur pour le Clan."

Puis vint Lune Noire qui s'excusa auprès de lui de son absence, et Sun Star lui sourit. Il n'avait pas le loisir d'avoir une longue conversation avec elle, pour l'heure, alors il se contenta de lui souffler:

"Tu es toutes pardonnée, et la bienvenue à nouveau dans nos rangs."

Puis un étalon léopard s'avança, et salua Liberty. Il portait l'odeur du clan des Etoiles et Sun Star lui sourit en lui adressant un petit signe de tête. Il savait bien que chaque arrivant viendrait leur présenter ses respects, c'était aussi la règle du jeu, après tout...tous voulaient connaître le nouveau chef! Pépite d'Or, rapidement, arriva et les salua, et Sun Star fit de même, avec le sourire.

Liberty vit successivement arriver une jument superbe qui salua Sun Star, lequel lui répondit avec, semblait-il, affection. C'était Lusitania, la fameuse Lusitania. Renji, que la jument blanche connaissait mieux, s'avança à son tour et Liberty le salua avec le sourire, puis, ce fut Zanzibar qui vint à eux, et la jument blanche s'inclina bas, avant de répondre de sa voix douce habituelle:

"Bienvenue sur les terres de l'Alliance du Sud, Zanzibar. C'est un plaisir de faire ta connaissance. J'espère que ton règne apportera au Crépuscule la stabilité qui lui a tant manqué ces derniers temps.
Es-tu seul ou as-tu amené avec toi des membres de ton Clan?"

Enfin, vint Univers que la jument blanche salua avec affection, ce membre de ce qui avait été son Clan. La dernière, Pépite d'Or les rejoignit, et Liberty lui sourit puis recula imperceptiblement d'un pas, restant à ses côtés mais lui offrant la première place. La jument crème était à présent le chef, seul et absolu, du Clan des Etoiles et Liberty n'entendait pas l'entraver dans ses négociations ni marcher sur ses plates bandes, seulement être là si problème il y avait, ou juste pour la soutenir. D'un signe de tête, elle proposa à Univers de venir à côté d'elle, derrière leur chef, comme Renji était derrière son chef, et Zanzibar entre Sun Star et Pépite, trois groupes qui grossissaient au fil des arrivées.

Ashkaa s'avança prudemment. Elle avait longuement hésité avant de venir ici. Elle ne connaissait personne, et les grands dirigeants seraient présents, lui avait-on dit. La belle alezane ignorait presque tout de la politique de ses terres natales, néanmoins sa curiosité l'avait poussée jusqu'ici. Elle s'approcha du groupe d'un pas lent tout en détaillant rapidement les équidés présents. Elle reconnut Zanzibar qu'elle salua d'un hochement de tête respectueux, n'osant pas s'approcher plus, de peur d'interrompre une conversation intéressante. Le reste de la troupe lui restait un mystère. Plutôt sociable habituellement, Askaa, intimidée, se plaça un peu en retrait des autres équidés,.

La belle Lusitania observait de son habituelle tranquillité les évènements et les arrivées des chevaux des différents clans. Si son salut avec Sun Star avait plus été celui de deux amis très proches, elle ne perdait pas de vue l'idée qu'elle devait rester concentrée sur les choses qui se diraient après. Mais elle était souriante, comme toujours. Elle paraissait si douce et gentille..! Mais elle pouvait vite devenir impitoyable et dangereuse, si c'était la meilleure manière de protéger son Clan. Oui, la belle pie vivait pour son Clan et c'était avec fierté qu'elle suivait les directives de Sun Star. Oh, elle savait bien son idée! Mais elle n'avait encore rien dit.

Ainsi, elle vit Renji arriver bien vite. Il paraissait en forme, il semblait aller si bien! Mais, elle le sentait, l'hiver pourrait bien lui être douloureux, pourquoi pas fatal. Elle frémit à l'idée et chassa cette peur d'un clignement de paupières. L'étalon de feu, Zanzibar, arrivait. Les muscles de la douce se tendirent à l'idée que la conversation allait commencer. Ses oreilles se pointèrent en avant, ses muscles se raidirent légèrement tandis qu'elle se redressait, les muscles pour le moment bandés. Elle était toujours vive et alerte pour parlementer. Aussi regarda-t-elle l'alezan arriver. Elle écouta ses salutations à tous leurs congénères et c'est ainsi que, lorsqu'il vint se présenter au devant de Sun Star et d'elle, la pie le salua d'une révérence élégante. Elle laissa l'étalon palomino rendre les salutations avant qu'elle n'y ajoute quelques mots de sa voix douce:

« Sois le bienvenu ici, Zanzibar. Quelque soit l'issue de cette réunion, sache que nous reconnaissons le clan du Crépuscule comme un Clan nouveau et que nous oublions le passé parfois trouble qui a été celui de ton clan avant ton arrivée au pouvoir. »

Durant ce temps, une jument noire, aux yeux électriques, était arrivée. Elle était venue au salut et la jument inclina le port doucement. Elle observait tranquillement ce qu'il se passait, attendant que la réunion commence vraiment. Elle lança un regard furtif à la jument cremello qui venait d'arriver. Elle la salua d'un hochement de la tête.

Le beau Renji était en effet là. Il avait salué son ami de longtemps et sa confidente avec sa bonne humeur retrouvée et le jeune étalon était arrivé, paré de sa robe de feu. L'Ancien courba l'encolure face au plus jeune, montra ainsi le détachement qu'exigeait un rang supérieur d'un autre Clan; Renji saluait Zanzibar comme un simple cheval salue un grand chef.

« Enchanté de te rencontrer enfin, jeune Zanzibar. Que la clairvoyance de tes ancêtres guide tes pas sur le chemin difficile de la dominance. »

Il resta ainsi en retrait, tandis qu'il observait les autres allers et venues avec un détachement qui avait toujours été sien. Ici, il était bien plus serein. Ses muscles étaient détendus et son corps entier respirait la sérénité alliée à la fierté et la prestance. S'il avait vieilli, l'entier frison ne le marquait plus. Ren' s'anima de nouveau lorsque la silhouette noire aux yeux bleus électriques de la jeune Lune Noire. Il s'inclina légèrement face à elle et, avec un sourire, répondit à sa salutation.

« Enchantée de te revoir, Lune Noire. »

Puis s'avança la jument cremello qu'il aurait reconnue entre mille. Son esprit, à cette vue, vagabonda et chercha une éventuelle réponse: son frère de cœur souffrait-il encore de l'absence de sa belle? Il espérait de toute son âme que non, qu'il se remettait. Peut-être leurs cœurs battaient-ils d'ailleurs de nouveau à l'unisson, il ne le savait guère. Il salua vaguement la jeune Pépite ainsi arrivée, déjà parti dans d'autres réflexions. Il s'enferma légèrement dans ses pensées. Il cherchait déjà des pistes de réflexion. Il savait déjà par avance qu'il lui faudrait rester attentif lorsque la conversation démarrerait. Il s'ébroua et son regard clair se fixa sur les principaux protagonistes.

Zanzibar souriait, il semblait touché de la sympathie des chefs présents. En effet, il avait l'impression que ces derniers faisaient tout leur possible pour le mettre à l'aise. Aussi, le jeune entier commençait peu à peu se détendre, s'autorisant à abandonner sa stature droite et qui pouvait sembler sévère. Son regard coulait sur chaque équidé, alors qu'il adressait des signes de têtes entendus aux guerriers qui s'avançaient un à un, venus voir et soutenir leur clan. Bientôt, Pépite d'Or arriva, tentant d'être la plus discrète possible, mais son statut anéantissait tout effort allant en ce sens. Le fils de Zénith avait appris le respect, et il prit soin de la saluer, respectant d'une part son rang, mais également son âge: il était le plus jeune de l'attroupement.

«Bonjour Pépite d'Or, chef des Etoiles.»

Il reporta ensuite toute son attention sur Liberty, qui était particulièrement attentive. Le soleil et les étoiles lui témoignaient de la compréhension, et il ne s'en sentait que mieux: il savait qu'avec eux, il pourrait parler librement, et sans doute lui pardonnerait-on une petite faute.

«Pour répondre à votre question Liberty, j'ai dit aux rares membres de mon clan qu'ils étaient libres de venir. J'aimerai voir qu'ils s'intéressent autant que moi au sort de notre famille. Sachez, Liberty, Lusitania, Sun Star et Renji, que je suis touché de vos attentions. Je ferai tout mon possible pour que cette réunion se passe au mieux, et je vous propose de commencer, puisque Pépite d'Or est arrivée. Qu'en dites-vous?»

Il leur adressa un large sourire, alors qu'il reconnaissait la jument qui s'avançait, timide. Elle se nommait Ashkaa, et elle portait avec elle les couleurs de son clan, de sa famille. Chaque guerrier s'était approché de leur chef, et Zanzibar tenait à ce qu'elle s'approche également. Il tourna donc son doux profil vers elle, et parla d'une voix grave mais chaude:

«Ashkaa, je suis heureux de te voir ici. Viens donc à mes côtés, approches-toi.»

Il appuya sa proposition d'un hennissement amicale, alors qu'il se décalait légèrement de sorte à lui laisser une place. Il tenait à l'unité de son clan, et il désirait que chaque guerrier soit touché au plus près par les faits. Il remmobilisa ensuite son intention sur les chefs: la réunion commençait enfin.

Lusitania demeurait en apparence détendue, aux côtés de Sun Star, son éternel sourire adressé à tous les chevaux alentours. Ah, le sourire de Lusitania...Sun Star se prit à en sourire. Il ne regrettait pas d'avoir choisi pour associée, ou future associée, mais cela revenait au même, une jument si charmante, si jolie, si apte à instiller un peu de douceur dans ce monde de chefs et, semblait-il, de brutes. Si apte, qui sait? à faire tourner la tête aux étalons et aux négociateurs, tant elle savait bien jouer de ses charmes. Charmes indéniables, d'ailleurs, même aux yeux de l'étalon doré rompu aux beautés de son ancienne compagne, Stella.
Alors qu'une belle jument alezane, inconnue au bataillon pour Sun Star, s'avançait d'un pas timide, presque méfiant, Lusitania accueillait le jeune Zanzibar avec sa grâce coutumière. Renji, à son tour, salua le jeune chef qui, aux yeux de l'étalon d'or, ne démérita pas, puisqu'il répondit avec élégance et leur suggéra de commencer tout de suite. Le grand chef approuva d'un geste et le regarda saluer Ashkaa. Ainsi, la belle alezane était du clan du jeune étalon? Zanzibar signifiait ainsi sans réserve sa position vis à vis de son Clan: ce serait un clan gouverné par lui, certes, mais à l'écoute de ses sujets. Sans rien laisser voir ni entendre, en son for intérieur, Sun approuva puis prit la parole:

"Oui, commençons! Sache avant tout que, si ce Clan a eu des heures sombres, certaines plus ou moins troubles, et d'autres plus glorieuses, je compte repartir de zéro avec le nouveau Clan du Crépuscule. Ce ne sont plus ni Hell Demon, ni Dancing Flame, ni même Zénith qui dirigent, puisque c'est toi, et mon opinion à ton sujet est neuve, pour l'heure."

L'étalon doré jeta un regard vers Liberty qui, pensive, hocha la tête, avant de sourire au jeune chef. Il lui plaisait bien, avec cette allure fière, une allure de guerrier. Saurait-il redresser son troupeau?
Sun Star balaya ses jambes en balançant sa longue queue ivoire, puis reprit la parole:

"Ne nous perdons pas en simagrées politiques. Nous sommes ici pour t'entendre nous parler de ta vision de ton clan, de son avenir, de la vision du monde que tu entends défendre, de la place que tu souhaites offrir à ton troupeau.
Et nous sommes aussi ici pour savoir si tu seras, ou non, un potentiel allié pour nous. Je vais commencer par t'exposer rapidement la politique de mon Clan.

Le, ou les, chefs du Clan du Soleil ont avant tout pour rôle de représenter le clan et de défendre au mieux les intérêts de ses membres. Nous ne prenons pas nos décisions en communauté ou par un vote, mais nous mettons un point d'honneur à demeurer proches de nos sujets. En échange, nous leur demandons l'obéissance quand il s'agit des affaires du clan, bien qu'ils demeurent libres dans leur vie privée. D'autre part, ce clan se veut avant tout comme une famille, on est du Clan du Soleil comme on est d'une lignée."

Il se tut et laissa l'un ou l'autre des chefs suivants prendre la parole.

La jument pie avait, oui, toujours su jouer de ses charmes. Mais c'était marque d'intelligence et elle n'en était pas dépourvue, loin de là. Elle était même plutôt très intelligente. Excessivement fourbe lorsqu'il s'agissait d'agir pour son Clan, quoi qu'elle fut loyale, impartiale et aussi sincère et franche. Elle ne dirait pas blanc pour faire noir et tromper. Non, elle annoncerait gris, pouvant tomber dans le noir ou le blanc, pour que n'importe quelle tactique soit envisagée. Elle avait de grandes qualités et n'en était que plus dangereuse. Même jeune et inexpérimentée, elle agissait avec l'âme et la conscience, et elle agissait dans les intérêts des autres, reléguant à l'arrière-plan ses propres ambitions, rêves ou intérêts. Elle inclina doucement la tête à la proposition de Zanzibar. Sun Star prit la parole à la suite de l'alezan. Son silence semblait inviter à prendre la parole. Enfin... La jument pie se contenta de tourner les oreilles en regardant Renji. Et oui, le noir en avait, des choses à dire, sur la grande famille. Mais ce dernier restait impassible, aussi la divine lieutenante reprit de sa voix d'ange.

« As-tu déjà des buts, des espoirs pour ton Clan, Zanzibar? Espères-tu quelque chose de cette alliance, si nous venions à la concrétiser? Et plus important encore, adhères-tu aux institutions qui, vraies au sein du Soleil, sont aussi réels, sous d'autres formes, aux Etoiles? »

Jusque là silencieux, l'étalon noir avait en effet prit cela pour lui même, mais dans un sens tout ce qu'il y avait de plus positif. Cette grande famille lui avait évité la mort. Il avait été grandi au stade de chef, par la suite. C'était ce qui caractérisait son clan. Il hocha la tête. La remarque de Lusitania était pertinente. Peut-être un peu trop franche, mais pertinente. La jument n'avait jamais caché le fond de ses pensées ni cherché à prendre de détours lorsqu'elle parlait. L'étalon noir l'aimait ainsi, elle, sa meilleure amie. Il ne regrettait pas de l'avoir présentée à Sun Star comme sa possible suite au pouvoir et il se félicitait qu'elle plut - en tout - à l'étalon doré. Lorsque la douce était avec lui, que ce soit pour régner ou bavasser, le Chef semblait plus heureux, plus serein. Mais aucun des deux ne perdait de vue la suite des évènements; ils devraient tenir le cap. Enfin. Renji pencha la tête, curieux de voir comment se déroulerait la suite de cette confrontation, puisque Lusi' s'était décidé à rentrer dans le vif du sujet sans détours.

[je laisse PO répondre avant, pour son pdv de chef]

Jusqu'ici, la jeune cremello,avait retenue sa respiration. Elle pût enfin souffler et décompresser. Bizarrement, elle se sentait bien ici, parmi ces chefs. Comme si elle avait toujours appartenu à ce monde ou qu'elle avait été formée pour ça.
Elle serait encore pouliche, elle se collerait contre le flanc de sa mère, les yeux brillant d'admiration pour tous ces chefs. Mais elle n'était plus pouliche et elle avait encore moins de mère. Mais l'essentiel c'était d'être là, pouliche ou jument, l'essentiel c'était d'être là, bien vivante. Elle fût tirée violemment de ses pensées comme d'un sommeil douillet au rêve bien chaud par Zanzibar qui pourtant ne venait que la saluer, lui faisant signaler que la réunion pouvait commencer.

- Bonjour Zanzibar, chef du Crépuscule, fils adoptif de Dancing Flame.

A partir de se moment-là, Sun Star prit la parole. Elle se tut et s'écrasa. Elle laissa le trio qu'était Sun Star, Lusitania et Zanzibar parlementer. Quoi que ce dernier n'avait encore prononcé un mot par rapport à cette réunion. D'ailleurs, elle aussi n'avait rien à dire pour l'instant. Sun Star et Lusitania avaient tout dit, rien n'était à rajouter.

Le corps de l'étalon de flammes respirait la jeunesse, l'énergie et la vigueur. Alors qu'il écoutait attentivement chacun de ses protagonistes, leur accordant une attention égale, ses muscles tressaillaient sous sa peau de velours, créant ainsi mille nouveaux reflets plus tranchants les uns que les autres. Zanzibar avait beau être jeune, il était déjà puissant, sans être épais. Il avait conservé la finesse propre aux chevaux de sang, et il semblait être taillé dans un fin diamant. Il ressemblerait en outre bien plus à sa mère qu'à son solide père. Mais s'il savait qu'on ne le jugerait pas sur son physique, il avait tout de même conscience qu'il lui faudrait se forger une image qui marquerait son règne. Malgré son jeune âge, il possédait déjà un port de tête royal, qui ne faisait que l'embellir et qui ne le rendait d'aucune façon hautain. Cette majesté délicate pouvait se retrouver dans ses allures, alors qu'il arpentait les terres de son clan, s'adonnant déjà à des rondes de surveillance. Il écoutait chacun des représentants de clan, alors qu'il tentait de cerner leurs profils. Sun Star était accueillant, et il semblait ouvert à l'échange, alors qu'il avait déjà pensé maintes fois sans doute à cette rencontre. Lusitania était plus directe, et elle se complaisait dans le verbe, diplomate à cette heure. Liberty lui souriait de façon presque amicale, aussi, Zanzibar lui adressa un regard confiant, dans lequel luisait l'ardeur de la jeunesse. Il y avait aussi Renji, qui ne prononçait mot, mais dont la présence semblait indispensable. Et enfin, Pépite d'Or, qui avait quant à elle l'air heureux d'être là. Malgré le nombre important d'équidés aux hautes responsabilités, le jeune animal ne se sentais pas impressionné ni gêné. Il savait qu'il serait bien accueilli, et surtout, que cette discussion marquerait un tournant.
Il se tourna tout d'abord vers Sun Star, désireux de le remercier.

«Merci, Sun Star, de me donner cette chance. J'espère pouvoir relancer le clan sur le bon pied, plus fort de son passé, et plus apte à ne pas recommencer les erreurs d'hier. J'aimerai prouver aux autres clans, quels qu'ils soient, que nous savons apprendre, et que nous sommes grandis des quelques échecs passés.
J'ai conscience de vos valeurs, aussi, je tiens à vous assurer que je les respecte. Je pense que c'est important d'intégrer les membres d'un clan, et de leur donner conscience que ce n'est pas tout de dire de quelle couleur ils sont, mais qu'ils soient aussi conscients que, quoi qu'il advienne, ils ne seront pas seuls. Nous serons tous là, même pour un seul des nôtres. Ils seront le sang du Crépuscule.»

Le fils de Zénith avait cet âge merveilleux durant lequel l'on peut prétendre avoir le pouvoir de changer les choses, et il en était conscient. Aussi, c'est confiant qu'il présenta son profil délicatement dessiné à la jument pie. Avait-il des buts, des attentes? Il avait plus, bien plus que tout cela.

«Pour mon Clan, j'ai le rêve d'une époque meilleure. Le Crépuscule m'a vu naître, et c'est en son sein le plus cher que j'ai grandi, c'est avec le murmure grave du Marais que j'ai cavalé durant ma jeunesse. Je ne veux pas, et je ne pourrai lui survivre. Si son passé n'a pas toujours été glorieux, Hell Demon, quoi que l'on puisse en dire aujourd'hui, était un animal fort, capable de raisonner, et assez dangereux pour se trouver des partenaires. Car n'est-ce pas cela? En arrivant à la tête d'un groupe, nous devenons un danger. Qui peut dire quel jeu nous jouons? Qui sait qu'un de nous ne se moque pas de tous les autres, les trompant en leur faisant miroiter toutes sortes de choses? Certes, je ne suis pas de ceux là, et je ne cherche à duper personne: ramener mon clan a un niveau de vie correcte est déjà un bien lourd devoir. Mais c'est cela, exactement, que je veux: le Crépuscule doit briller, de nouveau. Il doit avoir son mot à dire, et il devrait avoir la légitimité de l'écoute. Ce que j'attends d'une alliance? La protection, en premier lieu, d'un clan solide. L'alliance, pour rallumer les braises qui tendent à se refroidir, et aussi l'allié, l'ami au côté duquel mes guerriers et moi-même n'auront pas peur de laisser nos vies. Je veux que nos morts puissent se dire que, s'ils ont versé leur sang, ce sera pour la bonne cause: l'âge d'or du Crépuscule. Bien sûr, je suis conscient qu'il nous faudra du temps, vu l'état de maladie avancé de mes précieuses terres. Mais je suis enfin prêt à relever le défi, et je n'ai pas peur de m'exposer aux attaques, je n'ai pas peur d'être jugé. Je sais qu'ils savent que ce que je fais, je l'exécute parce que je pense pouvoir nous aider. Donner un peu à cette divine terre qui m'a tout sacrifié, et ce, depuis mes plus tendres jours.»

Son ton passionné avait embrasé l'air, alors que ses prunelles luisaient de fièvre. Ce n'était pas l'animal serein qui parlait: c'était le coeur amoureux d'un natif de ces terres évoquées. Nul ne pouvait encore douter de l'amour et de la considération qu'il leurs portait. Aussi, Zanzibar n'avait pas voulu être chef pour lui, mais bien pour les siens. Il se tourna enfin vers Pépite d'Or, qui avait fait une allusion à son étroit passé lié au traître. Qu'éprouvait-il aujourd'hui pour cet étalon qui, l'espace d'un battement de cils, fut son échappatoire? Le jeune animal aux charmes exacerbés savait qu'elle n'avait pas voulu raviver une ancienne plaie, mais il répondit tout de même.

«De qui suis-je le fils, si je ne suis celui du Crépuscule? Avant d'être le fils adoptif de Dancing Flame, je suis l'enfant de sang de Zénith et de Gaïa. Avant d'être le fils adoptif de Dancing Flame, je suis le neveu chéri de Néro. Avant d'être le fils adoptif de Dancing Flame, je suis l'enfant de coeur de Black Moon. Mais quels qu'ils soient, quels qu'ils furent; ils m'ont tous trahi, sauf peut-être la douce Gaïa. Je crois ne pas avoir besoin de rappeler l'exil, la disparition soudaine et incompréhensible de Zénith, celle de Néro ou de Black Moon. Et je pense que vous êtes, madame, toute aussi bien au courant que moi des effets d'armes du dernier nommé. Finalement, seules les terres de mon clan m'ont été fidèles, m'accompagnant de ma naissance jusqu'à aujourd'hui. J'ai été élevé dans toutes les écoles: mon père de sang m'a apprit ce qu'était le règne, comme on l'enseigne à un jeune poulain. Il m'a apprit une autre terre, où je n'aurai, si je le souhaitais, rien à prouver pour régner, non en chef mais en roi. Mais cette terre là, voyez-vous, je ne la considère comme mienne. Seul le Crépuscule peut prétendre m'avoir, et je peux dire que seul le Crépuscule je souhaite servir. Seul lui aura mon corps, seul lui aura ma mort. Gaïa m'a apprit les autres, la simplicité, la douceur et les saveurs du paradis perdu. Néro m'a apprit le rôle du second, m'a mené à ses côtés dans les coulisses, dans la demeure cachée de l'Homme de l'ombre. Black Moon m'a apprit la vie des guerriers, la vie sous les ordres. Enfin, Dancing Flame m'a montré l'acrobatie diplomatique. Suis-je fort ou faible de ces différents apprentissages? Je n'en sais rien, et je ne saurai dire ni commenter. La seule chose dont je sois sûr; c'est que pour moi, seul le Crépuscule est ma maison, ma terre, mon clan et ma famille.»

Zanzibar semblait avoir la carrure d'un chef; il se tenait droit, solide et puissant, il était fin et racé, et surtout l'air intelligent. Cependant, si son apparence physique générale était engageante, Sun Star attendait de l'entendre s'exprimer avant de porter sur le jeune étalon un jugement définitif. Zanzibar, pour l'heure, les écoutait avec patienc e et politesse, et quand Pépite eut fini de parler, il se tourna vers Sun Star. Le grand étalon doré soutint le regard brun de son cadet, ce regard qu'il sentait décidé, celui d'un cheval sûr de lui. Oh, Zanzibar n'avait pas la maladresse que lui-même, Sun Star, avait eu à ses débuts. C'était un cheval né pour gouverner et formé comme tel, comme le serait Shiki...L'étalon se prit à songer à l'avenir. Les chefs, les vieux chefs autodidactes s'effaceraient tantôt, laissant le trône à ceux qu'on avait entouré, choyé, préparé pour régner, à des êtres compétents qui avaient appris ce qu'était être politique...que deviendrait le monde, alors?

Zanzibar remerciait Sun Star qui accepta sa réponse d'un signe de tête, et l'étalon alezan enchaîna sur sa compréhension profonde des valeurs des Clans. Bien, cela commençait bien...car l'unité quasi-familiale des clans était une valeur purement du Sud: le Clan de l'Ombre laissait ses membres bien plus solitaires. Quand au Clan de Glace, il était un cas particulier puisque la rudesse des terres ne pouvait pas empêcher un certain sentiment de communauté de se former. En attendant, Zanzibar se lançait dans un éloge enflammé et passionné, sur ses terres et sur ce qu'il avait appris des différents acteurs de sa vie...Sun Star approuva pensivement: Moondance, elle aussi, avait été élevée à la fois par lui-même, par Stella, par Stelmaria et Black, et cela, bien loin de la desservir, l'avait dotée d'une richesse d'esprit et d'une finesse qui ne tenait pas qu'à son héritage de Nomade, mais aussi à son éducation variée. D'autre part, c'était une bonne chose qu'un cheval connaisse les différents états de ses membres, du guerrier au chef, pour qu'il puisse ainsi les gérer au mieux.

Sun Star devait s'avouer qu'il s'était attendu à ce qu'Arpango prenne le jeune étalon comme second avant de lui céder le Clan. Mais non...enfin, ce n'était pas si grave puisque Compañero, Nero, avait permis au poulain de découvrir la vie de second: Zanzibar saurait probablement différencier son rôle de chef de son rôle de bras droit. Sun Star rebondit sur l'occasion:

"En parlant de Nero, as-tu déjà choisi un second? Simple question en passant, je ne te demande pas de me réveler tes projets!!"

Puis il agita les oreilles, pensif, et reprit:

"Tu aimes tes terres et tu veux offrir à ta tribu le meilleur...intention louable, après tout. Evidemment, cela passera par une phase où ton clan sera sous la protection, soit de notre alliance, soit de celle du Nord...
Zanzibar, que doit-être, pour toi, un Clan? Quel lien entre le chef et ses sujets? Quels devoirs et quels droits pour un de ces sujets?"

La jeune écoutait, attentive. Elle ne disait un mot pour l'instant car justement, elle n'avait rien à dire. Elle n'avait, pour l'instant, pas son grain de sel à y mettre. C'était une réunion de "grands" chef. Elle était encore novice en la matière. Bien qu'elle ne doutait pas que certains pensaient qu'elle était apte de remplir ses fonctions et de diriger son clan d'un sabot de fer dans une chaussure de foin, elle se demandait parfois si elle n'était pas trop jeune. Bref. Là n'était pas la question. Aujourd'hui, la question était de savoir où se positionnerait Zanzibar. Zanzibar qui semblait être perturbé sur son identité. En effet, l'identité de ses "vrais" parents aurait pût l'éclairer sur la sienne. Et sur l'avenir qu'il pourrait donner à son clan... Là était toute la question !

Ellinor, qu'on ne remarquait pas, se tenait parmi ses camarades derrière Liberty et Pépite d'or, se servant de la foule pour camoufler sa robe bigarrée et bien trop visible. Elle écoutait attentivement les chefs de l'Axe du Sud.
Ils étaient habiles, ces chevaux, diplomates mais francs. De grands chefs. Zanzibar avait, lui aussi, l'étoffe d'un meneur, au premier regard.
Sun Star venait de mettre une question décisive sur le tapis:
"Zanzibar, que doit-être, pour toi, un Clan? Quel lien entre le chef et ses sujets? Quels devoirs et quels droits pour un de ces sujets?"
La réponse promettait un tournant dans cette réunion...

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