Et j'ai surpris le vol d'un aigle...

♦Et j'ai surpris le vol d'un aigle

"Tout s'y mêle! les pas égarés hors des voies
Qui cherchent leur chemin dans les champs spacieux;
Les roseaux verts froissant leurs luisantes courroies;
Les angelus lointains dispersés dans les cieux;"

La nuit tombait peu à peu, alors qu'un silence accablant régnait sur les terres froides du clan de la Glace. Comme un souffle mélancolique, le vent frais la frappait, alors qu'elle filait, frappant le sol de ses sabots ardoises avec entrain. Sorrow Life galopait vite, foulant pour la seconde fois seulement la vaste Taïga, perdue et comme hors du temps, hors des voies connues. Sorrow Life cherchait son chemin, alors qu'elle s'égarait vers le soleil rouge qui se couchait ce soir dans son sang, alors que ses pensées tourbillonaient en de confuses postures. Que faire et que dire de ce silence, de cette veine attente et de ce trompeur espoir? Devaient-ils encore croire, ou les cartes étaient déjà tirées? Quel serait le monde de demain? Et ce soir, ils dormiraient, tous, appuyés contre la dure épaule de l'amant, le nez posé sur l'enfant, sûrs d'être veillés par des daemons aimants. Le monde courait et ne les attendait pas, alors qu'ils voguaient dans de beaux rêves où le temps n'existait pas, où le temps n'avait aucun pouvoir, où le temps ne détruisait pas.

La grande jument truitée accéléra, son corps pâle se fondant dans le décor, alors que le son de ses sabots sur le sol était atténué, elle s'en allait, plus prompte que le vent, plus froide que la glace. Vers qui tournait-elle son coeur, en ce moment de désarroi et d'incompréhension. Elle n'était dévouée qu'à Black, et alors qu'elle tournait les yeux vers le ciel pour y voir les anges, le souvenir de la danse brûlante s'anima sur ses yeux bruns. Que le temps cesse sa course, que les amants s'aiment et que les enfants grandissent; que plus rien ne meurt et ne vieillisse...

Univers était arrivé récemment, et il s'enfuyait déjà en territoire ennemi. Il avait entendu dire que cet endroit était magnifique, même si dangereux. Pourtant, il n'avait pas hésité à s'y perdre, voulant absolument voir ce payx de glace où le soleil rouge nimbait la neige. L'appaloosa galopait rapidement, ses membres agiles s'enfonçant dans le sol, alors qu'il donnait de puissants coups de reins pour se déplacer sans se buter contre les monceau de neige fraîche. Bientôt, il aperçu devant lui une haute silhouette fine, qui courait à une vitesse foudroyante. Vers quoi pouvait bien galoper cette farouche jument? Il décida de la suivre, et se posta en retrait, adoptant un galop rapide et léger, portant sa masse à la suite de celle bien plus légère de la jument truitée. Il la suivit ainsi pendant longtemps, sur de longs mètres, si bien que la fatigue le foudroya. Il se rendit compte aussi qu'il avait froid. Comment faisait donc cette belle jument? Il arrêta sa course, poussant un hennissement grave qui brisa le charme silencieux de la Taïga. Il sa cabra alors, s'élevant de tout so haut en tranchant l'air de ses sabots. Sa crinière blanche flottait derrière son encolure, alors qu'il retombait au milieu de la neige.

Il posa ses yeux bruns sur la silhouette claire de la jument, espérant qu'elle s'arrête et se retourne. Il ne voulait pas être seul dans ce monde perdu, il voulait être sûr qu'elle n'était pas un fantôme, qu'elle n'était pas juste une allucination. Il ne craignait pas de se soumettre à son regard de guerrière de glace. Certes, il venait des Etoiles, mais les hostilités n'étaient pas encore relancées, et puis il était nouveau: il pourrait facilement avancer la thèse de la perte de chemin.

"_ L'orient! l'orient! qu'y voyez-vous poëtes?
Tournez vers l'orient vos esprits et vos yeux! _
«Hélas! ont répondu leurs voix longtemps muettes,
Nous voyons bien là-bas un jour mystérieux!"

Lancée dans sa course, la belle jument à la haute silhouette avançait, ne se souciant que peu du vent qui fouettait son visage, alors qu'elle semblait se saouler du paysage qui, comme une malsaine tentation, l'attirait. Sorrow Life était incapable d'expliquer avec ses mots l'état dans lequel elle était. Comment exprimer le sentiment à la fois opressant et vivifiant qui l'habitait, alors que son regard noir courait sur la Taïga? Pourtant, elle entendit à sa suite le bruit d'un autre galop. Rapide aussi, il commençait à s'atténuer, les foulées ralentissant sans doute, alors que ses sabots ocres l'emmenaient encore, ses membres noueux la portant toujours aussi vite. Pourtant, la belle jument se contreigna à ralentir quand son poursuivant s'arrêta totalement, déchirant le doux silence d'un cri rauque et perçant, qui réveilla eu quelques secondes seulement la Taïga endormie. La jument truitée fraina des quatre fers, alors qu'elle entammait déjà son demi-tour. Face à elle, un étalon solide et de taille moyenne, à la robe blanche parsemée de larges taches noires d'encre. Sorrow Life devait se trouver à cinq mètres de lui, et elle le dévisageait de son regard abyssal. Il n'était pas un des siens, un des leurs. Elle ne pouvait distinguer avec certitude son odeur, mais elle était prête à parier qu'il appartenait à l'Axe du Sud. Elle poussa alors un hennissement bref, et lança, sans s'ébranler pour se rapprocher de l'entier:

"Bonjour. De quel clan venez-vous donc?"

Avec bonheur, Univers vit la jument freiner pour s'arrêter. Elle était grande et fine, et parée d'une robe blanche recouverte de truitures acajou. Elle semblait plutôt méfiante, et, alors qu'elle le questionnait, il savait qu'elle ne le laisserait pas troubler la Taïga, ni la souiller de ses sabots de guerrier du Sud. Pourtant, l'étalon appaloosa se montra courtois et poli, et il répondit avec aplomb:

"Bonjour, je me prénomme Univers. Et vous? En effet, je n'appartiens ni à votre clan, ni à celui du Maître de l'Ombre. J'ai prêté serment auprès des étoiles. Suis-je donc à blâmer pour ce choix, madame?"

Il posa son regard sombre dans celui de la jument, envoûtant tant il était noir et profond. Si cette dernière ne faisait pas les premiers pas, alors lui, il les ferait. Il s'avança donc, l'encolure dressée et la tête haute, alors que chacune de ses foulées semblait froisser la neige glacée. Il s'arrêta à une distance respectueuse, guettant une réaction de la part de la guerrière. Il put la détailler, et remarqua la balafre rose chair qui trônait entre son épaule et son encolure. Elle s'était battue récemment.

Perdue. Elle était seule, seule à vivre le rêve envoûtant qui lui charmait encore le coeur, alors qu'elle avait stoppé sa course. Seule à entendre le chant de la neige, à vibrer de ses profonds mugissements, à tressaillir à ses plaintes sourdes. La chanson de la Glace, eux, guerriers de l'armée des Thars, ils la connaissaient. Sans doute jamais aussi bien que Stelmaria ou Shiki, mais plus que les guerriers des autres clans. C'était un mugissement profond, empli de sagesse et prophétique. Un cri à lui en percer le coeur, tant elle vibrait de plaisir, assaillie à chaque instant par une nouvelle lame de fond qui faisait ressurgir en elle diverses sensations.
Pourtant, son élan était maintenant brisé, elle avait en face d'elle un ennemi. Un adversaire prochain, sans doute. Il semblait sûr de lui, mûr et intelligent: il ne se laisserait pas démonter si facilement, et il ne ferait pas non plus demi-tour en fuyant. Certes, les alliances étaient sous tension, mais Sorrow ne voulait pas lancer les hostilités en se ruant sur un guerrier adverse. Elle savait qu'ils étaient encore tolérés, mais qu'au moindre geste déppréciateur, qu'elle avait le droit de lui mandater de sortir des frontières du territoire qu'elle défendait. Elle l'écouta distraitement, mais ses oreilles se dressèrent à l'évocation de l'étalon noir. Black. Son corps trembla de nouveau, alors qu'elle formulait déjà une réponse. Univers s'avança alors, il semblait décider à briser la glace, et sans douter de rien, il s'approcha. La jument grise ne bougea pas, et répondit sur un ton courtois, sans déborder de chaleur. Juste polie, et faisant mine d'ignorer les quelques pas de l'étalon, destinés à réduire la distance qui les séparait.

«Sorrow Life, ma mère m'a nommée ainsi. Je n'ai pas la prétention de savoir si vous êtes à blâmer, et je ne prétends pas en avoir le droit. Nous ne sommes que de simples guerriers, et nous suivons les consignes exprimées par nos chefs de clan. Je ne vais pas voux expliquer comment cela marche, je suis convaincue que vous le savez aussi bien que moi. Mais j'imagine que vous savez également que votre présence n'est que tolérée ici. Que venez-vous chercher ici de si important pour troubler le silence de la Taïga, le repos des arbres frêles et immobiles?»

Aux paroles de la jument, Univers comprit vite qu'ici, il n'était pas le bienvenu. Il était seulement accepté, cotionné; dans le soucis sans doute de ne pas créer d'incidents diplomatiques. Pourtant, ni le ton ni l'attitude de la jument ne le démontaient. Univers avait toujours été déterminé, et s'il avait appris quelque chose, c'était qu'il ne fallait jamais abandonner avant d'avoir tout donné, tout tendu vers son but. Il répondit, presque immédiatement, encore chaleureux dans son ton et dans son attitude, comme s'il souhaitait réellement lui montrer qu'il ne voulait rien de mal. Juste s'exiler lui aussi sur la plaine glacée, et écouter cette triste chanson qui ne pouvait lui toucher le coeur comme s'il avait été guerrier des glaces.

"Enchanté de faire votre rencontre, madame. Oui, je sais bien quelle est ma condition d'ennemi. Que suis-je venu chercher ici? Je suis venu vous chercher vous, Sorrow Life. Nous ne nous connaissons pas, et je ne prétends pas, moi non plus, connaître quoi que ce soit de vous. Je viens d'arriver, et je souhaitais juste me perdre dans l'immensité de Wild Horses, et rencontrer ceux qui seront peut-être, dans peu de temps, mes ennemis."

On continue ou nous nous faisons un nouveau rp ? ps : la prochaine fois que tu dors chez une vieille pote, prends ton tél !!! mdr

je n'y manquerai pas ! lol
On en recommence un ?
Smile

Ok, j'envoie ça à la corbeille alors !!