Devil & Angel. ||Amaëlle & Vif-Argent. ONLY||

Ni la neige et la pluie chang'ront ma vie
Le soleil se lèvera c'est écrit
Le vent qui frotte mon visage réchauffe mon cœur
Je m'en vais; Frère des Ours

Spring come back.

La falaise glissante était enveloppée de la lumière du levant, qui la rendait d'un rougeâtre agréable, pour un animal de son espèce. Un sourire sarcastique illuminait son visage naturellement beau. Il avait repris de l'état, d'ailleurs son poil d'hiver était tombé de partout et lui découvrait une toison faite de poils courts et luisants, encre de chine. Pas une balzane ne troublait ses membres, seule se trouvait une étoile au centre de son front, cachée par son toupet long, fais de crins épais et emmêlés. La crinière lui tombait sous l'encolure.

Il n'était pas très impressionnant. Il avait un arc encore fort fin, pour l'encolure. On lui devinait encore les côtes. Par rapport au garrot, sa croupe était encore un peu haute. Dans l’année, il prendrait sûrement quatre ou cinq centimètres, pour obtenir la toise d’un mètre soixante-cinq, taille acceptable et qui ferait sa fierté. Sans être si grand, il serait, on le devinait, musclé. Son poitrail, déjà éclaté, manquait de force, tout comme ses jarrets encore trop fins, aux articulations fines et pas trop apparentes. Sa croupe était encore un peu plate. Aussi pouvait-on dire qu’à quatre ans, il n’était pas encore formé. C’est alors qu’il encensa.

Il découvrit une tête fine, au chanfrein légèrement creux en son centre, carré sur les naseaux. Sa peau, partout, était noire et sombre. Ses oreilles, pas fort grandes, très mobiles et incurvées, tournoyaient tandis qu’un bruit l’intriguait. Il ouvrit alors ses grands naseaux, humant l’air pour trouver une trace de qui viendrait. Son regard brun foncé à l’extrême, quasiment noir et cerclé par les flammes des Enfers chercha autour de lui d’où s’avancerait la silhouette. Un sourire trop intelligent se dessina sur ses lèvres. Il ne bougea pas. L’endroit serait mauvais, pour combattre, trop dangereux. Il avait glissé, simplement en marchant en ce lieu. C’est pourquoi il s’était arrêté.

Son odeur forte de Shikaku flottait dans l’air, tandis qu’il pivota, ayant par analyse su localiser l’origine de ce claquement sur la roche. Il s’agissait de sabots, assurément. Et même si c’était feutré, donc sans ce cling-cling étrange de certains chevaux qui parlaient d’humain, le jeune animal jugea que c’était – il en était presque sûr ! – une jument, peut-être légèrement plus petite que lui, mais assurément plus compacte, sans qu’elle ne soit lourde. Il ronfla des naseaux, amusé à l’idée de cette rencontre. Vif-Argent retint son hennissement rauque de jeune assassin, pour ne pas effrayer l’arrivante.

Code.:

Avec un hoquet étranglé pathétique, je sentis le sol s'ébranler sous mes pieds, me faisant monter mon estomac le long de mon oesophage.
Je ne sais par quel miracle je resta debout, pourtant, à contempler le vide insondable avec un terrible soulagement.
Tremblante, j'amorçai un demi-tour prudent, la respiration haletante et saccadée avant de me laisser tomber au sol.

Qu'est-ce qui m'avait donc poussé à m'aventurer dans ce coupe-gorge ?!
Je ne dois pas avoir toute ma tête...

Néanmoins, le présent était le présent et je devais bien continuer ma route...Peut-être qu'une sortie m'attendais plus loin...

Je laissai le vent glacial emmêler mes longues bouclettes grises et caresser ma fine peau striée de rayures blanchâtres...
J'ignorais le pourquoi j'errai en ces terres, Wild Horses. Mon instinct, celui que me guidait depuis toujours, m'y avait poussé.
Et jusqu'ici, mon instinct avait été le bon. Je lui faisait confiance...
Seul ami avec la Solitude, la Faim et la Soif...

Ô, douce enfance...Enfance insouciante...Où es-tu donc allé ?
Rendez moi mon innocence !

Le vent se leva alors de nouveau, en face de moi, m'apportant aux narines une forte odeur d'équidé.
Je me redressa alors, soudain en alerte, faisant claquer mes petits sabots sur la roche pour tenter d'apercevoir le nouveau-venu...
Ma gorge réduite à un désert, je déglutit avec difficultés.

- Qui...Qui es-là ?

Ma voix se répercuta en écho parmi la falaise, me faisant frissonner.
Puis je le vit.
Noir comme de l'encre, une étoile scintillante sur le front, il était tel un morceau de nuit arraché du ciel.
Beau, je devais l'admettre. Une beauté noire, sauvage, bestiale, qui attirait les regards...

Vif Argent. Fils de Black Hole. Shikaku.

Encore une fois, mon étrange pouvoir me présenta le nouveau-venu sans que je n’esquisse un geste ou un mot.
Je m'étais néanmoins raidie au dernier mot.

Shikaku.
Ennemi...

Mais pourtant, je n'avais pas envie de fuir. Je n'étais pas une proie. J'étais un être vivant, comme lui. Peu importe qu'il soit un Shikaku où pas...
Je m'avança alors jusqu'à lui, m'arrêtant à une certaine distance de sécurité toutefois.
Timide, je détourna le regard.

- Bonjour...Soufflai-je.

Le regard de Vif-Argent se déporta automatiquement sur la nouvelle venue. Sa voix étranglée venait de raisonner sur les roches de la falaise et il en avait souris. Qui était là ? Cette question finirait bien par être résolue. Il gratta d’un antérieur le sol, nerveux, impatient de rencontrer ce qui, assurément ou presque, se transformerait en une proie facile. A l’entendre, elle semblait apeurée, il lui suffirait de tranquillement lui couper une retraite trop facile pour la paniquer assez et avoir le plaisir de la tourmenter moralement plus que physiquement. Et alors, elle apparut.

Elle était en fait plus petite et plus fine encore que lui, d’un gris s’approchant du bleu et strié. Ciel d’orage. Il eut un rictus plus prononcé en faisant quelques pas francs en sa direction. Il commençait d’avance à l’encercler, pour lui couper la plus simple des retraites. Il avait trop besoin de faire souffrir. Et s’il ne savait pas encore s’il blesserait physiquement la jument, il savait qu’il jouerait avec son esprit tant que possible. Lorsqu’elle le salua, son sourire dénuda ses dents d’ivoire qui luirent dangereusement. Ses crochets étaient encore teintés de sang d’un combat récent.

« Bonjour. »

L’écho prédateur de sa voix déjà virile de jeune mâle avait de quoi donner le frisson, car elle était glaçante. Il fit encore un pas, mouvant sa masse légère et il prit garde de ne pas glisser.