Let it be. ( Elixir )

Il ne comprenait plus rien, du tout.
Comme d'habitude, me direz vous ... Mais non. Encore moins que d'habitude. C'était crispant. Enfin... lui s'en foutait, pas mal. Tant qu'il pouvait continuer à sentir les crânes se fracasser sous ses puissants sabots, entendre ces délicieux gémissement de douleurs, que ce soient les siens où ceux des autres ...

Ah, si. Il comprenait une chose. Il avait perdu. Il ne pouvait plus s'amuser... Celui qui lui donnait des ordres n'en donnait plus, et pour cause, la faiblesse qu'était la mort l'avait rattrapé, lui aussi. Seul soupira. Il attendrait un peu avant d'attaquer quelqu'un d'autre, son seul neurone, qu'il partageait avec une patate douce, lui indiquait que pour le moment, il valait mieux se faire discret. En attendant un beau carnage de l'ampleur du précédent ...

C'était un temps radieux et un soleil tout aussi joyeux qui éclairaient la Plaine aux hautes herbes, qui craquaient sous les pas lourds du tinker, qui mouvait son impressionnante masse musculaire tant bien que mal, l'écume au coin des lèvres. Il ne savait pas trop où il allait, et s'en fichait, car de toute façon, il n'avait pas assez de mémoire pour se souvenir d'endroit si peu vus.
Il vivait, c'était tout.

Elixir marchait tranquille. A quoi bon se presser? Son pas léger ne reflétait en rien son état d'esprit actuel. La jument mettait un point d'honneur à alléger sa démarche, à la faire paraître joyeuse. Pourquoi partagerait-elle ses doutes, ses peurs, avec qui que soit? Elle avait chaud. Les mouches, la chaleur,.. Pourquoi ça existait tout ça? Le monde ne serait-il pas mieux sans ces insectes volants et complètement inutiles? Elle se secoue, les bestioles s'envolent.
La pas bruyant d'un autre ce faisait entendre. Elixir, inconsciemment, ce dirigea vers la source de ce bruit. Elle errait, ne savait que faire. Elle se sentait inutile -pas autant que les mouches, quoique..- et seule, surtout seule. Petit à petit, elle s'éloignait de ses amis, les tenant à distance derrière sa barrière invisible.
L'odeur de l'étalon finit par lui parvenir. Un maigre sourire éclaira son visage. *Je ne suis plus seule* Si elle avait sut qui était cet étalon, peut-être ne se serait-elle pas approchée; mais elle ne le connaissait pas, ce qui l'intriguait d'autant plus. Son pas se fit plus énergique, plus vif. Énergique, elle s’avançât en direction de l'étalon dont elle distinguait désormais la stature. L'imposante stature.

Une minuscule jument grise aux crins de jais le regardait avec curiosité. Seul se retourna. Il devait mesurer bien trente centimètres de plus que la nouvelle venue, minimum. Comme toujours, il fut heureux, simplement, d'être venu au monde avec ce corps de titan.
La jument continuait de le regarder de ses doux yeux sombres.

« Nié ? »

Une jolie traduction, s'il en est, de l'étonnement ressenti par le mastodonte ... et de la capacité réduite de son mental.
Il détailla la jument et dit la première chose qui lui passait par la tête. D'un ton pataud, laborieux, peu sur de lui.

« Tu es ... une jument ? »