Faso' et ses histoires =D

Chapitre 1

Mallie entra de la cuisine et fit couler de l’eau fraîche dans son gobelet en plastique.
Ce jour là, elle était la plus heureuse des petites filles. Elle était tout ce qu’il y avait de plus normal, avait un chaton tout roux adorable, des amis formidables, des parents tout sucre tout miel, et en plus, aujourd’hui, c’était son anniversaire, ses sept ans. Elle allait déballer les cadeaux, dans deux minutes, mais pour l’instant, sa maman lui avait demandé d’aller voir ailleurs pendant qu’elle mettait tout en place. Alors, sagement, elle était allée dans la cuisine pour se servir à boire.
Le petit chat la regardait avec de grands yeux sérieux.
- Et ben quoi ? J’ai trois têtes ? Quelqu’un a empoisonné l’eau ? Allez Titou, va manger tes croquettes et t’amuser.
La petite fille avait un ton très autoritaire. Mais le chat ne bougea pas. Il découvrit un peu les dents, et continua de la fixer avec des yeux en forme de soucoupes. Il lui faisait un peu peur. Elle recula. Il s’approcha. Elle recula encore. Trébucha contre le tabouret qu’elle avait mis là pour boire, et se tapa la tête contre le bord du lavabo. Elle s’étala par terre, dans les vapes.

Quand elle se réveilla. Elle se sentait toute engourdie, ses mains étaient pleines de fourmis. Elle se releva tant bien que mal et regarda par terre pour voir si le chaton était encore là. Elle ne vit rien. Juste qu’elle était… étrangement près du sol. Elle voulu se gratter le nez, petit tic signalant la perplexité, quand elle s’aperçut que… c’était une patte qu’elle avait au bout du bras. Une horrible patte griffue comme celle d’un… chat ? Elle voulu crier. Ce fut un miaulement suraigu qui sortir de sa bouche. Elle détala en pleurant, traumatisée. Elle voulait aller voir un miroir. Pour prouver qu’elle se trompait, que ce n’était qu’une mauvaise blague de ses copains qui l’avaient déguisée, pendant son… comment pouvait elle appeler cela ? Sommeil ? Absence ? Oui, absence, c’était pas mal.
Arrivée devant le grand mur en miroir, Mallie ferma les yeux, ne se décidant pas à regarder. Fallait il ? Ou non ?
Oui.
Elle devait être sure, rire aux éclats quelques secondes après avoir soulevé les paupières, allez pleurer dans les doux bras de sa maman et lui raconter la peur idiote qu’elle avait eu. Un… deux… trois. Mallie ouvrit les yeux.

Elle était… toute noire. Toute petite. Avec des yeux… roses ? Des moustaches frétillantes. Une queue de chat. Des oreilles de chats. Une petite bouille de chat. Elle était un chat. Elle se laissa tomber sur le carrelage. Encore une fois. C’était… affreux ! Horrible… elle se mit à geindre, de plus en plus fort. Mais la seule personne que ses faibles cris attirèrent fut Titou. Le chat. Il était roux, comme avant, ses yeux verts narquois. Sauf que là, il était beaucoup plus grand que d’habitude.
Il gratifia sa maîtresse d’un sourire moqueur. Soudain, elle regretta de l’avoir tant martyrisé. Elle voyait à présent ce qu’il avait seulement pu endurer.
- Comme quoi, tout est relatif.
Elle sursauta et émit un petit piaulement de surprise. Titou parlait ! C’était nouveau. Jamais il n’avait fait ça. En plus, il utilisait des mots compliqués. La petite fi… la petite fit pivoter ses oreilles, sans même s’en apercevoir. Elle parla, ou plutôt miaula, d’une voix peu sure :
- Ce… ça veut dire quoi relatif ?
Le chat haussa ses épaules musclées.
- Tout est une question de point de vue.
- Heu… pourquoi ?
Puis elle se ressaisit.
- P… pourquoi je suis comme ça ?
- T’es née comme ça.
- N’importe quoi !
- Eh si.
- Non !
- Si.
Le ton définitif du matou suffit à la faire fondre en larmes. Titou se rapprocha d’elle et lâcha d’un air mielleux :
- Et tu verras, demain, quand tu te réveilleras, comme toujours... ce ne sera plus toi.
- Arrête !
- Tu seras différente, tes parents te prendrons pour un monstre… ils t’abandonneront dans un laboratoire… tu sera la souris à disséquer des scientifiques…
- TAIS TOI !
- Et comme tu es une souris… je vais te manger.
Il s’approcha encore, retroussa ses lèvres, dévoilant des crocs acérés, bondit sur elle… et Mallie se réveilla en sursaut.

Elle était haletante, couverte de sueur, comme après avoir beaucoup couru par une trop chaude journée d’été.
Son premier réflexe fut de regarder ses mains. Elle décida immédiatement que si c’était des pattes, elle ouvrait la fenêtre de sa chambre en grand et sauterais. Bien triste pensée pour une fillette de son âge. Mais ses mains étaient tout à fait normales. Elle éclata en sanglots dedans.
Une fois sa crise de larmes passée, Mallie entreprit de se lever, pour aller voir si Titou était redevenu normal. Elle se leva et sortit de la chambre sans peine, y voyant comme en plein jour. Mais peut être que c’était la pleine lune… elle haussa les épaules et partit à la rechercher de son chat. Elle se doutait un peu que ce qu’il avait dit n’était qu’un rêve, comme sa métamorphose… parce que ce n’était tout simplement pas possible. Elle passa devant le miroir dont elle avait rêvé, celui qui lui avait montré un chaton noir apeuré avec de grands yeux roses et suppliants et s’arrêta devant, les yeux fermés. Il lui faisait un peu peur. Quand elle ouvrit les paupières… elle trouva devant elle une Mallie normale. Ou presque. Non, en fin de compte, pas du tout. Mallie faillit se mettre à crier.
Oh, elle était toujours une jolie petite fille mais… ce n’était plus elle. Exactement comme l’avait dit Titou dans son cauchemar… qui n’en était peut être pas un, finalement. Ses cheveux noirs avaient poussé d’au moins dix centimètre et lui descendaient maintenant en dessous de la taille. Ils avaient aussi un peu foncé, les faisant ressembler à une tache d’ancre dans une nuit noire au fin fond des abysses de l’océan. Noir noir noir. Plus noir que noir. Ses yeux… étaient restés roses. Avec la pupille d’un chat qui regarde dans l’obscurité. Ils brillaient un peu. Des oreilles de chat avaient remplacé les siennes. Ses ongles, elle s’en rendait compte maintenant, avaient également poussés, et, comme ses yeux, s’étaient teinté de rose, comme avec un vernis.
S’en fut trop pour Mallie. Elle cria à pleins poumons et courut voir sa mère. Elle faillit percuter une petite chose rousse. Le chat… Elle le prit dans ses bras et le secoua très fort. Elle voulait le faire souffrir. Tout ça était de sa faute, c’était évident… sans lui rien ne serait arrivé. C’est lui qui lui avait dit qu’elle serait un monstre quand elle se réveillerait. Il savait déjà tout à l’avance, parce que c’était lui qui avait tout organisé, avec son esprit vicié. Mais entre ses doigts, il restait comme un chat normal, poussant des miaulements plaintifs et terrorisés, regardant le sol avec un air pitoyable, comme s’il allait mourir… Mallie le reposa à contre cœur. Peut être qu’elle s’était trompée, en fin de compte. Au moment où elle allait continuer sa route, une voix fusa :
- Je te l’avais bien dit… Et c’est inutile d’aller voir tes parents, ils te prendront pour un démon. Tu remarqueras que pour l’instant je ne t’ai pas menti.
Mallie serra très fort les poings jusqu’à se faire saigner avec ses propres ongles, pris une grande inspiration et donna un grand coup de pied dans le chat. Il décolla littéralement, atterrit sur le carrelage et ne bougea plus, temporairement sonné.
Mallie se mit à pleurer encore plus fort.
Elle alla voir ses parents.

* * *

Ce fut une Mallie éplorée qui marcha résolument vers la forêt. Ses cheveux noirs noyaient son visage, cachant les larmes amères qui coulaient toujours, sans qu’elle puisse les arrêter. À ses côtés, un chat orange trottinait, lançant des mots avec une telle justesse qu’ils auraient du se ficher dans le cœur de la petite Mallie comme des poignard acérés. Mais il n’en était rien. Mallie ne l’écoutait même pas. Elle marchait, juste. Sans but réel. Il lui semblait que son âme était partie, qu’elle n’était plus qu’une coquille vide.

Oups , j'ai oublié de changer de compte . parav.




* * *





Ce fut une Mallie éplorée qui
marcha résolument vers la forêt. Ses cheveux noirs noyaient son visage, cachant
les larmes amères qui coulaient toujours, sans qu’elle puisse les arrêter. À
ses côtés, un chat orange trottinait, lançant des mots avec une telle justesse
qu’ils auraient du se ficher dans le cœur de la petite Mallie comme des
poignard acérés. Mais il n’en était rien. Mallie ne l’écoutait même pas. Elle
marchait, juste. Sans but réel. Il lui semblait que son âme était partie,
qu’elle n’était plus qu’une coquille vide. Le chat avait une fois de plus eu raison.
La prochaine fois, elle l’écouterait. Elle ne se demandait même pas pourquoi il
la harcelait ainsi. Mallie était partie après avoir entendu sa mère appeler les
pompiers et demander à son père ce qu’ils allaient faire tous les deux
avec un monstre. Monstre.


Monstre.


Mallie.


Au fond, ça sonnait un peu pareil.
Peut être en était elle vraiment un, de monstre ? Mallie ne voulait même
pas connaître la réponse à cette question là. La forêt était le premier endroit
auquel elle avait pensé. Elle avait de bons souvenirs de cette forêt. Elle la
connaissait, et savait qu’il y avait une petite cabane vide, au milieu. Elle
n’avait qu’à aller là bas. Dormir. Et après… aller droit, ne plus jamais
regarder en arrière. Toquer à la porte d’une église pour être adoptée, peut
être ? Ils faisaient comme ça dans les dessins animés. Ca marchait
toujours, et le héros vivait des aventures formidables avec de gentils parents.
Parents.


Elle marcha un peu plus vite.


La seule chose dont Mallie se
souvint nettement, après cette pensée, ce fut d’avoir poussé une petite porte
en bois. C’était tout.





* * *


Le cui-cui matinal des oiseaux tira la petite fille de son
sommeil réparateur. Les oiseaux …


Mais aussi la main fripée qui s’était posée sur son bras.
Mais … main fripée ? Mallie sursauta, complètement réveillée. Il n’y avait
personne dans la cabane ! Elle regarda partout autour d’elle avec un air
hagard, cherchant un quelconque « méchant », et une sortie, juste au
cas où.


Elle croisa le regard vert d’une trèèèèès vieille dame. Petite.
Frêle. Avec de beaux cheveux argentés qu’elle avait attachés en palmier au
dessus de sa tête, ce qui lui donnait un drôle d’air. Sa peau hâlée témoignait
de ses origines. La petite Mallie déduis qu’elle avait devant elle une vieille
tunisienne, marocaine ou algérienne. Dans ce coin là en tout cas.


La vieille avait l’air gentille.


Elle fit un grand sourire à Mallie, le sourire que vous fait
votre grand-mère en vous tendant une assiette pleine de crêpes qu’elle a
préparées avec amour juste pour vous. Un sourire qui réconforte.


Un sourire qui donne envie de pleurer.


C’est exactement ce que fit Mallie.


Elle fondit en larme dans les bras
de l’inconnue, en songeant vaguement qu’elle pleurait beaucoup.


Celle-ci la consola, très à l’aise,
comme si elle avait anticipé l’action de la petite fille. Ce qui n’était pas
improbable du tout.


Après s’être calmée, Mallie recula
un peu, gênée, et posa la question qu’elle aurait normalement dû avoir posé
depuis longtemps.


-
Qui … qui êtes vous ?


-
Tu peux m’appeler Mamy.


-
Mais… c’est même pas un prénom ça !


-
Et toi, petit chat, comment t’appelle tu ?


-
JE SUIS PAS UN CHAT !


Sans même le vouloir, Mallie
s’était mise à crier, couchant ses oreilles toutes neuves en arrière. La
vieille Mamy eut un sourire conciliant.


-
D’accord tu n’es pas un chat. Et tu n’as pas répondu à
ma question.


Mallie regarda Mamy avec un air
hésitant. Elle avait l’air gentille, mais sa… sa maman lui avait dit de ne
jamais dévoiler son nom aux étrangers, même s’ils paraissaient gentils.


-
Mallie.


-
Hmm… c’est un joli prénom, Mallie. Et qui es ton ami,
derrière ?


Mallie se retourna vivement. Son
ami ? Lequel ? Il n’y avait personne. Un miaulement plaintif attira
son attention.


Ah…lui.


Le chat.


Elle ne voulait même plus l’appeler
Titou. Cela faisait trop gentil. Et de toute évidence, il n’était pas gentil du
tout. Alors… comment l’appeler ? L’Autre ? Le Chat ? Lui ?
Ou tout ça à la fois ? Mallie secoua la tête sans même s’en apercevoir,
avant de répondre à la question de la vieille.


-
C’est pas du tout mon ami. Il m’aime pas, il s’amuse à
me faire toute triste pour que je pleure. Je savais même pas qu’il était resté
avec moi. Je veux qu’il s’en aille !


-
Et depuis quand es tu comme ça ? Ce n’est pas
vraiment habituel.


-
Je… je…


Elle se remit à sangloter. Mamy
hocha la tête.


-
Tu n’as pas de parents ?


Les sanglots de Mallie s’arrêtèrent
net. Ses parents. Un sourire amer, qui n’avait strictement rien à faire sur la
bouche d’une fillette de son âge tendit ses lèvres.


-
Je n’ai plus de parents. Ils trouvent que je suis un
monstre. Ils n’essaient même pas de comprendre ce qui a pu m’arriver.
D’ailleurs, je crois que j’ai même pas envie de savoir.


-
Ah ? Tu ne veux pas savoir. Dommage.


-
Pourquoi dommage ?


-
Parce que j’aurais pu te donner une ou deux réponses
sans trop me tromper. Bien que je n’ai jamais vu ça de ma vie.






Chapitre 2





-
Et donc ce serait… dans l’ordre des choses ?


-
Oui, c’est rare, mais ça arrive.


-
Comme un accident.


-
En quelque sorte.


-
Ma vie est un accident.


Mamy soupira et
leva les yeux au ciel… ou plutôt au plafond. Mallie était arrivée à ses sept
ans. Elle en avait maintenant treize et avait développé un répondant plutôt
déplaisant. Elle avait toujours le dernier mot, et se jugeait encore elle-même
comme un monstre.