Trompeuse quiètude

La mer s'était retirée, laissant luire au soleil le sol de sable humide, plus dur que celui de la Plage des Tempêtes, si solide sous les sabots, si rassurant.
Et si trompeur.

Les sables mouvants pullulaient en ce lieu intemporel, cet endroit où le monde, durant six heures, était aquatique, pour devenir terrestre les six heures d'après, ce monde où la vie et la mort dépendaient du bon vouloir d'une vague. Cette langue de sable couverte de mètres d'eau, de courants meurtriers à marée haute, parsemée d'entonnoirs glissants à marée basse.
Combien de chevaux s'étaient noyés ainsi, bloqués dans leur piège, à attendre la mort? Combien s'en étaient sortis pour jurer, grands dieux, qu'ils ne retraverseraient jamais cet endroit maudit?
Pourtant la Langue était le seul moyen pour aller de la plage des Tempêtes à la Crique sans s'infliger un pénible détour, et malgré les risques, ils étaient nombreux à l'emprunter.
Mais le danger guettait, tapi dans les trous de sables.

Liberty le savait, elle qui avait grandi ici, et c'est pourquoi elle trottait doucement, ses yeux noisette balayant le sol devant elle. D'expérience la meneuse des Étoiles savait que les sables mouvants se distinguaient par une couleur plus pâle à leur lisière, et elle entendait bien tirer parti de cette information. Ses sabots, avec l'aisance que donne une longue habitude, se posaient sur des zones certifiées sûres.
Elle était belle, cette femelle au trot à travers un paysage salé, cette femelle à la robe blanche, aux membres fins, au profil de pur-sang arabe et à la queue redressée. Elle n'avait rien à envier à ses frères, si ce n'était ce port de tête royal qu'arboraient les étalons et qu'elle ne possédait pas. Mais sa grâce, son intelligence, son regard pétillant compensaient amplement cet état de fait.

Liberty tourna la tête vers la mer qui étirait des vagues paresseuses et déduisit qu'il lui restait environ une heure et demie avant que la marée ne remonte. Un temps amplement suffisant lorsqu'on savait que la traversée, au trot, de la Langue ne prenait guère plus de dix minutes. Néanmoins et comme tout cheval sensé, la jument blanche longeait la paroi rocheuse, où le sol était presque entièrement sûr, et surtout, toujours sec. Une garantie de plus.
Soudain la femelle sentit une présence et ralentit pour ensuite s'arrêter. Un cheval se trouvait non loin...s'était-il aventuré sur la zone proche des vagues? C'était bien dangereux lorsqu'on savait que les sables mouvants y étaient plus nombreux...
Poussée par la curiosité et l'envie de s'assurer que tout allait bien, Liberty obliqua dans cette direction en lançant un hennissement d'appel, accueil, question et salut à la fois, cherchant à apercevoir l'animal.

Golden Honey se baladait tranquillement. Il n'était jamais allé à la Langue de Sable. Et comme il était assez jeune, il ne savait pas qu'il y avait des sables mouvants. Il trottait calmement, des fois se mettait au petit galop, mais tout de suite il se remit au trot. Il jouait avec l'eau, mais n'allait pas vers une zone profonde; il n'y avait que ses sabots qui étaient dans l'eau. Il se couchait, faisait des petits bonds dans tous les sens. Il goûta l'eau, mais fit un bond de côté à cause de ce goût salé.
*Pourquoi est ce que cette eau est elle salée ?*
Honey s'amusait comme les jeunes poulains, alors qu'il avait 4 ans ! Il entendit un hennissement. Il regarda partout, puis aperçut la jument. Il lui répondit, avança vers elle, puis s'arrêta :
"Bonjour,qui es-tu ? Moi, je suis Golden Honey. Que fais-tu ici ?"

( Désolé si ce n'est pas long, mais je n'ai pas trop d'idées... ^^')

[c'est très bien, t'inquiètes^^
Par contre, je réponds aujourd'hui mais ensuite, je suis en vacances jusqu'au 24 août environ donc il va y avoir un trou dans le RP^^]

L'étalon que Liberty aperçut au loin jouait comme un poulain, goûtant l'eau salée pour ensuite s'en écarter d'un bond, les yeux brillants de surprise. Il ne semblait pas comprendre pourquoi la mer était salée! La jument blanche, un sourire aux lèvres, prit le trot à travers l'eau, qui lui arrivait à mi jambe, pour rejoindre cet étalon...assez beau. Il était presque aussi blanc qu'elle, mais plus massif et épais, plus solide. Ses épaules plus fortes, son encolure plus rouée, sa stature générale plus puissante. Il ne semblait pas bien âgé, en tous cas pas autant que la jument blanche, qui allait sur ses huit ans. Cependant ce mâle possédait déjà une certaine maturité, dans ses prunelles brillantes, et portait beau, avec autant d'élégance qu'un cheval comme Equinox.
Liberty, qui n'avait pas eu d'autre compagnon depuis la mort de Sword, se prit à apprécier le physique, agréable à regarder, de l'animal. L'entendant arriver, ce dernier la rejoignit et se présenta d'un hennissement: Golden Honey. Liberty, à son tour, salua l'étalon. D'ordinaire elle se serait inclinée, avec les bonnes manières que lui avaient inculqué ses parents adoptifs, mais l'eau ici l'empêchait de le faire et elle se contente d'un signe de tête respectueux, avant de répondre, de sa voix toujours douce et chaleureuse:

"Enchantée, Golden Honey. Je suis Liberty, la meneuse du Clan des Etoiles."

Elle laissa passer un silence puis reprit:

"Je passe par ici pour m'éviter un grand détour par les montagnes. C'est en effet, avec les cols montagnards, le seul chemin possible pour se rendre de la Plage des Tempêtes à la Crique. Cependant, je ne compte pas trop m'attarder. Cet endroit est surprenant et beau, mais l'eau y monte vite avec la marée, en une heure environ, et les courants deviennent alors forts. D'autre part, les sables mouvants sont légion ici et quand on ne connaît pas, on court un risque."

Un bruit d'éclaboussure les interrompit. Une panthère gigantesque venait de rejoindre Liberty. Ses larges soles plantaires, adaptées à la neige, lui permettait d'avancer vite et efficacement sur le sol sableux, mais sa fourrure épaisse et dense était déjà trempée par l'eau. La panthère des neiges, au pelage blanc et noir, très contrasté, aux yeux vert émeraude, mesurait au garrot plus que Liberty. Il s'agissait d'un des Léopards Géants des Terres de Glace, ce Clan légendaire de félins immense, que les chevaux de là-bas combattaient autrefois.
S'ébrouant, Edelweiss riva sur le cheval inconnu ses yeux verts:

"Enchantée, je suis Edelweiss, l'animal-lié de Liberty."

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(Ok, c'est pasgrave ^^)
Golden Honey fut un peu surpris par Edelweiss.
- Enchanté de vous connaître, Liberty et Edelweiss. Euh... Je ne savais pas qu'il y avait
des sables mouvants ici ! C'est la première fois que je viens.
Il rêva. Il regarda l'horizon, puis sentit de l'eau
froide à ses pattes. Mais il s'en fichait. L'eau commençait à monter. Il y avait quelques vaguelettes
douces.
- Vous connaîssez depuis longtemps cet endroit ? Je le trouve magnifique.
Golden Honey regarda la panthère. Elle est grande !
Il s'avança un peu dans l'eau et secoua sa tête. Il regarda le paysage et semblait qu'il avait oublié qu'il y avait quelqu'un avec lui. Il ne parlait pas beaucoup.
Il rêva à nouveau. Il fixa un nuage d'une forme bizarre, et ne le quitta pas des yeux...

Liberty hocha la tête:

"Ils sont traîtres car très bien dissimulés. On peut parfois les repérer à leur texture: ils sont très mous. Seulement ensuite, il est réellement compliqué d'en sortir. Non pas qu'ils soient voraces, mais ils sont très dense au fond et donc, on reste coincé...et quand la marée remonte...bon, je ne vais pas te faire un dessin, tu as compris je pense.
En fait, ils sont surtout à partir de la ligne des vagues, là-bas."

Elle désigna d'un signe de tête un point, une ligne où se brisaient des vagues, sur la Langue déjà couverte d'eau. Liberty reprit:

"Là-bas il y a une barre rocheuse qui crée des remous, et les sables mouvants sont juste derrière ce rehaut, ou devant. Dans ses alentours, en fait."

Un sourire à la question de Golden. Il ne s'en rendait pas compte, mais il était plutôt pas mal cet étalon. Bien fichu, aurait-on pu dire, et visiblement loin d'être idiot. Alors Liberty accepta de poursuivre à la conversation en répondant à la question plus personnelle du mâle:

"Oui, je connais ce lieu de longue date, je suis née assez loin d'ici, mais j'ai grandi sur Wild Horses, de l'âge de huit lunes à aujourd'hui."

- Moi je suis né assez loin d'ici, et je n'étais jamais venu.
L'eau était froide, et elle lui arrivait déja aux genoux.
Il sortit de l'eau. Il aimait ce calme. Il se sentait mieux.
- Cet endroit me paraît calme, mais inquiétant.
J'ai l'impression que quelqu'un nous observe, mais je ne le crois pas.
C'est sûrement ce silence qui me fait croire ça. La mer monte vite.
Golden Honey regarda autour de lui, mais ne vit que Liberty et Edelweiss.
Golden retourna dans l'eau. L'eau lui arrivait toujours aux genoux. Il remonta un peu et se coucha dans l'eau. Il regarda l'horizon qui était si tranquille et paisible.

Liberty leva la tête:

"Peut-être est-ce un Ombre, un des dragons qui volent par ici, qui nous surveille. Ils vivent sur un sommet non loin de là, une montagne qu'aucun cheval n'a jamais osé explorer. Ce sont des prédateurs, les concurrents des léopards géants en termes de proies et de force, en réalité. On dit que l'espèce s'éteint, mais il en reste encore en vie, et crois-moi, leurs crocs ne sont pas ceux de vieux animaux décatis!"

Elle rabaissa la tête et acheva:

"Nous ne risquons rien, car Edelweiss est là. Les Léopards des Terres de Glace sont les seuls vrais prédateurs des Ombres, les seuls à pouvoir s'agripper à eux et les empêcher de décoller à nouveau. Si vraiment un Ombre vole là-haut, il n'osera pas venir jusqu'à nous."

Face à elle, Honey semblait un peu agité, sortant de l'eau, y revenant pour s'y allonger. Liberty le regardait faire, immobile, regardant les remous de l'eau dessiner sur la robe de sa nouvelle connaissance des motifs indéfinissables. Et puis, car la chaleur était désagréable et forte, la jument blanche fit comme le jeune étalon, c'est à dire qu'elle s'allongea. L'eau n'étant pas encore très haute, elle prit aussi la peine de se rouler un peu, puis, trempée de la tête aux pieds, resta allongée dans l'eau, face à Golden Honey:

"Quand il fait si chaud, on serait vraiment prêt à tout pour se rafraîchir un peu. Et encore! Il paraît que c'est déjà la sécheresse sur les terres du Clan du Soleil."

Edelweiss les observa sans rien dire, puis elle s'accroupit. Même ainsi, son ventre effleurait juste l'eau, tant elle était grande. Sa queue battit un peu derrière elle, soulevant des éclaboussures. C'est elle qui poursuivit la conversation:

"Tu dis que tu n'es pas né ici...c'était quel genre de pays? Chaud? Un grand pays? Vallonné?"

(je ne sais pas ce que veut dire "vallonné"; c'est quand c'est plein d'herbes, avec des vallées ^^?)
Edelweiss lui demandait comment était son pays :
- Il est assez grand. Il n'était pas chaud, mais pas froid non plus.
C'est déja la sécheresse sur les terres du Clan du Soleil ? Je n'aimerais pas y aller alors...
Golden se roula à son tour et secoua sa tête. Il éclaboussa partout,
et brillait beaucoup à cause de l'eau sur sa robe blanche. Honey pourrait rester toute la journée comme ça, couché dans l'eau plutôt froide ! Il frissonna un peu à l'idée qu'un prédateur les surveillait; mais grâce à Edelweiss, ils étaient protégés. Cela le rassura un peu.

[oui, un pays au relief plutôt doux mais varié quoi...collines et creux^^]

Aussi blancs l'un que l'autre, les deux chevaux étaient allongés dans l"'eau agréablement fraîche. Liberty, cependant, surveillait la marée, consciente du danger que pouvaient représenter les courants. Cependant et puisque pour l'heure, l'eau leur arrivait à mi-flanc lorsqu'ils étaient couchés, elle estima que les risques se révélaient minimes. pas de quoi s'inquiéter pour l'heure. Alors elle ne bougea pas. Lorsque Honey l'éclaboussa en se roulant, elle sourit et redressa un peu la tête pour agiter sa fine et gracieuse encolure. Malgré la sagesse qui brillait dans ses yeux, normalement apanage de la vieillesse, Liberty n'était pas bien avancée en âge, quoique plus une pouliche. Une jument adulte, dans la force et la fleur de son âge et de sa beauté, tout simplement. Elle ne pouvait pas le deviner, mais ceux qui la croisaient s'en rendaient compte: elle était belle. Plus belle qu'auparavant. Aussi jolie que la jeune et fraîche jument que Sword avait autrefois séduite, la naïveté en moins. A la mort de son compagnon, elle était devenue l'ombre d'elle-même. Mais, depuis, Liberty avait surmonté le deuil, laissé les souvenirs aimés se dissimuler au fond d'elle-même, et repris du poil de la bête. Elle avait remonté la pente, et aujourd'hui, éclatante de vitalité et de bonne humeur, était plus jolie que jamais. En fait, penser à Sword ne lui faisait plus mal, elle avait enfin accepté l'idée de sa mort et accepté d'aller de l'avant à nouveau. D'avancer, et peut-être, qui sait? D'aimer à nouveau.
Liberty écouta la description de Golden Honey, décida qu'elle ne connaissait pas ce pays, et répliqua avec le sourire à sa remarque sur les terres du Soleil:

"Oui, ce sont les terres les plus au Sud. Cela dit, mon propre territoire commence à ressentir aussi la chaleur. Mais le Clan des Étoiles possède un terrain plus boisé, plus frais et protégé de la sécheresse, moins à découvert que celui du Soleil. Quant à l'Ombre, l'été fera juste verdir les plantes. Il est trop au Nord pour que l'herbe brûle. Et la Glace...le Désert Blanc reste couvert de neige même au plus fort de l'été."

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