Liberty Fondatrice sadique et fière de l'être Rédactrice du Journal
Nombre de messages : 8130 Age : 30 Nom : Liberty, Black, Sun Star, Odyssée. Moi c'est Chamallow^^ Clan : Black chef de l'Ombre - Liberty fondatrice des Etoiles - Sun Star chef associé et fondateur du Soleil - Shiki et Odyssée solitaires Date d'inscription : 02/12/2006
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| Sujet: Chroniques d'un Vagabond Mer 8 Oct - 10:30 | |
| Chroniques d'un Vagabond
Je n'ai pas de nom. Je n'ai pas de nom, car je n'ai pas de maître. Aucun, quelle que soit sa nature. Je n'ai pas de nom, mais je suis connu. J'ai une réputation. Je suis Le Vagabond. C'est ainsi que me désignent les hommes d'ici, ils parlent de moi comme d'un mustang sauvage et indomptable, mais très étrange. En effet, alors que mes semblables évitent les hommes comme la peste, moi, je leur permet de m'approcher, cow-boys comme touristes, de m'approcher à moi d'un mètre, suffisamment pour prendre des photos ou m'admirer, plonger leurs yeux dans les miens. Je ne les crains pas, que peuvent-ils contre moi? Et puis, il faudrait déjà qu'ils m'attrapent. Mais qu'une corde fende l'air vers ma gorge, qu'une main effleure ma robe bicolore et je détale. Je suis libre. Personne ne m'attrapera. Ne me touchera. Jamais. Dans mon Wyoming natal, tous me connaissent. Qui n'a pas entendu parler du Vagabond? Je n'ai pas de harem, pas de jument, je ne convoite pas de groupe, je suis seul, et fier de l'être. Je ne crains ni les fauves ni les hommes. Un jour je suis ici, le lendemain je n'y suis plus. Il m'arrive de trotter à la lisière de la ville, de suivre la route au galop pour lutter de vitesse avec les voitures, et les hommes me suivent du regard, émerveillés, sans oser me capturer, ou même tenter de le faire.
Il m'arrive fréquemment de délaisser la poussière et l'herbe grasse de mes plaines natales pour aller observer les hommes qui vivent au ranch. Et mes semblables, les chevaux domestiques. Ils me voient, silhouette pie solitaire, à une centaine de mètres des corrals, ils m'appellent mais je ne m'approche pas plus. Je les observe, de loin. Il y a particulièrement, trois jument que j'aime bien. Trois perles de beauté, d'un point de vue humain comme équin. La première, Aube, est d'une robe alezane claire, presque rouge, avec des nuances de jaune, elle est fine comme un pur-sang arabe. La seconde, Rêve d'Eté, est une petite jument, assez typée espagnole, avec une tête légèrement convexe, une longue crinière ondulée, un équilibre naturel sur les hanches. Et la dernière...Beyond Hope est une jument à la robe cuivrée, couleur chocolat, et aux longs crins fins et couleur d'or. Je crois que les hommes appellent cette race un "rocky moutain horse". En tous cas, elle est magnifique. Je voudrais la rencontrer, depuis déjà des mois.
Un soir, je me décide. Un grand galop dans l'herbe grasse dont la senteur emplit mes narines, une dernière pointe de vitesse dans ce monde dont le cœur fait battre le mien, mes derniers instants de liberté avant de mettre à exécution mon plan. Me faire capturer. Plus précisément, venir offrir ma liberté aux hommes. M'approcher du corral où paissent Beyond Hope et ses amies, franchir la barrière -aisé-, y demeurer jusqu'à ce qu'on me trouve. En effet, je n'ai trouvé que cette solution pour, enfin, pouvoir côtoyer cette jument. Absoudre ma liberté, pour une jument.
Je m'approche. Cent mètres. De coutume, je m'arrête ici et les observe, statue vivante emplie de défiance. Cette fois-ci, je dépasse ce point. Un point de non-retour, pour moi. Mes muscles tressaillent, frémissent. Mon cœur bat, ses yeux brillent. Aujourd'hui, je prends un tournant dans ma vie. Un bond. Mon grand corps tacheté qui quitte le sol, franchit la barrière en une gracieuse arabesque, pour retomber de l'autre côté. Quelques foulées de galop, puis l'arrêt. Sous mon toupet alezan méché de blanc, mes yeux brun sombre détaillent les juments qui, d'abord surprises, se sont assez reprises pour me saluer de hennissements excités. L'une, Aube, s'enhardit assez pour venir m'effleurer d'un mouvement de naseaux, tendre et craintif à la fois. Puis c'est le tour de Rêve d'Eté. Puis, enfin, de Beyond Hope. Et, soudain, les questions m'assaillent:
-Comment tu t'appelles? -D'où tu viens? -C'est vraiment toi, Le Vagabond? -Tu es vraiment beau de loin...comme de près.
Ça, c'est de Beyond Hope. Elle me fixe, amicale, peut-être un peu plus, son toupet bien coupé lui arrivant au dessus des yeux, ses naseaux finement ourlés dilatés. Ses yeux! Des yeux de biche, langoureux, un regard de panthère, des iris ambrés lumineux, une prunelle noire perçante. Une flamme de bonté dedans. Je me noie dans ses yeux. Je voudrais ne jamais en sortir. Mais, après un dernier regard délicat, comme une fleur éphémère, elle se détourne et s'éloigne de quelques pas. Les hommes arrivent, ils me voient dans l'enclos et aussitôt ce sont cris d'admiration, de surprise. L'un d'eux s'approche de moi, une main tendue. Dedans, quelque chose de blanc. Je le lèche, prudemment. L'homme rit et me le place entre les dents. Ça fond sur la langue...Hmmm...je ferme les yeux, séduit. C'est délicieux. L'homme en profite pour me glisser un licol, prudemment, sur l'encolure. Je ne proteste pas, je baisse même la tête pour lui faciliter la tâche. Il sourit, ses amis lui lancent des quolibets tandis qu'il m'emmène, fier comme un paon. Ce qui m'agace. Il n'aurait pas tant fait le malin si je m'étais dérobé! On dirait que je n'ai été capturé que par son seul mérite. Alors que c'est surtout par ma volonté.
Il me laisse dans un box. Foin -cette herbe séchée, c'est étrange, mais bon- et eau à volonté. Je mange tout. La nuit tombe lentement, les ombres s'allongent pour finalement disparaître. Habitué aux longs galops dans la plaine bruissante, à la caresse de la lune sur ma robe pie alezane, au vent de la nuit qui souffle dans mes crins, à ma liberté enfin, je trouve le temps un peu long. Je manipule discrètement le loquet. Sans aucun bruit. Il s'ouvre, je pousse prudemment la porte et sort avec ce pas furtif qui caractérise les bêtes sauvages. Je lève les yeux, une fois dehors, vers la lune et les étoiles. Mes gardiennes. Mes amies. Je trotte vers les juments, la nuit, elles sont dans un pré séparé. Je bondis avec puissance, la barrière du paddock s'efface sous moi. J'atterris avec panache et tourne mon regard sombre vers Beyond Hope, qui recule d'abord, puis me sourit et me salue d'un hennissement étouffé. Elle semble vouloir parler, alors, nous nous éloignons un peu nous mettons face à la barrière, côte à côte, le regard perdu vers la plaine. Sa peau frôle la mienne, son souffle mêlé au mien...mon cœur bat si fort qu'il en pulse dans mes oreilles. Elle parle la première:
-Pourquoi as-tu fait ça?
Pile la question qu'il ne fallait pas. Je joue les ingénus:
-Fait quoi?
Elle me dévisage, et, en plongeant une fois de plus dans son regard d'or, je regrette de ne pouvoir m'y noyer. Et je sais que cela ne sert à rien de mentir. Elle sait parfaitement que j'ai compris. Mais c'est dur à expliquer. Elle insiste:
-Pourquoi? -Eh bien...je choisis mes mots, hésitant. C'est un peu compliqué... -Dis-moi...
Je prends une profonde inspiration. Je sais, raconté comme ça, ça fait un peu roman à l'eau de rose. Mais je vous promet, ça s'est exactement passé comme ça. Simplement, sur le coup, cela n'avait pas la même dimension. Je souffle, osant à peine prononcer les mots qui s'élèvent sous la voûte nocturne:
-Pour toi...parce que je t'aime...
Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça. Toujours est-il que c'est à ce moment là que je me suis rendu compte que c'était pour elle que j'avais accepté de perdre ma liberté. Elle m'observe, je vois bien que ces mots, par leur force et leur teneur, l'effraient. Mais je ne dis rien. J'espère juste avoir l'air sincère. Après...un petit soupir, et je sens ses naseaux dans le creux de mon épaule:
-Moi...aussi.
Je ferme les yeux, heureux et rassuré. Je ne doute plus de la justesse de ma décision. J'incline mon encolure, pose, à l'aveuglette, mes naseaux contre son encolure fine. La nuit passe ainsi, et nous sommes encore dans cette position lorsque le soleil se lève.
Bien sûr, c'était un peu crétin. A y repenser, je me sens si bête! J'ai honte, je me déteste.Quel mièvrerie! A force de vivre loin des autres je suis devenu si niais, si crédule que j'ai été heureux? J'ai été HEUREUX, lisez-bien! Heureux! Mais qu'avais-je en tête? Bref, revenons au récit...
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