Oriflamme Blanche [Whirl]

La mer se gonflait sous l'impulsion du vent, les vagues puissantes montaient puis s'effondraient sur le sable humide dans cet indescriptible bruit de ressac que tous les amoureux de la mer connaissent sans pouvoir en parler. Les murailles d'eau, encore assez basses, étaient frangées d'écume salée à leur extrémité, et le vent attisait leur force.
Sur la plage humide, une jument galopait, crinière au vent, queue dressée et flottant comme une oriflamme blanche. Elle courait, parfois si proche des vagues que leur écume blanche se mêlait au pelage immaculé de la jument, que le sel de leur eau se déposait sur la robe de Liberty en une fine pellicule blanche. Puis elle s'immobilsa et se tint immobile sous le ciel grisâtre mais pas morne, crins flottant dans le vent, vivante statue, comme une déesse sortie des flots.
Elle était belle, avec un corps d'une grâce peu commune, une robe d'une blancheur parfaite, sans aucun poil d'une autre teinte, des sabots fins et rosés, des yeux noisette emplis de sagesse et de bonté. Sa crinière, soulevée par le vent, dansait sur son encolure soyeuse, et ses naseaux ourlés humaient l'air iodé avec délice.
Elle détecta la présence d'un autre cheval, un jeune sans doute. Qui ne portait pas d marque particulière en ce qui concernait les Clans.
Solitaire, ou nouvel arrivant?

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Whirl marchait depuis des heures déjà. Heureusement, il n’avait croisé aucun prédateur en route. Ni aucun humain d’ailleurs. Son ancien troupeau l’avait rejeté, ne voulant pas avoir un petit poulain aussi énergique que lui à charge. De plus, il était inutile! Il n’avait que 4 mois et les autres ne cessaient de dire qu’il n’allait pas survivre. Mais c’était faux. Tourbillon était bien plus solide qu’il en avait l’air. Mais cette marche l’avait fatigué. Il était affamé, mais surtout assoiffé. Il avançait lentement, en boitant. Durant sa marche, il s’était fait mal à la patte. Des marques de morsures étaient présentes sur son corps. Whirl avançait toujours pourtant, il tenait bon. Et c’est là qu’il aperçut une jument. Elle n’allait pas l’aider, elle fera comme tous les autres et le repoussera. Il s’avança tout de même jusqu’à la plage. Finalement, à bout de force, il s’effondra. Le poulain était couché au sol, les yeux fermés, respirant lentement.

Liberty attendit un moment, immobile, qu'apparaisse le poulain porteur de cette odeur inconnue. Lorsqu'enfin elle le vit, silhouette indistincte se précisant au fur et à mesure qu'il s'approchait de la plage, elle voulut le saluer par un hennissement de bienvenue. Mais son cri ne franchit pas ses lèvres. Liberty fronça les naseaux, indécise.
Elle distinguait mal le petit, il était dos au soleil et trop loin, pourtant elle se rendait bien compte que quelque chose clochait. Le poulain semblait à bout de forces, et, lorsqu'il se fut un peu approché, Liberty s'aperçut que sa démarche était inégale. Il boitait.
La jument blanche fit quelques pas, décidée à aller à la rencontre de ce petit, mais a peine avait-elle avancé un sabot que le jeune animal, ses sabots foulant le sable, s'effondrait. Un instant, la jument hésita de nouveau. Il paraissait bien mal en point, et n'était pas de son Clan. Un cheval comme Black aurait abandonné le petit à son sort. Mais l'instinct de mère de Liberty prédominait. Elle s'approcha au grand trot, puis au galop, déterminée à venir en aide au jeune.
Lorsqu'elle parvint près de lui elle retint son souffle et plaqua les oreilles en arrière. Pas étonnant qu'il boite, qu'il paraisse affaibli! Le poulain était couvert de morsures.
Liberty le flaira doucement. Il était vivant. Faible, mais vivant.
La jument s'éloigna au galop, elle savait où trouver des herbes médicinales, certes pas miraculeuse et moins efficaces que celles qu'on trouvait à l'intérieur des terres, mais déjà suffisantes pour redonner des forces à ce petit, et panser ses blessures.
Elle revint vite, une poignée d'herbes entre les dents, les laissa tomber près du jeune, et, baissant la tête, souffla sur le poulain afin de lui signaler sa présence, puis lui donna un petit coup de museau, afin qu'il se réveille.

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Whirl était toujours conscient mais il avait les yeux fermés. Il respirait lentement et avec difficulté. Malgré la résistance du poulain, il était à bout de force et il devait manger et boire s'il ne voulait pas y rester. Mais ici, il n'y avait que du sable. Bien sûr, c'est la plage! Et l'eau de la mer est salé, ce qui assèchera encore plus sa gorge. Non, c'était une mauvaise idée de la boire. Soudain, il sentit un souffle chaud sur son encolure. Il reçut un petit coup de museau, pareil à ceux que lui donnait les autres chevaux, mais eux s'était moins doux, beaucoup plus brusque. Des souvenirs remontèrent dans la tête du petit. Tourbillon s'agita, bougeant ses pattes, donnant des coups dans le vide. Il ouvrit les yeux et aperçut une jument. Il tenta de se relever mais en fut incapable. Whirl ne pouvait pas se sauver, donc il opta pour l'offensive : il montrait les dents et donnait des coups dans le vide.

Liberty sourit lorsqu'il rouvrit les yeux. Il n'était pas encore trop tard. Puis elle recula un peu pour éviter de se prendre un coup de sabot dans le nez. Précaution utile, le nez saiognait si facilement chez les chevaux! Mais elle fut vite rassurée: le poulain manquait de force, et ses sabots, s'ils touchaient parfois la reine du Clan des Etoiles, ne lui causaient rien de plus qu'un léger choc, sans douleur.
Liberty, sans crainte, baissa de nouveau la tête et frotta ses naseaux contre ceux du poulain, en soufflant doucement par le nez: manière de le rassurer, de lui assurer qu'elle n'avait pas d'intentions belliqueuses, et manière aussi de faire connaissance. Puis elle lui dit, d'une voix douce, et apaisante, lui présentant les herbes:

"Mange-cela, il faut que tu reprennes des forces."

Elle recula de quelques pas pour ne pas effaroucher le jeune qui, à en juger par sa réaction, avait dû vivre des moments désagréables en présence d'autres chevaux. Puis, ses yeux noisette rivés sur Tourbillon, elle attendit qu'il avale les herbes qui diminueraient sa douleur et lui permettraient de se lever, et de marcher jusuq'à un endroit qu'elle connaissait, au creux d'un rocher, où un peu d'eau s'écoulait en goutte à goutte. Une eau légèrement croupie mais potable.

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Whirl se battait toujours dans le vide, donnant coups de sabot après coups de sabot. Mais chaque fois, ils diminueaient en force. Finalement, épuisa, il laissa retomber ses pattes. Il montrait toujours les dents mais ça ne semblait faire aucun effet sur la jument qui, au contraire, se rapprocha. Elle posa ses naseaux contre les siens, soufflant doucement à l'intérieur. Le poulain se radoucit un peu mais il avait toujours les oreilles couchés vers l'arrière. Puis elle lui présenta de l'herbe. Il ne se fit pas prier : Tourbillon sauta dessus et la dévora! Il était affamé! Ses forces revenaient peu à peu mais il avait besoin de boire. La seule eau qu'il y avait ici, c'était la plage... Il se releva lentement en fixant la jument.

Liberty observa le jeune qui se nourrissait, remarquant au passage la frénésie avec laquelle il s'était jeté sur la nourriture. Elle sourit pour elle-même: il parraissiat affamé, mais ici, il n'y avait que des herbes de plage, dures et peu nourissantes, ou bien, à marée basse, des algues, très salées, mais qu'il était possible de rincer. La jument blanche attendit que le poulain aie fini de se sustenter pour lui déclarer:

"Suis-moi, pas loin d'ici je connais un endroit, au bord des rochers, là-bas, où tu pourras trouver un peu d'eau douce."

Elle prit le pas vers cette zone où une falaise rocheuse s'enfonçait dans la mer. L'eau se trouvait là-bas, dans une sorte de caverne, difficilement accessible à marée haute, mais la marée ici était relativement basse. Elle fit quelques pas, se retourna:

"Au fait, comment t'appelles-tu?"

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Whirl observait toujours la jument, guettant sa réaction. Il observait avec attention chacun de ces gestes. Il écouta attentivement ce qu'elle dit. De l'eau potable? Tout près d'ici! Il dressa les oreilles. Mais qu'est-ce qu'elle attendait pour lui montrer où c'était? Il mourait de soif! Finalement, la jument se mit en marche. Tourbillon attendit qu'elle prenne un peu d'avance avant de la suivre, trois-quatre mètres derrière elle. Quand elle s'arrêta, il fit la même chose, n'osant pas s'approcher plus.

- Whirl, répondit-il simplement.

Liberty hocha la tête. Le jeune cheval parraissait peu confiant, et elle n'osait pas s'approcehr davantage, de peur de l'effaroucher. Malgré le fait qu'elle soit mère, et sa tendresse naturelle qui inspirait volontiers confiance, la meneuse n'était pas forcément très à l'aise avec les poulains comme celui-ci, seul, sans doute perdu...Elle prit le temps de répondre:

"Moi c'est Liberty."

Puis elle se retourna et reprit son pas assez lent, se doutant que le jeune ne la suivrait pas de près, mais de loin. Elle ne s'arrêta pas jusqu'à la source. La marche n'avait duré qu'une dizaine de minutes, pourtant lorsqu'elle se planta près de l'eau dont la fraîcheur l'attirait, elle se rendit compte que le soleil tapait fort. Le poulain devait souffrir le martyre.
Se souvenant qu'il restait à quelques mètres d'elle, elle recula, de manière à laisser une distance de trois ou quatre mètres entre elle et la source, afin que le jeune puisse boire sans être gêné par sa présence.

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Whirl hocha doucement la tête lorsque la jument parla. Elle s'appellait Liberty. C'était un beau nom. Il aimait bien. Quand elle se remit finalement en marche, il la suivit, impatient de trouver cette fameuse source! Il avait soif, très soif, et le soleil était haut dans le ciel. Il n'avait rien bu de toute la journée! La dernière fois, c'était hier matin! Autant dire presque deux jours sans eau avec un soleil de plomb... Liberty s'arrêta. Ils étaient arrivé? Le poulain ne mit pas long à s'en apercevoir : il entendait le glouglou de l'eau. Dès qu'il aperçut la source, Tourbillon se jeta dedans. Il avait goulûment le délicieux liquide qui lui coulait de chaque côté de la gueule. Ah! Comme ça faisait du bien! Il sentait déjà ses forces revenir. Il sautillait joyeusement dans l'eau, oubliant l'instant d'une seconde la présence de la jument.

Une lueur d'attendrissement dans le regard, Liberty le regarda patauger. Il semblait si heureux, si soulagé! Pour un poulain aussi jeune que lui, la route avait dû être dure...La jument blanche s'interrogeait aussi sur les causes qui avaient poussé ce jeune à errer seul, à un âge où normalement les poulains restent auprès de leur mère.
La jument brûlait de le questionner, mais elle se contint. Au vu de la méfiance du jeune cheval, si elle l'interrogeait trop brutalement, il risquerait de se refermer sur lui-même comme une huître.
Liberty sourit: il était si mignon, pataugeant dans l'eau avec ravissement! Il lui rappelait un peu sa propre fille, Odyssée...Sa propre fille, devenue amie avec Stelmaria, qui avait quitté le Clan des Etoiles pour celui de l'Ombre. Qui avait trahi son Clan. Trahi sa mère aussi. Et puis elle était revenue, il y a peu...
Liberty secoua un peu la tête, pour chasser ces pensées comme elle aurait chassé des insectes indésirables.

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(Désolée du retard, 'ai pas d'inspi :S)

Oubliant la jument, Whirl pataugeait joyeusement dans l'eau, éclaboussant tout ce qui se trouvait près de lui. Il but quelques dernières gorgées d'eau, puis, rassasié, il se remit à jouer. Il faisait particulièrement chaud aujourd'hui et une bonne baignade ne lui ferait que du bien! Le poulain faisait des galipettes, des roulades et toutes sortes d'acrobaties dans le petit cours d'eau. Ahh !! Comme l'eau était bonne !! Il plaignait tous ceux qui était "dehors", au gros soleil.

Liberty sourit en le voyant jouer avec tant d'énergie. Le petit était si attendrissant, dans sa candeur, la force de sa jeunesse, sa vitalité! Sa dignité de chef, son rôle la retinrent un instant, mais bientôt elle balaya toutes ses réticences. Se cabrant, encolure rouée, crinière au vent, elle rejoignit le jeune et pataugea à ses côtés, sa robe blanche se tachant d'écume claire, virevoltant comme une pouliche, jouant avec le poulain comme aurait pu jouer un autre bébé.

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Whirl faisait des petits sauts de lapin, s'éclaboussant en même temps, lorsqu'il aperçut la jument se cabrer et venir jouer avec lui dans l'eau. Couchant les oreilles sur son crâne, il se cabra en henissant. Il recula un peu mais toucha bien vite quelque chose de dur. Mauvais côté! Le poulain passa à côté de la jument et sortit du cours d'eau au galop. Il s'arrêta quelques mètres plus loin, fixant Liberty.

La jument lui rendit son regard. Toujours cette paix, ce calme dans ses yeux. De l'eau jusqu'à mi-canon, sa robe blanche mouillée d'écume claire et d'eau salée, ses crins humides agités par le vent, on aurait dit une statue, un cheval mythique venant de la mer, comme les chevaux de Neptune. Immobile, silhouette blanche sur le ciel bleu, regard noisette pénétrant et corps fin, Liberty était superbe.
Lorsque le poulain s'éloigna elle le laissa faire, ne chercha pas à le suivre. Cela n'aurait fait que l'effaroucher davantage. Il faudrait sans doute du temps pour que le jeune retrouve confiance en ses semblables, Liberty avait voulu aller trop vite. La jument, comprenant que son regard perçant le dérangeait peut-être, se détourna légèrement frappa l'eau du sabot, jouant, pataugeant comme un poulain l'aurait fait.
Chef ou pas, elle avait bien le droit de s'amuser non?

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