Briser le reflet [Eau Pure]

Lost in the darkness,
hoping for a sign
Instead there is only silence,
can't you hear my screams?
Never stop hoping
Need to know where you are,
but one thing is for sure,
you're always in my heart

Somewhere - Within Temptation

Ses yeux couraient au gré du ruisseau, suivant les reflets moirés nés des ondulations de l'eau qui filait, inlassable, dans un glouglou de soie et de papier froissé, sous la clarté chaude du soleil printanier. Les dernières traces de neige, évaporées depuis longtemps, n'avaient laissé leur empreinte que dans la profondeur des rivières en crue, et ce tout petit ruisseau ne faisait pas exception, roucoulant avec un bel entrain. Une clarté verte et limpide tombait des ramures, faisant comme un halo au soleil éclatant qui illuminait le centre de la clairière et allumait dans le pelage gris fumée, sombre et pommelé, de Shiki mille petits reflets qui soulignaient sa musculature et ses cicatrices de jeune combattant.
Jeune chef et jeune guerrier, jeune célébrité en tant que nouveau Thar du Clan de Glace, Shiki accumulait les qualificatifs. On murmurait sur son mentor, le sulfureux Black Hole, ou sur ses origines, on chuchotait dans son dos et on se demandait ouvertement s'il portait dans son sang la Malédiction qui oppressait depuis toujours la lignée des Thars du Clan de Glace, cette insatiable soif de sang ressurgissant dans la lignée tous les siècles. Stelmaria avait été la dernière Maudite en date, avant sa mort, et son petit-fils ne sentait en lui que les échos de ce sortilège qui s'était rendormi pour une centaine d'années.
Il était grand et osseux, solidement bâti comme son grand-père Equinox, le fils de Devil, doté du panache de son élégant père et de la robe grise et soyeuse de sa mère, la solitaire Odyssée, combattif et ouvert tout à la fois. Il était Thar à un âge jeune encore, et combattant respecté qui commençait à se faire un nom. Tout souriait à ce jeune prodige de la génération montante.
Sauf qu'il était seul.

Point dépourvu d'amis, Shiki était néanmoins démuni et esseulé depuis le dernier drame en date, celui qui avait vu succomber Stelmaria, sa grand-mère, son grand-père Equinox et son père Aglow Star en même temps que Nathanaël, leur meurtrier. Et Moondance.
Un éclat dans l'eau, une couleur dans l'air, tout lui rappelait Moondance certains jours. Et c'était l'une de ces journées, radieuse, printanière et pourtant ô combien pesante par les souvenirs qu'elle lui imposait...dans l'eau, Shiki ne voyait pas se refléter les hautes ramures de la forêt proche. Il voyait la robe dorée, la crinière argentée et grise, les pommelures ivoirines de sa compagne, ses courbes parfaites et ses longues jambes gantées de soies brune. Il voyait le regard taquin de Moondance quand il l'avait poursuivie, par jeu, entre les hauts rocs du Dédale. Et la moindre de ces sensations lui donnait le sentiment d'avoir le coeur déchiré, lacéré, à vif.
Elle était morte.
L'amour de toute son adolescence et le début de sa vie adulte, la belle, l'incroyable Moondance, la fille de Hell Demon élevée au sein du Clan du Soleil par Sun Star, la Nomade au chevet de laquelle il n'avait pu que pleurer tandis qu'elle lui transmettait son pouvoir avec son dernier souffle.

Soufflant pour dégager ses yeux de son long toupet noir de jais, Shiki s'approcha à pas lents du petit ruisseau dans lequel il distinguait tant de souvenirs heureux et tant de solitude, pour s'y abreuver. Son museau troubla l'image et il ferma les yeux pour ne pas croiser son propre regard, qu'il savait sombre et chagriné, tandis qu'il buvait à longs traits.
Il avait beau savoir qu'il lui fallait tourner la page, passer outre la souffrance, se relever et continuer à grands pas en laissant le temps voiler la blessure de poussière à défaut de la cicatriser, il ne pouvait oublier. Il avait beau savoir qu'il lui fallait cesser de la voir partout, briser le reflet avant qu'il ne se forme et croire aux années qui guériraient sa plaie vive, l'absence demeurait mordante et la solitude pire encore. Il avait beau savoir, il l'avait aimée.
C'est en redressant la tête et en rouvrant les yeux, le menton parsemé de gouttelettes étincelantes dans la clarté aveuglante du jour, que le jeune chef s'aperçut qu'il n'était pas seul.

"Bien le bonjour. Vous êtes ?"

Invité

C'était une des journées de printemps où je voulait le plus connaitre mes parents. Rancunière ce matin, je décida d'aller manger un peu à la clairière enchantée. Le doux parfum saisonnier me rappelait le premier lieu que j'ai vu il y a deux ans. Ce n'était pas ici, mais l'odeur était identique. J'ai deux ans aujourd'hui. Je n'ai pas vraiment de souvenirs de mes parents. Évidement, à cause de la disons ... situation. Mes parents, n'étant plus de ce monde, veillent sur moi, je le sens. Je serai, quand même, toujours un peu craintive de me lier d'amitié avec un autre cheval ( ou une autre jument ) de peur de le perdre...

Je continua de marcher jusqu'au petit ruisseau. J'avais soif. Très soif. Je plongea mon museau noir dans l'eau froide. Il y avait encore un peu de glace mais pas beaucoup. Quand je fût désaltérée, je retira mon nez de l'eau. En regardant mon reflet, crinière au vent, je m'aperçu que je n'étais pas seule...Un autre cheval était juste à côté de moi et regardait en me parlant. Sans avoir vraiment compris ce qu'il avait dit, je pris la fuite. Je ne fais plus vraiment confiance aux autres maintenant. Encore au grand galop je regarda s'il me suivait.

Shiki fut déconcerté de voir la jument - c'était probablement une femelle, au vu de son physique léger - s'enfuir au grand galop alors même qu'il ne lui avait adressé que quelques mots. Certes, les chevaux étaient particulièrement nerveux ces derniers temps, avec la maladie qui, murmurait-on, se répandait doucement et la toux qui secouait, insidieuse, le territoire, mais c'était là une sensibilité plus qu'extrême. Un instant, en un éclair, l'image de son père Aglow Star se dessina dans l'esprit du jeune chef, Aglow Star et ses crises démentielles au cours desquelles le moindre geste déclenchait des réactions disproportionnées : le sceau de la Malédiction sur le fils de Stelmaria...
Disproportionnée, la réaction l'était !

Elle n'alla pas bien loin avant de jeter un oeil par-dessus son épaule charbonneuse et, croisant ses yeux, Shiki esquissa un sourire rapide, désireux de rassurer cette jument manifestement jeune et méfiante, encore peu musclée et sans les cicatrices sur la peau et au fond des yeux que finissaient par porter tous les adultes, au gré de leurs combats.
Durant les quelques secondes qui venaient de s'écouler Shiki avait, d'instinct, ramassé sous lui ses postérieurs et contracté sa musculature puissante, accoutumée aux démarrages fulgurants et aux esquives des batailles, des affrontements auxquels il s'entraînait sans relâche auprès de son discuté et discutable mentor. Le jeune étalon gris n'eut donc aucun mal à détendre comme un ressort ses membres et son dos pour se ruer en avant et, forçant sur ses muscles refroidis par sa longue pause, sur son souffle qui gonflait ses naseaux et son vaste thorax, luttant tout à la fois contre la pesanteur et l'air qui faisait claquer sa queue noire et luisante, il allongea le galop au plus fort de ses capacités.
Tandis qu'il luttait ainsi pour rattraper la fuyarde, il poussa un hennissement puissant :

"Je ne te veux pas le moindre mal !"

Invité

Toujours au galop je le repéra à ma poursuite.

« Je ne te veux pas le moindre mal » hennissait l'étalon ( je l'ai sût grâce à sa voix ) gris fumé.

Je m'arrêta sec, mais je glissa un peu sur mes pattes arrière pendant mon arrêt. Je fit demi-tour pour m'excuser d'avoir fuit.

« Je suis désolée » ,dis-je en baissant un peu la tête, « C'est comme un peu un réflexe...Je me méfis quand même beaucoup des autres...Longue histoire... »

Je marcha doucement vers le ruisseau. Je me pencha vers celui-ci et je répondit :

« Je suis...»

Je releva ma tête pour continuer ma phrase en lui parlant dans les yeux.

« Je suis Eau Pure. » dis-je d'une voix très douce.

Malgré ma ''craintivité'' éternelle, je suis capable d'être gentille et calme. C'était un peu étrange de ma part car il est rare que je m'adoucis si facilement. Il a dût gagner ma confiance en me disant qu'il ne me voulait pas de mal. Il faut croire que j'ai gagné en maturité depuis ces quelques années. Je me sorti de mes pensées en le regardant toujours dans les yeux, sans rien ajouter.

La voyant ployer la croupe et presque déraper en s'arrêtant, Shiki se redressa à son tour et c'est au trot qu'il parcourut les derniers mètres la séparant encore de cette petite jument au regard perdu. Regard qu'il ne put croiser, car l'inconnue, tête basse, présentait ses excuses pour son étonnante fuite, invoquant la méfiance et un passé que Shiki devinait assez sombre.
L'étalon gris souleva une oreille.
La vieille histoire ! Il s'étonnait toujours de voir des chevaux parvenir à garder foi en leur espèce, en leur monde et son fonctionnement, au milieu de tous ces orphelins, tous ces chevaux sans repères, sans parents ou sans amour, tous ces animaux errant dans un monde qu'ils ne prétendaient même plus contrôler. Ils étaient nombreux, les coeurs rayés, les pieds-bots des relations, à arpenter les terres qui l'avaient vu naître. Ils restaient debout tant bien que mal, certains plutôt mal que bien, et ils continuaient leur route avec constance et l'entêtement de la vie qui continue, envers et contre tout. Et certains, parfois, accédaient à un nouveau soleil.
Ne saurait-il pas prendre exemple sur eux ?

Sans répondre, l'étalon gris suivit la jeune femelle jusqu'au ruisseau et lui fit face tandis qu'elle poursuivait sa phrase tout en s'abreuvant. Il se trouva ainsi aux premières loges quand elle redressa la tête, l'eau coulant encore au long de ses vibrisses et de ses naseaux finement ciselés tandis qu'elle le dévisageait et reprenait la parole. D'hésitante, haletante, sa voix s'était faite étonnamment douce, avec des harmonies délicates, féminines et rassurantes qu'il n'avait jusqu'ici entendues que chez très peu de chevaux.
Et Shiki songea que, débarrassée de sa timidité, cette jument ferait des ravages...y compris dans la sphère politique si l'envie lui en prenait et si un mentor décidait de raffiner ses talents d'oratrice, ciselant la douceur pour lui imprimer de la force et débarrassant cette jeune femelle de sa gangue de crainte.
Un peu troublé par ce moment étrange où l'on aperçoit, sous la cape discrète et terne qui le camoufle, un être en devenir comme un papillon à travers une chrysalide, Shiki laissa quelques secondes passer avant de se présenter à son tour. Ses yeux gris acier, foncés, brillants et amicaux pétillèrent en se plongeant dans les rares iris noirs de son interlocutrice et sa voix s'éleva, plus mâle et affirmée depuis quelques années :

"Moi je suis Shiki.
C'est peut-être un bon réflexe, même ici, quand on n'est pas vraiment un combattant...je n'ai pas ce souci, je suis désormais capable de me défendre. Mais un peu de prudence ne desservira jamais personne.

Tu n'es pas ici depuis très longtemps, je me trompe ? - il étendit l'encolure jusqu'à une distance raisonnable et flaira brièvement, de loin, la jeune jument. - Tu portes un peu l'odeur du Clan du Soleil, mais plein d'autres aussi, et celle-là est faible."

Invité

J'ai dût attendre quelques secondes avant de pouvoir entendre la suite. Lorsqu'il me parla enfin, je ne l'ai pas vraiment suivit. J'ai seulement compris son nom! Il continua à parler. Lorsqu'il devine ma récente présence parmi le Clan du Soleil, je lui répondit:

« Effectivement, j'ai rejoins le Clan du Soleil il y a deux semaine. » dis-je, toujours avec une vois douce ,mais avec un regard plus joyeux, plus pétillant.

Tout en respirant l'air frais, je sentis l'odeur du membre du Clan de Glace. Je ne suis peut-être pas expérimentée, mais je pense que c'est Shiki, l'individu qui est devant moi qui est un membre du Clan de Glace. Je n'ose pas lui dire que je crois qu'il est un Thar, je n'ai pas du tout envie qu'il me prenne pour une folle!

Aucun de nous brise le lourd silence qui pèse. Malaise. C'est alors que je décide de sauter par dessus le ruisseau. Je me prend de l'élan et je saute quand même haut. Je me surprend moi-même. Je n'ai jamais sauté aussi haut. Je me retourne ensuite vers lui en tournant fluidement, fidèle à mes habitudes.

Et soudain, elle semblait plus heureuse, pétillante et presque pétulante, comme revigorée par la mention du Clan du Soleil. Sa voix n'avait pas changé, mais c'étaient ses yeux qui brillaient et faisaient sourire ceux de Shiki, heureux de ce revirement de situation et de voir cette tension soudain s'enfuir dans un sourire. Alors, lui lui rendit ce sourire et sa voix grave se para d'une nuance plus chaude tandis qu'il reprenait :

"Moi, je suis plus au Nord...je viens du Clan de Glace, je lui appartiens depuis ma naissance !"

Dire qu'il lui appartenait n'était pas qu'une image...les liens entre la lignée des Thars et les immenses plaines gelées n'étaient pas un mythe et remontaient plus loin que mémoire de cheval. Shiki, depuis sa plus tendre enfance, se sentait comme membre de ces terres au même titre que les hauts sapins de la Forêt des Cascades ou les lacs scintillants et gelés de la chaîne de montagnes proche. Il avait appris la dangerosité et la beauté sauvage du Grand Nord, la morsure du froid et la chaleur du premier soleil de l'année, le vent et le blizzard qui gèlent les crins et les cils, le sol spongieux de la toundra ou gelé en hiver, les prédateurs et l'herbe qu'on gratte péniblement sous le manteau neigeux. Il connaissait les terrains de chasse de ses alliés les léopards et avait plus souvent qu'à son tour tenté l'escalade des plateaux rocheux proches.
Il avait parfois le sentiment que les Terres de Glace, leur vitalité sauvage, leur magie parfois, coulait dans ses veines au même titre que son sang. Auprès d'elles, il se sentait bien, heureux, apaisé...cela n'avait jusqu'ici été vrai nulle part ailleurs.

Au gré de ses réflexions, Shiki avait laissé retomber la discussion et nos deux protagonistes se trouvaient désormais dans la désagréable situation où chacun songe qu'il faudrait dire quelque chose, sans savoir quoi dire et sans en éprouver l'envie. Et, comme les animaux sociaux qu'ils étaient, ces deux chevaux éprouvaient la même tension et le même malaise de voir ainsi le silence s'éterniser et menacer à chaque instant davantage le fragile équilibre de cette conversation avortée.
Aussi la diversion de la jument fut-elle la bienvenue quand - pourquoi ? Shiki n'en savait rien - elle décida de bondir par-dessus le ruisseau et y parvint avec brio.
Souriant de l'exubérance soudaine de sa fuyarde d'il y avait quelques minutes, Shiki recula de quelques pas et à son tour se ramassa puis étendit son grand corps gris et musclé, pommelé aux épaules et aux flancs. Ses membres gantés d'anthracite et de noir battirent l'air ; le vent joua avec ses crins lustrés et il atterrit de l'autre côté avec grâce, la tête toujours droite. Le soleil vint jouer sur ses pommettes gris charbon tandis qu'il tournait un regard amusé vers la jument :

"Joli saut ! Tu fais ça souvent ? "

Invité

Je regardait le jeune étalon lorsqu'il sauta pour me rejoindre. Il m'adressa la parole:

« Joli saut ! Tu fais ça souvent ? » dit-il.

Je hocha la tête en guise de réponse.

« J'aime sauter, sentir le vent dans ma crinière. Je me sens libre, même si on les déjà mais, c'est différent. Bref, je n'ai jamais sauté aussi haut. »

Je me mis à trottiner autour de lui, avec un regard amusé. Puis je me mis à galoper, mais cette fois, avec plaisir. Ce n'était pas un galop pour fuir, mais plutôt pour...simplement pour galoper librement avec plaisir. Je m'arrêtas sur une petite butte. Je me sentis tellement libre que, dans un élan de fierté, je me cabras.

Mais le provoquait-elle au jeu, à trottiner ainsi autour de lui d'un air amusé et presque mutin ? Shiki, souriant du regard joueur de la petite jument, se sentait à son tour devenir d'humeur badine. Ses yeux pétillèrent tandis que le grand étalon se ramassait pour se cabrer à demi, frappant avec force le sol de ses deux antérieurs en retombant. Il resta immobile une fraction de seconde puis, arquant l'encolure, entama un trot dansant, levant haut ses genoux soyeux et gantés d'anthracite.
Quand Eau Pure détala au galop, l'étalon se tendit comme un arc et choisit de lui laisser quelques secondes d'avance, puis bondit à son tour et allongea son grand corps comme il l'avait appris, pour maximiser sa vitesse. La jument était rapide ; il ne parvint pas à la rattraper avant qu'elle n'escalade une petite butte au sommet de laquelle, toute plein d'exubérance, elle se cabra.

Souriant de la fierté de cette nouvelle plus si timide que cela, Shiki, à son tour, se dressa sur ses postérieurs. Au pied de la butte, il était plus petit qu'elle quand elle était cabrée mais arrivait à sa hauteur quand lui se cabrait et elle non. Arquant l'encolure avec un air sauvage, les naseaux dilatés et la crinière dressée comme une crête sur son encolure musclée, le jeune Thar boxa l'air de ses pieds antérieurs, à la fois pour garder l'équilibre et pour s'amuser, jouer de ses épaules et jouir de la force de ses jeunes muscles.
Ils roulaient sous un poil soyeux, gris argenté et sombre, qui s'alluma de mille reflets moirés à la lueur du soleil quand le jeune mâle se laissa retomber et sourit à Eau Pure :

"Et tu sais te battre ?"

Invité

Je le regardait quand il s'est levé sur ses deux pattes postérieures et quand il fouettait l'aire avec ses deux pattes avant. Quand il se laissa retombé sur ses quatre membres, il s'avança vers moi, sourire aux lèvres.

« Et...Tu sais te battre? » me demanda-t-il.
Moi: « Non et je ne veux pas me battre »

Mon regard apeuré reprit le dessus. Je fit quelques pas de reculons avant de galoper vraiment vite. Le plus vite que je pouvais. Je galopa vers le virage et me cacha à travers le peu d'arbres qu'il y a dans ce coin.

*J'espère qu'il ne me trouvera pas, je ne sais pas me battre. J'ai aucune chance contre lui. Dire que je lui faisait presque confiance...*

Shiki sentit l'atmosphère de la rencontre changer du tout au tout et la posture d'Eau Pure exprimer soudain la peur, la crainte, la méfiance. La jeune jument recula à pas précipités puis volta pour s'enfuir au galop, laissant sur place l'étalon gris qui n'avait pas pensé déclencher un tel cataclysme. Celui-ci aurait même pu, s'il avait été un personnage humanoïde aux chaussures bleues élimées et au pull vert bouteille au lieu d'un fier chef de Clan, se fendre d'un "M'ENFIN ?!!?". Il se contenta de pincer le nez, déconcerté, et de suivre au petit galop la trace de la jument, craignant qu'elle ne fasse une mauvaise rencontre.
Il se glissa dans les fourrés, tous ses sens aux aguets, et parvenu au coeur du bosquet sans avoir vu l'ombre d'une robe rouanne, Shiki s'ébroua, un peu embarrassé :

"Je ne comptais pas me battre, je t'assure...j'ai déjà bien assez de partenaires de combat...Où es-tu passée ? "

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Deux yeux orangés suivaient, acérés, les évolutions d'une robe rouanne bleue entre les arbres. Deux yeux orangés cerclés de blanc, dans une gangue de velours rouge et cuivre, mâtiné de noir d'encre. Les deux yeux se plissèrent, clignèrent paresseusement mais sitôt que la petite jument bougea, reprirent leur faction immobile.
Concentrée, leur propriétaire demeura aplatie au sol, tapie dans les fourrés dont les jeux d'ombre et de lumière se mariaient parfaitement avec sa robe et lui permettait de se dissimuler. Sa fourrure épaisse frémit à peine, imperceptible, quand elle joua des épaules et des hanches pour délier ses articulations, prête à bondir.
Elle détendit ses postérieurs d'un seul coup, jaillissant de sa cachette pour atterrir devant la jument rouanne bleue qu'elle avait repérée.
Sa queue battait l'air au ras du sol en grands coups amples, excités, tandis que ses pupilles s'étaient brusquement dilatées suite à la décharge d'adrénaline et qu'au bout de ses pattes blanches et veloutées, des griffes étaient sorti de leur écrin de fourrure pour labourer la terre à défaut des chairs...Elle avait bien calculé son coup, et acculait maintenant la petite jument, l'empêchant de s'enfuir à moins qu'elle ne s'attaque à elle.
Et qui s'attaquerait à une jeune tigresse en pleine possession de ses moyens ?
Ses yeux orange mordorés pétillèrent, une langue rose lécha des babines noires avec gourmandise et ses immenses crocs blancs scintillèrent dans sa gueule lorsqu'elle s'exclama dans un grand rire ravi :

"Surprise ! Attrapée !!"

Elle allait s'avancer pour taquiner encore son infortunée victime, aux dépens de laquelle elle s’entrainait à l'affût et la chasse. Sûre d'elle, persuadée que chacun la connaissait et que nul ne lui ferait le moindre mal, la jeune chasseresse naïve voulut accentuer la pression et acculer encore davantage l'infortunée jument, quand soudain...

"VIPÉRINE ! Eau Pure ! Non !!"

Shiki surgit derrière la tigresse, face à Eau Pure dont le prédateur le séparait.
C'était idiot. Espérait-il retenir à lui seul, à la seule puissance de sa voix, un tigre face à sa proie ?
Mais c'était Vipérine, pas n'importe quel tigre...la fille de Snow et Tueuse Amor connaissait Shiki depuis sa plus tendre enfance et ne faisait que jouer, Shiki le savait bien. Il savait aussi qu'Eau Pure ne le savait pas et que, probablement effrayée, elle risquait de se défendre tant bien que mal et de s'en prendre à la jeune tigresse un peu naïve encore.
Elle pivota avec une grâce de fauve et fit mine de se hérisser, pour jouer :

"Shiki ! Tu viens partager le repas ?

- Elle ne te connaît pas, abrutie ! Elle ne sait pas qui tu es ! Ne joue pas à ça avec n'importe qui, tu va finir par te faire casser le dos...
- Tu crois que je lui ai fait peur ?
- ...
- Hein, Shiki, tu crois ?

- Retourne-toi et regarde..."

Vipérine se retourna d'un bond, toujours fluide et gracieuse et, enroulant sa longue queue rayée autour de ses pattes, s'assit avec toute la distinction d'une princesse et toute la grâce d'un pot de fleur, avant de pencher la tête de côté et d'enchaîner, ingénue :

"Tu as vraiment cru que j'allais te manger ?"

Invité

De ma cachette, j'entendis Shiki m'appeler. J'allais sortir quand j'aperçu un tigre au yeux ambrés. S'approchant de plus en plus de moi, je fit un pas de reculons et je m'apprêtais à lui donner un petit coup de sabot ( pas pour le tué mais simplement pour lui montrer que je n'étais pas sans défense ) quand Shiki l'empêcha de m'attaquer. Le tigre s'appelle Vipérine. Un nom de tigresse. Shiki lui parla pour lui dire d'arrêter son jeu. Wow! Quel jeu amusant! (sarcastique)

« Tu as vraiment cru que j'allais te manger? » me demanda Vipérine.
Moi: Euh...Ben...Oui! Tu te léchais les babines en plus de demander à Shiki s'il voulait partager le repas, c'est-à-dire moi! Je te dis que j'ai eu vraiment peur!

Je sorti de ma cachette et je m'approcha de Shiki jusqu'à ce que je sois à environ cinquante centimètre de lui. J'étais en face de lui. Une larme glissa sur ma joue.

Shiki se sentit désolé quand une larme coula sur la joue de la jument. C'était probablement une réaction réflexe liée à la peur qu'elle avait certainement éprouvée en voyant Vipérine, certes joueuse mais mimant la prédation à la perfection et sur le point de bondir. La jeune tigresse avait bien grandi ces derniers mois, atteignant peu à peu son ossature et donc sa stature adulte. La musculature suivrait mais, la jeune femelle étant déjà une chasseresse et une grimpeuse intrépide, elle se développait bien.
Vipérine était somptueuse, drapée dans sa fourrure flamboyante, ses yeux orangés suivant avec attention le moindre mouvement de ses proies ou des victimes de ses plaisanteries. Elevée auprès des chevaux autant que des tigres, elle avait pris l'habitude de se tapir dans les fourrés et de bondir, à griffes rentrées, sur l'échine de ses infortunées cibles. Lesquelles réagissaient bien lorsqu'elles connaissaient la facétieuse petite tigresse...mais ne la reconnaissaient pas toujours. Depuis le début du printemps, la taquine avait déjà été la cause de moult débandades et fuites éperdues.

Mais, toute prédatrice en pleine possession de ses moyens que pouvait être la jeune femelle, elle n'en demeurait pas moins fondamentalement douce et gentille, ayant hérité de sa mère Tueuse Amor son caractère de feu, mais adouci par le calme et la presque tendresse de Snow.
C'est pourquoi, voyant Eau Pure pleurer, elle agit par réflexe et vint s'enrouler dans ses jambes comme un chat câlin, se lovant contre elle et pressant son épaisse fourrure dans le poil rouan. La jeune tigresse ne songea pas une seule seconde, ce faisant, aux conséquences de son geste et au fait que, peut-être, Eau Pure avait encore peur d'elle...

Shiki, lui, y songea :

"Vipérine ! Attends, ne fais pas ça, ce n'est pas très rassurant...Excuse-la, Eau Pure. Elle est jeune et a grandi avec des chevaux qui souvent la connaissaient. Les tigres sont souvent un peu imprudents et taquins, mais leur humour est cruel pour les proies que nous sommes, et cette jeune demoiselle ne fait pas exception..."

Invité

Encore un peu apeurée, je respira soudainement rapidement. La jeune tigresse s'enroula autour de mes jambes, ce que je trouve gentil de sa part après m'avoir effrayée. C'était mignon qu'elle veuille me rassurer! Shiki averti Vipérine, puis m'adressa la parole:

« Excuse-la, Eau Pure. Elle est jeune et a grandi avec des chevaux qui souvent la connaissaient. Les tigres sont souvent un peu imprudents et taquins, mais leur humour est cruel pour les proies que nous sommes, et cette jeune demoiselle ne fait pas exception... »

Je ne comprend pas vraiment pourquoi l'étalon gris qui se trouve devant moi l'a averti...Elle est si gentille. Certes, elle m'a fait peur, mais son geste est si rassurant...C'est pour cela que, dès qu'elle s'est mis à me câliner, j'ai arrêté de pleurer.
Je chercha les bons mots pour répondre à Shiki ( après tout, je ne connais presque rien d'ici car ça ne fait pas longtemps que je suis dans le Clan du Soleil ) quand je répondis :

« Elle est toute pardonnée...Je ne savais pas que les tigres jouaient ainsi et elle m'a appris quelque chose de nouveau...C'est pourquoi je la remercie, pas juste pour l'apprentissage, mais aussi pour son geste rassurant... »

Je me pencha vers Vipérine et je lui mis mon museau sur le sien. Puis, je lui souffla à l'oreille:

« Merci de m'avoir rassuré... »

Shiki sourit, à la fois indulgent et embarrassé :

"Les félins sont ainsi...un peu brutaux parfois. J'ai partagé les jeux des léopards géants des Terres de Glace, dans ma jeunesse, et je me souviens d'être parfois revenu auprès de ma mère avec quelques meurtrissures de ci, de là. Et plus tard, quand ils apprirent à chasser et moi à me battre, turbulents que nous étions, il y eut aussi coups de pied et de griffe et tout ce qui en découle.
Et pourtant, j'apprécie toujours autant leur compagnie ! Ils sont, quelque part, toute une partie du Clan de Glace. Les terres où nous vivons sont sauvages et sauvages sont aussi les chevaux...peut-être un peu plus tigres que chats..."

La fierté faisait vibrer sa voix et le jeune étalon s'attira un regard moqueur de Vipérine, toujours appyée contre Eau Pure. Avec ses sens de prédateur, accoutumé à percevoir les humeurs, les émotions et les faiblesses de ses proies, elle avait senti la jeune jument s'apaiser à son contact et ne s'écartait donc pas. L'air chaud, couvé entre poil et peau et libéré par la pression de sa fourrure sur la jambe osseuse de l'herbivore, réchauffait le poil de la jument et un son à mi-chemin entre le grondement amical et le ronronnement faisait vibrer ses côtes encore étroites.
Elle achevait sa croissance et bientôt, son thorax "s'éclaterait". Bientôt, elle prendrait la musculature athlétique et le volume pulmonaire des prédateurs, des vrais chasseurs, et saurait comme sa mère bondir de roches en roches à des centaines de mètres de hauteur, sur les hauteurs des labyrinthes pierreux et désertiques des terres du Crépuscule.

Vipérine, toute gentille qu'elle était, demeurait féline et taquine et quand Eau Pure la remercia, elle accepta la gratitude de la jument d'un clignement d'yeux amical avant de sourire, espiègle et se léchant les babines :

"De rien. Quand les gens se font du mauvais sang, ils n'ont plus aucun goût !!"

Bien sûr, elle plaisantait ?

Invité

Shiki me fit quelques explications. J'en appris beaucoup sur lui.

« ...et je me souviens d'être parfois revenu auprès de ma mère avec quelques meurtrissures de ci, de là. » dit-il.
Déconcentrée par Vipérine qui me taquinait, je ne l'écouta que d'une oreille tout en bousculant amicalement la jeune tigresse. Je me répéta les paroles de Shiki. Je compris le mot «mère» quand je baissa les yeux et des larmes me montèrent aux yeux.
« M...Mes pa...Parents sont mo...morts... » dis-je tout bas mais juste assez fort pour qu'il entende.

Il ne l'entendit qu'à peine, comme un tout petit murmure, léger, discret souffle arrivé à son oreille. Discret aveu, presque honteux. Vipérine, qui avait tout entendu avec ses oreilles aiguisées de tigresse, leva ses yeux orangés vers Eau Pure avec une expression étonnée sur le visage ; la douce petite tigresse avait grandi choyée par ses parents, ses deux parents, et ne pouvait de ce fait comprendre la détresse de la petite jument. L'empathie n'avait jamais été qualité de tigre...
Shiki, lui, secoua les oreilles, mal à l'aise de percevoir plus qu'il ne les voyait les larmes sous les paupières baissées de sa nouvelle connaissance. Le jeune étalon laissa quelques secondes s'écouler, le temps de rappeler à son souvenir ses propres parents. Odyssée, et sa superbe robe grise, pommelée, argentée. Aglow Star au pelage aussi brillant que son nom l'annonçait, noir de jais, élégamment chaussé de hautes balzanes blanches et d'une large liste, petit, fin, aussi nerveux et arabisé que sa mère Stelmaria.
Aglow Star, tué par Nathanaël.
Shiki détourna les yeux, la voix enrouée :

"Mon...père est mort très récemment. Tué par un Maudit."

Invité

Je vis une larme tomber par terre. Shiki m'informa que son père est mort lui aussi. Je savais ce qu'IL et ce que JE ressent. Les autres me disent toujours " Tes parents sont toujours là tant qu'ils sont dans ton coeur" mais leur présence me manque. Je m'ennuie de la chaleur que dégageait le corps de ma mère quand nous étions couchés ensembles sur le sol et l'odeur de mon père avant qu'ils ne reviennent plus. Tout ça me manque. Et même plus. Shiki ressent la même chose, j'en suis sure. Je le regarda, d'un regard triste et désolé avant de dire:

« Je...Je sais ce que tu ressens...»

Shiki agita les oreilles, sans rien répondre. La plaie était encore récente, jeune et vive et si le Thar ne pouvait se permettre de s'apitoyer sur lui-même, la présence de son père lui manquait. Aglow Star avait été un étalon paternel bien que très souvent absent, si bien que poulain, le jeune mâle ne se souvenait pas d'avoir vu son géniteur plus d'une à deux fois par année. Il se remémorait en revanche très bien le plaisir qu'avait sa mère à le retrouver et ce moment de la journée où les deux chevaux disparaissaient d'un même galop sans qu'on sache qui poursuivait l'autre, le laissant aux bons soins de la Maudite dont l'amour était sincère quoique taquin et souvent dur. Stelmaria l'entraînait, lui apprenait la vie, la mort aussi, lui montrait comment frapper pour blesser, convaincre ou tuer et lui enseignait que nulle douleur ne saurait être surmontée.
Il revenait souvent couvert de petites coupures car, si la Maudite retenait ses coups, elle ne ménageait pas ses élèves pour autant. Il retrouvait Odyssée et Aglow Star, mais jamais sa mère n'avait relevé les petites blessures qui couvraient son fils. En effet, comme ancienne élève de Stelmaria, Odyssée avait connu le même type d'entraînement et n'en était que plus apte à comprendre la satisfaction profonde qui emplissait son fils quand il en revenait, et le plaisir du combat qui le poussait à ignorer toutes ces égratignures. Aglow Star, quant à lui, estimait qu'un futur Thar devait apprendre à tolérer ces petits désagréments. Et Shiki approuvait.

Ses parents se voyaient peu souvent et si Aglow Star manquait parfois à Odyssée, ce manque semblait parfaitement supportable pour la mère de Shiki, que ce dernier avait souvent vu batifoler et jouer au jeu de la séduction avec d'autres étalons, sans jamais trahir son compagnon. C'était une bien étrange relation faite d'écarts et de distances, mais la flamme qui avait toujours brillé dans les yeux de ses parents quand ils se retrouvaient assurait à Shiki que leur amour était aussi sincère qu'au tout premier jour.
Et Aglow Star était mort.
Plus de père pour le provoquer à la course, plus d'étalon pour faire briller les yeux d'Odyssée et, Stelmaria ayant elle aussi succombé aux coups de Nathanaël, plus personne pour jeter Shiki à terre en lui enjoignant de se protéger mieux que cela. Plus de géniteur dont raconter les exploits et plus d'heures passées à arpenter, au petit trot, les forêts sombres du Clan de Glace en entendant la voix tranquille de son père relater ses dernières aventures et découvertes ou s'enthousiasmer de celles de son fils.
D'Aglow Star, d'Odyssée, il avait appris le goût du voyage et la certitude que l'amour des siens surpasserait toujours la distance. D'Aglow Star désormais il découvrait le goût du manque et de l'absence, la sensation de vide qu'un guide vous laisse lorsqu'il trépasse.

"Je ne le voyais que peu, il ne venait guère qu'une ou deux fois par an...mais il voyageait et me racontait les pays qu'il avait visités, les combats qu'il avait menés, les juments qui avaient tenté sans succès de supplanter Odyssée dans son coeur. Il m'écoutait, m'apprenait le goût de la découverte et l'envie d'ailleurs, il m'a soutenu et conseillé quand j'ai décidé de voyager à mon tour et commentait mes progrès au combat. Nous nous affrontions toujours, en entraînement, quand il rentrait. Il disait qu'un jour je le battrai.

Mais un autre l'a battu."

Invité

Il me raconta son histoire avec son père...J'étais ravie qu'il me confie tout ça. Et pourquoi moi? Je n'aurais jamais le courage et la volonté d'en faire autant. J'essayais d'oublier mon passé désastreux et de refaire mon histoire. Je voudrais devenir une membre importante au sein du Clan du Soleil. Je pourrais apprendre à me battre et je pourrais devenir la meilleure guerrière que toutes les terres habitées par des chevaux n'aient connu. En fait, j'ai de trop grandes ambitions, car j'ai déjà entendu le récit de certains chevaux racontant l'imbattable et le légendaire guerrier, Black. Chef du Clan de l'Ombre et guerrier respecter, personne n'a réussi à le battre. Je pourrais quand même apprendre pour devenir guerrière.
Je sais que Lusitania est ma chef (j'espère que je le sais!), je sais aussi que Black est le chef du Clan de l'Ombre, mais qui sont les chefs des autres Clans?

«Qui est ton chef?»

Shiki sembla surpris. Je dût donc lui expliquer.

«Je suis nouvelle! Je ne sais pas tout d'ici!»

Mais c'est vrai! pensais-je. Puisqu'il sembla peu convaincu, je changea de sujet et demandant:

«Tu crois que quelqu'un pourrait m'apprendre à me battre?»

Il daigna quand même répondre à mes deux questions.

[attention !! Parfois, c'est un peu limite, tu jouerais presque Shiki à ma place. Tu peux noter "j'espérais qu'il répondrait à mes deux questions", par exemple, mais pas anticiper en partant du principe que Shiki va répondre, ça c'est moi qui décide car c'est mon perso =)]

Elle l'interrogea sur son chef et il la dévisagea, de ses grands yeux gris acier, hérités de sa mère, écarquillés par la surprise. Son chef ? Qui était son chef ?
Il avait eu un chef, un Thar, en son temps...quand, premier né d'Aglow Star et d'Odyssée, sa mère l'avait confié aux bons soins de sa grand-mère Stelmaria. Thar du Clan de Glace, la Jument Rouge l'avait initié aux coutumes de son Clan, de son sang, de la lignée des Thars dont il faisait partie et dont ses fils et filles feraient partie car il en avait été ainsi de toute éternité...Il avait eu un Thar et une grand-mère, aimante et guère tendre dont l'affection se mesurait dans l'étincelle narquoise d'un coup d'oeil, d'une pression de la prunelle et d'un sourire malicieux avant le prochain assaut dans ces entraînements au combat qui le laissaient aussi rompu qu'heureux.
Et Stelmaria ne lui jetterait plus de ces regards railleurs, de ces sarcasmes qui sont la tendresse des timides et des réservés, des blessés. Il n'y aurait plus d'assauts, de tourbillons de poils et de dents et de sabots qui le frôlaient et le laissaient perdu, déboussolé de n'avoir pas su prédire l'attaque et extatique. Il était Thar désormais.

Il tremblait intérieurement, tout en demeurant apparemment calme et maître de lui-même. Les chefs ne pleurent pas, et ne montrent nulle faiblesse. Alors, c'est d'une voix tranquille et posé qu'il répondit :

"Eh bien...je suis mon propre chef."

Typiquement la réponse qu'aurait pu fournir Odyssée, solitaire de renom, ou Black Hole, son maître vénéré. Une réponse de solitaire, d'esprit libre et de cheval sans maître...était-il libre et sans maître ni obligations ?
Shiki secoua la tête et se reprit :

"Ou alors, on peut dire que mon Clan est mon chef."

Il fallait être plus précis, moins sibyllin.

"Je suis le Thar du Clan de Glace.
Pour le combat, j'ai peut-être une idée..."

Invité

[Désolée, comme tu dois le voir, je suis moins active qu'avant...Je suis très prise avec un autre forum. Tellement j'étais occupée, j'avais oublié Wild Horses :X J'abandonne donc le RP et je vais supprimer mon compte. Wild Horses est un très bon forum sauf que mon perso ne m'inspire pas beaucoup. Je vais donc supprimer mon compte plutôt que de changer de perso puisque je désire passer plus de temps sur l'autre forum. Désolée du dérangement...Peut-être que je vais me réinscrire un jour, mais pour le moment, je désire simplement clôturer mon compte. Merci pour tout ce que vous avez fait pour moi. Ça me fait beaucoup de peine de vous quitter. Au revoir!]

[je comprends, ce sont des choses qui arrivent.

Bonne continuation et si un jour tu veux revenir, n'hésite pas !]

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