GOD ONLY KNOWS WHAT WE'RE FIGHTING FOR

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Le jour se couchait et le soleil, d'une rare couleur rouge, embrassait au loin les flots, bornant cet horizon toujours vide sinon. Immobile et droit, le jeune étalon s'était juché sur une immense roche noire qui surplombait la plage et pensif, il semblait admirer le spectacle alors que seuls ses crins bougeaient, ondulant sur son col légèrement arqué à cause de la brise marine. Les odeurs que lui portait la mer faisaient frémir ses naseaux qu'il avait d'ailleurs dilatés. Que ces terres étaient belles ! Certes, elles ne valaient pas les immenses étendues gelées de son empire mais elles avaient un certain charme et il le reconnaissait, sans mal d'ailleurs. Ses grands yeux noirs suivaient le mouvement paresseux des vagues alors que sa peau frémissait parfois. Le tout jeune étalon semblait bien serein. Pourtant, il n'en était en fait rien. Ses rêves de grandeur et de conquêtes lui dévoraient le cœur et il sentait ses veines le brûler, parcourues d'un désir des plus ardents. Tout empereur qu'il était chez lui, il n'était rien dans ce pays là et il le savait : il lui appartenait désormais de faire ses preuves.

Si ses pensées étaient sérieuses voir graves, il n'en restait pas moins que le magnifique pur-sang arabe était un tout jeune adulte et, riche de cette souriante jeunesse, il s'élança soudain en avant. Agile, son pied était sûr et ce fut sans mal qu'il descendit de son promontoire, sautant finalement pour s'épargner des manœuvres douteuses. Léger, il se réceptionna sans mal, prenant ensuite le galop, sa queue de cendre et d'ivoire flottant derrière lui comme une bannière de guerre. L'animal était heureux et plein de vie et cela se sentait. Il suffisait de le regarder se mouvoir pour comprendre tout le désir qui coulait en lui : ce n'était pas une question de beauté. C'était davantage une idée, une perception ; du charisme.

Furibond, le jeune étalon gris rouanné se mit à courir le long des vagues, ses sabots clairs frappant l'eau froide quand une vague venait jusqu'à lui. Parfois, il faisait des demi-arrêts, ponctués de cabrades ou de coups de reins et il repartait ensuite de plus belle, s'amusant de ses allures, de sa vitesse et finalement, de sa jeunesse.

Milky-Way regardais cette étendue, infinie lui semblait-elle, venir lécher la rive.

Elle regarda ensuite le soleil, grand, éclatant de beauté.

Son regard alla ensuite se poser sur cette plage de sable blanc, elle trouvait le sable étrange, mais au fond, c’était un peu comme de la neige chaude. Puis elle vit un point noir se déplacer à une vitesse faramineuse sur ce sol qui semblait ralentir ses moindre fais et gestes. Les grains de cette incroyable matière volaient derrière ce point noir.

Soudain elle s’aperçut que ce n’était pas un point noir mais bien un animal, un cheval. Il fonçait droit sur elle mais paraissait ne pas l’avoir vue. Il caracolait, cabrant par-ci, ruant par-là. Courait-il de joie ou de colère ? C’était indéfinissable. Son allure changeait si souvent qu’elle n’était pas sure qu'il soit bien réel et encore moins qu'elle, la petite jument champagne soie bien là, sur cette plage aux aspects paradisiaques.

Mais elle comprit plus ou moins pourquoi l’étalon ne la voyait pas, elle se confondait à la perfection avec le sable crème-or. Alors, pour être sure qu’il la voie bien, elle s’avança dans l’eau. Le contacte frai l’apaisa, il était doux, salé et fort à la fois. Alors que l’étalon lancé à pleine vitesse se rapprochait, elle se mit à courir elle aussi. Elle avait un esprit de compétition assez marqué et voulait faire la course.

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Le jeune étalon était simplement heureux de pouvoir s'ébattre sur cette plage aux allures paradisiaques aussi, quand il aperçut cette jument à la robe aussi rare que belle galoper pour le suivre, il continua sur sa lancée, sans plus ralentir pour autant. Le jeune prince dont la robe grise rouanée rougissait ce soir était né pour courir : son corps, d'une extrême finesse, était aussi plus léger qu'une plume alors que ses sabots étaient sûrs. Le sable qui se creusait sous lui ne semblait pas le ralentir et ivre de sa propre vitesse, il fonçait toujours plus vite, ses crins cendrés et mi-longs flottant sur son encolure. Rapidement ils arrivèrent à la fin de la plage, la route barrée par une haute roche noire et coupante. Puissant bien que gracieux, le joli mâle commença enfin à ralentir pour ensuite se retourner vers la champagne. Prince, il avait appris tous les protocoles et toutes les politesses aussi, le sourire qu'il lui adressa fut charmant alors que respectueux, il inclinait sa tête dont le profil était nettement camus. Ses grands yeux noirs, brillants d'intelligence et de détermination, se posèrent sur l'inconnue alors que de sa voix chaude et douce, il brisait la glace.

« Enchanté de faire votre rencontre, demoiselle. Je me nomme Voshad et je suis le fils de Tjibbe. »

Ses naseaux de velours étaient dilatés mais peu à peu, la fréquence à laquelle se soulevaient ses flancs diminuait et bientôt, il retrouva son souffle habituel alors qu'il regardait la jument dans les yeux. Elle lui rappelait un peu sa mère dont la robe était elle aussi dorée. A cette pensée, son cœur de fils se serra dans son poitrail mais il n'en laissa rien paraître.

[Désolée pour la longueur du texte... Mais je préfère travailler le développement du texte pour essayer de m'améliorer.]
La jeune jument galopait de toutes ses forces comme si sa vie en dépendait mais le sable dense dont elle n’avait pas l’habitude la ralentissait dans ses moindres foulées et l’étalon la dépassa sans aucun mal. Il courait si vite, qu’il donnait l’impression de voler au-dessus du sable, mais sans pour autant s’épuiser alors qu’elle, essayait tant bien que mal de reproduire les mouvements fins, précis et rapides de l’inconnu.

Alors qu’elle allait s’arrêter car ses efforts étaient vains, que le soleil lui brulait le dos, l’étalon ralentit à son tour et Milky s’aperçut qu’ils étaient arrivés au bout de la plage. Elle se ponctuait par de la roche noire et pointue. L’étalon parla, il avait une voix claire, haute et très distincte. Il avait l’air d’avoir reçu une éducation stricte et basée sur la politesse.
Il s’appelait Voshad. Il disait être le fils de « Tjibbe », ce nom ne lui disait rien. Mais elle décida de ne rien demander à cet étalon courtois car il pourrait être offensé par le manque de politesse de la jeune jument qui n’avait jamais vraiment reçu d’éducation.

« Bonsoir, je me nomme Milky-Way. Vous portez un bien beau nom. »

La jument avait essayé d’être la plus polie possible, mettant de coter son arrogance habituelle. Après tout, il ne connaissait pas son passé, mais dès la moindre allusion à celui-ci, elle redeviendrait surement la méchante Milky-Way. Elle ne savait pas si elle pouvait se permettre de dire d’où elle venait. Elle s’abstint. Elle voulait en savoir plus sur Voshad, il n’était pas du tout pareil que les chevaux de la glace, lui était fait pour le sable et la chaleur. Elle ne voulait pas être impolie mais ne savait pas comment formuler sa question.

« Excusez-moi, vous allez peut-être me trouver impolie, mais j’aimerai savoir d’où venez-vous pour avoir acquis une telle aisance sous le soleil et sur le sable ? »

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La question de la jeune femelle le fit sourire. Au cours de ses rencontres, il s'était aperçu que beaucoup d'équidés pensaient qu'il venait d'un pays brûlant, d'un quelconque désert sans doute. Pourtant, c'était l'inverse. Voshad était né au cœur des glaces, passant la moitié de l'année dans une neige épaisse et froide. D'où lui venait, alors, cette fabuleuse agilité ? De part son sang il était un modèle léger et, de ce simple fait, il s'enfonçait moins, que ce soit du sable ou de la neige. Ensuite, il avait beaucoup voyagé, quittant ses neiges qu'il aimait à décrire éternelles pour embrasser de vastes déserts. Il avait aussi couru des plaines verdoyantes, des étendues rocailleuses ou encore, des forêts humides et denses.

Elégant, il écoutait la jument avec attention, ses grands yeux sombres ne se détachant plus des siens, plus clairs. Parfois, les crins de sa queue dansaient sur ses jarrets alors que d'un mouvement paresseux, il la faisait aller de droite à gauche. Il ne détacha pas une seule fois son regard de l'inconnue alors qu'après avoir laissé retomber le silence, il reprit, de cette même voix toujours chaude et claire.

« Merci. Le vôtre est élégant et il vous va bien, je trouve. C'est une question pour le moins amusante : je suis né bien loin d'ici, dans un pays enneigé six mois par ans. Mais pour votre décharge, j'ai beaucoup voyagé et j'ai en effet parcouru maints déserts et étendues brûlantes. Il faut aussi avouer que le fait d'avoir un gabarit léger m'est d'une grande aide. »

Il lui tendit alors un large sourire qui, en étant simplement, éclairait son visage, le rendant peut être plus abordable. Conscient que la demoiselle avait fait un pas vers lui, il décida de lui rendre la pareille.

« Mais je suis impressionnée : vous vous êtes bien défendue, à l'instant. »

[Pas de problème ! :)]

Il venait de la glace ! Mais elle aussi. Seulement, lui était fin, grand, musclé et élégant. Elle était plus tassée, et ses muscles n’avaient pas les mêmes capacités. Si elle avait plus chaud c’était dû au fait qu’elle était surement plus habituée au froid que lui et qu’elle avait le poil épais alors que Voshad avait le poil plus fin et que, d’après ce que la jument avait compris, il n’était rester sur la glace qu’une courte période avant de parcourir le monde.

«Merci mais vraiment, je ne vous arrive pas à la cheville. Mais j’aimerais savoir, pourquoi ne pas vous installé au même endroit, définitivement ? Ou alors, revenir dans la neige ? Vous avez une requête ou est-ce juste pour voyager ? »

Milky arrêta les questions. C’était trop impoli comparer à la courtoisie de l’étalon gris. Mais elle ne voulait pas s’excuser. Après tout, elle, n’était pas d’une grande politesse et elle était juste curieuse.

Dans les yeux de l’étalon, brillait une soif de quelque chose. Mais elle n’arrivait pas à déterminer quoi. Elle, avait décidé de se rendre sur la plage histoire de changer un peu de décor. Quant au cheval qui se dressait devant elle, elle se dit qu’il se fondait parfaitement dans le décor du sable. Elle avait affreusement chaud.

« Excusez-moi, mais venant de la glace, je ne suis pas habituée à la chaleur. Je vais me mettre un peu dans l’eau. »

La jument tourna le dos à Voshad et entra dans l’eau jusqu’aux genoux. Cela faisait du bien. Mais quand elle but une gorgée pour se désaltéré, l’eau avait un gout bizarre et elle avait encore plus soif. Surprise elle releva la tête. L’eau était-elle empoisonnée ? Paniquée, la jument se tourna vers le cheval gris, cherchant une réponse dans ses grands yeux. Mais tout ce qu’elle y vit fut de nouveau cette soif qu’elle n’arrivait pas à identifier.

[Désolée de mon monstrueux retard ! >-<']

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Pourquoi ne s'était-il pas établi dans un de ces pays merveilleux qu'il avait traversé ? Pour la première fois depuis le début de leur discussion, l'étalon laissa ses yeux courir sur l'onde pour finalement se poser sur l'horizon. Si son poitrail se soulevait avec la même régularité, le jeune mâle semblait respirer plus profondément comme s'il cherchait en son âme des réponses. Il savait bien que nombreux étaient les jeunes mâles comme lui dont la soiffe d'aventures était intarissable. Mais cette soiffe singulière, aurait-elle suffi à justifier qu'il ne se soit jamais arrêté pour de bon ? Un long soupir s'échappa de son corps, vidant presque ses larges poumons. Naturellement, ses jolis yeux revinrent se poser sur la femelle qui le regardait encore. Que pouvait-il bien lui dire sinon que ces raisons obscures qui agitaient ses sens ?

« Je ne pensez pas que je devrai faire face à une jument si curieuse et ce, dès ma première rencontre ! » Il eut un rire clair : il ne lui reprochait rien, il était seulement gêné. Mais un roi, peut-il se sentir gêné ? « Là où je suis né, ma place était acquise. Je ne sais pas si l'on naît roi ou si on le devient mais quoi qu'il en soit, il me semble que ce sang terrible qui coule dans mes veines me commande de conquérir. De découvrir aussi, de voyager beaucoup, de m'arrêter souvent mais de faire le tour pour ensuite repartir. Je cherche partout mes origines, je cherche à grandir et à m'accomplir sans la protection bienfaisante de mes aïeux. »

A peine eut-il terminé de lui répondre que la jeune jument s'en retournait, entrant dans l'eau salée pour se rafraîchir. Le joli mâle trouva curieux de la voir avaler à pleines gorgées l'eau iodée, ne comprenant que devant la mine ébahie de la femelle qu'elle ignorait qu'ils étaient au bord de la mer, au bout de l'océan. Dans une allure légère et altière encore il s'avança vers elle, entrant à son tour dans l'eau sans une hésitation. Sa peau frissonna quelque peu alors que sa robe devenait plus sombre à mesure que l'onde paisible la léchait.

« Regardez derrière vous et considérez bien cet horizon qui nous tend les bras. Plus loin, il n'y a plus de terre. Vous voilà entre deux mondes : ces territoires que vous savez, cette mer qui meurt ensuite dans un Océan plus vaste et plus sombre. Ne buvez plus cette eau : en plus de vous assoiffer, vous risqueriez de tomber malade. »

[Pas de problèmes Smile

]

Le magnifique étalon entra délicatement dans l’eau. La jeune jument ne pouvait s’empêcher d’observer les mouvements de Voshad ; ils étaient délicats, légers mais à la fois forts et pleins de puissances. La jument champagne avait beau écouter attentivement le cheval, elle ne comprenait pas tout de son discours sinon qu’il voyageait de lieux en lieux. Troublée, elle donnait de petits coups dans l’eau. Il avait parlé de roi.
Est-il successeur à un roi ?
Mais au fond, la jument se tourmentait encore. Sans s’en rendre compte, elle éclaboussait l’étalon gris et sur sa robe étincelante, de petites gouttes brillantes reflétaient doucement le soleil brulant. Gênée, elle s’empressa de s’excuser :
« Excusez-moi, je ne voulais pas vous éclabousser. »
Un sourire éclaira sommairement le doux visage de Milky-Way, pas un faux sourire sous le quel dissimuler sa peine, mais un vrai sourire. Celui qui fait pétiller les yeux et qui fait sourire son interlocuteur en retour.
« Donc si je vous ai bien compris, vous êtes de descendance royale ? »
Elle regretta un peu sa question, elle avait peur de passer pour une petite pouliche ignorante et qui ne comprend rien à rien. Mais sinon elle ne pourrait pas comprendre et elle éprouvait bien trop de curiosité envers l’étalon pour ne pas poser de questions. La chaleur accablante lui brulait le dos, elle hésita un instant puis, en proie à un besoin pressant de fraicheur, elle se roula dans une vague. Elle se releva doucement, de sorte à ne pas tremper définitivement Voshad. L’eau le rendait sombre, quasi noir. Il se tourna vers l’horizon qui marquait la fin de l’Océan et la jument fit de même.
Plus de terres ? Juste l’Océan ?
Intriguée et perdue, Milky-Way ressassait les paroles soutenues du cheval gris. Cet étalon l’intriguait tellement qu’elle mettait sa froideur de côté et s’ouvrait à cet inconnu. Le soleil rougissait, plongeant dans l’étendue d’eau orangée. La fraicheur apaisante du soir détendit la jeune jument qui sortit doucement de l’eau. Un cadre harmonieux s’offrit à elle ; Voshad était solidement campé dans l’eau scintillante, il ressortait parfaitement sur le soleil rouge à moitié plongé dans l’Océan.