Chevaux dans les vagues

Cascada trottait sur le sable chaud, la queue en panache, le regard tourné vers la mer. Elle s'arrêta soudainement, le nez en l'air, la lèvre supérieure retroussée , humant l'air marin.
Le bruit des vagues retentissait. Elle était immenses et s'écrasait avec force sur le sol. L'écume était tellement dense qu'on ne voyait presque plus l'eau bleu mélanger de vert. Les rares rochers étaient extrêmement lisses et d'un blanc éclatant. Un blanc si clair qu'on croirais presque qu'ils ne sont pas réels. Le sable jaune clair, pratiquement blanc, ne contenait aucun caillou, ce qui était plutôt agréable même s'il était brulant.
Au loin, une barque avait été abandonnée. Surement depuis longtemps car elle était presque enterrée sous le sable, laissant seulement apparaitre l'avant. Elle se tourna vers Shiki, qui l'avait emmener jusqu'ici.

-Tu sais ce que c'est, ce... truc?

Elle s'approcha, intriguée et prudente. Peut-être que c'est vivant?! avait penser la jument.
Des mouettes s'était poser dessus. Elle criait brillamment, alertant l'arrivé de Cascada. Elle les chassa d'un mouvement de tête et fit signe a Shiki de la rejoindre.

[pardon, pardon pour le temps de réponse!!]

Les oreilles emplies du bruit des vagues, les sabots fondant dans le sable chaud avec un bruit doux et léger, un frottement, un froufrou de soie, Shiki se sentait bien. Il se sentait apaisé, calmé par ce ressac incessant comme on peut l'être par le doux murmure d'une mère, par ces sons inarticulés et qui, pourtant, ont la même et douce signification pour tous les êtres vivants du monde. Calme toi, calme toi, je suis là.
La douce rengaine aux oreilles et au coeur, Shiki mit quelques secondes à remarquer l'étonnement de Cascada devant l'une des structure abandonnées par la mer. La mer, qui rendait toujours quelque chose de ses colères d'hiver et d'été. On disait de la plage des Tempêtes qu'elle rendait tous ses morts, et qu'on les retrouvait, entre deux eaux, sur les rochers qui fermaient l'ouest de la plage...
Mais c'était une chose inanimée qui gisait là, enfuie dans les flots, enfouie dans le sable chaud, et quand Shiki s'en approcha, il ne perçut pas la puanteur salée et lavée des charognes, mais une odeur plus riche et fade à la fois, celle du bois flotté, comme ces branches qu'on trouve parfois au gré des flots. L'oeil curieux, les oreilles pointées en avant et le poids du corps ramené en arrière - au cas où il faudrait fuir -, l'étalon parcourut en quelques foulées la distance le séparant de Cascada et de l'étrange chose.
L'odorat ne lui apportait rien. C'était un objet inanimé, et voilà tout, alors il se creusa la tête.


"Ce n'est pas vivant. A mon avis, ça ne l'a jamais été, ça sent le bois flotté...comme les troncs déracinés par les orages d'été, et qu'on retrouve ici. Ca ne sent pas comme les corps qui reviennent du large...
Mais quelle drôle de forme pour du bois!"