L'habitude, comme le soleil qui se lève et la lune qui vient le chasser.

[Bon, je t'annonce tout de suite que, après avoir paumé le rp que j'écrivais de manière glorieuse, celui-ci (donc la ré-écriture ==') sera sans doute médiocre parc'que..j'ai la haine quoi. Excuse moi.]

L'air était doux, légèrement lourd peut-être, mais était-ce à cause du paysage sans fin qui s'étendait ? On pouvait y entendre le bruit claire de pas. Le rythme lent et paresseux des sabots de Forget' qui tapaient contre le sol. Ses membres se soulevant d'une manière habituelle, se posaient sur le sable en soulevant un petit nuage de poussière avant de se relever, on aurait dit qu'ils se commandaient eux-même alors que la tête de la jument était bien ailleurs. Elle réfléchissait, elle pensait. Tout recommençait, le paysage était le même, c'était lassant, ennuyant. Cette idée lui offrit une occasion de s'ébrouer simplement, tentant de se débarrasser de l'habitude comme on se débarrasse d'une saleté trop collante accrochée.

Depuis la veille, elle n'avait pas rejoint son troupeau, sa tribu, sa "famille". Ce mot paraissait si lointain. La seule personne qui devait réellement l'attendre en ce moment, c'était sans doute sa mère, pire encore, elle devait être folle d'inquiétude comme chaque fois, encore quelque chose qui se liait à l'habitude. Mais Unforgettable avait décidé de s'offrir une légère balade solitaire pour se séparer de cette pression qu'elle ressentait auprès de sa maternelle. Sa chère mère qui semblait perdre la raison un peu plus chaque jours. Comment avait-elle pu tomber dans une telle folie - elle si belle, si respectée, si parfaite - aujourd'hui, on ne demandait qu'à l'oublier. Et avec elle, Forget'. Ces courts états de lucidité étaient de plus en plus rare, et son dernière délire était - chose folle - d'appeler sa propre fille par le nom de son paternel.

Un claquement de sabot, le son sec de ses crains contre sa cuisse, elle revient sur terre, l'air morose, puis doucement, elle devint agacée. Agacée de tout. Elle gratta du sabot sur le sol, brisant la pierre sous son poids. Puis elle reprit son chemin, levant la tête vers le ciel, éblouit par le dieu soleil qui tardait à se lever. Elle fit un tour sur elle même, hésitante, lassée, avant de soupirer, libérant par la même occasion, ses naseaux d'un peu de sable. Définitivement, elle était perdue. Son énervement monta d'un crans, elle haïssait - comme beaucoup - ses principaux défauts. Et son sens de l'orientation médiocre y faisait partie - bien entendu. Mais un autre de ses défauts fit qu'elle ne pouvait l'assumer et c'est, de mauvaise humeur, qu'elle continua son chemin, dos au soleil levant.

Soudain, sa tête se redressa, elle avait entendu un bruit étrange.

[pas grave. Pour les réponses, j'ai pas de concours, mais je suis irrégulière aussi. Si Ondée te gêne je peut l'envoyer chasser...]

Silencieuse, elle marchait doucement dans la sable, gardant une foulée longue et lente. Infatigable. Tout comme son amie marchant à ses côtés, jument magnifique mais lunatique. Le soleil semblait ne jamais vouloir se lever, peut-être pour essayer de figer éternellement la scène. Dans les lueurs du soleil levant, le pelage de l'once prenait des teintes dorées. Pour certains ces teintes étaient peut-être magnifiques mais lorsqu'on voyait la jument à qui elle était liée, l'once perdait toute sa beauté. Concentrée sur ses mouvements, l'once ne regardait pas cette jument du nom de Jasmina qui marchait à ses côtés. Si concentrée qu'elle ne voyait pas le regard admiratif que Jasmina portait sur elle, Ondée ne voulait pas se tromper, elle avait peur. Peur de ne pas repérer les sables mouvants. Bien que Jasmina lui ait assuré que le passage était sans danger, Ondée n'était toujours pas rassurée. Un discret raclement de gorge la fit relever la tête. Jasmina la regardait, une étincelle d'amusement dans les yeux. Ondée secoua la queue, agacée.

Jasmina marchait doucement dans le sable mou du passage. Dans les lueurs du soleil levant sa robe dorée semblait faite d'or, ses crins d'argent. Contrairement à son animal lié qui marchait à ses côtés, Jasmina admirait le soleil levant. Face à lui, elle ne détournait pourtant pas les yeux bleu-gris de sa vive lumière. Baissant les yeux vers Ondée, elle s'amusa de la voir si concentrée sur son chemin et ne put s'empêcher d'émettre un raclement de gorge. Ondée releva la tête, fixa son amie des yeux avant de se détourner et continuer son chemin. Jasmina sourit, nostalgique. Ici, le temps semblait ne pas avoir de prise, était-ce un effet de ce soleil levant qui ne voulait pas se lever? Savourant le spectacle qu'il lui offrait en se reflétant sur une mer calme pour une fois, Jasmina sentit son cœur se serrer. Le soleil était pur, sans blessures. Alors pourquoi elle qui était si belle gardait pour elle ses sentiments? Pourquoi restait-elle si lunatique que personne n'osait l'approcher en connaissance de cause? De puis l'arrivée d'Ondée, elle était tourmentée par ces questions, et plus encore par la plus grande et la plus importante à ses yeux. Pourquoi ne trouvait-elle personne qui l'accepte comme elle est?
Jasmina soupira doucement, sa crinière ondulant sur son encolure. Laissant ses yeux dériver, elle admira la mer avant de repérer au loin une forme équine. C'est à ce moment qu'Ondée marcha sur un morceau de bois flotté, faisant retentir un bruit dans tous les environs.

Jasmina sourit puis s'approcha de la forme indubitablement équine. Elle prit la parole d'un ton posé et monocorde:

"Enchantée, je me nomme Jasmina, du clan des Étoiles. Et vous, vous êtes?"

Arrivée à sa suite, Ondée observa leur interlocuteur, un cheval crème. Souriante, elle lança d'un ton joyeux:

"Bonjour, je suis Ondée, animal lié de Jasmina."

Les deux amies attendirent la réponse, calmes et tranquilles. La robe de Jasmina semblait toujours d'or, ses crins d'argent et derrière son toupet, ses yeux brillaient de malice. Le pelage blanc et noir d'Ondée était un miroir où se reflétaient les lueurs du soleil levant, ses yeux azurs doux et sauvages à la fois fixaient l'inconnu(e).