L'impossible devient possible..? [UNDERCO']

Qui sont-ils? A quoi ressemblent-ils? Peuvent-ils venir sur notre terre? Sommes-nous capables de comprendre leurs langages? Tant de questions, pour le moment sans réponses. C'est à nous qu'il revient de poser ces questions. Nous répondront-ils? One le saura bientôt. Lusitania & Sun Star s'attaquent aux extra-terrestres!

Cela faisait un moment que la jeune jument, future meneuse sans qu'elle ne le sache, trottait sur le sentier. L'encolure arquée et étendue, elle étirait son dos tout en dérouillant ses muscles courts. C'était son plaisir, de venir trotter le long de ce sentier sans fin, elle pouvait donc prendre l'étendue de terre plate comme sa cour de jeu et cela lui plaisait bien. Elle croisait rarement du monde, ce qui ne lui déplaisait pas, lorsqu'elle prenait le temps de se ressourcer. Dans ces moments-là, elle trottait jusqu'à n'en plus pouvoir, ne réfléchissait à rien d'autre qu'à sa façon de se déplacer. Souvent, son corps se couvrait petit à petit d'une fine pellicule de sueur qui blanchissait l'éclat de son poil cerise, blanc et noir, court, luisant de santé. L'élégante pie, ce jour-là, ne faisait guère d'exception. Elle était venue trotter jusqu'à l'épuisement, comme une fois tous les cinq jours. Son corps devenait plus athlétique, ses muscles plus forts, sans pour autant qu'ils ne saillent sous sa peau fine et délicate. Il ne s'agissait que d'un affinement de sa silhouette parfaite, d'un dos plus droits, de jarrets plus puissants, d'une croupe bien plus ronde et délicate, d'un ventre plus fin et haut encore, d'une épaule profonde, avec une dépression plus marquée, d'une encolure plus gracieuse et longue semblait-il. Sa tête restait expressive, ses yeux luisants, ses petites oreilles mobiles. Ses crins, toujours aussi fins, toujours aussi légers, ne lui donnaient qu'un air plus angélique. Lusitania, la belle, l'élégante, devenait parfaite, ou du moins autant qu'il en était possible, la perfection ne pouvant être atteinte, juste approchée, repoussée, pour nous forcer à aller plus loin.

Enfin, son souffle se fit rauque, déjà court depuis quelques minutes. Ses muscles étaient raides et tiraillaient. Elle était enfin parvenue à son summum même si, à chaque fois, elle pouvait trotter plus longtemps, toujours au même rythme, toujours aussi aérienne. Elle repassa donc au pas, relevant la tête pour s'étirer vers le haut mais aussi mieux respirer. Elle huma par la même occasion des fragrances autour d'elle, pour ne pas s'étonner au cas où quelqu'un arriverait ou quelque chose de ce genre-là. L'élégante était du genre à prévoir et calculer les rencontres, plus ou moins. Ainsi, son sang ne fit qu'un tour dans ses veines lorsqu'elle huma une odeur forte et proche. Elle ne la connaissait pas. Oui, l'inconnu lui faisait peur, car les nuances dans l'odeur laissait présager plusieurs membres d'un groupe de la même espèce. Actuellement, beaucoup de nouvelles espèces arrivaient et il s'agissait peut-être d'un de ces nouveaux groupes, mais cela ne lui disait rien qui vaille. De même, l'odeur lui faisait penser à une étoile, sans qu'elle ne sache trop pourquoi. Alors, elle fit demi-tour, sans bruit, car le vent, en plus jouait pour elle. Elle s'éloigna de manière prudente avant de galoper, les veines chargées d'adrénaline. Elle fila droit jusque la plaine où le troupeau était rassemblé. Ce qu'elle avait humé était une possible menace pour son Clan chéri. Il fallait qu'elle trouve l'un des deux Chefs, Sun Star ou Renji, pour qu'il prenne la mesure du danger. Mais elle se voyait tellement mal emmener Renji dans sa galopade! Son grand ami était malade depuis quelques temps, il avait du mal à se mouvoir et cela la chagrinait.

Elle tomba par chance sur Sun Star, au milieu du Clan. S'efforçant de calmer les battements affolés de son cœur, qui battait aussi vite que celui d'un petit oiseau fou, elle repassa au trot, puis au pas, le corps trempé, les membres tremblants. Elle se dirigea directement vers le meneur, évitant le regard et les questions de ses compagnons de Clan. Elle avait la mine sérieuse lorsqu'elle parvint à se glisser aux côtés du palomino. Elle s'inclina, comme le voulait le protocole, sans en faire trop, l'hypocrisie n'était pas son jeu. Sa voix trahissait son combat intérieur, lorsqu'elle lui glissa à l'oreille:

« Une espèce inconnue semble avoir élu domicile au sentier infini. Il y a plusieurs membres d'un même groupe. »

Quoi? Elle n'en savait strictement rien. Elle avait juste l'impression que c'était nouveau, inconnu ici, peut-être dangereux. Son cœur battait une chamade incontrôlable, si violemment qu'elle avait l'impression que le bruit fou se répercutait sur la plaine. Elle voulait s'assurer qu'il la suivrait lorsqu'elle repartit au trot, ses membres la brûlant de l'intérieur pour qu'elle accélère. Mais elle devait se montrer calme, pour ne pas inquiéter le clan. Aussi semblait-elle juste danser alors qu'elle repartait d'où elle était venue. Elle lançait de fréquents regards à Sun Star. Il devait la suivre.
Je t'en supplie, suis-moi, je sens dans la moindre de mes fibres que c'est d'une importance capitale. Pitié!
Elle continuait de cavaler, vive, mourant d'envie d’accélérer encore pour voir ce qui se tramait de si étrange pour que son corps en soit devenu si électrique. Enfin, une fois hors de vu du clan, elle fila, bondissant comme une flèche dans un galop plein de rythme. Comme si sa vie en dépendait, et elle en dépendait peut-être.

Petit matin doux et tranquille, Sun Star étirait ses muscles. Avec un long bâillement, l'étalon doré tordit son encolure à droite et à gauche, fis le dos rond puis se campa, et s'amusa à tenter de toucher sa croupe avec ses dents. Puis, satisfait de l'exercice, Sun Star s'ébroua et fit quelques pas, dans l'herbe déjà rendue rêche et brûlée par le soleil. Il se secoua, prit le trot et se dirigea vers une petite rivière timide, qui n'avait rien à voir avec le torrent des débuts du printemps, sans que nul ne l'arrête: les membres de son clan savaient qu'il ne fallait pas importuner le chef au réveil. Sun Star trempa ses paturons antérieurs dans l'eau, aspira quelques gorgées du liquide frais, joua du bout du nez avec l'eau en se trempant jusqu'aux oreilles et, enfin, se redressa, satisfait. C'était son rituel du lever, un rituel immuable qu'il avait peu à peu mis en place en constatant qu'il lui permettait de démarrer la journée du bon pied. A l'époque où il vivait avec Stella, ils ne faisaient qu'aller boire de concert. Mais avec l'âge qui approchait, l'étalon doré prenait davantage le temps de s'occuper de lui, et ces exercices matinaux, outre leur efficacité dans le réveil, lui permettaient d'entretenir souplesse et musculature. De même, le moment de paix qu'il s'autorisait le soir, à se rouler dans la poussière pour se délasser, ou partager un moment de grattage avec un ami, lui était nécessaire. Il avait besoin de ces rituels pour tenir le choc de chaque journée...L'étalon doré fit le tour des membres du Clan qui étaient présents, saluant, répondant aux saluts, prenant des nouvelles et écoutant leurs doléances. Il fronça le nez: tous craignaient une pénurie d'herbe avant la fin de l'été et, c'était vrai, elle était bien sèche cette herbe. Il faudrait peut-être envisager des expéditions jusqu'aux terres Libres...Sun Star soupira. Moins d'une heure depuis son éveil, et déjà une suggestion à transmettre à Lusitania! La jolie jument approchait chaque jour davantage du poste de meneur, sans qu'elle en eût conscience, et Sun Star était déjà décidé à lui offrir le poste. Il en avait parlé à Renji qui, manifestement, avait gardé le secret, puisque Lusitania se croyait encore et toujours simple émissaire...Sun Star sourit pour lui-même en songeant à la pétillante jeune jument, puis regarda le ciel pâli par l'aurore, et sa lumière rasante qui le réconfortait étrangement. Si douce lumière d'aurore, si rose et claire...l'étalon ne s'en lassait pas, et chaque matin, son coeur battait plus fort face au soleil qui, peu à peu, découvrait les terres sur lesquelles il était né. Né pour régner, à son sens!

D'ordinaire, Sun Star aurait débuté sa journée par un entretien avec Renji, s'il le trouvait, et par un examen rapide de chacune des doléances du jour. Après quoi, il aurait fait le tour de ses terres, en compagnie d'un membre volontaire, souvent Lusitania. Enfin, quand la chaleur de midi et le poids des responsabilités se seraient faits trop importants, après le repas et la sieste de coutume, l'étalon serait allé détendre ses muscles et son esprit sur le chemin sans fin. Il aimait cette route qui se déroulait, à jamais, sous ses sabots. Sur cette route, il allait au bout du monde sans y aller, car ressortait toujours du chemin à l'endroit où il y était entré. Et pourtant, le paysage le long du sentier était tout, sauf monotone! Au fil des foulées et des heures, l'esprit de Sun Star s'apaisait, puis se ressourçait et, bercé par l'activité de ses muscles qui, en prime, entretenait sa forme, l'étalon pouvait se pencher sur les problèmes les plus lourds avec davantage de recul.
Mais ce matin, Lusitania vint vers lui, encore haletante. Sun Star savait que sa seconde avait sensiblement la même habitude que lui en ce qui concernait le Chemin infini, sauf qu'elle le faisait plus tôt. Un jour, il faudrait lui proposer de l'accompagner...en tous cas, Lusitania était troublée. Chose surprenante chez une jument dont le sang-froid était bien connu! Aussi l'étalon doré prêta-t-il une oreille attentive à ses inquiétudes et, quand elle quitta le camp en dansant, la suivit d'un trot paisible. Sitôt sorti du camp, comme elle, il se lança dans un galop effrené, s'étonnant, à vrai dire, de ce pressentiment qui lui mordait le ventre. Cette impression confuse qu'il allait se passer quelque chose de capital...A ses côtés, il pénétra le chemin sans fin et, comme elle, relança ses muscles dans un nouveau galop ardent, avalant les distances à la suite de Lusitania, dont l'excitation semblait croître sans cesse. Comme elle, il huma cette odeur de...d'étoile? Mais que sentait une étoile? Il n'en savait rien, en tous cas...

"Ils sentent l'étoile. ...Je sais, c'est absurde, mais..."

Sun Star secoua la tête et repassa au pas, puis s'arrêta pour reprendre son souffle, calmement. Il attendit que son coeur batte plus régulièrement pour se relancer dans une marche lente et circonspecte, encolure dressée, naseaux ouverts, tout entier à sa vigilance.
Et au détour du sentier, soudain, il les aperçut...