When hope is gone, the night devours the day [With Cirius]

La nuit était peut être tombée, ou alors le soleil est à son zénith, peut être est-ce l'aube... ou le coucher du soleil. Elle avait beau dilater ses pupilles, les ouvrir grand, elle ne distingue plus les couleurs, tout est noir et blanc. C'est sinistre et triste, mais c'est comme ça; puis de toute façon elle s'en fiche, elle ne ressens que de la haine, alors qu'elle voie les fleurs colorés ou qu'elle ne les distingue pas, ça ne change rien. Elle ne faisait que humer la terre encore humide de la dernière pluie, cherchant une odeur particulière, celle d'un étalon du soleil, comme l'a décrit Olympe... "Ton père était un guerrier du soleil, nommé Cirius. Ta mère l'aimait beaucoup..."
-Ouais, elle l'aimait beaucoup et c'est pour ça qu'elle est morte.
Elle lève la tête et regarde le ciel. Voila qu'elle parle toute seule maintenant... Elle délire de plus en plus. Elle ne voit plus aucune couleur, et maintenant elle pense à voix haute ! La prochaine fois, elle va devenir somnambule... Elle sent alors une forte odeur, pestant à plein nez... Evidemment, c'est celle de son père. Un sourire fend ses lèvres. Enfin. Elle tend son encolure, cherchant de combien de temps cette odeur date. Outch, plusieurs année... Pas dis qu'il soit encore là. Elle gratte le sol du sabot en découvrant l'odeur de sa mère. Un frisson la parcourt, tel un poison parcourant ses veines; le poison de la vengeance. Enivrée par les souvenirs elle ne pense plus qu'à une chose...
Une jument crème, couchée par terre, dans une marre de sang. Des rires sinistres -la mort ?-, des bruits de sabots, des hennissements plaintifs.
Tuer, se venger. Tout ce qui passera devant elle, sauf un cheval, verra son sang orner sa robe soleil. Elle réserve son permis de tuer à son père.

Sans qu'elle le sache, des nuages se sont installés dans le ciel limpide. Mauvais présage.
-Je t'attends...
Elle avait prononcé ces mots comme ça, juste pour le plaisir. C'était pour elle une façon de se dire que peut être il l'avait entendu et viendrait; même s'il ne savait rien. Un soupir s'échappe de sa gorge, et elle vient flairer les traces de sabots. Elles sont fraîches, mais ce ne sont pas celles de son père. Elle agite la tête et vient lever la tête pour regarder le ciel. Le soleil créée un contraste blanc, c'est le jour. Elle ferme les yeux et se laisse de nouveau bercer par la douce vague de sentiments qui afflue dans sa tête...
Viens, attrape moi...

Tandis que le ciel bleu avait laissé place à d'épais nuages de coton gris, rendant l'admosphère lourde et suffoquante, l'étalon noir traquait.
Il trottait énergiquement, foulant de sol - malgré lui avec une grâce infime - dans le but de mettre enfin la main sur une jeune jument qu'il suivait depuis déjà plusieur heures.
Lorsqu'il avait sentit l'odeur d'une toute jeune jument, un sourire narquois c'était d'abord dessiné sur ses lèvres; mais au fur et à meusure qu'il s'approhait d'elle, cette odeur lui paraissait de plus en plus familère... A un tel point que cela l'étourdissait.

Il sentit alors cette folie meurtrière, qu'il était pourtant parvenu à maîtriser au mieux possible, sortir de sa cage de métal et le parcourir tout entier tel un poison mortel. Son corps musclé et imposant se mit alors à trembler, comme s'il allait exploser. Il se mit à respirer lentement, tentant de maîtriser cette folie qui l'avait mis hors de lui.

Il se demanda alors pourquoi cette simple jeune jument, qui lui avait tout d'abord eût l'air d'une proie facile, parfaite pour étancher sa soif de sang, avait réussit à faire ressurgir sa folie.
Peu importe après tout. Il avait voulut jouer un peu avec cette jument, mais tant pis. Il la tuerais immédiatement, ou, pourquoi pas, la regarderais agoniser quelques instant avant de lui attribuer le coup fatal. Rien que cette pensée l'anima au plus haut point, et il se délecta de l'image sanglante que lui offrait sa chère te tendre folie.
Impacient, il accéléra l'allure, foulant la terre de ses membres puissants, ses muscles roulants sous sa peau fine.

Lorsqu'il fut assez près d'elle pour pouvoir l'aperçevoir, immobile, les yeux clos, son odeur de plus en plus étrange lui devint soudainement insupportable. Il n'eût plus qu'une envie : la tuer une bonne fois pour toute, pour que cette odeur horrible cesse enfin de lui monter à la tête. Elle l'avait d'ailleur à présent mis hors de lui.

Tentant de se maîtriser plus fortement que la fois précédente, il ralentit de plus en plus, jusqu'à qu'il rattrappe enfin sa future proie. Tout près d'elle, il frôla son corps agile et leste, mais en même temps fort et musclé, contre celui de la petite jument palomino fort dérangeante à son goût.
Il voulut alors la tuer immédiatement, d'un seul coup qui lui serait fatal; mais voilà, cette jument commençait à l'intriguer encore plus.

Son odeur, ses formes et sa façon d'être lui semblait si familière. L'étalon était à présent troubé, perdu du plus haut point. Il décida donc, néanmoins avec quelques difficultés, de reporter la mort de la jument à plus tard.
Il se contenta de demander d'une voix miéleuse, narquoise, menaçante, qui en laissait en rien apparaître le trouble qui était né en lui.

"Puis-je savoir qui vous êtes, jeune demoiselle?"

Dans sa vision triste éternelle, elle ne distingue qu'à peine la silhouette de l'étalon qui la suit. Elle n'essaye pas de la fuir ou de la rattraper, elle ne fait rien, elle se contente de garder la tête haute, écoutant la douce voix rapeuse qui lui parle. "Tuer, massacrer... laisse tes yeux se fermer et je te guiderai sur les pas de la Mort elle même..."
-Non
Elle agite la tête, ouvrant les yeux pour résister à l'appel du Diable. Elle ne tuera que son père, ce traître qui les a abandonner. Elle avait murmuré ce mot, désobéissant à son désir, pour la simple et bonne raison que tuer des chevaux innocents ne lui donne aucun plaisir. Elle ignore l'étalon qui se rapproche, tentant de sortir du tourbillon de souvenirs qui lui ampli la tête comme un essai de guêpes; tous plus ignoble les uns que les autres. Et quand le cheval noir l'effleure, elle remonte la tête. Le contact l'avait brûlé, comme si sa peau se consumait et que le feu de l'étalon l'avait contaminé. Elle était restée immobile, essayant de distinguer les formes de l'étalon. Il avait l'air musclé, et semblait d'une couleur sombre, voire noire. Elle voyait dans ses yeux un éclat de lumière aveuglante qui la fit reculer d'un pas. Elle se rappelle vaguement de ces yeux chocolat... Bizarre, très bizarre...
-Je ne suis personne... juste une disciple du diable qui cherche à se venger de son père. Et vous ?
Elle s'en fichait bien, c'était juste une question de politesse. Elle secoue la tête, cherchant à se débarrasser de toutes ses pensées qui lui donne le mal de tête. Elle soufflait des naseaux, le poison monte de plus en plus... Et si cet étalon connaissait son père ? Ce n'est pas lui, son odeur n'est pas la même et il ne sent pas le soleil mais la mort... Comment Olympe appelle t' elle ce clan ? Les... Shikakus ?Il doit en être un, alors. Un sourire sadique de dessina peu à peu sur ses lèvres. Un Shikaku, un serviteur du diable... Peut être pourra t'il l'aider ? Elle se retient de sortir un rire rauque comme elle les sort quand elle "chasse".
L'heure de la vengeance à sonner

qui se détachait à présent lentement de la pouliche se mis à ricaner d'un air sombre.
-Qui suis-je? Qu'est-ce que ça peut bien faire?
Cette jeune pouliche voulait tuer son père? Une disciple de la mort? Soit. Chacun choisis son destin, il s'en contre-fichait. A présent seule une chose l'importait.
C'était cette odeur qui commençait à l'insupporter de plus en plus, lui montant à la tête, bousculant son esprit. Son esprit emplit de folie, cette folie qui à présent empêchait de faire ressortir ces ignobles souvenirs qui le hantait à présent au plus profond de son âme. C'était comme si cette folie luttait pour que ces souvenirs, éveillés par cette odeur insurmontable, ne remontent pas à la surface.
Il fallait que cela cesse. Immédiatement.
Il se plaça alors devant elle, un sourire nerveux et sadique dessiné sur son visage. Cette flamme meurtrière avait à présent embrasé ses yeux noisette. Il commença à lever un antérieur, prêt à frapper.
Mais soudain, quelque chose le frappa, le bouscula.
Il avait, comme à son habitude, plongé son regard dans celui de sa proie, espérant y aperçevoir cette peur qui les immobilisaient à cet instant précis. Sauf que ces yeux là étaient différents.
Ces yeux, si orripilants, l'avaient frappé au plus profond de lui. Même après avoir hurlé et fermé les yeux, il les revoyaient encore, bleus et profonds, lui faisant ressurgir une douleur si profonde que cela en devenait insupportable.
Ses membres se mirent à trembler. Mais pourquoi était-il si... Faible?! Il mourrait d'envie de la tuer, de lui trancher la gorge une bonne fois pour toute et de la regarder mourrir, remplaçant son odeur par celle du sang, anésthésiante de douce. Cependant il n'y parevenait pas. Il tenta alors de se calmer, respirant plus lentement pour ne pas aspirer encore plus cette odeur.
-Je répète ma question : qui es-tu? dit-il d'un air sévère et meurtrier. Cette jument, sans le savoir, c'était mis Cirius à dos, à un tel point qu'il la torturerais jusqu'à la mort s'il le fallait si elle ne répondait pas à sa question.

"Abandonne toi et venge toi... Vas-y, c'est un traître..." Cette voix, horripilante, rapeuse; fredonne des paroles dans sa tête, la frappe de ses poings invisibles et la pique avec une seringue pour injecter le poison de la vengeance. Elle tressaillit légèrement, secouant la tête pour dessiner un non. Pourquoi ? Pourquoi lui, hein ? Il n'avait rien fait, il était innocent, du moins... Pour l'instant. La voix continue de lui parler, de lui chuchoter à l'oreille de le faire, de le tuer, de le massacrer et le torturer...
-sans façon...
Non, elle ne le tuerai pas tant qu'il n'a pas fait quelque chose. Un soupire rauque sort de sa gorge, suivi d'un long murmure incompréhensible destiné à cette voix incessante. Quelques mots pour la faire cesser, bien que ça ne marche pas. Tuer par pure impulsion est inutile, bête et surtout sans aucun intérêt. Il faut tuer ceux qui le méritent...
-Ca peut faire que...
Elle n'eût pas le temps de finir sa phrase que la voix revenait à l'assaut. Elle tapa du sabot violemment sur le sol pour la faire taire, mais rien n'y fait."Regarde... Regarde et venge toi... Fait honneur une nouvelle fois à ton cher mentor..." Alors elle lança un regard à l'étalon.
Elle recula dès que le sabot allait frôler sa peau. Alors comme ça, Il avait raison... Elle penche sa tête sur le côté, un sourire censé être innocent sur son visage. Elle ne voyait plus les couleurs, mais la flamme dans les yeux de l'étalon était nettement visible. Elle voit la couleur criarde du feu, rouge orangé... De la haine. Ou... de la Colère, plutôt. Elle s'approche un peu de l'étalon quand il posa de nouveau la question. "Poison, dis lui. Dis lui qui tu cherches, dis lui pourquoi tu es venue..."
Poison. Ainsi, le Diable l'a nommée Poison. Joli nom.
-Le Diable m'a nommée Poison... et je cherche mon père... Un étalon du soleil, d'après Olympe... Je ne sais plus son nom. Ma mère est... Etait une Shikaku... Son nom...
Rien ne lui vient. Le Diable enfin s'est tût. C'est pas trop tôt... n'empêche qu'il aurait pu dire le nom de sa mère et celui de son père, quand même. Ne voulait t'il pas qu'elle lui dise qui elle était et qui elle cherchait ? Ne voulait t'il pas qu'elle se venge et fasse de nouveau couler le sang, même si ce n'était pas mortel ? Parce que cet étalon à l'air âgé et expérimenté, le tuer ne serait pas une bonne idée tant qu'elle ne serait pas plus grande. Soudain...
-Lucky... Lucky Light ?
Elle ne parlait pas à l'étalon, mais au Diable. Elle voulait qu'il réponde, mais la voix rauque à disparût. Mince.