Red - Blaphèsme, Renji :)

RED

Quelque part dans le Monde, lorsque la nuit fut tombée, au milieu d'une prairie rougeoyante, dansait un souffle. Un souffle chaud, doux, passant entre les feuilles d'un arbuste pourpre, zigzagant sans cesse entre les brins d'herbe. Jamais il ne s'arrêtait, ce souffle d'air chaud, cherchant toujours à danser, danser entre les arbres, ces arbres rouges, rouges, rouges, ces arbres sang, avec qui il dansait, dansait encore une valse comme démoniaque, dans la musique de son sifflement strident. Il faisait osciller les feuilles, les faisant tournoyer sur elles-même, ces grandes feuilles rouges qui lui servaient de compagne, à ce souffle solitaire, qui grandissait d'autant que sa solitude, bousculant les arbres, dans cette éternelle musique, ce sifflement sinistre, comme pour attirer les démons. Il dansait même avec ses crins, comme pour les obliger à suivre cette danse, comme pour empêcher l'anomalie, il dansait avec les crins blancs de cette jument aux jambes tremblantes. Ses yeux noisettes qui trahissaient sa peur cherchaient quelque part où aller, où se cacher, mais elle avait l'impression d'être seule dans ce monde si terrifiant, elle avait l'impression que sa cachette la conduirait au malheur, dans cette nuit terrible, mais si chaude, avec ce vent interminable, ce vent dont le sifflement aigu rompait le silence.

Il faut dire les choses en face : Antéa a l'impression de se trouver au milieu d'un culte satanique. Mais comprenez la! Sans Katanka, elle n'est plus rien. Elle a peur de tout. Si vous lui demandez d'où vient cette peur elle vous répondrait sûrement qu'elle a peur de la nuit, et que cette colline couleur sang n'arrange rien les choses. Mais ne la croyez pas. Oh, voilà qu'elle se met à galoper. Elle galope dans tous les sens sans savoir où elle vas. Écoutez ce bruit, c'est celui du martellement de ses sabots sur la terre. Son souffle est court. On dirait qu'elle cherche à interrompre la musique incessante du vent. Cet horrible sifflement.

Et tombe la nuit, et flottent les crins. Et tapent les pieds, et déchirent les appels. Roi ardent, rejoind ton Destin. Laisse derrière toi ton passé oublié et bondit de l'avant. N'est guère craintes, à tes côtés toujours nous serons!

Last Chance secouait sa belle encolure tout en galopant. Sa longue queue était portée haute, comme un drapeau claquant au vent. Sa longue crinière volait sur son encolure dressée. Son toupet entravait sa vision. Mais ses naseaux frétillaient d'excitation, alors que son regard gardait une certaine retenue.

L'odeur d'une jument trainait par ici. Et les juments et lui... Il avait suivi l'odeur jusqu'au Clan du Soleil. La colline de Feu. C'était un lieu dans lequel, irréel, il devenait l'invisible dans le feu. Last s'arrêta à distances de la jument, frémissant de son corps tout entier. Son encolure d'étalon était gonflée, ses muscles roulaient et frémissaient sans relâche sous sa peau sombre cachée sous une robe alezane brûlée, luisante de feu et de santé. Ses marques blanches, généreuses, le montraient à qui faisait en sorte de le voir. Il regardait cette jument sombre galoper, martelant le sol de ses sabots secs, ses membres fins suivant la cadence. Le vent sifflait, alentours, tandis que l'étlon de l'Ombre leva la tête vers la lune d'argent, ronde comme à son plus beau jour.

"Birdseye view, awake the stars 'cause they're all around you,
Wide eyes will always brighten the blue,
Chase your dreams, and remember me..."

La nuit était douce, étrangement douce en cette fin de belle saison. Le vent caressait les herbes hautes avec comme un semblant de tendresse, et faisait se soulver des arabesque de poussière derrière les sabots de la petite jument qui allait, trottant doucement, vers la Colline de Feu. Elle avançait sans un mot, les orielles vers l'avant, les muscles tendus sous son pelage de satin, naseaux ouverts et sens aux aguets. Personne ne lui avait reproché son intrusion en ce sterres, aussi continuait-elle de les parcourir, sereine, âme innoncente dans ce monde à la perfection éphémère.

La colombe aux crins d'ivoire s'arrêta, apercevant une autre silhouette un peu plus loin devant. Massive, sombre, elle lui tournait le dos. C'était un étalon. Il ne l'avait sans doute pas aperçue, osn regard tourné vers un troisième cheval - une jument cette fois-ci - qui galopait à foulées sèches sur la colline, crins aux vents, soulevant une brume rougeâtre. Tara s'ébroua et reprit sa marche, plus lentement, allant à la rencontre de ces deux inconnus.

Elle n'éprouvait pas la moindre frayeur. Sa journée avait été paisible, et elle se trouvait calme et enchantée de cette rencontre imprévue. Peut-être ces chevaux étaient-ils de cette harde qui vivait ici. Malgré leurs odeurs - qui lui parvenaient de plus en plus clairement alors qu'elle s'approchait - elle n'avait pas encore bien mémorisé les effluves associées aux différents clans, et ne savait docn pas au quel ils appartenaient. S'ils faisaient connaissance, peut-être oserait-elle leur demander.

Insouciante, un léger sourire sur ses lèvres pâles et les oreille spointée sen avant, elle s'approcha et signala sa présence en soufflant bruyamment, secouant sa crinière comme pour saluer les deux autres.

Encore ce vent. Ce vent si bruyant, si effrayant. Ce vent qui sifflait comme un démon dans la nuit noire. Dans cette nuit si sombre, deux ombres. Deux silhouettes qui avançaient vers elle, menaçantes. Deux silhouettes qui marchaient dans la nuit, cette nuit aux étoiles cachées par les nuages épais, qui s'avançaient vers elle, jeune jument insouciante, comme si elles étaient des réincarnations de ce vent, ce vent horrible, bruyant, qui soufflait dans ses oreilles jusqu'à la rendre sourde. Effrayée, les jambes tremblantes, Antéa recula, les oreilles plaquées contre son crâne.
Elle aperçut alors un étalon. Un bel étalon au pelage brun sombre et au toupet épais qui s'avançait vers elle. Il avait l'air plutôt sympathique.
Derrière lui avançait une jument. Une belle jument au pelage d'une couleur pie beige, une couleur qu'elle n'avait jamais vu. Elle regretta alors d'avoir eu si peur pour rien. Elle se sentait bien plus en sécurité, avec ces deux chevaux à ses côté. Elles s'avança alors vers eux, un sourire timide dessiné sur ses lèvres.

-Bonsoir! Je m'appelle Antéa. Je suis solitaire.

Elle effectua une belle révérence, mouvant gracieusement ses membres fins tachetés de brun.

L'étalon foncé se sentit soudain oppressé. Il devina un mouvement furtif, derrière lui, loin. Mais la méfiance l'emporterait dans la tombe! Il secoua la tête, dénudant un instant les dents,montrant qu'il ne se laisserait pas faire. Mais lorsqu'il vit une jument sortir de l'ombre, il se rasséréna. D'ailleurs, l'autre jument venait de s'arrêter. Oui oui, c'était indubitablement deux juments. il en frémit d'avance. Deux femelles pour lui! Il se rassembla, arquant l'encolure, et partit dans un passage énergique, fouettant ses flancs de sa queue, léger et magnifique. Il avait de la classe, ce bon sang d'étalon!

Les deux juments le joignirent en même Il s'arrêta dans un sublime carré avant de s'incliner. Il tourna d'abord son profil élégant vers la dénommée Antéa en ronflant des naseaux pour imprégner son odeur. Puis il fit de même pour la jument inconnue. redressant la tête, d'une beauté à couper le souffle, il fit, de sa voix masculine et enivrante:

-Last Chance, pour vous servir..!

Puis il se cabra, battant vigoureusement l'air de ses antérieurs fins aux sabots coupants.

[C'est nul mais comme il m'a effacé 3 fois mes réponses...]

(Meuh non t'inquiète! XD j'attends Blas'!)

La parade de l'étalon arracha un sourire à Tara. Elle inclina légèrement la tête, saluant les autres avec d'avantage de sobriété.

"Antéa, Las Chance, enchantée. Mon nom est Tara, solitaire moi aussi."

Elle échangea un regard complice avec la jument, ravie de ce point commun qui les liait déjà. Puis son regard revint se poser sur le cheval foncé. Une oreille en avant, l'autre sur le côté, elle dut savouer qu'il ne manquait pas d'un certain style, bien que cela ne semblât plutôt relever que d'un caractère de Don juan. Ce pouvait être amusant, ceci dit, et elle ne crachait pas sur différentes compagnies. En tout cas, lui semblait ravi de cette rencontre inopinée sur la Colline de Feu. La jument pie palomino ignorait encore si les solitaires étaient bien acceptés sur les terres des clans, aussi restait-elle légèrement méfiante.

Visiblement, si l'on venait à croiser le dénommé Last Chance en étant une jeune jument, cela ne posait pas de problème. Cette pensée l'amusa, et elle se repprocha ce jugement si rapide. Mais l'attitude du brun était pourtant très... éloquente. La petite jument s'ébroua, chassant ces pensées parasites. Qu'en aurait pensé son mentor Courage ? Il lui avait appris à être prudent sans repousser toutefois ceux qui tentaient de faire connaissance. Elle allait tâcher d'appliquer cela, en ce lieu et à ce moment même.

La petite jument blanche tachetée de brun était si contente d'avoir enfin de la compagnie! Même si elle se sentait nettement plus sereine, de multiples frissons la parcouraient de tout son long et sa peau fine était secouée de soubresauts. Son corps svelte tremblait encore. Elle avait peur de la nuit. Peur du vent. Que c'était pitoyable! De plus devant deux chevaux à l'air sympathique qui pourraient devenir amis! Elle tâcha donc d'afficher un grand sourire amical.

-Enchanté à vous deux!

"Vous tombez à pic"... Elle ressassait machinalement ses anciennes pensées, songeant que s'ils n'étaient pas arrivés, tous les deux, ce bel étalon et cette jolie petite jument, dans les ténèbres de cette colline pourpre, Antéa serait encore à galoper, ses membres fins martelant le sol recouvert d'une herbe couleur sang, l'écume au coin des lèvre, les cœur battant à cent à l'heure.

Elle détailla alors les équidés se trouvant devant elle. Elle sourit à Tara, cette petite jument palomino, lui rendant ainsi son regard complice. C'était seulement amical, car elle n’adhérait pas vraiment le caractère de Last Chance. Mais elle voulait se faire un ami. Elle afficha donc un large sourire à l'étalon - très bel étalon, il fallait l'avouer - croisant son regard brun.

Elle sentait encore de petites secousses sur sa peau, involontaires. Décidément, elle n'aimait pas ces lieux... Mais où est Katanka?

Les présentations... Puis les sourires amicaux et les clins d'oeil. Pffff, pathétique! L'étalon brûlé arqua l'encolure en grinçant des dents. Il fouetta l'air de sa queue de soie avant de reculer d'un pas. Trop ennuyeux pour lui. Et il sentait les juments trop "ensembles" pour que son numéro de charme puisse marcher. Il préféra tout de suite jeter le froid.

-Deux solitaires et un Guerrier de l'Ombre sur les Terres du Soleil... Je sens que cela risque d'être amusant, si Renji ou Sun Star nous tombent dessus...

En effet, les chevaux du Clan de l'Ombre n'étaient pas tout à fait les bienvenus sur les Terres de l'aîné de Black. Quant à l'étalon noir qui co-gouvernait... Il avait la haine de l'Ombre, du Clan de sa naissance. Il ne donnait pas cher de sa peau! Enfin, seul, il pourrait se battre et gagner, il le savait. Mais montrer de la fierté et de l'arrogance inutiles... C'était tout lui, Last Chance le grand alezan. Son antérieur droit, beau dans sa finesse, râclait le sol tandis qu'un sourire peu engageant étirait ses traits. Les oreilles plaquées contre le crâne, il se montrait comme le guerrier ardent qu'il était. Néanmoins, les juments n'avaient rien à craindre. C'était sa façon de "rouler des mécaniques". Il se mit d'ailleurs au pas, roulant ses muscles effilés sous sa robe alezane foncée et satinée. Il se dirigea vers un massif d'herbe, auquel il grignota, se détournant des juments.

Tara remua les oreilles, sans trop savoir quoi penser. Les noms que venait de prononcer Last Chance résonnaient familièrement à ses oreilles, sans qu'elle ne puisse déterminer exactement qui était chaque cheval qui le porait. Elle se sentit légèrement confuse. Les images se bousculaient dans son esprit, tandis qu'elle tentait de se rappeler. Elle posa son regard légèrement inquiet sur l'alezan brûlé, qui allait d'un pas se voulant nonchalant vers quelques massifs d'herbes, dont il arracha les brins d'un vigoureux coup de dents.

Bon. Inutile de rester sans répondre, cela ne servirait qu'à refroidir encore l'atmosphère déjà bien raffraîchie. La pie-palomino s'ébroua, puis lança doucement :

"Les chevaux du Soleil sont chevaleresques. Sans doute nous laisseraient-ils la vie."

Paroles inutiles, presque candides. Elle secoua la tête nerveusement.

"Mais si vous préférez, nous pouvons nous... éloigner ?"

Filer en terres libres, ces terres qui l'avaient vue grandir et s'épanouir. Ces territoires-là, elle les connaissaient, et ils lui étaient bien moins hostiles que ceux sur lesquels elle se trouvait, si elle en croyait les dire du grand mâle.

Antéa sourit gentiment à la jument puis regarda l'étalon, agacée. Il était... Déçu? Elle rigola intérieurement. Ne rencontrait-il des juments que pour les séduire, les faire tomber sous son charme? Jamais en pure et simple amitié? Même si cela l'agaçait un peu, elle n'avait pas envie de se faire un ennemi de plus. Elle s'avança alors vers lui en trottant, amusée, puis lui donna un léger coup de naseau joueur.

-Hé, soyons amis!

Elle sourit en pensant au fait qu'elle pourrait se faire beaucoup d'amis, ici, sur ces terres si belles, si nouvelles pour elle. Il ne lui manquait plus que Katanka...
Se retournant vers la jument, elle demanda d'un air gentil mais tut de même plus sérieux :

-Qui sont Renji et Sun Star? Excusez moi, je viens d'arriver ici alors je ne sais pas grand chose su ces terres.

L'alezan écouta la pie palomino et acquiesça d'un mouvement de tête. Oui, ils leur laisseraient la vie sans se faire prier, alors qu'il se ferait chasser, ou combattre, s'il résistait. Qu'il pouvais haïr les étalons, ce mâle noble et majestueux! Son regard s'illumina de haine trop peu longtemps pour qu'on puisse le lire. Mais la haine était là, lui glaçant le coeur à l'odeur musquée caractéristique de l'approche d'un de ces égals. Il frémit lorsque la deuxième jument vint le bousculer des naseaux, retenant une réaction violente et sanglante. Il se contenta de se cabrer, majestueux. Mais il remarqua la nervosité des deux juments. Il tira son épingle du jeu.

-Renji et Sun Star n'ont rien contre deux vagabondes. Il n'y a que moi, ici, qui dérange.

L'alezan brûlé marqua une pause et son regard se perdit vers une ombre que seul lui pouvait voir. Avec un dédain appuyé par sa voix et son attitude, il répondit:

-Sun Star est le Chef légitime du Clan du Soleil. Renji était son Second, jusqu'à ce qu'il monte en grade et devienne Chef associé. Mais si vous croisez Renji, humez à deux fois l'air: Black Hole ou ses semblables sont peut-être derrière ses pas.

Il encensa, amusé de pouvoir donner peur aux juments, et agacé d'avoir à parler des deux étalons.

[Si vous voyez que je répond pas, passez mon tour!]

[Avec mes excuses pour le retard U-U']

Tara secoua la tête et sa crinière crème décrivit une large arabesque autour de son encolure. Les paroles de l'étalon l'avaient à la fois rassurée et fait tiquer. Que faisait donc Last Chance sur ces terres, s'il n'y était pas le bienvenue. D'après ses dires, les chefs du clan du Soleil lui étaient même franchement hostile. Il suffisait de le comprendre à sa manière de se tenir, et de fouailler d ela queue lorsqu'il les évoquait.

"Dans ce cas, peut-être pouvons-nous poursuivre cette coversation en un lieu plus... apte à nous accueillir ?"

Elle ponctua le tout d'un léger sourire. Elle avait son idée, elle, jeune maîtresse des Terres libres. Ou du moins, c'est ce qu'elle croyait, bien naïvement.

"A moins que vous ne connaissiez assez ce territoire pour pouvoir précenir une arrivée peu commode." Termina-t-elle d'un ton entendu.

Bien sur.

Antéa regarda l'étalon, stupéfaite. Black Hole n'était-il pas censé être un shikaku? Elle ne comprenait plus trop. Elle regarda l'étalon énervé. Sa réction avait été beaucoup trop brusque pour ce qu'elle venait de faire.
Il recherchait apparemment à leur faire peur. Mais cela ne marchait pas avec elle. Elle avait déjà - de loin - rencontré le shikaku, et étai persuadée qu'il était impossible de connaître un être foncièrement méchant. Un être était composé de bien et de mal, certe, parfois le mal l'emporte sur le bien, mais celui ci est toujours quelque part, au fin fond de son âme, attendant l'occasion de se montrer. La jeune jument n'avait pas peur de l'étalon noir, pas plus de Last Chance, devant elle. Elle était juste en colère contre lui.
-Comme vous voulez, mais compte tenu de la situation, je pense que ce ne serait pas une si mauvaise idée.
(excusez moi si j'écrit mal, mais j'y arrive pas trop en ce moment)

[Moi aussi je suis en galère :/ Désolée les filles :/]

Le grand étalon regardait les juments, ainsi elle voulait s’en aller, se diriger là où il serait un lieu plus apte à la suite de leur conversation ? Ne sentaient-elles pas en sécurité sous l’aile de Last Chance, sa protection même ici ne leurs suffisaient donc pas ? Soit, il roula ses muscles, gonflant le poitrail panachant sa queue en les regardait avec des yeux à tombés, annonça d’une voix rauque et masculine.

« Où voulez-vous allez chères demoiselles ? Je vous escorterai avec plaisir. »

Il se mit à doucement marché, bandant ses muscles comme une corde d’arc, les regarde voluptueusement. Peut-être qu’autre part, son charme agirait mieux, c’était pour ça qu’il avait fini par céder, pour des juments, qu’est-ce qu’il ne faut pas faire.

[On va s'en sortir XD !]

De la galanterie et des dentelles, toujours plus. Encore et encore. C'était une amusante scène pour les yeux encore candides de tara. L'étalon pavanait, faisant rouler ses muscles et onduler ses crins. Il ne manquait pas d'allure dans sa robe foncée et savait mettre en valeur ce satin qu'était son pelage. Et il avait accepté sans trop rechigner de changer de terres. Ce n'était pas une mauvaise chose, d'ailleurs. Peu à peu, alors qu'elle s'aventurait entre les frontières, Tara faisait au hasard des rencontres de connaissances qui se révèleraient sans doute bien utiles.

"Nous pouvons retourner en Terres libres." Hennit-elle doucement. "Je connais bien cette portion des territoires. Nous y serons libre de discuter en paix et sans crainte d'être les malvenus."

Oui, les Terres Libres. C'était un peu celles du Clan des Solitaires. Les cehvaux qu'il y croiseraient ne pourraient pas leur être hostiles, et elle avait espoir de pouvoir retrouver Courage ou Sunlight. Elle s'ébroua et emboîta le pas à l'alezan brûlé de ses foulées souples et dansantes. Son anxiété était soudainement retombée et un sourire léger demeurait sur ses lèvres claires. Une colombe traversa le ciel, au-dessus d'eux, lui faisant lever la tête.

Le bel oiseau décrivit une arabesque, frôlant de ses petites griffes le toupet de Tara puis reprit de l'altitude. Elle le suivit du regard, puis ses yeux vinrent à nouveua se poser sur Antéa. il ne restait plus qu'elle, et elle souhaitait de tout coeur que la jument puisse les accompagner.

Ces chevaux étaient et deumeuraient visiblement bien sympathiques. Mais cela durerait-il? Pendant combien de temps allaient-ils bien pouvoir rester ainsi, joyeux, heureux peut-être? Tout avait une fin, et demain, Antéa se retrouverait de nouveau seule. Sans ses amis. Sans ses proches. Alors à quoi tout cela pouvait bien se résumer? Pourquoi toutes ces joies, ces paillettes, ces amitiés, ces galanteries alors que tout cela finirait brusquement, comme tout avait commencé? A quoi servait-il de faie tant d'éfforts pour qu'un jour tout s'écroule sous vos pieds sans que vous ne vous en rendiez compte?
Mais pour un fois que deumeurait ne serait-ce qu'un peu de bonheur, pourquoi ne pas le suivre, rien que pour les souvenir qui pourraient en rester? Et ces souvenirs... se transformeraient-ils en douleur avec le temps? La douleur du regret du temps passé, de ces bons moments ensemble, le regret de la vie passé trop vite, ou bien celui de n'avoir profité de rien, de s'être replié sur soit même.
La mort est un trou noir. Quoi qu'il en soit, personne ne se souviendra de rien, le monde submergera dans l'inconscience. Alors autant profiter de l'instant présent.
C'est pourquoi Antéa afficha une mine réjouie, souriant aux deux chevaux, ignorant les galanteries du monsieur.

-Avec plaisir, Tara. Je vous suivrais.

Les juments semblaient s'être mises en accord. L'akhal secoua l'encolure et ses longs crins s'ébouriffèrent sur sa crinière tandis qu'il se mettait de nouveau en avant, après une courte pause. Il avançait comme un beau guerrier qu'il était, avec des muscles saillants sous son fin pelage alezan brûlé qui épousait à la perfection le moindre de ses traits en le faisant reluire. Il regarda les juments avec beaucoup de calme, même si intérieurement il brûlait.

« Où exactement voulez-vous aller? »

Il piaffa un instant, arquant le col et laissant ses membres voler, tandis que ses crins l'auréolaient, que sa tête pivotait de côté à côté, lentement, et que sa longue queue soyeuse battait la mesure. Il n'en fit que quelques pas, ne sachant pas même pourquoi cette allure, loin d'être naturelle, lui vint. Il s'immobilisa donc, au carré, plein de prestance tandis que les juments, d'apparence si complices, se décidaient. Il les ecorterait, où qu'elles aillent.

[Mille excuses :/]