Viens, et vois [LIBRE]

Nuit, belle ennemie... Sais-tu pourquoi je suis toujours debout? Parce qu'ils sont là, mes piliers, debout, pour mon soutien. Tu sais, eux n'ont plus peur non plus, de toi. Tes fils sont tombés, comme ceux de ton amante la Mort. Et sais-tu pourquoi? Parce que la lueur de notre âme a fait vaciller ta flamme de haine. Tu as perdu, Nuit, reine des mes cauchemars.

Renji marchait, de toute noblesse malgré ses muscles raidis. Son corps avait guéri et avait retrouvé cette beauté lumineuse malgré la robe noire d'encre. Il marchait comme un guerrier de retour sur ses Terres. Mais ce splendide guerrier n'était pas parti plus d'une demi-journée. Hélas, cela même devenait impossible, le crève-coeur absolu. Alors l'étalon de nuit offrait au soleil ardent son échine pour brûler. Il était redevenu splendide, vraiment splendide. Sa masse, qui avait tant et tant fondu, était redevenue belle, dessinée par des muscles saillants. Sa cape de nuit, déchirée, semblait avoir été reprisée. De surcroît, le grand mâle avançait, plus beau que jamais. Chaque pas était beau, même si son amplitude était réduite. On devinait déjà la raideur des muscles, qui entraînait peu à peu une raideur articulaire contre laquelle luttait le Frison. L'encolure à l'horizontale, ses yeux noirs se baladaient farouchement sur le paysage alentours, qu'il connaissait par coeur.

Sais-tu, Soleil luisant... Sais-tu que même si tu me brûles et si ma robe t'es ennemie, tu es l'Astre qui brille dans mon coeur, l'Astre de mon Clan. J'ai toujours cherché à t'être fidèle et je me repens de mes fautes. Je te suis aussi infiniment reconnaissant de nous avoir permis de triompher de ton ennemie, la Nuit infinie qui brûlait dans le coeur des Shikaku. Soleil, bel ami, permets-moi de cheminer un peu encore sous tes rayons.

L'étalon sombre s'arrêta et releva la tête. Ses muscles frémirent et ses oreilles sombres pivotèrent vers sa nuque puissante. Ses grands naseaux inhalèrent l'air bourré d'odeur à grand bruit, tandis que le brave Ren' décryptait les odeurs éparses et diffuses. Comme rien n'était trop inquiétant, au milieu du Territoire des Loups, il secoua la tête, en gardant ses gardes. Il reprit le pas, plus lentement, avec plus de fierté encore.