It's just a game, you said? [PV-Utopie]

Le crépuscule envahissait peu à peu le ciel, l'imbibant de ses vives couleurs, y mêlant l'orange et le violet avec une déconcertante facilité. Silencieuse, le belle séductrice truitée s'avançait à pas lents, comme si le temps, ce soir, n'existait plus. Elle suivait la douce effluve de l'odeur d'un étalon, cheval doté du sexe fort, et genre qu'elle aimait pus que tout! Elle avait tant besoin de réconfort, il lui était impératif de se pelotonner contre le poitrail brûlant d'un de leur représentant. Bien sûr, elle l'apprenderait, pour qu'ils deviennent amis, il n'y avait pas que le plaisir qui animait sa vie, même s'il en était la grande partir. Jeune et belle, elle savait qu'elle avait pour elle l'avantage du physique. Elle prit alors le trot, pour être sûre de le retrouver avant qu'il ne quitte cet endroit aux allures féeriques. Utopie allait, rapide et alerte, zigzaguant entre les arbres et les buissons, sentant qu'elle approchait de son but. Là, enfin, elle le vit. D'une éclatante splendeur, il semblait être une statue d'acajou, finement ciselée, et découpée avec la plus pure des lames. Elle s'immobilisa, le souffle court, le coeur battant la chamade et prêt à rompre. Qu'il était beau, ce jeune animal! Et qu'il semblait doux, attentif. Elle reprit le pas, posant ses yeux anthracites sur lui, léchant son corps du regard avec avidité, à la limite de la décence. Elle s'arrêta à un mètre à peine de lui, et allongea son encolure, de sorte à ce que son nez vienne frôler les naseaux bouillants du mâle au regard bronze.

"Bonsoir, je me présente, Utopie..."

Et alors qu'il se tenait bien droit sur ses solides aplombs, une Nymphe claire apparût devant lui, toute la beauté du Monde emprisonnée dans ses traits et ses allures. On la devinait fine mais musclée, et son corps était une harmonie parfaite, où force et fragilité se retrouvaient. Mais elle semblait perdue, cette douce créature trop peu farouche à son goût. D'ailleurs, elle n'attendit que trop peu de temps avant de s'approcher, vive et quelque peu dansante de lui, effleurant son nez mouillé de ses naseaux brûlants. Undisclosed ne se retira pas, bien au contraire. Il lui rendit sa caresse, mais plus farouchement. Rapide, il alla effleurer la pointe de son épaule, la tâche blanche de son nez se mêlant au corps clair de la belle. Là, il prit une grande bouffée d'air, s'enivrant de son doux parfum. Oh, mais quelle déesse pouvait bien habiter son corps? Tout en elle était invitation au désir et au plaisir, tout se conjuguait si aisément! Tout devenait si simple... Mais pourtant, il avait cette majesté de n'oser, ce recul et ce détachement de barrer la route à ses désirs. Elle était douce et belle, oui, mais peut-être qu'elle ne savait pas, peut-être qu'elle ne se rendait pas compte de son comportement engageant. U.Desires avait l'impression qu'Utopie agissait avec lui comme s'ils s'étaient connus de longue date, ce qui le fit frissoner. Il se recula, brusquement, rompant tout contact avec elle. Là, il posa son regard bronze sur elle, pour la détailler. Que cherchait-il de plus? il le savait déjà, qu'elle était belle à en mourir. Pourtant, en elle, quelque chose le dérengeait. Bien sûr, se faire rentrer dedans de la sorte n'était pas déplaisant, mais avec cette brusquerie! Et quelle audace! Qui était-elle? Une seule certitude naissait en lui: il ne devait pas être le premier des étalons de ces terres à avoir le droit à tout ce cirque. Mais lui était seul, bel et bien seul... Alors, pourquoi, l'espace d'unn soir seulement, pourquoi ne pas se laisser faire, se laisser consumer par l'ardente passion qui le tenaillait? Grave et interdit, son regard s'embrasa alors, et suave, il répondit:

"Bonsoir belle Nymphe claire. Je me nomme Undisclosed Desires."

Trop peu farouche, elle avait déjà essuyé un cuisant recul de la part d'un bel étalon bai. Mais lui, il semblait différent. Plus doux et gentil, plus sensuel peut-être. Et c'était avec confort qu'elle appréciait le contact de l'étalon sur son épaule. Tout son être se mit à vibrer, alors qu'il se tenait là, à sentir l'odeur qu'émanait son corps divinement féminin. Oui, peut-être que lui, au moins, allait l'accepter ainsi. Elle ferma ses paupières, voilant ses grands grands yeux sombres, et se laissa porter sur un long torrent brûlant, s'y noyant avec délice, et s'enivrant des sensations qui la harcelaient. C'était la porte grande ouverte qu'elle les accueillait, ses reins devenant brûlants. Oui, en elle, le désir de s'approprier le corps de l'étalon chocolat grandissait. Et quelle déception la saisit quand il se recula, brusque et repide, trop rapide sans doute; pour la dévisager, encore. Mais ne l'avait-il pas déjà vue?! Il y avait à peine deux secondes, il était là, contre elle, son nez sur son épaule, à inspirer pour mieux sentir ses parfums, et voilà qu'il se reculait, pour la regarder. Mais qu'avait-elle? Pourquoi la rejetaient-ils tous? Elle resta au même endroit, sans avancer ni reculer, dardant simplement son regard suppliant sur lui. Aime-moi, rien qu'une nuit, mais je t'en prie, aime-moi, adore-moi, et fais-moi vibrer d'une passion nouvelle...! Mais il n'en devint étrangement pas plus farouche. Il semblait se poser des questions quand à ce qu'il devait faire.

"Très beau nom pour un très beau mâle..."

Danser. Il n'était presque bon qu'à cela, cet étalon à la robe chocolat. Undisclosed s'avança donc, encore une fois, calme mais les muscles tendus. Sous le couvert des arbres, aucun rayon de lune ne passait, ils se retrouvaient donc tout deux, comme des ombres ou des esprits, à se dévisager, dans un long silence ponctué cependant de mots suaves et enjôleurs, qui s'échappaient de la bouche d'Utopie avec une langoureuse douceur. Jamais Undisclosed n'avait éprouvé le besoin de se protéger d'une présence, de se défendre face à quelqu'un, jamais il n'avait trouvé quelque chose de dérengeant dans le comportement d'un de ses semblables. Pourtant, ce soir, sous la clarté des étoiles, les choses étaient différentes. Tout son charme résidaient dans sa fiévreuse douceur, et voilà qu'il se faisait bousculer par une jeune jument, belle et légère, aux appâts terriblement prédateurs. Y renoncer? Pourquoi? Il ne devait être fidèle à personne, sinon à lui? Mais était-il un de ces étalons qui profitent d'une âme éperdue? Non. Et, alors qu'elle le fixait de ses grands yeux, il ne pouvait estimer si elle avait parfaitement conscience de ce qu'elle faisait. Il s'approcha encore un peu, son nez noir à quelques centimètres du gris de la jument. Là, il laissa glisser, les muscles toujours bandés:

"Avez-vous conscience, demoiselle, de vos actes?"