Le temps de la course...et de la rage. [Aglow]

Le soleil, intense, étincelait sur le sable de la piste, où on avait mené Odyssée et Aglow Star à grand renfort de coups et de cris. Désormais, les deux chevaux étaient enfermés dans un enclos qui donnait directement sur la piste de sable blanc, et tous les hommes les observaient, emplis d'une crainte respectueuse. L'enclos faisait à peine deux mètres sur quatre, et les deux chevaux ne pouvaient presque pas se mouvoir. Ils savaient ce qui allait se passer. Dakeyras et Waylander, leurs deux maîtres, allaient les faire courir les uns contre les autres. Avec eux sur leurs dos.
Odyssée fulminait, tremblait de rage impuissante, ses sabots martelant le sol avec une violence peu coutumière de la jument grise. Les hommes les observaient en riant et plaisantant. L'un d'eux tendit une main pour effleurer la robe soyeuse de la jument d'argent, aussitôt Odyssée fit volte-face et se cabra, lançant ses sabots antérieurs avec une précision mortelle. Elle ne tua pas l'homme, mais son cabrer associé à un bond furieux heurtèrent sa main qui tressaillit. Un craquement retentit, tandis que l'homme poussait un hurlement de douleur. La jument grise parvint à planter ses dents dans le bras de l'humain, et parvint à le tirer. Avec un hurlement, l'homme bascula vers les deux chevaux, dans l'enclos. Et vers son destin.
Odyssée se cabra avec joie, prête à broyer le crâne du malheureux sous ses sabots durs. Elle avait trop souffert, en avait trop enduré. Celui-là paierait pour les autres. Les hommes à l'extérieur du corral, dont la barrière était trop haute pour être franchie par un cheval, hurlaient, cherchaient un fouet pour frapper les chevaux et sauver leur camarade, mais un cri retentit, sec et impérieux:

-Laissez-le! Il n'a que ce qu'il méritait. Je vous ai dit de ne pas les approcher.

Waylander et Dakeyras s'avançaient vers le paddock, chacun portant une selle et un filet simple, le genre de harnachement qu'on peut affubler rapidement à un cheval, sans prendre trop de risques.
Odyssée se raidit une seconde, puis se souvint de l'homme à ses pieds et elle le broya de ses sabots noirs, sentant avec une joie intense le sang des êtres haïs couler sur ses sabots et asperger ses paturons fins et solides. Elle échangea ensuite un regard avec Aglow et siffla:

"Ça faisait trop longtemps que j'attendais ce moment! Celui-là a payé pour les autres..."

Puis, désignant les hommes:

"Ils ne comptent tout de même pas nous monter dessus et nous lâcher sur cette piste?"

Le petit-fils de Devil, contrairement à la jument argentée, n'avait pas montré la moindre fureur lorsqu'ils avaient été enfermés dans l'enclos. Qu'ils se chargent du spectacle, les hommes n'attendaient que ça. Et Aglow Star n'avait qu'une envie : les décevoir. Et peut être aussi les tuer, à voir... Le seul signe d'anxiété que montrait l'étalon, c'était les frémissement réguliers de sa robe, qui semblait absorber les rayons du soleil. D'ailleurs, s'il avait tourné la tête quand Odyssée avait attaqué l'homme ca avait été uniquement pour admirer une fois de plus sa chérie en pleine action. Campé sur ses membres raidis, il tourna une oreille vers elle et planta un regard ténébreux dans ses yeux acier :

"Je ne pense pas que c'est pour faire joli... Tu crois que les courses existes aussi chez les bipèdes ? "

Tout en parlant, il avait tourné le dos aux deux hommes qui avancaient, surs d'eux, leur présentant la vue peu engageante de sa croupe arrondie et de ses jarrets puissants.

La jument grise secoua la tête avec colère. Contrairement à Aglow Star, elle ne cachait pas la rage qu'elle ressentait, et le sang ne l'avait que brièvement apaisé. En elle c'était une litanie incessante. Je les hais, je les hais, je les hais...Elle aurait dû se calmer, elle le savait. Décevoir ces hommes, ne pas leur donner ce que justement ils espéraient: de la haine, de la violence, de la rage.
Mais elle ne pouvait plus se calmer. Une semaine qu'ils étaient enfermés dans un box, des hommes leur jetant du foin comme on jetterait de la viande à des fauves. Aucun n'irait jamais se risquer à effleurer ces "démons en action". Les hommes les avaient surnommés "serpents". Une semaine qu'elle n'avait pas senti la saveur du vent, pas pu étirer ses muscles raidis, sentir la douceur de la lune sur sa robe de satin et la caresse de velours des naseaux d'Aglow Star. Tout ça à cause de quelques barreaux! Le manque de liberté faisait fulminer la jument grise, qui tournait en rond comme un lion en cage. Elle voulait se calmer, mais...elle ne pouvait pas se calmer! Ils l'avaient privée de sa liberté, elle souffrait comme un oiseau en cage, comme un lion confiné dans quelques mètres carrés, elle souffrait, et seule la présence d'Aglow Star l'avait aidé à supporter l'absence de liberté. Dès qu'elle serait libre elle filerait. Le désir de galoper, de bondir, ruer simplement par joie et pas par nécessité, galoper et danser aux côtés de ses amis, de son amant, de sentir le goût du vent et la fraîcheur de l'eau des cimes, de voir au-dessus d'elle la silhouette imposante de Ska, compagne et complice la mordait comme un molosse qui s'accroche à sa prise, sans cesse, au creux du cœur. Morsure, brûlure, pic...quelque chose d'indescriptible mais qui la rendait folle.
Elle regarda Aglow Star, sa mauvaise humeur atténuée par les yeux noirs de son compagnon:

"Oui, je pense...je me souviens d'avoir entendu Black en parler une fois...ils font même naître des chevaux exprès pour ça!"

Elle se cabra et regarda l'horizon, tremblante et écumante. Elle avait mal, de sentir cette liberté si proche et de ne pouvoir la cueillir. Une seconde, elle laissa tomber sa tête, appuya son bout de nez contre l'épaule de l'étalon noir. Ses yeux se fermèrent et elle murmura:

"Aglow...je...je n'en peux plus..."

La seule chose qui la retenait dans sa folie meurtrière était la présence d'Aglow Star à ses côtés. Elle aurait pu le blesser, dans l'espace restreint où ils se trouvaient.

Tous deux auraient puent se blesser. Se tuer, même. Mais même ces stupides bipèdes avaient du s'apercevoir du lien qui les unissaient. Un lien unique, puissant. Un lien qui les rendait invincibles. L'étalon noir oublia un instant les hommes qui hurlaient, les palissades, les chevaux, la peur autour d'eux pour rouer l'encolure et afficher le sourire dragueur qu'Odyssée lui connaissait si bien.

" Moi, c'est ta présence à mes côtés qui me permet de tenir. Parce que j'ai envie de courir flan contre flan avec toi pour l'éternité. Je veux de nouveaux entendre le fracas de nos sabots roulant sur la plaine. Je veux tuer avec toi, manger et boire avec toi. Souffrir et être heureux... Avec toi."

Aglow Star resta un moment immobile, les yeux vrillés dans le regard acier de la fille de Liberty, puis il lui mordilla affectueusement le garrot.

" Tant que nous sommes ensemble, ils ne peuvent rien contre nous."

Ses paroles résonnaient tant de conviction qu'elles auraient persuadées les bipèdes eux mêmes, s'ils avaient compris la langue animale. Malheureusement, Waylander et Dakeyras venait d'arriver près de l'enclos et organisaient leur matériel avec le sang-froid que montrent les hommes habitués à toutes sortes de prodiges. Le regard calme, ils jaugeaient les deux animaux comme des loups face à des loups. Tout en eux montrait qu'ils étaient sur d'eux. Le maintien de leur buste et leur larges épaules témoignaient de leur force de caractère. Qui plus est, Aglow Star savait qu'ils étaient des cavaliers aguérris pour les avoir vu dompter un cheval en quelques minutes. Les animaux s'étaient immobilisés au bout d'un moment, tremblant et ne comprenant pas pourquoi leur cavalier n'était pas à terre après les efforts qu'ils avaient fait pour s'en débarasser.

Odyssée allait répliquer quand elle sentit un lasso s'enrouler autour de son encolure, sans brutalité inutile, mais sans douceur non plus. Puis un autre, admirablement lancé, lui bloqua la mâchoire et irrita la peau si tendre de ses naseaux gris. La tête bloquée contre la palissade par la force conjuguée de dizaines d'hommes, elle ne put voir si Aglow Star avait subi le même sort ou non, mais elle se doutait que oui. Les hommes avaient dû remarquer que les deux chevaux s'aidaient mutuellement...
Un homme lui saisit, malgré ses faibles mouvements de protestation, un bout de sa lèvre tendre, et le glissa dans une corde formant une boucle et reliée à un bâton. Puis il tourna le bout de bois. D'abord elle ne sentit qu'une gêne, puis une atroce douleur. Enfin, serrée par le tord-nez, sa lèvre s'engourdit, mais la douleur restait présente. Figée par la souffrance, elle ne put réagir quand Dakeyras lui balança une lourde selle sur le dos avant de serrer la sangle. La jument tenta de ruer, mais sa lèvre, sa tête maintenue et, maintenant, sa queue tenue fermement l'en empêchèrent. On lui fixa le filet sur la tête, sans ôter le tord-nez. Enfin, elle sentit un autre poids sur son dos.
L'homme! Cette fois-ci, et malgré la douleur du tord-nez, la jument tenta de ruer, de se cabrer, de faire un écart. Elle ne parvint qu'à se meurtrir la lèvre et à effectuer un bon ridicule, loin de ses cabrioles coutumières. Le poids de Dakeyras sur son dos si fin, ses pieds qui cherchaient leur appui dans les étriers, ses mains attrapant les rênes, ses mains qu'elle sentait par le truchement du mors dans sa bouche...La jument grise haletait avec peine, oppressée par la peur et la rage. Elle voulut se cabrer, jeter l'homme à bas de terre.
Elle ne parvint qu'à trembler.
Toute son attention était désormais fixée sur la porte qui donnait sur la piste...car elle savait que, quand on ouvrirait cette porte, le véritable duel, homme contre cheval, commencerait.
Et elle était bien décidée à le gagner.

Derrière Odyssée, Aglow Star subit a peu près le même traitement. Sauf qu'il ne s'en rendit pas vraiment compte. Les hommes lui passèrent le tord-nez, mais c'est a peine s'il sentit la douleur qui lui vrillait la lèvre.Campé sur ses quatre jambes, il ne bougeait pas. C'est à peine s'il sentit la lourde selle jetée sur son dos, puis la sangle lui comprimer les flancs. A peine s'il sentit la barre unique et froide s'engouffrer dans sa bouche, meurtrissant ses gencives et cognant contre ses dents.
Les yeux cerclé de blanc, mais l'air curieusement absent, l'étalon tremblait violement.

" Eh, vous avez vu !? Il est mort de peur alors que la jument se défend comme une diablesse !!! Vous auriez du prendre la femelle, mon commandant ! Ca ne fait pas un pli !"

Waylander, a qui l'état de l'étalon n'avait pas échappé et qui l'observait encore une fois avant de l'enfourcher, se retourna lentement. Il y avait tant de maitrise de soi et de violence contenue dans ce simple geste que les soldats présents reculèrent d'un pas. Instinctivement.

" Je me garde le droit de décider ce que je dois faire ou non. "

Sans plus de commentaire il monta sur le dos d'Aglow Star. Derrière lui, les commentaires moqueurs allaient bon train. Si les hommes avaient su ce qui succédait aux brutaux tétanisements de l'étalon noir, ils se seraient surement passé de ces paroles aussi stupides qu'inutiles...

Odyssée, elle, savait ce qui allait se passer. Ce qui allait suivre. Elle le savait parce qu'elle l'avait vu, quelques jours auparavant. Elle s'en souvenait encore. Et elle espérait ardemment que les hommes allaient en faire les frais.
Soudain, la porte devant elle s'ouvrit, tandis qu'on ôtait le tord-nez. Les deux hommes étaient à cheval, bien assis sur leurs selles respectives, et prêts à se battre contre leurs montures. Odyssée sentit un souffle d'air frais, un goût de liberté factice. Elle devinait, à côté d'elle, Aglow Star, perdu dans son état second, mais qui allait revenir à lui d'une seconde à l'autre. Enfin...revenir à lui...façon de parler.
Odyssée sentit le sable sous ses sabots, tandis qu'elle faisait un pas prudent. Désormais c'était elle qui ne bougeait pas. Le poids sur son dos était si inhabituel, si déstabilisant...si effrayant...si enrageant! La colère pulsait en elle, comme son sang courait dans ses veines dilatées, propulsé par le rythme inhabituel de son coeur. Ses naseaux étaient dilatés, ses yeux brûlaient comme deux flammes, comme deux boules de braise. Une braise couleur d'acier. Les hommes lui avaient ravi sa liberté, voilà qu'ils lui montaient sur le dos! Le suprême outrage, le paroxysme de toutes les privations et souffrances endurées jusqu'ici! Enserrer de leurs jambes un flanc qui n'avait jamais senti le contact de l'homme, glisser un mors dans une bouche que jamais le contact du fer n'avait souillé, une tête qui n'avait pas connu le contact du cuir tanné. Briser la liberté d'un être pur et sauvage, par jeu, par désir de possession, comme si briser la liberté, le coeur et l'âme de ces animaux nobles et rapides devait leur offrir un peu de cette beauté, cette puissance qu'ils admiraient comme le moineau admire l'aigle, cherchant à le rejoindre sans jamais l'égaler.
Jamais les hommes ne sentiraient la joie des longs galops, la sensation du vent dans ses crins souples, l'euphorie parfaite des muscles jouant avec souplesse sous un pelage de soie, cette ivresse que procure la conscience de sa propre liberté, de sa force, ce bonheur de sentir que jamais personne ne les briserait.
Jamais ils ne seraient libres, jamais ils ne seraient pleinement vivants.
Odyssée restait fixe sous la selle de l'homme.
Elle attendait.
Quand Aglow Star entrerait dans la danse, elle aussi.

L'étalon ne prévint pas. Sans réfléchir, il se jeta dans l'arène, ses jarrets puissants projetant du sable sec derrière lui, luttant pour atteindre une vitesse qu'il n'était pas en mesure de posséder avec ce bipède qui entravait ses mouvements et pesait sur son dos de tout son poid. Les oreilles plaquées sur le crâne, ses crins noirs fouettant violemment le visage de son cavalier, il galopait droit devant. Droit vers la solide barrière de plus de trois mètres qui fermait le corral. Il ne ruait pas, ne cherchait même pas à se débarrasser de son cavalier. Poussé par une rage inaltérable, les naseaux dilatés par la fureur et les yeux noirs toujours absents, l'étalon de nuit continuait sa course vers la clotûre infranchissable, toujours plus vite.

Sur son dos, Waylander était inquiet. Il s'était attendu à ce que l'étalon tente de le jeter par terre pour le piétiner à peine arriver dans le corral. Sauf qu'Aglow Star se contentait de galoper. Avec une rage incroyable. L'homme sentait sous lui se contracter des muscles dur comme du béton, il sentait le vent projeter contre lui les crins noir du démon qu'il chevauchait. Il sentait qu'il ne pourrait pas l'arrêter. Se reprenant, il tira sur sa renne droite, pressa sa jambe gauche pour contraindre létalon à changer de direction. Rien à faire, la bouche du cheval était comme insensible. Waylander vit la palissade se rapprocher à une vitesse vertigineuse, et pour la première fois de sa vie, il eut peur. Pas une peur violente, qui vous serre la gorge et les tripes et vous paralyse, non, juste un soupçon d'apréhension :

* Merde !!*

Odyssée bondit une fraction de seconde après Aglow Star, ses muscles tendus comme des ressorts se détendirent avec une force incroyable et elle se propulsa aux côtés de l'étalon, plus vite, encore plus vite...qu'elle était loin, cette vitesse qu'elle n'atteignait que sans cavalier sur son dos. Ce cavalier qui tirait sur sa bouche, la meurtrissait alors qu'elle tentait de suivre son compagnon rendu insensible par la rage. La jument grise fonçait, droit vers la queue noire fouettant l'air devant elle, cherchant à rattraper son amant, qui luttait pour accélérer encore.
La jument n'avait pas perdu ses capacités de réflexion, et la vue de la clôture la fit hésiter une fraction de seconde. Elle était infranchissable, solide, et elle le savait. Et pourtant Aglow Star fonçait dessus comme si elle n'existait pas. La jument grise connut alors l'indécision. Le suivre, ou ralentir, faire confiance à sa réflexion plutôt qu'à lui? Elle freina, puis les mots de son oncle jaillirent dans son esprit:
Avant de réussir, on doit toujours oser.
La jument reprit sa course, insensible au mors qui lui déchirait la bouche, à l'écume sanglante qui souillait sa robe, aux jambes solides sur ses flancs, aux éperons qui s'enfonçaient dans sa chair. Dakeyras était moins doux que Waylander avec ses chevaux, moins attentif à n'en pas faire trop.
Odyssée ne bondissait pas comme tous les chevaux, ne tentait pas de désarçonner son cavalier. Non, elle courait simplement.
Surprends ton adversaire si tu veux l'affaiblir.
De toute manière, il en aurait fallu bien plus pour arrêter la jument grise! La colère du cheval noir se communiquait à elle, la peur l'aiguillonnait face à l'immense barrière, mais elle continuait à galoper, portée en avant par son appréhension.
Si elle avait tourné la tête, elle aurait les deux hommes sur leurs dos fixer la clôture, eux aussi, avec eux aussi une pointe d'anxiété.

L'étalon était guidé par une volonté farouche. Il était loin de l'accés de fureur qu'il avait atteint dans la Toundra, quelques jours plus tôt, alors qu'il était en compagnie d'Odyssée. Ce jour, qu'il maudissait, ou il l'avait attaquée, avait tentée de la blesser avant que la raison lui revienne, juste à temps pour se voir capturé par les bipèdes.

Aujourd'hui, si la rage le submergeait, il était toujours conscient d'une chose : Odyséee. Odyssée qui le suivait, qui lui faisait confiance, alors que ses dent tranchantes avaient claquées à quelques centimètres à peine de ses naseaux soyeux. Qui li faisait confiance maintenant, alors qu'il était de nouveaux sujet à cette étrange folie, alors qu'il fonçait droit sur une palissade impressionnante.

Le choc fut terrible. A moitié chargeant, moitié sautant, l'étalon noir effectua un bond au dernier moment qui le fit percuter le bois non de face, mais du flanc. Un craquement sinistre retentit, accompagné d'un hurlement de souffrance, et l'étalon comprit lorsqu'il toucha terre que l'homme avait quelque chose de cassé. Lui même ressentait une vague nausée. Il avait pércuté la clotûre bien trop vite. Néanmoins, son état de folie aidant, il repartit dans la direction opposée, traversant le corral comme un fou en direction d'un autre côté du padock, luttant pour retrouver sa vitesse brutalement interrompue. au passage, il jeta un coup d'oeil anxieux à Odyssée...

Odyssée avait compris, dès qu'Aglow Star avait pris son élan, qu'il allait se fracasser sur la clôture. L'étalon retomba sur ses pieds, visiblement meurtri, ayant heurté la clôture avec une trop grande vitesse. La jument grise eut le bon sens de faire un violent écart pour éviter le bois, qui lui râpa cependant le flanc, tant elle était proche de la lice. Elle hésita un instant. Suivre Aglow Star, ou tenter de partir par ses propres moyens? Mais confiance et amour l'emportèrent. Elle ne pouvait laisser l'étalon seul. Elle lui avait donné son coeur et sa confiance. Confié sa vie. Et, à supposer qu'elle parvienne à s'échapper, le fils de la Rénégate devrait-il rester seul dans l'enclos?
Odyssée se lança de nouveau à la poursuite de son compagnon, ne sentant ni le mors, ni la fatigue, ni les éperons. Elle courait, simplement, cherchant une issue comme son amant, mais d'une manière peut-être plus rationelle. Elle trébucha soudainement, sans savoir pourquoi ni comment, et s'effondra sur les genoux. Sa vitesse lui fit effectuer une roulade, et, en retombant sur le dos, elle vit Dakeyras étendu à ses côtés. L'homme ne bougeait pas, sans doute sonné par le choc. Odyssée ressentait une terrible douleur. Baissant les yeux, elle poussa un couinement. Le choc lui avait éraflé les genoux, ils saignaient à flots bien que l'articulation ne soit pas touchée, son poitrail était rayé d'une égratinure assez peu profonde et l'étrier, s'enfonçant avec rudesse dans son flanc, lui brisé une ou deux côtes et ouvert une plaie peu profonde, mais néanmoins douloureuse. Elle se redressa avec un grognement, observa Dakeyras qui ne bougeait pas, et, sans entendre les cris des hommes, se lança de nouveau à la poursuite de Waylander et Aglow Star.
Elle n'avait pas conscience du sang qui ruisselait sur ses genoux, pas conscience de la douleur de ses côtes brisées, de l'écume mêlée de sang à ses commissures de lèvres, ni de la douleur de son flanc ensanglanté par les éperons et l'étrier. Sans charge, elle parvint vite à la hauteur d'Aglow Star et parvint à s'y maintenir, tout en sentant le sang chaud courir sur son corps meurtri.

L'étalon jeta un coup d'oeil à Odyssée, qui avait réussit à le rattraper il ne savait trop comment, étant donné qu'il était le plus apte à galoper avec un homme sur le dos. Puis il vit qu'aucun cavalier ne lui donnait plus d'ordre. Ensuite il remarqua son état et pila des quatre fers. Waylander faillit passer par dessus son encolure, mais l'étau de ses jambes autour des flancs ruisselants de l'étalon se ressèra au dernier moment et il ne fut que projeté brutalement en avant. Aglow Star en profita pour relever violement la tête pour tenter de l'assomer, mais son cavaier s'était déja redressé. L'étalon considéra alors Odyssée. L'étincelle mauvaise de la folie qui l'habitait hantait toujours son regard mais il parvint à s'approcher d'elle pour lui effleurer l'épaule de ses lèvres, indécis. Maintenant qu'Odyssée était libérée de son bipède, peut être pourrait il se jeter de plein fouet sur une cloture pour la défoncer ? Ainsi, elle pourrait s'enfuir... Oui, c'était ce qu'il allait faire. Sa liberté à elle comptait plus que sa vie. Il lança à la jument gris perle son sourire dragueur, lui dit "je t'aime" avec les yeux, puis s'élança à nouveau vers la barrière, fonçant comme si sa vie en dépendait.

Sur son dos, Waylander n'en menait pas large. Il aurait du descendre du dos de cet animal tant qu'il était à l'arret ! A présent, ils fonçaient à nouveau comme une furie vers la palissade ! L'état de transe dans lequel cet étalon était plongé le privait-il du peu de neurones à sa disposition ? Il vit brièvement le corps de Dakeyras reposer à terre, devant les sabots de sa monture. Il poussa un cris et essaya de faire changer de direction l'animal. Si Aglow Star dévia, cela ne fut pas suffisant et un craquement sonore retentit lorsque ses sabots fracassèrent la cage thoracique et le crane du second de Waylander.

Lorsque Aglow Star pila, Odyssée s'arrêta à ses côtés, et la jument argentée regretta que Waylander n'aie pas été désarçonné par l'arrêt brusque de l'étalon noir. Gênée par l'écume sanglante qui coulait de ses commissures blessées par le mors, la jument grise passa la langue sur ses lèvres, goûtant dans sa bouche meurtrie la saveur fade et salée du sang. Le fils de la Rénégate effleura l'épaule de la jument grise de ses lèvres. La jument lui adressa un regard lumineux. Je t'aime. Elle haletait, fatiguée, le sang traçant des sillons rouges sur son flanc d'argent pur. Puis Odyssée vit repartir Aglow Star à fond de train, et devina qu'il venait d'avoir une idée. Mais quelle idée? L'étalon galopait vers la clôture, et la fille de Liberty plaqua soudainement ses oreilles en arrière, craignant que le cheval ne pense à se jeter contre l'épaisse barrière. Elle avait pu s'apercevoir de la solidité du bois, et si l'étalon la percutait, la jument grise se doutait bien qu'il n'en sortirait pas indemne...sinon pas vivant. Inquiète, Odyssée le poursuivit, regarda par dessus la barrière, espérant sans trop y croire une aide extérieure. Elle n'eut pas le temps de voir grand-chose. Le crâne de Dakeyras éclata avec un bruit sec, et un profond craquement lui indiqua que la cage thoracique de l'homme avait été défoncée. Le second de Waylander poussa un cri étranglé, bref et rauque, râle de mourant, et cessa pour toujours de respirer. Odyssée accéléra, pour rejoindre le noir. Mais elle savait bien que le cheval heurterait la clôture bien avant qu'elle ne l'aie rattrapé.

L'étalon ne prit même pas garde aux débris de cervelle et de chaires qui s'accrochaient à ses sabots. Il entendit le galop d'Odyssée derrière lui et accéléra encore. Si elle n'avait peut être pas compris ce qu'il désirait accomplir, au moins serait elle proche de la brèche qu'il allait tenter d'ouvrir. Scrutant la palissade de bois, il repéra un endroit ou le bois semblait d'un peu moins bonne qualité et obliqua légèrement dans cette direction. S'il parvenait à briser la plus haute des barres, Odyssée pourrait ensuite sauter. Cinq foulées le séparaient encore du saut. Quatre, trois, deux... Rassemblant ses forces, il prit son appel. C'est à ce moment que Waylander poussa quelques mots que le cheval ne comprit pas et lacha l'une des lannière qui le reliait à la bouche de l'étalon pour aggripper l'autre à deux mains et tirer dessus comme un forcené. Aglow Star sentit sa tête partir sur le côté, mais son corps ne suivit pas le mouvement. Il bondit, un saut misérable comparé à ce qu'il aurait effectué sans ce poids mort sur son dos ! Il bondit dans le vide. Ses sabots et son poitrail ne firent qu'éffleurer le bois.

Waylander n'en menait pas large. Il avait compris ce que sa monture allait faire, et si pour lui elle agissait sous l'emprise de la folie, il n'en restait pasd moins qu'il n'avait pas envie de se fracasser le crane contre les barreaux. Il s'aperçut cependant que la course de sa monture les avait ramenés quasiment devant la porte à bout de souffle à force de lutter contre l'étalon de jais, il beugla quelques mots et les soldats qui demeuraient autour du paddock s'emprèssèrent de lui obéir, juste à temps.

" Ouvrez la porte !!!! "

Il tira sur une rêne d'Aglow Star et dévia légèrement sa course, juste assez pour qu'ils ne ércutent pas la cloture. L'étalon sauta quand même, et, déséquilibré, Waylander fut projeté à terre où sa tête heurta l'un des poteaux en bois.

Aglow Star trébucha à sa récéption, déséquilibré par l'absence soudaine de son cavalier. Il se redressa pourtant avant de s'écraser au sol et continua sa course folle, jettant un regard un peu fou à Odyssée.

Elle vit tout, comme au ralenti. Waylander tirer la tête du cheval noir qui bondit pourtant, désarçonnant son cavalier. La tête de l'homme heurta la barrière avec un bruit mat, mais Odyssée n'y prit garde. Elle avait tout oublié en voyant les hommes obéissant à l'injonction du cavalier. Ouvrez la porte! La porte était ouverte, désormais, sur une grande prairie parcourue du souffle du vent. Le vent de la liberté. Le premier réflexe d'Odyssée fut de fuir par la porte offerte, mais elle se souvint d'Aglow Star et le chercha du regard. Son regard un peu fou heurta les prunelles d'acier de la jument grise, qui se cabra et fit volte-face en hurlant le plus fort qu'elle put:

"Aglow! C'est ouvert!"

Puis elle bondit vers les hommes qui déjà pensaient à refermer la porte de bois épais. Se projetant sur eux, furie ensanglantée, elle joua si bien des dents et des sabots qu'en quelques secondes deux hommes gisaient à terre couverts du sang de la jument et du leur propre, et que les autres s'écartaient précipitamment de la trajectoire de la sauvage de sang et d'argent. Odyssée se plaça dans l'encadrement de la porte, pour dissuader les hommes de la refermer, le temps que son compagnon la rejoigne et passe.
Elle ne partirait pas sans lui.
Son sang, s'écoulant, ruisselait, mêlé à sa sueur, sur une peau luisante de rouge et de gris, et tachait d'écarlate les empreintes de ses sabots meurtriers.
Sanglante, une étincelle de sauvagerie dans le regard, la furie d'argent était superbe malgré ses terribles plaies.
Une chasseresse, dans toute la force sauvage du mot.

Aglow Star pila de nouveau des quatre fers et effectua une pirouette qui le ramena face à la sortie. D'une détente des jarrets, il se projeta vers la liberté. Il atteignit en quelques foulées une vitesse bien supérieure à celle qu'il avait possédée lorsqu'il avait un homme sur le dos et passa en trombe à côté d'Odyssée, l'éclat de son regard redevenu normal.

" Allons-y !!!"

Tout en vérifiant qu'elle le suivait, il s'engouffra dans l'ouverture, décochant au passage une ruade sauvage à un bipède qui tenait un lasso, se coula entre les diverses installations bâties par les hommes. Ces derniers, dans leur hâte de construire des chambres et des installations pour leurs montures, avaient d'ailleurs oublié d'ériger des murailles de bois autour de leur camp. Cela ne pourrait que servir aux deux fuyards, car ils n'auraient put partir sinon.

Odyssée fila comme le vent, ignorant la douleur, toute entière dédiée à cet appel lancinant qui pulsait dans chacune de ses veines: Liberté! Elle la sentait, de plus en plus proche, enfin accessible, dans le vent sauvage qui lui fouettait le visage et rejetait en arrière ses crins trempés de sueur et de sang. Ses sabots battaient le sol à un rythme effréné en laissant sur le sol pâle des empreintes sanglantes, elle galopait flanc à flanc avec Aglow Star, l'écume rougissant sur son poitrail blessé et aux coins de ses lèvres fines, toute entière tendue vers la liberté. Le vent, la vie!
Elle galopa longtemps, et enfin, ils quittèrent les derniers bâtiments pour déboucher sur la plaine. Odyssée galopa encore quelques centaines de mètres, jetant des regards en arrière pour s'assurer que personne ne les suivait, puis son souffle se fit rauque, son rythme s'accéléra, perdit sa régularité, elle tendit l'encolure vers le bas, tentant de rester debout malgré la fatigue qui la gagnait et ravivait la douleur de son corps las. Finalement, elle s'arrêta, jeta un dernière coup d'oeil vers le ranch, loin là-bas, et les hommes dont aucun ne s'était risqué à les poursuivre, puis elle laissa retomber sa tête et, les naseaux au ras du sol, sentit un tremblement s'emparer d'elle tandis que son souffle rauque soulevait la poussière. Ses flancs meurtris se soulevaient violemment et le sang, dilué par la sueur et l'écume, traçait sur sa robe poussiéreuse de longs sillons vermillon.
Elle avait les oreilles basses, sur le côté, la queue plaquée contre sa croupe, et les étriers vides battaient ses flancs au rythme de sa respiration haletante et de ses tremblements violents. Maintenant, elle sentait la douleur, et l'épuisement la gagnait.

Un cri strident retentit à l'horizon, Ska déboulait à tire-d'ailes, son plumage brun brillant sous le soleil qui rayonnait. Ses yeux bleu électrique flamboyaient tandis qu'elle se posait aux côtés de sa compagne, ressentant par l'intermédiaire de leur lien son état plutôt critique.

Black arriva au trot, escalada une éminence rocheuse dans un claquement de sabots, et observa, pour se distraire un peu, l'activité des hommes. L'étalon remarqua les bipèdes, minuscules fourmis, qui couraient de ci de là dans le corral, et deux autres, qui ne bougeaient pas. Black esquissa un sourire...se pouvait-il que ces êtres arrogants et vaniteux se soient pris un revers, de la part d'un cheval peut-être lassé de leurs exactions? Il était à des lieues de se douter qu'il s'agissait d'Odyssée et Aglow Star, comme il n'aurait jamais pensé que le vent, soufflant puissament, portait son odeur à un kilomètre de là, en plein dans les naseaux des deux animaux.

Près de lui, Snow, allongé sur la roche, ricanait:

"Regarde moi ces idiots...un coup de patte, et ils seraient tous morts! Ah, et ça se croit puissant!"

Aglow Star s'arrêta, pantelant, le souffle heurté, un peu avant Odyssée. Malgré leur fatigue et leurs blessures, ils savaient qu'ils allaient s'en remettre. Il sentait la Liberté s'enrouler autour de lui comme une chaude fourrure, le massant. Puis il s'aperçut que Ska et Saffana les avait rejoint. Par contre, il n'eut que le temps de voir Saffana se dresser face au vent. De vérifier qu'Odyssée était là, qu'ils ne risquaient plus rien. Ensuite, ce fut noir.

Saffana sentit une bourrasque lui ébouriffer le poil, et perçut l'odeur de Black, à quelques kilomètres de là. Aussitôt, elle jeta un regard entendu vers Ska et Odyssée, et partit comme une balle, ou une fusée, vers la source de l'odeur.
Elle courut, bondit, vola, se faufilant entre les buissons touffus, sautant les plus denses avec la grâce d'une danceuse pour déboulet devant Black et Sow, l'étalon noir et le tigre blanc. Pas même essoufflée, elle couina :

" Venez ! "

...Et fit demi-tour en directon des deux énergumènes, pour repartir comme une flèche, oubliant que Snow et Black ne pouvaient pas aller aussi vite qu'elle à travers la broussaille, que sa petite taille et sa finesse lui permettait de traverser à fond.

Odyssée haletait, ne voyait presque plus le monde alentours. Son sang, rouge et écarlate, continuait de tracer sur sa robe d'argent des sillons de saphir. La douleur devenait atroce, mais la jument se forçait à la repousser, de toutes ses forces, car elle savait bien que si elle lui cédait ne serais-ce qu'une petite part de terrain, alors elle ne pourrait plus endiguer cette terrible souffrance. L'écume et le sang aux lèvres, un peu de rouge commençait à pointer, formant des bulles au rythme de son souffle, par ses naseaux, elle respirait avec force, bouche grande ouverte en une inutile quête d'air, puisque les chevaux ne pouvaient respirer que par le nez. Elle tremblait tant que les boucles des étriers et du filet cliquetaient au rythme de ses mouvements. La sangle gênait sa respiration, et la jument haletait de plus en plus, sans parvenir à recouvrer son souffle.
Des points noirs papillotaient devant ses yeux gris, elle vit Aglow Star s'effondrer. Elle resta debout, mais son regard se troublait de plus en plus. Elle ne se rendit même pas compte qu'elle chutait à son tour, ses jambes ployèrent, ses genoux blessés heurtèrent le sol, et la douleur lui tira, dernier signe de conscience, un couinement de douleur, puis tout s'effaça et la jument bascula sur le flanc, sans sentir les étriers qui s'enfonçaient dans son ventre déjà durement éprouvé. Les yeux grands ouverts, elle restait consciente, mais le monde alentours s'effaçait sous la douleur, et ses yeux vides ne distinguaient que du noir.

Ska, à côté d'elle, la vit tomber et tenta, vainement, de lui communiquer un peu de forces, pour la soulager de sa douleur. Mais elle n'y parvint pas et regarda Saffana partir, sachant bien où elle allait. L'aigle se posa entre les deux, pour veiller sur ses amis inconscients. Ses yeux bleus étaient empreints d'inquiétude.

Black vit débouler devant lui Saffana qui lui demanda de venir et repartit aussi vite qu'elle était venue. Mais la guéparde, du fait de sa finesse, se révéla bien plus rapide que et Snow, ralentis dans les broussailles par leur haute taille, et elle avait disparu bien avant qu'ils ne parviennent là où gisaient les deux animaux.
L'étalon noir galopait tout en se demandant ce qui pouvait bien secouer la femelle de la sorte.
Un tronc, un saut.
Soudain, il flaira, en même temps que Snow, une odeur bien connue, et l'angoisse commença à lui serrer le coeur. Lui et le tigre échangèrent un regard entendu, et le fauve lâcha, bien que les deux eussent parfaitement reconnu l'effluve:

"Odyssée et Aglow Star!"

Black coucha les oreilles et accéléra, le tigre, du fait de sa carrure, parvenant à rester à ses côtés tant bien que mal. Flèche de vitesse pure lancée à travers la plaine, l'étalon parvint le premier auprès des deux chevaux, allongés. Ils respiraient tous deux, mais difficilement. Aglow Star était inconscient, Odyssée avait les yeux ouverts mais vides. Elle portait d'horribles plaies. L'étalon noir s'ébroua, puis tourna la tête, à la recherche de plantes médicinales, historie d'endiguer un peu ce saignement et de, si il le pouvait, faire manger à Aglow Star quelque chose pour lui redonner des forces.
En même temps, la rage le saisissait, intense. Les humains!
Si jamais les deux chevaux devaient garder des séquelles de cette aventure, il se jura qu'il tuerait ces bipèdes ambitieux et sûrs d'eux-même. Il tourna les yeux vers Snow qui avait pensé la même chose. Son compagnon partageait sa fureur.

Le tigre émit un feulement puissant:

"Foutus humains!"

Il observa les deux chevaux, puis fit signe à Black et fila dans la plaine, tête haute et regard acéré, cherchant quelques herbes pouvant améliorer l'état des chevaux.

Black soupira.
*C'est dans ces moments que la magie serait utile...*
Puis il leva la tête et regarda Snow revenir, des herbes plein la gueule. L'étalon fit signe à Saffana: tous trois devaient les appliquer sur les plaies des chevaux, afin de limiter, au moins, les saignements. Ensuite, ils pourraient trouver une solution pour les requinquer un peu.